Adrien : Il a lancé une entreprise de Team Building après avoir posé sa dem’

Après avoir eu plusieurs vies professionnelles, Adrien Maury a finalement trouvé sa voie dans l’entrepreneuriat : il a lancé une entreprise de Team Building, KRMS. Dans cette interview, il raconte les leçons qu’il a tirées de toutes ses aventures professionnelles et les défis il rencontre aujourd’hui. Bonne lecture !


Bonjour Adrien, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

Pendant presque six ans, j’ai contribué, en tant que Chef de Projet junior puis senior, au lancement d’un lieu et à son installation dans le paysage événementiel parisien. A l’orée de ma sixième année, j’ai commencé à sentir une perte de sens. Nous étions six collaborateurs et nous n’avions plus l’espace suffisant pour nous épanouir. Toute l’équipe s’est essoufflée. J’ai été le premier à sauter le pas en « posant ma dem’ ». Cela s’est fait un peu dans la précipitation car la situation était devenue trop pesante. Un soir, j’ai vu passer une annonce qui proposait de rejoindre une équipe jeune pour promouvoir les « cochonneries made in France » (entendre par là fromages et charcuteries de nos belles régions). Dans les faits, il fallait simplement troquer les tableaux Excel pour la promotion de produits saints et locaux provenant de petits producteurs triés sur le volet. Après une journée en boutique, j’ai compris que la maison, succursale de Big Fernand, n’était qu’un produit marketing bien ficelé.

Aucune considération des produits, des producteurs, des clients mais surtout des collaborateurs. Pour exemple, j’ai passé le premier jour de l’année seul derrière un étalage. Dix heures sans pause et sans possibilité d’aller aux toilettes. Lorsque j’ai rapporté cette situation ahurissante à mon supérieur en lui avouant avoir pensé uriner dans le petit évier qui me servait à laver les couteaux, il m’a répondu : « Ça n’aurait été ni la première ni la dernière fois que ça arrive ».

Tu as donc posé ta dem’ une nouvelle fois ?

Bien entendu, j’ai mis fin à l’expérience dans la foulée et j’ai pris un poste de manager dans une chaîne de café bio/vegan/éco responsable. Encore une fois, une entreprise qui pratiquait l’opposé des valeurs défendues par le service marketing. Par mon statut de manager, je tentais tant bien que mal de motiver tout ce petit monde mais je ne pouvais pas lutter contre le manque d’humanité de la direction. J’ai « posé ma dem’ » au bout de six mois. Pour rejoindre une entreprise de Team Building culinaire. L’idée ici était donc d’aider les équipes à se retrouver et à partager un moment de plaisir autour de la cuisine. Louable mission encore une fois, mais le cordonnier étant le plus mal chaussé, j’ai découvert au sein de cette entreprise une ambiance et une désorganisation des plus néfastes. Harcèlement moral et sexuel, burn-out, dirigeants absents, sous-effectifs, non versement des salaires, prud’hommes… Tel a été le quotidien de mon équipe pendant un an. La boîte a logiquement fini par imploser et je me suis retrouvé au chômage.

Quelles leçons as-tu tirées de toutes ces aventures professionnelles ?

Avec le recul, je retiendrais deux choses :

  • La première est de ne pas être dans l’urgence. J’ai tellement essayé de m’accrocher à mon premier emploi que la situation s’est dégradée à un point où je ne pouvais quasiment plus aller sur mon lieu de travail sans me sentir angoissé. J’ai donc sauté sur la première occasion de partir sans vraiment prendre le temps de lire entre les lignes. Et la suite n’a été qu’une succession d’urgences à gérer.
  • La seconde leçon est relativement liée : il faut lire entre les lignes de chaque annonce, de chaque entreprise. Tout est « beau » sur le papier. Mais qu’en est-il dans les faits ? Il faut, autant que possible, se renseigner sur l’entreprise et l’ambiance qui y règne. Ce n’est jamais évident mais cela vous guidera à prendre la meilleure décision.

