Antonella : Après plusieurs vies professionnelles, elle est devenue facilitatrice de développement entrepreneurial à impact

Après avoir vécu plusieurs vies professionnelles, Antonella Serrao a trouvé sa voie et est devenue facilitatrice de développement entrepreneurial à impact. Passionnée, elle nous raconte son parcours, l’ensemble de son cheminement et nous parle des nouvelles habitudes qui accompagnent une reconversion professionnelle. Bonne lecture !


Bonjour Antonella, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

J’ai vécu plusieurs vies professionnelles. J’ai d’abord commencé ma carrière en tant que gestionnaire sinistres dans des compagnies d’assurances. Au bout de 6 ans, j’ai réalisé ma première reconversion. Je ne me sentais pas en phase avec les valeurs de ma dernière entreprise de l’époque. Ce moment difficile m’a permis de prendre du recul sur ma situation professionnelle. Ce que je voulais pour la suite. Et après une grande réflexion et beaucoup de renseignements pris, j’ai posé ma démission et repris mes études pour changer de job.

A l’époque j’avais une licence professionnelle et j’ai repris mes études pendant 2 années pour obtenir un master. Je suis retournée sur les bancs de l’école. C’était une super expérience. Je savais pourquoi j’étais là. J’avais choisi ce diplôme, je voulais faire ce métier. C’était une évidence. J’ai alors commencé une nouvelle carrière sur des projets de conseil en organisation pour des grands groupes bancaires. Et au bout d’une nouvelle boucle de 6 ans, je sens un mal être, une perte de sens. Et je m’interroge cette fois-ci, plus sur la forme de mon job : l’environnement, le contexte, le pourquoi je fais ces tâches, à quoi sert mon travail…

J’entame alors un bilan de compétences qui me permet de poser des mots sur ce qui n’allait pas. Et de mieux apprendre à me connaître, à reconnaître mes compétences et découvrir mes appétences. J’étais un peu plus âgée, j’avais plus d’expérience professionnelle mais je ne m’étais jamais posé ces questions. Ça a été un élément déclencheur. Je décide alors de me lancer dans l’entrepreneuriat et de façonner mon travail à ma façon, pour des causes qui me parlent. Aujourd’hui, je reprends mes compétences d’organisation d’activités (sur le fond) et de facilitation d’intelligence collective (sur la forme), que je mets cette fois-ci, non plus au profit de grands groupes, mais d’entrepreneur.e.s engagé.e.s dont l’activité a un impact positif sur la société et / ou l’environnement. Je suis amoureuse de ma cible et je suis plus que ravie de mettre mes compétences au profit de ce type de projets, qui me parlent plus. Aujourd’hui, je suis donc devenue facilitatrice de développement entrepreneurial à impact.

Pourquoi as-tu quitté tes précédents job, quels étaient les déclencheurs ?

Lorsque j’ai quitté mon premier job dans la gestion de sinistres, le déclencheur a été l’entreprise : les processus, les méthodes utilisées et les valeurs véhiculées ne me convenaient pas.

Lorsque j’ai quitté mon second job dans le conseil en organisation, le déclencheur a été un mal être persistant mais impalpable à première vue. J’ai alors demandé un mi-temps pour prendre un temps de recul sur mon activité, tout en assurant mes arrières financièrement parlant. Pendant ce mi-temps, j’ai réalisé un bilan de compétences, qui a été une révélation sur qui je suis, ce qui ne va pas dans ma situation actuelle et ce que je souhaite faire à l’avenir. J’ai réalisé ce bilan de compétences en collectif. Ça m’a permis de rencontrer d’autres personnes qui avaient les mêmes blocages que moi, qui se posaient les mêmes questions que moi. C’était un booster pour se motiver à avancer ensemble sur nos réflexions. Non seulement j’ai pu poser des mots sur mon mal être mais en plus, je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule à m’interroger sur le sens de mon travail. Et ça, ça fait un bien fou. Je me sentais moins bizarre, moins à la marge, comprise, entourée. Et je voyais qu’un autre chemin était possible. La voie toute tracée du diplôme-puis-CDI-dans-un-grand-groupe-à-vie n’était pas la seule issue. Et que si celle-là ne me convenait pas, il y en avait d’autres. Et que je pouvais même me construire ma propre voie sur-mesure !

