J’ai failli flancher… et ne pas poser ma dem’

Et si Pose ta Dem’ n’avait jamais existé ? Ce sont des événements, des concours de circonstances, mais surtout des décisions radicales qui m’ont amenée ici aujourd’hui. L’une de ces décisions a été de ne pas flancher quand ma manager a essayé de me rattraper lorsque j’ai annoncé ma démission. Je te raconte le jour J où j’ai posé ma dem’, et comment j’ai réussi à tenir bon face à l’option de la sécurité.

Avant de poser sa dem’, on imagine l’événement en grande pompe : ouvrir la porte du bureau du chef, poser sa lettre sur le bureau théâtralement, et sortir la tête haute en claquant la porte.

Dans les faits, ça ne se passe pas vraiment comme ça. C’est plutôt la panique à l’intérieur : est-ce que je ne suis pas en train de ruiner ma carrière ? Est-ce que mon chef va me lyncher ? Est-ce que mes collègues vont me huer ? Est-ce que ma vie est finie ?

Alors aujourd’hui, je vais te raconter le jour J où j’ai posé ma dem’. (Si tu ne me connais pas, et que tu veux savoir pourquoi et comment j’ai posé ma dem’ au retour de l’été, tu peux lire mon histoire ici avant de poursuivre).

J’étais revenue de vacances deux semaines plus tôt. J’avais lancé mes recherches d’un job en startup EdTech à fond, et j’avais obtenu une proposition d’embauche très rapidement. Objectif atteint ! Maintenant, il ne restait plus qu’à l’annoncer et à négocier ma date de départ…

J’ai demandé un point à ma manager. Pas dupe, elle a dû sentir que quelque chose n’allait pas, et m’a proposé un déjeuner. Nous n’avions jamais déjeuné ensemble. Nous avions rendez-vous dans une brasserie. J’étais à la fois nerveuse et sûre de moi sur le trajet pour la rejoindre. En fait, j’avais hâte d’être libérée de ce poids, et de commencer ma nouvelle vie.
Une fois attablées, elle m’avoue : “Pfiou, tu m’as stressée avec ce dej’ ! Je me suis imaginé le pire du coup, que tu m’annonçais ta démission par exemple, ah ah ah”

Ah.
Ah.
Ah.
(Malaise intense)

Feu d’artifice de panique dans ma tête. Mais j’étais décidée, alors j’ai souri un peu tristement :“Hem, et bien tu sais… c’est de ça que je voulais te parler”. Je lui ai alors expliqué ce qu’il s’était passé, le pourquoi du comment de ma décision, sous son regard abasourdi. Elle m’a vite coupée pour me bombarer de questions : pourquoi je ne l’avais pas dit plus tôt ? Quelle idée de quitter un beau poste pour une startup ? Comment j’ai trouvé ce job ?

Et surtout : comment faire pour me retenir ?

En arrivant au dej, ma décision était actée, non négociable. Mais évidemment, elle a essayé de me faire changer d’avis. Prévisible et légitime.

Et là… Elle m’a proposé ce que j’attendais depuis des mois : me sortir des missions qui ne m’intéressaient pas, et me mettre uniquement sur des projets internes relatifs à la formation (mon dada – chacun son truc).

Imagine que tu es en couple, mais que ça ne va plus depuis un moment. Ta moitié laisse traîner ses affaires et ses pots de yaourts vides partout. Tu lances des alertes, tu fais comprendre que tu commences à en avoir marre, et que si ça ne s’arrange pas, tu vas finir par partir. Un soir, tu rentres, et tu tombes en te prenant les pieds dans une montagne de chaussettes sales. Excédé, tu médites un moment pour prendre ta décision irrévocable. Tu lui annonces que tes limites ont été dépassées, et que tu fais ta valise. Et là, comme par miracle, il/elle se met à ranger et nettoyer intégralement l’appartement. Même le compartiment à lessive du lave-linge. Le tout en te faisant les yeux doux avec son chiffon à la main.

Tu auras beau avoir pris ta décision quelques heures plus tôt… Tu ne pourras pas t’empêcher de douter !

C’est exactement ce qu’il s’est passé dans ma tête à ce moment-là.

Mais j’ai tenu bond. Elle m’a demandé (suppliée) de lui laisser quelques jours pour me faire une proposition officielle de réaffectation interne. J’ai fini par accepter pour lui faire plaisir, en me disant que non, je ne flancherais pas. J’ai reçu sa proposition le soir même… et j’ai douté.