Adrien a lancé une entreprise de Team Building

Comment as-tu finalement trouvé ta voie ?

Après tout ça, je voulais simplement partager ma vision humaine de l’entreprise. L’élément déclencheur a été l’animation d’un atelier Team Building pour mon ancien employeur. Je devais initier 40 personnes à l’art des cocktails mais un tiers du groupe était en retard. Pour faire passer le temps, j’ai raconté ma première cuite à tout le monde. Rappelons que je ne connais personne, que nous sommes dans une grande banque internationale et que personne ne se connaît puisque l’atelier servait justement à intégrer de nouvelles recrues. Mais j’ai raconté cette histoire en toute légèreté et j’ai invité tout le monde à en faire de même. Les uns après les autres, ils se sont tous confiés. Avec timidité au début puis avec de plus en plus d’aisance par la suite. Humainement, il s’est vraiment passé quelque chose d’incroyable et nous avons commencé l’atelier dans une ambiance que je n’avais encore jamais vécue. Je me suis dit que je voulais faire ça ! Faire en sorte que des gens apprennent à se connaître et à communiquer en toute bienveillance pour leur permettre de s’épanouir ensemble. C’est à partir de là que j’ai travaillé sur KRMS et j’ai donc lancé une entreprise de Team Building. 

En quoi consiste ton activité aujourd’hui ?

Le Team Building, tout le monde en a déjà fait sans vraiment pouvoir expliquer ce que c’est. Est-ce qu’il faut que ce soit léger, sérieux, physique, cérébral ? A la base, le Team Building est juste un outil de cohésion à disposition des RH, managers et dirigeants. Nous sommes presque dans la case du coaching. Seulement, la plupart des vendeurs d’activités se sont dit : « Si vous faites mon activité avec vos amis ou votre famille, pourquoi ne pas la faire entre collègues ? ». Le marché professionnel est plutôt lucratif. Voilà comment le Team Building est mort. « Venez faire un Escape Game, un cours de cuisine, un bowling, des constructions de Lego, du yoga, une initiation au Quidditch… ». Il y a des agences qui proposent un catalogue toujours plus fourni d’activités. Je ne dis pas que ces activités sont néfastes mais qu’elles mettent de côté ce que le Team Building est sensé prôner en premier lieu : le dialogue. Celui qui vous aidera à aborder les sujets de fond.

C’est la mission que tu t’es donnée avec KRMS ?

Exactement, avec KRMS, j’œuvre pour refaire du Team Building un vrai outil de cohésion à disposition des managers. Avec le dialogue, nous plaçons l’humain au cœur de l’activité et, avec le jeu, nous pouvons aborder tous les thèmes, comme la communication implicite, le lâcher-prise, l’entraide, la réflexion commune… Nos ateliers sont sur-mesure et s’adaptent donc au contexte de chaque entreprise. Nous réalisons une première séance « diagnostic » à partir de laquelle nous établissons un programme entre 2 et 10 séances en fonction des objectifs du client.

L’idée est vraiment d’offrir un accompagnement pour une collaboration plus bienveillante et donc productive. C’est comme si vous souhaitiez booster vos défenses naturelles avant l’arrivée de l’hiver. Vous obtiendrez plus de résultats si vous prenez un comprimé toutes les semaines pendant trois mois. C’est exactement le même principe, pour le Team Building. La régularité des séances permet d’obtenir de réels résultats.

Quelles ont été les étapes de la création de ton entreprise ?

