Camille : Elle a monté un cabinet de conseil spécialisé dans la musique classique après avoir travaillé dans la culture

Après avoir occupé plusieurs postes dans le domaine de la culture, Camille Prost s’est lancé dans l’entrepreneuriat en montant un cabinet de conseil spécialisé dans la musique classique. Dans cette interview, elle nous raconte sa reconversion et nous livre les leçons qu’elle a tirées de cette expérience. Bonne lecture ! 


Bonjour Camille, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

Je suis ce qu’on appelle une vraie littéraire : passionnée d’art, grande lectrice, latin dès le collège, bac littéraire option musique, hypokhâgne, khâgne dans un grand lycée parisien : la totale ! Entre la musicologie et la philosophie, mon cœur a balancé pendant plusieurs années, le temps de faire un master dans chacune de ces deux disciplines, puis un doctorat en … philosophie de la musique (logique !). Comme la carrière d’enseignante chercheuse ne m’attirait pas, j’ai ensuite occupé plusieurs postes dans une institution culturelle et une fondation.

Je suis passée en quelques années de la médiation culturelle au mécénat, avec un petit détour par l’Essec pour avoir un diplôme en fundraising. De quoi colorer un profil jugé, par beaucoup, comme étant trop universitaire et trop littéraire…

Pourquoi as-tu quitté ton job ? 

Je n’ai pas vraiment décidé de quitter mon job, mon corps et mon esprit se sont bien chargés de le faire pour moi ! Après un burn-out il y a un an, qui a débouché sur une phase de profonde remise en question, j’ai eu un déclic : j’avais besoin de me construire un projet sur-mesure. Je voulais arrêter de chercher une adéquation entre moi et une fiche de poste préétablie mais en inventer une, inédite et à mon image. J’avais surtout envie de missions qui bougent les lignes, déplacent les cadres, qui s’adaptent, qui innovent !

Dans mon monde idéal, c’est à l’individu de créer sa fiche de poste, pas à la fiche de poste de dompter l’individu.

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ? 

J’ai fait le point sur tout ce que j’adorais (la musique, l’écriture, l’enseignement, le mécénat et la philanthropie) et ai surtout dressé une liste de tout ce que je ne voulais plus jamais (ça, ça restera secret !).

J’aime conseiller, être à l’écoute, accompagner, partager. Je vis pour la musique et m’épanouis aux côtés des artistes ; un cabinet de conseil spécialisé dans la musique classique, c’est bien non ?! A posteriori ça semble couler de source, mais cette évidence-là, je l’ai construite petit à petit, pas à pas.

Comment ont réagi tes proches ?

Ils ont été d’une grande aide à une période qui n’a pas été facile à vivre. Ils m’ont soutenue, encouragée et j’ai vu dans leurs regards et à travers leurs petites attentions qu’ils avaient confiance en moi.

Dès les premières étapes de la création de Calamus, plusieurs amis proches, compétents dans des domaines très complémentaires, m’ont aidée et continuent de le faire, pour certains, presque quotidiennement. Ils me donnent une force incroyable !

C’est d’ailleurs grâce à l’une d’entre eux que je me retrouve à vous raconter ma vie aujourd’hui ! Minute dédicace à celle qui se reconnaîtra.

Raconte-nous la création de ton entreprise et ses débuts compte tenu de la situation actuelle ?

Calamus Conseil est une SASU que j’ai créé en décembre dernier. Depuis, je dois bien avouer que c’est les montagnes russes ! Je passe par des phases d’euphorie (choisir un nom, mettre le logo sur un premier document, lancer un site internet, rendre le bilan de ma première mission…) et des moments de doute, plus ou moins longs. Mais je pense que je suis faite pour travailler seule et que l’entrepreneuriat me convient assez bien. J’ai besoin d’être libre. Cette liberté peut avoir quelque chose d’effrayant, mais la plupart du temps, c’est délicieux !  J’ai toujours été autonome, responsable et organisée, je tâche de le rester !

En quoi consistent tes activités aujourd’hui ? 