Comment s’est passé ton départ ?

Mon départ s’est donc passé de manière très progressive. Avec d’abord ce mi-temps que j’ai obtenu pour une année. Je l’ai demandé en novembre 2017, lors de mon entretien annuel. Il a commencé en janvier 2018. En mars 2018 j’ai commencé le bilan de compétences jusqu’à mai 2018. Puis, une fois que j’étais sure de vouloir partir et découvrir l’entrepreneuriat, j’ai demandé une rupture conventionnelle, qui s’est réalisée au bout de 4 mois. Je l’ai demandée en mai 2018. J’ai signé fin juillet. Mon contrat a pris fin en septembre 2018. D’ailleurs, pour la petite histoire, j’ai eu un accident en juillet 2018, quelques jours avant de signer officiellement ma rupture conventionnelle. Traumatisme crânien avec perte de connaissance et 2 doigts fracturés, plâtrés. Le jour où je vais chez les RH signer ma rupture conventionnelle, la RH me regarde et en voyant mon état me demande si je veux vraiment signer. Je lui réponds que « oui ». Au fond de moi c’était « ouiiiiii !!!! ». Je n’avais pas l’ombre d’un doute. En repensant au sale état dans lequel j’étais et que je vois que j’ai malgré tout signé, sans avoir douté, en disant adieu à la sécurité du salariat, je me dis que ma décision était vraiment prise dans ma tête.

Comment ont réagi tes proches ?

Mes proches ont plutôt bien réagi. Parce que je les tenais au courant au fur et à mesure de l’avancée de ma réflexion. Et puis étant donné que j’avais déjà réalisé une première reconversion, que j’avais « réussi », ils ne s’en faisaient pas trop pour moi. « Réussi » dans le sens où j’avais trouvé du travail en rapport avec ma reconversion assez rapidement. Et j’avais initié une petite carrière suite à cette première reconversion. Et puis mon changement ne s’est pas fait du jour au lendemain. Entre le moment où j’ai commencé à sentir un mal-être et le moment où je suis réellement partie, il s’est passé quand même 3 ans. Au début, je mettais ces petits trucs qui n’allaient pas sous le tapis. Et puis, au fur et à mesure ça commençait à prendre de la place, jusqu’à ressentir un réel mal être. Puis, je me décide à demander un mi-temps pour y réfléchir sérieusement.

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J’ai ensuite réalisé le bilan de compétences. Et à ce moment-là, mes proches savaient que ça risquait d’être le début de la fin ? Donc la décision de partir n’étais que l’aboutissement d’un long process, dont mes proches ont suivi les différents épisodes. Après, quand je dis à des personnes que je connais moins bien, que j’ai quitté mon CDI pour me lancer en tant qu’entrepreneure, les réactions ne sont souvent pas les mêmes. Mais c’est parce que j’emprunte des raccourcis, sans leur raconter toute l’histoire. Comme souvent dans la vie, il y a rarement une seule chose qui nous fait changer mais un ensemble d’éléments, qui mis bout à bout nous amène à une réflexion puis à des décisions. Et des fois, un événement semble être l’élément déclencheur. Mais souvent c’est la théorie de la cocotte-minute où au bout d’un moment, ça explose. C’était l’élément de plus qui fait qu’on va agir. Mais finalement ce n’était pas le SEUL élément dans notre décision.

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ?