Entre le moment où l’idée vient et l’immatriculation officielle de la société au RCS, il peut se passer beaucoup de temps. Tous les entrepreneurs suivent un schéma psychologique identique. Au début, l’idée vient de germer. On se dit : « Cool, c’est vraiment ce que j’ai envie de faire. En plus, je vais être mon propre patron. A moi la liberté » Puis vient l’étude de marché avec le business plan et là, on se rend compte que ce n’est pas si simple. Que d’autres ont eu plus ou moins la même idée, qu’il va falloir faire sa place et prendre des risques. C’est là que viennent les questions comme : « Est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Est-ce que ça va intéresser quelqu’un mon truc ? ». Il faut faire attention à cette phase où beaucoup de projets périclitent. L’administratif n’est pas le plus dur. Il existe des sociétés qui vous aident pour toutes les démarches. Cela laisse donc le temps et l’esprit occupés à la phase suivante, qui est cruciale : vendre le produit.

Qui sont tes clients et comment les as-tu trouvés ?

Lorsque le projet se crée, c’est important de commencer tout de suite à en parler et de se constituer sa « liste chaude ». La liste chaude, ce sont tous les contacts très susceptibles d’acheter votre produit à sa sortie. Votre cercle d’amis, votre famille et toutes les personnes que vous aurez rencontrées pendant l’élaboration du projet. Pour KRMS, nous avons eu la chance d’avoir des entreprises partantes pour faire des tests produits. Ce qui a créé une petite dynamique pour le début et un premier élan. La liste chaude est importante pour insuffler la première poussée.

Comment as-tu géré financièrement la transition entre ton ancien job et l’entrepreneuriat ?

J’ai réussi, non sans batailler, à obtenir une rupture conventionnelle de la part de mon ancien employeur. Et la France est un pays merveilleux pour les entrepreneurs au chômage avec le maintien des droits et l’ACCRE (exonération de cotisations sociales pour les deux premières années d’activité). Cela vous laisse le temps de voir venir et de tester la faisabilité de votre activité sans prendre trop de risques. De manière générale, je conseille, si possible, de commencer à élaborer le projet lorsque vous êtes encore en poste. Les journées seront chargées mais repoussez au maximum votre accès au chômage pour laisser le plus de chance à votre activité.

Comment ont réagi tes proches ?

Mes proches m’ont vu galérer pendant deux ans, avec des employeurs qui faisaient franchement n’importe quoi. Ils me connaissent par cœur, ils savent que j’ai besoin de créer pour m’épanouir. Ils sentaient que ce moment était venu pour moi. Bien entendu, ils ont eu peur mais le meilleur moyen de les rassurer (et de se rassurer) était de présenter un projet qui faisait sens pour moi, un projet viable et qui je construisais un peu plus chaque jour. Lorsque je leur ai parlé de KRMS, ils ont tout de suite intégré le projet et chacun a participé d’une manière ou d’une autre. Ils m’ont vraiment aidé et je les remercie du fond du cœur pour ça. On se sent parfois très seul quand on est entrepreneur alors leur soutien a été très important pour continuer à avancer. Le meilleur moyen de fédérer mes proches autour de mon projet a été de leur montrer mon investissement et de les y inclure.

Adrien qui a lancé une entreprise de Team Building pendant une séance

Quels sont les grands défis que tu rencontres ?

Selon moi, les grands défis de l’entrepreneur sont : gérer la solitude, se faire une place, maîtriser tout un tas de métiers que vous êtes le/la seul.e habilité.e à faire au début. Personne ne fera le travail à votre place. Il faut vous imaginer au volant d’une voiture sans essence, sans pompe à l’horizon et sans personne autour. Cette voiture vous devez absolument la faire avancer alors vous vous improvisez mécano. Vous essayez de la pousser seul pour avancer mais vous ne pouvez pas pousser et tenir le volant à la fois. Puis un jour, une personne passe devant vous et il faut absolument la convaincre de vous aider à pousser. Puis, une voiture passe, et vous devez la convaincre de vous donner quelques litresd’essence pour aller plus loin. Et finalement, une pompe se profilera à l’horizon et vous pourrez faire le plein. Le plus grand défi, c’est le début. Une fois lancé, le projet attirera de plus en plus facilement.

Que conseilles-tu aux entreprises qui souhaitent mettre en place du team building ?