Et là, j’ai fait face à deux options :

  • Accepter sa proposition : l’option la plus simple, la plus avantageuse financièrement, tout en étant attractive sur le fond, car ce qu’elle me proposait m’attirait vraiment.
  • Refuser sa proposition et rejoindre la startup qui m’avait proposé le job : l’option la plus risquée (-16K€ de salaire annuel, et une période d’essai à valider)… Mais celle qui me faisait le plus vibrer.

Ma manager avait beau me faire la proposition la plus alléchante, j’étais déjà partie dans ma tête. Je me voyais déjà ailleurs, j’avais déjà entamé les recherches, j’avais accroché avec ma future équipe… Et même si on m’avait proposé de doubler mon salaire pour me garder, j’aurais dit non (bon ok j’aurais un peu pleuré, mais j’aurais tenu bond).
En plus de ça, je craignais que ces bonnes résolutions ne durent pas. Une mission galère avec personne de dispo, et ce serait pour moi. Je voyais déjà la scène : Bon Charlotte on est désolés, on sait que tu es juste sur l’interne, mais y’a vraiment aucun consultant dispo, donc exceptionnellement, tu peux y aller ? 

Chassez le naturel, il revient au galop.

C’est pour cela qu’il est très difficile de réengager quelqu’un qui a voulu poser sa dem’.J’avais lu une étude (que je ne retrouve pas) qui explique que 80% des salariés qui ont été “rattrapés” par leur boss d’une démission, finissent quand même par partir 6 mois plus tard. Et ça ne me surprend pas, car ces salariés qui restent après une annonce de démission, le font pour de mauvaises raisons. Des raisons superficielles comme l’ego et la reconnaissance (passagère), ou encore le salaire.

A nouveau, c’est un peu comme dans le couple si tu as déjà ressenti ça : une fois que quelque chose est brisé, l’autre aura beau te rassurer et tout faire parfaitement… ce ne sera plus comme avant. Et tu finiras par partir un jour. Plus tard, certes, mais tu partiras.

Je te le disais dans mon article “J’ai perdu 16 000 euros” : ne fais jamais passer ton CV avant ton bonheur. J’ajoute : ne fais jamais passer ton salaire avant ton bonheur. Ce n’est pas ça qui te donnera envie de te lever le matin. Sur le coup, tu seras content de ton chèque. Mais très vite, tu te seras habitué. Et tu te rendras compte que tu ne trouves toujours pas de sens à tout ça.
Au passage, tu verras que tu vas augmenter tes dépenses aussi, pour “profiter”. Mais résultat des courses, tu vas toujours autant galérer à épargner. Et quelques mois ou années plus tard, tu auras toujours les mêmes soucis.

J’ai pris le risque de perdre financièrement… à court terme. Je savais que si j’étais douée dans mon job en startup, je pourrais toucher un bon variable, et évoluer vers d’autres opportunités, dans la même boîte ou ailleurs. Quand tu quittes une situation confortable, tu atterris dans l’inconnu, qui est parfois moins avantageux sur le papier. Mais ce premier pas difficile va t’amener vers des horizons inattendus, qui seront tout bénéf’, car quand tu aimes ce que tu fais au quotidien, tu es bon. Et quand tu es bon dans ton travail, cela finit par payer, dans tous les sens du terme.
Dans mon cas, tu sais que ça a été la meilleure décision de ma vie. Sans ça, je n’en serais pas là aujourd’hui.

Les leçons que tu peux tirer de cette histoire :

  • Ne culpabilise pas de quitter ta boîte. Oui, tes supérieurs ont besoin de toi. Et c’est flatteur pour l’ego de voir qu’ils font tout pour te garder ! Mais ils ne sont pas dans ta tête. Fais les choses proprement, mais maintiens ta décision.
  • Ne reste pas pour le salaire, car c’est une raison superficielle. Ce n’est pas ça qui te fera te lever le matin.
  • Prépare à fond tes arguments et motive-toi chaque matin (en allant sur posetadem.com par exemple ;-)) pour tenir bond face à ton chef et ne surtout pas flancher.

N’oublie pas que si tu as besoin de soutien pour te motiver et te préparer, je t’accueille à bras ouverts dans le groupe privé. Je l’ai créé pour t’offrir un espace d’échange avec moi et avec toute la communauté. J’aurais aimé avoir ça à l’époque, alors profites-en ! (Pense à répondre aux 2 petites questions à l’entrée pour que je t’accepte)

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