J’ai trouvé ma nouvelle voie en étant extrêmement curieuse, en ayant une volonté hors du commun pour agir et aller mieux. Ce bilan de compétences a été très riche pour moi, il m’a ouvert les yeux sur de nouvelles façons de travailler, sur le fait que c’était possible d’être heureux dans son job, que c’était possible de façonner un travail à sa façon et d’en vivre… Et qu’il existait plein d’autres organisations sur le marché que les grandes entreprises du CAC40 pour lesquelles j’avais travaillées jusque-là. Et surtout, j’ai découvert l’entrepreneuriat social. Des personnes qui œuvraient pour des causes sociales et environnementales. J’ai commencé à m’intéresser de près à ce type d’organisation. Je suis entrée dans cet écosystème par la porte du bénévolat. Je suis encore aujourd’hui bénévole pour plusieurs organisations sociales. J’ai construit ma nouvelle voie en faisant un package de mes compétences, l’organisation d’activité et la facilitation d’intelligence collective ; et mes appétences, l’entrepreneuriat social et le développement personnel.

L’entrepreneuriat a été assez rapidement une évidence pour moi à la fin du bilan de compétences. Je voulais être libre de m’organiser comme je voulais, libre de choisir avec qui travailler, comment travailler, où travailler. Je voulais me sentir autonome dans mon activité, la faire grandir, la façonner à ma façon, y mettre mes « touchs ». Je sentais que j’avais plus de choses à dire et je voulais me sentir libre de les exprimer. Je me sentais prête, je sentais que ce moment de ma vie était le bon pour me lancer. Alors je l’ai fait. Au début, j’avais créé une première version de mon activité avec juste la compétence de facilitation d’ateliers collectifs et l’appétence sur du développement personnel. Mais je n’ai pas trouvé mon modèle économique. J’ai alors pivoté, je me suis faite accompagner. Et j’y ai ajouté des éléments qui manquaient. J’ai structuré mon offre de façon plus organisée que quand j’étais seule. J’ai beau connaître mon domaine d’activité, mon cœur de métier, je n’avais jamais monté d’entreprise. Et il y a plein d’étapes que je ne connaissais pas, plein de méthodes que je n’avais pas. Je recommande à qui veut devenir entrepreneur.e de se faire accompagner par un professionnel ou un organisme d’accompagnement à la création d’entreprise.

En quoi consistent tes activités aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je suis facilitatrice de développement entrepreneurial à impact. J’utilise mes compétences de facilitation en intelligence collective et d’organisation d’activité, au profit de projets qui me parlent plus : pour des entrepreneur.e.s engagé.e.s et dont l’activité a un impact positif sur la société et / ou l’environnement. J’anime des collectifs d’entrepreneur.e.s qui se retrouvent régulièrement pour s’entraider à accélérer le développement de leurs entreprises respectives par des temps d’échanges entre pairs. Les séances s’articulent autour de retours sur les accomplissements et les difficultés du quotidien. Et des séances d’échanges entre pairs, où le collectif va à tour de rôle aider un.e entrepreneur.e sur sa problématique du moment, et inversement, où des entrepreneur.e.s vont partager des connaissances et des retours d’expériences au collectif. Ces entrepreneur.e.s font partie d’une promotion qui se retrouve régulièrement sur une durée déterminée.

J’interviens auprès d’entrepreneur.e.s directement. Et également auprès de porteurs de communautés d’entrepreneur.e.s, qui veulent animer leur collectif au plus proche de leurs besoins quotidiens. Et qui souhaitent renforcer le sentiment d’appartenance de ces entrepreneur.e.s à leur communauté. L’idée est d’accompagner ces entrepreneur.e.s membres d’une même communauté dans le développement et la croissance de leur entreprise. Les aider à lever les obstacles qu’ils rencontrent au quotidien.

Comment gères-tu la transition financièrement ?

J’ai obtenu une rupture conventionnelle, qui me permet de bénéficier de 2 ans d’allocations Pôle Emploi. Donc, ça m’a été très utile pour prendre le temps de construire mon activité, de la tester, l’adapter (et même « me tromper » et pivoter) avant de me lancer dans le grand bain officiellement. Après, je n’ai pas non plus une très importante allocation étant donné que la dernière année de mon CDI, j’étais à mi-temps.

