Entre management et psychologie : quand une réorientation permet de se construire

Dans cet article, je partage comment ma réorientation du management vers la psychologie m’a profondément aidée à me construire. Chercher sa place, accepter le vide passager, expérimenter, et vivre pleinement cette étape de transformation : voilà l’objet de mes propos. Je te raconte mon expérience, et t’explique comment une réorientation permet de se construire, au gré de quelques conseils qui m’auraient été bien utiles à l’époque !


Article invité rédigé par Justine 


Je m’appelle Justine. Je suis psychologue de l’orientation.

Après une réorientation du management vers la psychologie, ma pratique s’est tournée vers un public diversifié : demandeurs d’emploi, étudiants, travailleurs en situation de handicap, … J’accompagne actuellement le personnel d’une grande structure pour construire des projets professionnels et permettre un meilleur bien-être au travail.

De l’envie à la lutte

18 ans, des choix d’orientation bien épluchés, des visites d’écoles, des concours et une option qui m’attire plus que les autres : une école de management bien réputée dans ma région. Cette école met en avant un esprit de solidarité entre les étudiants, des équipes qui ont l’air soudé autour de projets inspirants et motivants.

Au lycée, je suis plutôt bonne élève. J’aime les sciences économiques et sociales, je veux un métier avec du relationnel, pourquoi pas autour de la communication d’entreprise. Intégrer cette école semble la voie royale, l’idée parfaite pour un bel avenir (je parle de cette recherche de perfection pour l’avenir dans cet article).

J’écarte alors les options classes prépas, j’ai envie de concret. Je souhaite faire des stages pour découvrir la réalité des métiers qui pourraient s’offrir à moi.

Je suis contente et plutôt fière de ce choix. Il semble être un bon compromis entre une stratégie d’avenir qui semble porteuse et une expérience en lien avec les domaines qui m’attirent.

Mais très vite après la rentrée, il y a quelque chose qui cloche. Certains cours me surprennent. Je suis sceptique à ce que j’entends dans les cours orientés stratégies marketing et commerciale. Je ne partage pas la vision de la consommation proposée par les enseignants.

Et je me dis alors, c’est ça la vie ?

Peu de cours m’intéressent en fait. Il y en a deux : un sur la responsabilité sociétale en entreprise (on y parle communication, valeurs d’entreprise, et engagement envers les salariés) et un module sur la gestion du temps et le coaching d’étudiants.
Deux cours en trois mois, et pas les plus représentés, bien trop peu pour garder ma motivation et me dire que mon avenir est ici.

Des doutes, de l’inquiétude, l’impression de sortir de moi-même, et d’être comme une extraterrestre dans un monde qui ne m’attire pas : tel est mon quotidien de jeune étudiante. Je ne me sens pas à ma place.
Une lutte acharnée s’active en moi pour me persuader que je peux réussir ici. Mais ai-je envie de réussir ?

A ce moment-là, une vague m’emporte sur la plage sur laquelle je me retrouve bloquée entre deux immenses rochers. Partir ou rester ? Je suis comme prise au piège.

Mon corps va prendre toute sa place et m’envoyer les signaux pour comprendre que cette lutte est dénuée de sens. Cette lutte n’est pas la mienne. Merci à mon corps, grâce à qui je vais donc décider de quitter cette école.

A ce moment-là, je ne savais pas combien cette réorientation allait contribuer à me construire.

Les quelques questions à te poser à la lecture de cette première partie :

  • C’est quoi la vie pour toi ?
  • A quel discours adhères-tu (ou pas) ?
  • Où te sens-tu à ta place ?
  • Dans quelle situation ?
  • De quoi es-tu en train de te persuader en ce moment ?
  • As-tu envie de réussir là où tu te trouves ?
  • Que te dit ton corps ?

Perdu pour perdu

Je quitte cette école et je crois alors que le pire des pas est franchi. Je suis soulagée. Mais pas complètement, car il reste le poids de ces questions qui se répètent « Que vais-je devenir ? » « Que vais-je faire de ma vie ? », « que vais-je faire de cette année ? ».

Il y a encore un long chemin devant moi. Je suis comme à l’arrêt, comme si une grosse tempête avait laissé des nuages dans le ciel de ma vie.

Mille et une questions, la peur de l’avenir, l’incertitude, mais la conviction que mon année est perdue. Et je suis moi aussi perdue. Les repères qui m’ont guidée jusqu’à cette école ont disparu. Comment créer de nouveaux repères et leur faire confiance ?

Après la décision de quitter l’école grâce à l’écoute de mon ressenti, je vais laisser vivre en moi cette expérience déroutante et hasardeuse, accepter le vide passager. C’est comme se perdre pour mieux se trouver. Je prends ainsi le temps de mettre du sens sur ce qui m’arrive, de démêler mon histoire, et d’explorer qui je suis.

Mais que vais-je devenir si ma situation ne bouge pas  ? Il est temps pour moi d’agir.

