Chronique d’un moment de procrastination

Cette semaine, ma réponse à La Question qui tue a été publiée. Il s’agit d’un article pour le blog de Bertrand Jouvenot. Bertrand invite des professionnels à répondre à une question unique, et la mienne consistait à écrire une lettre ouverte aux Directions des Ressources Humaines (tu peux lire mon article ici).

Il faut savoir que Bertrand m’avait proposé cela il y a déjà 3 mois.

Il m’avait annoncé un grand nombre de lecteurs de son blog, donc une visibilité importante. Et je trouvais le concept de La question qui tue intéressant. Alors, j’avais dit oui, alors que je refuse habituellement ce type de propositions par manque de temps.

Je l’ai mis dans ma to do list… mais pas parmi les sujets prioritaires, car à ce moment-là il y en avait bien d’autres : tourner les vidéos de formation Side Project et animer le groupe privé de participants, assurer de nombreux coachings…

Je n’ai pas fait ce qui fonctionne habituellement pour moi pour mener à bien un projet : 

  • Le faire figurer parmi mes priorités du moment
  • Le “timeboxer”, ce qui signifie bloquer des créneaux dédiés dans mon agenda
  • Lui attribuer une échéance précise et m’y engager “publiquement”

Cet article n’était pas parmi mes priorités, je ne l’ai absolument pas timeboxé car mon agenda était déjà plein et il n’y avait pas de date limite.

Résultat ? L’article est passé à la trappe. 

Quelques semaines plus tard, Bertrand m’a renvoyé un mail :

Charlotte, votre silence m’inquiète un peu. J’espère que ma question ne vous a pas tuée.

Son message m’a fait rire, j’ai apprécié sa relance.

Mais à ce moment-là je préparais le lancement de la formation Nouveau Départ et c’était la course. Alors cette fois, j’ai été transparente et je lui ai annoncé que ce ne serait pas pour tout de suite, mais que c’était toujours d’accord pour plus tard.

Résultat ? L’article est à nouveau passé à la trappe.

Il m’a encore relancée quelques semaines plus tard :

Bonjour Charlotte,
Des nouvelles de la question qui tue ?
Rassurez-moi, vous n’avez pas démissionné de Pose ta Dem’, tout de même.

J’ai encore ri, mais surtout, j’ai culpabilisé. Alors, j’ai demandé à fixer une échéance. Celle-ci a été fixée à fin juin. Ok, engagement pris.

Sauf qu’évidemment, ce n’était toujours pas prioritaire pour moi. Mais je ne voulais pas faillir à mon engagement, alors j’ai mis en oeuvre mon astuce des 5 minutes : cette astuce consiste à réaliser la tâche en question pendant seulement 5 minutes. 5 minutes, c’est acceptable, aucune raison de procrastiner. Mais le secret, c’est qu’une fois qu’on est concentré et dans le flow, on continue, on avance efficacement dans la tâche, et celle-ci semble ensuite bien moins insurmontable.

Résultat ? En quelques minutes, j’ai réussi à écrire la trame et les idées principales.

Alors, je me suis sentie stupide de ne pas m’y être mise plus tôt.
Mais surtout, j’ai compris précisément pourquoi j’avais tant repoussé. Il y avait 2 raisons à cela :

1/ Je n’étais pas sûre de comprendre la question.
Maintenant que j’y ai répondu et que tu as lu l’article, celle-ci te paraît peut-être évidente. Mais à froid, sans aucun élément de réponse, j’avais peur de passer à côté du sujet. Un peu comme une dissertation de philo pour laquelle on craint de faire un hors sujet. Ce manque de clarté m’a empêchée de m’y mettre.

2/ Le sujet ne me plaisait pas.
La question m’obligeait à parler aux RH. Aux entreprises. Et je n’aime pas ça.
J’ai quitté le monde de l’entreprise car je ne m’y sens pas bien.
Lorsque je suis devenue indépendante, j’ai réalisé de nombreuses missions en freelance, de deux types :

  • De la formation : animer des formations en entreprise et dans des organismes de formation, sur les sujets du recrutement – marque-employeur, RH, conduite du changement, transformation digitale
  • Du copywriting : écrire des articles pour des sites dans la reconversion et la formation

Au début, j’étais contente d’être indépendante. Mais j’en ai vite eu marre, car lorsque je devais animer une formation, il fallait que :

  • Je mette mon réveil à une heure imposée
  • Je prenne le métro en heure de pointe pour aller à la Défense le plus souvent
  • Je propose des solutions tout en me débattant avec les jeux de pouvoir internes et en respectant “le cadre” imposé par l’entreprise

Et cela m’ennuie (pour être polie) profondément.
J’aime pouvoir dire ce que je veux, créer ce que je veux, sans aucune limite.
C’est pour ça que Pose ta Dem’ est mon paradis sur terre : je suis libre !

J’ai hésité à demander à Bertrand à changer de question. Et je me suis dit : quand même, c’est ridicule, il te pose UNE question et tu vas l’éviter ?

Impossible ! C’est la raison pour laquelle j’ai retroussé mes manches et appliqué ma règle des 5 minutes avec ce pacte : si au bout de 5 minutes je n’y arrivais pas, je verrais alors pour négocier. Mais d’abord, il fallait essayer.
Et effectivement, j’ai su trouver des réponses.

