Le congé sabbatique : comment l’utiliser pour reprogrammer sa vie

Un congé, ce n’est pas fait pour se reposer. Du moins, pas forcément… pas tout de suite ! Après avoir respecté pendant 20 ans les règles du jeu professionnel, j’ai décidé de les changer à mon avantage. En prenant, à la surprise générale, un congé sabbatique. Et en le mettant à profit pour relever le défi de changer de vie. Le plus beau ? C’est possible pour toi aussi !


Article rédigé par Alexandre Willocquet


Pour la première fois de ma vie, j’ai pris une décision importante en Réunion

Eh oui, mon histoire commence à la Réunion, en avril 2019, dans le lagon de St-Gilles-les-Bains. Avoue qu’il y a pire endroit pour refaire le monde ! 😉 Car durant mes congés en famille, je “médite” (pas encore au sens propre du terme). Voire je rumine.

Quelque chose cloche dans mon boulot… Certitude d’avoir fait le tour de mon poste. 5 ans que je suis directeur de la même usine, sur laquelle j’ai passé 12 années en tout. De belles années.

Mais pour la première fois de ma carrière, aucune perspective sérieuse d’évolution à court terme. Je n’apprends plus, je stagne… Et je n’aime pas ça. Du tout ! La première idée – originale… – qui me traverse la tête, c’est d’aller me faire voir ailleurs.

Après tout, les derniers recruteurs qui m’ont démarché m’ont tous fait “bouillir” la même rengaine. “Rester fidèle à la même entreprise pendant 20 ans, c’est démodé, M. Willocquet…”.

Une remise en question salutaire

Mais mon introspection tropicale met le doigt sur d’autres blessures. Plus intimes. Si je suis honnête avec moi-même, je suis déçu du “poste de mes rêves”.

Des désillusions autour du fameux “dialogue social à la française”, qui tourne un peu trop vite à la grève à mon goût. Forcément au moins en partie de ma faute… Mais suis-je prêt à retourner dans l’arène avec la conviction d’une issue collective plus positive ?

De l’amertume aussi à propos de l’autonomie qui m’est accordée. Je ne m’attendais pas à voir différentes fonctions (Ressources Humaines, Finance…) ne plus rapporter au directeur de site. Ni à devoir faire valider la plupart des investissements sur mon site ou le moindre contrat d’intérim !

Loin de moi l’idée de me chercher des excuses. Ou des coupables. Mais il faut savoir appeler un chat un chat. Le feu sacré vacille (et Johnny n’est plus là pour le rallumer).

Je réalise que 15 jours de vacances n’y suffiront pas : j’ai besoin d’un vrai break pour faire le point sur ma vie. Et ce break, tu l’as compris, je suis allé le chercher à travers un congé sabbatique.

Le cadre privilégié du congé sabbatique

Selon une étude de VoyagesPirates de 2017, 95% des Français rêvent de prendre un congé sabbatique. Bonne nouvelle, il est beaucoup plus accessible qu’on ne le pense généralement !

Pour l’essentiel, il faut compter 6 années d’expérience professionnelle derrière soi, dont 36 mois d’ancienneté chez ton employeur actuel. C’est tout ? Pratiquement, oui.

Si tu respectes ces deux conditions, ton employeur pourra difficilement te le refuser. A vrai dire, il ne le pourra pas du tout si ton entreprise compte plus de 300 salariés.

Tout au plus pourra-t-il te demander de différer ton départ de quelques mois. Et encore, à condition que plusieurs de tes collègues soient déjà en congé sabbatique (ou en congé pour création d’entreprise).

La dernière formalité est de lui remettre ta lettre de demande de congé sabbatique au moins 3 mois avant la date de départ souhaitée. Ce qui te laisse un peu de temps pour bien préparer ton congé, à commencer par finaliser ton budget.

Car le congé sabbatique est un congé sans solde. Il mettra donc à l’épreuve tes dépenses (qu’il est préférable de pouvoir réduire) comme tes économies. C’est souvent ce paramètre qui fixe sa durée, légalement comprise entre 6 et 11 mois.

Si tu as envie d’un voyage autour du monde, tu auras du mal à ne pas entamer ton capital. Car son coût moyen s’élève à 15.000€ par personne ! Mais même dans ce cas, il existe des options insoupçonnées pour limiter la casse.

A commencer par le Programme Vacances Travail par exemple. En effet, il est tout à fait possible de travailler pour un autre employeur durant ton congé. Tant que tu respectes l’obligation de loyauté envers ton premier employeur !

