Brice : Il a fondé Squadeasy après avoir travaillé dans la finance

Brice Chapignac a quitté l’univers des salles de marché d’une grande banque pour devenir entrepreneur et fonder Squadeasy, une start-up qui a pour mission de fédérer les employés d’une entreprise grâce au sport. Dans cette interview, Brice nous raconte comment il a obtenu ses premiers clients, pourquoi il a choisi d’être incubé et quelles ont été les principales difficultés auxquelles il a dû faire face. Bonne lecture ! 


Bonjour Brice, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

Je suis passé par une classe préparatoire aux grandes écoles Maths Supérieures (PCSI : Physique, Chimie et Sciences de l’Ingénieur) et Maths Spéciales (PC) au lycée Massena à Nice, puis j’ai fait une école d’ingénieur : Supélec.

Je suis lauréat de la Fondation Georges Besse, artiste plasticien sous le nom de Brice Thevenot depuis 2003, et à mes heures perdues je compose de la musique électronique sous le nom Tevno.

J’ai débuté ma carrière chez Ernst & Young comme quantitative analyst. Après 2 ans, j’ai rejoint la Société Générale où je suis resté 8 ans, d’abord comme analyste des risques de marché dérivés actions, puis comme directeur adjoint des analyses de risques de marché, et enfin CFO (Chief Financial Officer) sur les produits exotiques.

Comment est née ton envie d’entreprendre ?

J’ai l’esprit entrepreneurial depuis toujours. À 12 ans, je commence le kayak slalom et termine 4e au championnat de France à 15 ans. En 2003, j’entreprends un mouvement artistique autour des blisters des médicaments et j’expose dans 3 galeries (Maubert Paris 4e, Artélie Paris 8e, Eze dans le 06) et divers autres lieux.

Mi-2015, je me dis que ce serait bien de terminer l’Ironman de Nice : j’apprends le crawl et m’achète un vélo pour l’Ironman 2016.

En 2015 débute Squadeasy (ex SquadRunner), la “vraie” entreprise, orientée RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et QVT (Qualité de Vie au Travail), avec la mission suivante : engager collectivement les entreprises et leurs collaborateurs dans des comportements responsables (activité physique, nutrition, entraide).

As-tu suivi une formation particulière ?

Pour entreprendre on peut dire que c’est plutôt de l’autoformation avec l’aide d’amis et de connaissances. J’ai dû apprendre plusieurs métiers en même temps.

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Un entrepreneur est au départ son propre commercial, responsable administratif, financier, graphiste, marketing, DRH…

Heureusement, j’ai pu rencontrer Denis, par l’intermédiaire de mon premier associé Alexandre. Denis a cofondé avec moi Squadeasy et en est le CTO (Chief Technical Officer).

deux hommes assis derrière un ordinateur

Explique-nous en quoi consiste Squadeasy et quelles ont été les étapes de sa création ?

Les valeurs du sport permettent aux entreprises comme aux individus de se réaliser pleinement. L’activité physique est vertueuse pour la santé physique et mentale des collaborateurs, et rentable pour l’entreprise qui gagne en productivité.

Néanmoins, moins de 10% de la population pratique suffisamment d’activité physique pour en tirer des bénéfices durables sur la santé. La raison première est le manque de motivation. La promesse de Squadeasy est d’engager toute l’entreprise : les sportifs, les sportifs du dimanche, les non-sportifs, ainsi que les personnes en situation de handicap physique.

Nous y parvenons grâce à un savant mélange de technologie avancée et de concept ludique et collaboratif. Nos clients nous choisissent car ils ont besoin de créer de la cohésion sociale, de créer du sentiment d’appartenance, d’accompagner la conduite du changement, ou améliorer la santé, ou mieux encore : communiquer… ou tout cela à la fois. Finalement, une solution digitale d’engagement collectif par l’activité physique permet de répondre à un large éventail de besoins intrinsèques aux entreprises.

Des étapes périlleuses mais passionnantes nous ont conduit à ce que nous sommes. Au départ, nous avons créé une sorte de compétition permanente de course à pied en équipe adressée au grand public. Nous avons réalisé que notre produit et nos valeurs n’étaient pas en phase, et nous avons fait évoluer le produit. Finalement, le produit a été largement inspiré des retours clients.