Encore une fois, le Team Building est un formidable outil de cohésion. Je trouve ça dommage qu’on ne l’utilise pas à sa juste valeur. Parce qu’une équipe qui se connaît, se respecte et s’entraide, c’est la garantie d’une entreprise dynamique, innovante et attirante. Avec une stratégie Team Building bien pensée, vous réduirez le stress, le turnover et permettrez à vos collaborateurs de s’épanouir. Ils vous en seront reconnaissants. Aujourd’hui, beaucoup ne croit pas plus que ça au Team Building et c’est plutôt logique. Sur le marché, il n’y a pas vraiment d’offre qui propose ce suivi des équipes avec des ateliers constructifs. Encore une fois, les activités proposées sur le marché sont permettent de s’épanouir si et seulement si votre groupe a déjà atteint un degré de cohésion et une maturité de dialogue suffisants. Alors je vous conseille de préparer le terrain avec nous et ensuite, vous pourrez faire toutes les activités que vous voudrez.

As-tu des enfants ? Si oui, comment as-tu géré ta vie de papa et ta reconversion en parallèle ?

Nous y pensons avec ma compagne mais on a décidé d’attendre que ma situation se stabilise avant de se lancer. Je connais des entrepreneurs qui ont effectué leur reconversion en étant parents et ça s’est bien passé. Je ne peux qu’imaginer le stress supplémentaire lorsqu’on a cette responsabilité en plus. Mais si votre projet vous anime vraiment, faites-vous une bonne « roadmap » et lancez-vous. (La roadmap est un document que vous écrivez au lancement du projet et qui répond à certaines questions comme : Quel est mon objectif minimum de rentabilité sur les six premiers mois ? Si dans un an, je ne me paye pas, que fais- je ? Cela permet de ne pas foncer tête dans le guidon. Le dilemme de l’entrepreneuriat est de trouver l’équilibre entre persévérance et obstination).

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer mais n’a pas encore osé franchir le pas ?

La première question à se poser est la suivante : Est-ce que je crois à ce projet au point de le défendre coûte que coûte ? Si oui, alors la seconde est : Est-ce que ce projet répond à un besoin du marché ? Si oui, foncez.

Avec votre seule volonté, vous pourrez déplacer des montagnes. L’émulation autour d’un projet nouveau comme « Pose ta Dem’ » est une vraie source de motivation. C’est le signe que les gens sont prêts pour de nouveaux challenges professionnels.

Si vous faites quelque chose qui a du sens pour vous alors vous convaincrez les gens qu’il faut pour grandir.

Restez honnête avec vous-même et avec votre entourage. N’hésitez pas à confier vos craintes et vos bonnes nouvelles. Et surtout, préparez-vous à être seul. L’entrepreneuriat est une aventure incroyable mais qui, mal gérée, peut vous brûler les ailes. Alors restez dans une dynamique productive en vous fixant des objectifs qui ne dépendent que de vous. Ne soyez pas fataliste mais acceptez l’échec. Qu’importe l’issue, cette aventure vous servira. Humainement, vous aurez fait le plein et c’est le plus important.


Que retenir de l’expérience d’Adrien ?

  • Posez-vous les bonnes questions : à quel problème voulez-vous répondre ? Quelles sont vos valeurs ? Que voulez-vous transmettre ? Quelle est votre mission ?
  • Travailler sur votre projet en parallèle d’un job salarié a de nombreux avantages et vous permettra notamment de tester sa viabilité et de vous construire un filet de sécurité. Alors prêt.e pour se lancer dans un Side Project ?
  • Préparez une roadmap pour visualiser votre projet et répondre à certaines questions essentielles. C’est un bon moyen de mettre sur papier votre projet tel que vous l’imaginez.
  • Comme le dit si bien Adrien : “Ne soyez pas fataliste mais acceptez l’échec.”. Il vous aidera à grandir et à vous améliorer.

Vous pouvez retrouver Adrien, qui a lancé une entreprise de Team Building, sur son site Internet, sur LinkedIn et sur Facebook. 


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