J’accompagne au quotidien les acteurs du monde de la musique classique dans le cadre de missions très différentes : écriture de notes de programme, missions de conseil en stratégie de mécénat, en programmation, accompagnement en gestion de projets… Mon temps de travail est donc, globalement, divisé en trois parties :

  • La réalisation de missions pour mes clients (associations culturelles, institutions musicales, musiciens…) Chacune est sur-mesure et s’étend en général sur plusieurs mois.
  • Le développement de ma société (comptabilité, facturation, création des outils de communication traditionnelle et digitale…). Tout est à construire !
  • Le développement de mon réseau et la prospection (réunions de réseau, veille, rendez-vous, mailings…).

Ma nouvelle vie laisse aussi une place à ce que je juge essentiel : la lecture, l’écriture et la pratique assidue du violoncelle. Une journée sans musique est une journée perdue.

L’an prochain, je consacrerai également une partie de mon emploi du temps à l’enseignement, transmettre est pour moi quelque chose d’important.

Comment as-tu géré la transition financièrement ?

J’ai eu la chance de quitter mon poste précédent dans le cadre d’une rupture conventionnelle, j’ai donc droit à une indemnité de Pôle Emploi pendant deux ans. Tout le défi est là, je dois pouvoir développer mon activité pour être en mesure d’en vivre dans 18 mois. Challenge relevé et, ce, malgré les circonstances actuelles inédites.

Quelles sont les difficultés d’une reconversion selon toi, et comment les dépasser ?

La reconversion advient, la plupart du temps, à un moment de remise en question. Pendant cette période, la personne est fragilisée. Elle doute et ce n’est pas agréable de douter dans une société où tu es ce que tu fais, parce que tu es souvent réduit au poste que tu occupes… C’est dur. Pourtant, ce qu’il y a à la clef n’a pas de prix. Il faut donc accepter de passer par cette fameuse phase de transition anxiogène. Après la pluie, le beau temps, certes, à condition de savoir ce que signifie  « beau temps » ; à chacun son soleil ! La seule manière d’ouvrir une nouvelle page épanouissante, c’est donc de prendre le temps de faire un point météo !

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite entamer une reconversion ?

  1. Savoir s’entourer. Il faut parler, échanger avec ses proches, avec des professionnels du secteur, avec des membres de son réseau et savoir chercher de l’aide si nécessaire. J’ai pour ma part été accompagnée pendant plusieurs mois par l’APEC et l’expérience s’est avérée très positive, par exemple.
  2. Se faire confiance et écouter sa petite voix. Il y aura toujours des rabat-joies, des pessimistes, des jaloux, des gens trop terre à terre… En même temps, un petit pas en avant (ou de côté, d’ailleurs !) peut être le début d’un grand voyage.
  3. Lister ses points forts et ses compétences, ça c’est classique comme exercice, mais il ne faut pas oublier de lister aussi les connaissances et compétences que vous voudriez acquérir à court, moyen et long termes. Il faut s’appuyer sur le passé, mais surtout regarder au loin.

Pour ma part, je n’avais pas mesuré à quel point la création d’une entreprise était valorisable en termes de gain de compétences. J’en apprends tous les jours et dans des domaines aussi variés que la comptabilité, le droit ou la communication digitale.  On m’a dit récemment qu’un entrepreneur était un couteau suisse, je n’ai pas encore testé toutes les fonctionnalités, mais j’y travaille !


Que retenir de l’expérience de Camille ?

  • Se construire un job sur-mesure, c’est possible alors ne vous découragez pas !
  • Prenez le temps de l’introspection, c’est une phase qui peut être compliquée mais elle est nécessaire pour repartir sur de bonnes bases. Comme le dit si bien Camille : après la pluie, le beau temps !
  • N’hésitez pas à vous faire accompagner pour traverser cette période plus sereinement.
  • Faites-vous confiance, écoutez votre instinct : c’est votre meilleur conseiller 🙂

Vous pouvez retrouver Camille, qui a monté un cabinet de conseil spécialisé dans la musique classique sur son site Internet et sur LinkedIn. Pour lire sa thèse c’est par ici et pour l’écouter en podcast c’est là !


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