Et puis, j’ai eu un second déclic à quelques jours du rendu : demander aux membres de la communauté ce qu’EUX aimeraient dire à leurs RH !
Les nombreux commentaires reçus m’ont certes donné des idées supplémentaires, mais surtout, j’ai réussi à voir l’impact que cet article aurait. Je ne m’attendais pas à ce que le sujet rencontre un tel engouement auprès de ma communauté.

J’ai donc pu identifier une 3ème raison pour laquelle j’avais procrastiné : parce que je n’étais pas sûre du sens, de l’impact, sur les personnes que j’ai envie d’aider.

En voyant toute cette participation, j’ai retrouvé le goût d’écrire. C’est grâce à cela que j’ai écrit 14 pages d’une traite.
Et puis, j’ai laissé décanter une nuit, et je m’y suis re-attelée : relire, compléter, vérifier la cohérence. Le flow total !
C’était le 29 juin. -1 jour avant la deadline de l’engagement pris.

Article enregistré.

Je l’ai envoyé à Bertrand.

Et là, j’ai senti ressurgir mon passé d’étudiante :
Comme si j’avais pondu un devoir de philo dans un moment d’illumination.
Mais qu’une fois le stylo posé et la copie dans la main, prête à être rendue au prof, la panique : et si je m’étais complètement plantée ? Partie dans mon délire ?

Ca passe ou ça casse. Soit il trouve mon article brillant, soit il me prend pour une dingue.
J’y invente le principe des ravioles à la truffe, je fais une analogie avec un short rouge à pois verts (qui devient un short vert à pois rouges, ce que j’ai détecté avec effroi APRES que l’article ait été publié), je fais un mix de recommandations RH et de développement personnel que je n’ai jamais lu ailleurs.

Mais à la différence de mon passé d’étudiante stressée et dépendante du regard des autres, cette fois, je n’étais pas si inquiète. Dans le cas où mon article était un délire personnel sans intérêt pour d’autres, je m’en fichais. Car après tout, c’était moi.
J’écris tellement que progressivement, j’ai confiance en ce que j’écris.
C’est loin d’être parfait.
J’ai du mal à relire certains de mes articles.
Encore plus de mal à me re-regarder en vidéo, ou à ré-écouter les podcasts dans lesquels je suis interviewée.
Donc ma confiance sur la qualité peut être fragile parfois.
Mais ce petit manque de confiance ne m’empêche pas de faire les choses. C’est juste un sentiment “désagréable”, mais rien de plus. Et je crois que c’est l’un des progrès les plus importants que j’ai réalisés. Avant, j’étais tétanisée à l’idée que ce que j’écrive/dise ne soit pas apprécié. Maintenant, je n’y prête guère plus d’attention qu’un léger sentiment d’inconfort.
J’étais prête à me faire critiquer. J’ai confiance en ma mission, en pourquoi je fais tout ça, en mes convictions portées dans l’article.

Et ça, c’est formidable. J’ai le sentiment qu’en faisant ce vers quoi je suis appelée, ce en quoi je crois profondément, j’ai moins peur de me tromper. Je n’ai pas peur de faire des erreurs dans ce que je dis.

Ding, Bertrand a répondu :

Génial,
Merci beaucoup Charlotte.
Quelle réponse ! C’est peut être le début d’un livre…

Respiration ! C’est passé.

Et depuis, les commentaires positifs pleuvent. L’article a été lu plus de 15 000 fois et liké 900 fois sur LinkedIn.
Je crois que j’ai bien fait d’être moi-même. C’est en étant pleinement soi-même que l’on marque le plus les esprits. Ce type de textes que j’écris reçoit bien plus de réponses que les articles structurés et optimisés pour le SEO (référencement naturel).

Cela ne veut pas dire que les articles habituels sont mauvais ; au contraire, je crois qu’on a besoin des deux. Les articles structurés pour avoir un plan, une méthode. Les textes bruts comme celui-ci pour être inspiré et créer une connexion avec l’auteur.

Alors, que retenir de cette histoire ?

  • Ne pas accepter un projet quand on sait qu’on ne pourra pas le mener à bien car cela rajoute de la charge mentale et pèse sur tout le reste inutilement
  • En revanche, si on décide que ce projet est important, appliquer ces règles simples de productivité : priorité / échéance avec engagement / agenda
  • La procrastination n’est pas un problème d’organisation. Ca, c’est l’explication superficielle. Il faut identifier la cause profonde : manque de motivation, manque de sens, manque de clarté sur ce qu’il faut accomplir…
  • C’est en étant pleinement soi-même que l’on crée le plus d’impact.

 A toi de te poser la question :

  • Sur quel projet procrastines-tu ?
  • Quelle en est la cause profonde ?
  • Maintenant, choisis : soit tu abandonnes ou reportes clairement ce projet, soit tu le passes en priorité et dans ce cas, tu appliques les 3 règles : priorité / échéance avec engagement / agenda. Et dans ce cas, fais-le en étant pleinement toi-même. Même si ce n’est pas parfait, et même si tu n’es pas sûr que cela plaise à tout le monde.

En espérant que cela t’aide à alléger ta charge mentale et à atteindre un sentiment d’accomplissement !


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