“J’adore quand un plan se déroule sans accroc !” (Colonel John “Hannibal” Smith)

N’en déplaise aux recruteurs, avoir 20 ans d’ancienneté dans la même boîte, ça a au moins un avantage : je coche toutes les conditions. Et j’ai la chance d’avoir pu mettre suffisamment de côté pour financer mes dépenses sur les 11 prochains mois.

C’est décidé, j’opte pour la durée maximale ! Dès mon retour de vacances, je préviens mon chef de mon intention. Il le prend bien. Me dit – sans malice – qu’il n’aura aucun problème à me remplacer. Ça pique un peu… mais finalement, c’est mieux pour tout le monde !

Je dépose ma lettre de demande officielle deux semaines après. Histoire de mûrir ma réflexion et de ne pas partir sur un coup de tête… mais de battre quand même le fer tant qu’il est chaud et ne pas risquer de me dégonfler !

Je me rends compte durant ces quinze jours que je supporte de plus en plus mal les contraintes bureaucratiques. Et surtout les priorités toujours plus nombreuses et qui me semblent parfois incohérentes avec mes missions principales…

Enseignement important : j’ai envie d’autonomie, mais aussi de plus de liberté !

Les 3 mois de “préavis” passent ensuite très vite, mais j’arrive quand même à échafauder un plan de route. Contrairement à 67% des sabbatiqueurs, je n’utiliserai pas mon congé pour voyager.

J’envisage une utilisation encore “peu conventionnelle” du congé sabbatique. Je veux le mettre à profit pour réaliser les objectifs suivants :

  • me reposer et mettre véritablement de côté la pression inhérente au poste de directeur de site
  • profiter de ce break pour rattraper le temps perdu avec ceux qui comptent le plus dans ma vie : ma famille et mes amis
  • apprendre des choses utiles et qui me stimulent
  • et surtout prendre le temps de réfléchir à ce que j’ai vraiment envie de faire durant la seconde partie de ma carrière !

Optimiser (agréablement) un congé sabbatique

Un démarrage en douceur pour décrocher

Le jour “J” arrive rapidement : il est temps d’utiliser au mieux ce congé sabbatique pour reprogrammer “le reste de ma vie” !

Bon, en fait, pas tout de suite ! 😉

Le premier mois est consacré à déménager pour faire des économies. Je peux rendre notre logement loué à proximité de mon usine, ma femme ayant gardé la petite maison qu’elle avait achetée avant que nous nous rencontrions.

Ça fait partie des concessions que nous avons acceptées durant le congé sabbatique pour respecter notre budget, même s’il n’est jamais simple ni agréable de perdre en surface…

Entre les travaux de rafraichissement, le déménagement lui-même et la réparation des quelques déconvenues découvertes sur place, ce premier mois est vite consommé.

Mais le premier objectif est quand même atteint : c’est fou comme l’esprit peut vite tourner la page quand il sait qu’on ne retournera pas en arrière !

A ce stade, une précision s’impose : à l’issue d’un congé sabbatique, tu as la garantie de retrouver dans ton entreprise un poste similaire à celui que tu as quitté, avec une rémunération au moins équivalente. Ce qui en fait un formidable parachute.

Dans mon cas toutefois, il est très peu probable que je retrouve le même poste puisque j’ai – fort logiquement – été remplacé par une collègue en CDI. Ce n’est de toutes façons pas mon intention. D’où probablement la rapidité avec laquelle j’ai pu “déconnecter”.

Dans le premier virage, on accélère !

Le second mois coche toutes les cases de mes objectifs.

Il est décidément bien agréable de pouvoir s’offrir un week-end prolongé pour aller rendre visite à sa famille. Sans devoir sélectionner chez qui on posera les valises et pour qui on devra faire l’impasse ! De quoi faire le plein de relations sociales.

Au rayon des formations, après avoir hésité avec la guitare électrique, j’opte pour l’espagnol, que je commence à apprendre à raison de 20 minutes par jour grâce à deux applications complémentaires sur smartphone. A ce jour, j’ai appris plus de 800 mots en 4 mois, sans réel effort.

Je me lance également à la découverte de la méditation de pleine conscience. A raison de 10 minutes par jour, là aussi grâce à une application sur smartphone. J’apprécie suffisamment de travailler ma spiritualité pour cumuler actuellement 25h de méditations guidées.