En même temps que j’avais ces réflexions sur le plan professionnel, j’avais initié en parallèle une réflexion plus personnelle sur mon mode de vie. Etant bénévole dans des organisations sociales, je me posais des questions sur l’utilité de certains actes d’achats ou certaines sorties. Est-ce que j’en ai vraiment envie, est ce que ça va vraiment me faire plaisir, m’apporter quelque chose ? Ou est-ce que je le fais parce que c’est à la mode, parce que je me sens entrainée… obligée ? Bref, au final, j’ai revu mon mode de consommation sur pas mal de dépenses. Du coup, toute cette réflexion a été une réflexion assez globale pro et perso. Donc, j’avais de fait réduit mon rythme de dépenses.

Si on veut changer de vie professionnelle, je pense qu’il faut revoir certains de ses standards, pour se donner les moyens. Il faut accepter de faire des concessions, au moins le temps de se lancer. Si on n’est pas prêt à faire ces concessions, on risque de ne jamais changer. Je pense qu’il est important de conserver en tête le pourquoi on veut changer, qu’est-ce qu’on veut atteindre au final. Ça motive à faire des concessions pendant un temps. Qui, des fois pour certaines choses, ne sont plus des concessions mais finalement des nouvelles façons de voir la vie, qui nous conviennent mieux !

Quelles sont les difficultés d’une reconversion selon toi, et comment les dépasser ?

Pour ma part, au début je sentais que quelque chose n’allait pas mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Le fait d’avoir eu cet accompagnement lors du bilan de compétences m’a énormément aidé dans ma réflexion. Le premier pas peut paraitre difficile, mais une fois qu’on est lancé, je recommande à tout le monde de se faire accompagner. C’est comme quand on se regarde dans un miroir. Si on est le nez collé dessus, c’est difficile de bien se voir. Alors que si on a l’avis de quelqu’un qui a un peu de recul, tout s’éclaircit. Il faut oser, se lancer et surtout ne pas attendre d’être vraiment dans le mal pour se décider à agir. Ça n’en sera que plus difficile pour se mettre en action. Quand on se lance dans une reconversion, on est plein d’incertitudes, plein de questionnements. D’où la nécessité d’être bien accompagné, comme je le disais mais aussi bien entouré. Avoir des proches qui comprennent et acceptent la phase que l’on vit. Et essayer au maximum de ne pas échanger à ce sujet avec des personnes qui ne comprennent pas et vous feront vous sentir mal.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite entamer une reconversion ?

Comme je le disais tout à l’heure, se faire accompagner me semble être la clé. Reste à trouver un type d’accompagnement qui vous convienne. Se sentir entouré aussi. Ne pas se sentir seul. Trouver du répondant autour de soi pour avancer sereinement dans sa réflexion. Car se reconvertir n’est pas une décision qui se prend à la légère. Elle demande de la réflexion. Et il faut aussi, à l’inverse, savoir quand la réflexion est assez mure pour se lancer !


Que retenir de l’expérience d’Antonella ?

  • Un bilan de compétences peut se révéler très utile pour éclairer votre situation. 
  • Vous ne vous sentez pas bien mais vous ne savez pas pourquoi ? Demander un temps partiel vous permettrait d’avoir plus de temps pour travailler sur vous et vos attentes : que souhaitez-vous vraiment ?
  • N’hésitez pas à vous faire accompagner dans ce changement de vie professionnelle, cela peut-être un gain de temps non négligeable.
  • Changer de vie professionnelle demande parfois de faire des concessions, des compromis sur son mode de consommation. Et comme l’explique si bien Antonella : c’est parfois un nouveau mode de vie qui s’installe et qui se révèle être bien plus adapté à cette nouvelle vie !

Vous pouvez retrouver Antonella, facilitatrice de développement entrepreneurial à impact, sur son site Internet, sur son compte LinkedIn, la page de son entreprise et dans sa newsletter


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