Le développement informatique est réalisé en interne. Nous n’avons pas de logistique particulière à gérer, notre produit est utilisé dans plus de 90 pays, le tout piloté depuis Paris.

Comment as-tu obtenu tes premiers clients ?

Nous avons la chance d’avoir réussi à créer beaucoup de « Love » autour du produit. Une communauté B2C (Business to Consumer) engagée s’est naturellement créée. Par exemple, certains de nos utilisateurs 2019 le sont depuis 2015, et sont restés fidèles malgré les aléas inhérents à toute start-up.

Le pivot B2B (Business to Business) s’est opéré en 2016. Ce pivot trouve sa source dans des entreprises qui ont elles-mêmes demandé à ce qu’on leur propose une offre d’activité physique connectée pour créer de la cohésion sociale chez leurs collaborateurs. Notre premier client est un groupe de 15 000 collaborateurs, nous étions à l’époque stupéfaits de signer une entreprise d’une telle taille en premier contrat. Depuis, la grande majorité de nos clients viennent à nous sans que nous les ayons démarchés : bouche-à-oreille, notoriété… Ce qui est plutôt confortable.

quatre personnes qui descendent des escaliers en courant

Tu as fait le choix d’être incubé. Pourquoi ce choix, et qu’est-ce que cela t’a apporté ?

Nous avons fait le choix d’être incubés en 2015, dès la création, pour nous immerger dans l’écosystème des start-up, nouveau pour moi, pensant que c’était la meilleure manière d’apprendre.

En 2019, nous avons fait le choix de rester incubés, non plus pour apprendre, mais pour l’ambiance. Puis à 37 ans, ça me fait une cure de jouvence ;-).

Comment as-tu géré financièrement le passage de l’univers des salles de marché d’une grande banque à entrepreneur ?

J’ai eu la chance d’avoir une vie professionnelle matériellement confortable les années précédant ma reconversion. Et, j’ai également eu la chance de réaliser une levée de fonds le mois de la création de l’entreprise. J’ai commencé à me rémunérer au bout de 6 mois, avec un salaire 7 fois inférieur à celui que j’avais dans mon ancienne vie. J’ai conservé ce salaire pendant 3 ans. Avec mon associé, nous avons enfin pu nous augmenter un peu en 2018.

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

Beaucoup ! Nous avons dû créer un produit et le marché qui allait avec. En effet, l’activité physique connectée comme vecteur de cohésion en entreprise était quasiment inexistante il y a quelques années. J’ai dû apprendre plusieurs métiers en même temps.

Une difficulté notable a été ma séparation avec mon principal associé. Etant amis, nous avions prévu le départ de l’un de nous, mais pas de manière aussi poussée que nous aurions dû. Heureusement, nous avons pu faire cela de manière intelligente.

Ma plus grande difficulté a été de réussir à déconnecter. Lorsque l’on est pris dans le tourbillon de sa propre entreprise, on en perd parfois toute lucidité sur le fait qu’il s’agit d’un projet professionnel, et que la vie ne s’arrête pas là. Pendant 3 ans, je n’ai quasiment pas pris de jours de congés.

Cela fait 4 ans que la société existe, nous sommes 15, au seuil de rentabilité, et adorons ce que nous faisons chaque jour.

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite entreprendre ?

Je pense qu’il faut :

  • s’assurer au préalable d’avoir une bonne capacité de résilience,
  • un appui de l’entourage,
  • une capacité à s’engager au-delà de l’entendement,
  • être multitâche,
  • savoir recruter,
  • être un bon vendeur (sales et investisseurs).

Tout cela en gardant en tête que vous aurez 8 chances sur 10 de faire faillite dans les 2 ans.


Que retenir de l’expérience de Brice ?

  • Savoir être polyvalent est important quand on se lance dans l’entrepreneuriat.
  • Être incubé peut avoir de nombreux avantages.
  • Il faut accepter d’avoir un salaire moins élevé qu’avant pendant quelques années.
  • Savoir se déconnecter de son entreprise ou de son projet est impératif.

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