Cerise sur le gâteau, je trouve également le temps de reprendre soin de ma forme physique : je me mets au workout. Il s’agit de 7 minutes quotidiennes d’activité physique intense, à raison d’une douzaine d’exercices rythmés par… smartphone, tu l’as deviné ! 😉

Cette liste à la Prévert ne vise pas à te rendre envieux. Mais à te faire réaliser 2 choses :

  • durant un congé sabbatique, tu as la possibilité extraordinaire de réaliser des activités que tu avais abandonnées à regret ou rêvais de tester de longue date
  • en fait, le choix est tellement important que je te recommande de t’organiser : prioriser (donc choisir) puis planifier des créneaux dans ta semaine pour chaque activité retenue

Je sais, planifier son temps libre, ça peut paraître limite obscène 😉 Mais crois-moi, c’est une excellente solution pour ne rien oublier et avoir la satisfaction d’avoir progressé sur différents fronts à la fin de chaque semaine !

J’identifie mon tiercé gagnant

Ce second mois me permet aussi de réfléchir à ma vie professionnelle. Très vite, j’ai décidé que je voulais répondre à cette question : étais-je capable de faire autre chose que ce pour quoi j’avais été programmé ?

Car, comme beaucoup je crois, j’ai enchaîné les études puis les postes de façon mécanique. Quand on a de bons résultats, les portes s’ouvrent, le tapis rouge se déroule… et on ne se pose finalement pas (ou peu) de questions !

Assez tout de même pour décider en sortie d’école que l’industrie me tentait plus que la banque ou le conseil. Puis, quelques années plus tard, pour choisir la Production au détriment de la Recherche & Développement.

Mais je réalise que jamais je ne me suis vraiment posé la question de voler de mes propres ailes. Or, mes envies d’autonomie et de liberté m’orientent soit vers des structures plus petites, soit plus sûrement encore vers l’entrepreneuriat.

La dernière pièce du puzzle, je la trouve dans l’énergie tirée de ces premières semaines de congé sabbatique : comment avais-je pu tirer un trait sur toutes ces activités que je (re)découvrais ?

C’est décidé, après 20 années assez exigeantes en termes d’implication personnelle, je veux décélérer, donner un poids plus important au fameux équilibre vie privée / vie professionnelle. Quitte à diminuer mon train de vie. Faire dans la décroissance, quoi ! 🙂

Armé de ces trois critères (autonomie, liberté, équilibre), au clair de la lune, je confie mes états d’âme à mon ami Google. Ne cochant malheureusement pas les cases de l’indépendance financière, je décide de retenir la seconde solution qui me saute aux yeux.

Un congé sabbatique pour relever le défi de ma vie

Cette solution, elle tourne autour de la valorisation de tes compétences sur internet. Il s’agit d’une activité qu’on désigne souvent par “infopreneuriat”. Selon les cas, tu peux y proposer du coaching, des livres, des formations en ligne…

Je me suis particulièrement intéressé au blogging, bousculant au passage mes idées reçues sur ce que je prenais encore pour des “journaux intimes publics”.

Le gros intérêt d’un blog, c’est que la durée de vie de tes publications y est beaucoup plus importante que sur les réseaux sociaux par exemple. Les personnes intéressées par les solutions que tu as à proposer peuvent te trouver via Google encore 2 ans après que tu as rédigé ton article.

Davantage si tu le mets à jour régulièrement. Après une phase initiale intensive où tu construis ta notoriété, tu peux donc en théorie te permettre de lever le pied.

Et les meilleurs blogueurs vivent tout à fait confortablement de cette activité, en n’y consacrant qu’une dizaine d’heures par semaine. Un conte de fées digne de “La semaine de 4 heures”, de Tim Ferriss !

Du moins, c’est le discours de ceux qui te proposent de te co-opter dans cet univers merveilleux, moyennant… une formation en ligne premium. La boucle est bouclée ! 🙂

Mais tu sais quoi ? J’ai envie de croire à ces arguments et il faut reconnaitre que les nombreux “anciens” passés par ces formations partagent des success stories très convaincantes et fort alléchantes.

Alors je décide de me mettre dans l’action. Je voulais savoir si j’étais capable de faire autre chose ? Et aussi si j’étais suffisamment motivé pour tenter de devenir mon propre patron ? Quitte à abandonner une situation financièrement très confortable ?

J’ai la chance extraordinaire d’avoir 11 mois devant moi pour tester le concept, 11 mois pour changer de vie…

Je lance mes premiers blogs

Voilà maintenant 4 mois que j’ai démarré ma formation de blogueur. Le premier constat que je peux partager avec toi, c’est qu’il faut bien plus que 10h par semaine au départ ! 😀

La formation elle-même, en ligne, est assez prenante. Il y a de nombreuses vidéos à suivre, entrecoupées d’exercices à réaliser, dont certains prennent beaucoup de temps.

Mais je découvre plein de choses. Du paramétrage des logiciels au nécessaire travail sur le “référencement naturel” (aussi appelé SEO). Ce dernier vise à draguer ouvertement Google pour truster la première page de ses résultats de recherches.

L’écriture des articles en elle-même me prend déjà moins de temps. Grâce à d’excellents conseils trouvés pour apprendre la rédaction Web. Pas exactement les mêmes codes que pour une disserte de Terminale !

J’ai commencé par créer un seul blog, 11 mois pour changer de vie. J’y partage mon expérience actuelle et mon ambition est de pouvoir y aider les candidats “sabbatiqueurs” à trouver toutes les ressources nécessaires à leur projet.

Dès le départ, j’avais prévu de lancer un autre blog pour mutualiser les risques. Car il est difficile d’évaluer si le domaine que l’on a retenu dispose d’un vrai potentiel économique. Et si on va y rencontrer du succès !

Mais j’avais sous-estimé la charge de travail des premiers mois, et je viens seulement de réussir à publier mes premiers articles sur mon second blog, Leaders en série. J’y donnerai des conseils sur le management et le leadership, en les illustrant à partir de scènes issues de séries TV ou de films.

Idéalement, j’aimerais en lancer un troisième en parallèle. Mais ce ne sera pas avant quelques semaines au mieux et je me demande si je ne vais pas garder l’idée en réserve au cas où l’un des deux premiers ne décolle vraiment pas.

Quels enseignements principaux peux-tu tirer de mon congé sabbatique ?

Je viens tout juste de basculer dans la seconde moitié de mon défi. Et peux donc me livrer à un premier bilan sur une période suffisamment significative.

Je crois que le premier enseignement que j’en tire, c’est que c’est vraiment un énorme avantage de pouvoir disposer de la liberté d’un congé sabbatique pour lancer sa propre activité !

Bien sûr, si on est motivé, il est possible de le faire en parallèle de son boulot. Mais à raison de 15h par semaine minimum pour un seul blog, ce sera au détriment des loisirs ou de la vie de famille…

Le second enseignement, c’est que cette expérience me comble jusqu’ici à tous les points de vue :

  • j’ai complètement mis de côté les préoccupations liées à mon dernier poste (même si je reste bien sûr en contact avec des collègues)
  • j’arrive à beaucoup mieux équilibrer les dimensions physique / affective / mentale / spirituelle de ma vie. Quand on a du temps, c’est plus facile me diras-tu à raison !
  • j’apprécie particulièrement de pouvoir apprendre de nouvelles choses, de me remettre à lire (des bouquins “détente” comme des livres “sérieux mais pas chi*nts” liés à ma nouvelle activité)
  • je me suis rapidement mis en mouvement, pour trouver une alternative à un retour chez mon employeur

J’ignore jusqu’où cette expérience me mènera. Je n’écarte pas de reprendre un poste de direction de site. Mais je veux qu’au moment de ma décision, dans quelques mois, ce soit un choix éclairé. Après avoir essayé autre chose. Et non pas un choix par défaut.

Et honnêtement, plus le temps passe, plus je me prends au jeu ! Je suis persuadé qu’être infopreneur permet d’avoir un bien meilleur équilibre de vie. Tout en apportant une contribution significative et un impact sur tes lecteurs, en valorisant ton expérience et tes compétences.

Et toi, qu’est-ce tu fais, toi ?

J’espère que ce témoignage t’aura été utile. Et que je t’aurai convaincu de la chance immense que nous avons d’avoir, en France, le congé sabbatique.

Pour voyager, mais pas que… ce peut-être un formidable dispositif pour prendre du temps pour soi, réfléchir à ce que l’on veut vraiment faire de sa vie. Puis tenter, foncer !

Certes, je n’en sortirai pas avec des images dépaysantes plein la tête. Ni même peut-être avec la sensation claire de m’être reposé.

Mais j’aurai eu par contre tout le temps nécessaire pour réfléchir à une reconversion professionnelle. Et peser sérieusement le pour et le contre avant de, peut-être, poser ma dem’.

Et toi, c’est quoi ton premier pas pour ré-écrire ton programme interne ? Pour ré-inventer ta vie ? Pour ne plus la perdre à la gagner ?


Vous pouvez retrouver Alexandre sur son blog 11 mois pour changer de vie et sur son blog Leaders en série


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