Je consulte alors une conseillère d’orientation, sans grandes attentes, sans véritable espoir. Je lui demande ce qu’elle a fait comme études pour aider les autres dans leurs questionnements, et elle me répond « une licence en psychologie » en m’invitant à me rendre directement sur les bancs de la fac pour assister à un cours. Je me dis « pourquoi pas ? », après tout ça m’engage à quoi ? Pas grand-chose.
Cette décision m’appartient. Je suis la seule à avoir le pouvoir de changer ma situation.

Les premiers cours me plaisent, et c’est cette expérience qui fait basculer cette année de chamboulements.

Mes conseils à ce stade : Fais des rencontres, intéresse toi aux personnes qui t’entourent, interroge-les, accepte l’aide qui t’est proposée.

Je commence alors à remonter à la surface et à retrouver une respiration. Il y a comme une petite lumière au-dessus de l’eau qui me donne envie d’aller plus loin.

L’expérience, juste l’expérience

Les cours de la fac sont intéressants. Mais j’ai peur de m’y inscrire. Faire un nouveau choix, c’est prendre le risque d’être déçue à nouveau.
Je ne veux surtout pas me dire que je vais devenir psychologue. Je vais tester les cours, voir ce qui me plait. Et advienne que pourra.

Je me lance, coûte que coûte, puisque l’année est déjà bien entamée, je ne pourrais pas faire mieux. A ce moment, je me dis que si ça m’intéresse, je vais recommencer une première année complète l’année qui suit.
C’est finalement une année réussie en moins de 6 mois : la preuve que le plaisir trouvé dans les différents enseignements permet d’apprendre facilement, et de valider ainsi le premier semestre manqué aux rattrapages.
Profiter du moment d’études me permet aussi de créer des liens avec des étudiants qui m’aident à comprendre les cours manqués : les liens valent de l’or.

En bref : Autorise-toi des expériences pour le plaisir de les vivre, indépendamment de tout objectif à poursuivre… Tisse des liens, expérimente, sois dans l’action ! Et relativise, de bonnes surprises peuvent t’attendre.

Je nage un peu plus loin. Je suis rassurée, parce que je me rends compte qu’il y a toujours des piliers auxquels se raccrocher.

Cohérence : du lien entre mes expériences

Je n’étais pas encore en emploi, mais en démissionnant de cette école, j’ai laissé derrière moi : ma recherche absolue de perfection, mon acharnement au travail, …

J’ai accueilli en moi : le plaisir au travail, la créativité, l’esprit de détente, l’équilibre professionnel et personnel…
En cela, cette réorientation a finalement été source de construction de soi, et particulièrement fondatrice.

Je me fais parfois la réflexion qu’en restant en école de management, je serais probablement arrivée à un projet similaire : le domaine des RH, l’accompagnement du personnel. Je me serais intéressée au fonctionnement des entreprises, à leur responsabilité envers leurs salariés. En école d’ailleurs, je me souviens d’un cours où il fallait présenter un projet de création d’entreprise : j’avais choisi une entreprise spécialisée dans le bien-être des salariés (tu parles d’un hasard ?!). Aujourd’hui on parlerait de Qualité de Vie au Travail, une des thématiques que j’ai étudiée en Master de psychologie.

Mais alors, vous me direz, si c’était pour arriver au même projet, pourquoi m’être infligée tous ces changements ?

La différence ? Elle est de taille : le bonheur procuré par les études, le plaisir de cet apprentissage du fonctionnement humain, la satisfaction trouvée dès le début de ma carrière.

Et surtout, sans ce changement, je n’aurais pas eu la chance de développer la casquette de psychologue au cours de ces cinq années d’études, par lesquelles on développe aussi un esprit rigoureux, une posture critique, une démarche scientifique qui donne également de la légitimité à notre pratique.

Je suis aussi persuadée que sans cette étape dans cette école, mes études de psychologie n’auraient pas eu la même saveur.

Avec le recul, je crois qu’il est important de faire du lien entre les domaines qui nous plaisent ou qui  nous ont plu, même lorsqu’on a eu la sensation d’échouer, ou l’impression de s’être trompé.e de choix. Evidemment, ce lien est difficile à faire sur le coup, quand on est en train de vivre un chamboulement.
C’est aussi important de suivre son coeur et de se laisser guider par ce que l’on a envie d’être. La professionnelle que je suis fait peut-être des missions semblables à celles que j’aurais été en restant en école mais elle ne le fait pas de la même manière car la pratique actuelle est colorée par ces 5 ans de psychologie. Voici donc comment une réorientation permet de se construire !

Je n’ai donc tout simplement pas choisi le même chemin. Et j’invite chacun.e à choisir le chemin qui l’appelle.

Et toi ? Quels choix as-tu fait pensant après coup avoir fait une erreur ? Quel chemin te tente à présent ?

Es-tu prêt.e à faire un bout de chemin vers le changement ?

Maintenant, je fais du paddle debout sur l’eau (enfin, juste pour la métaphore), ça me donne un peu de hauteur pour voir celles et ceux qui ont besoin d’un coup de pouce pour réapprendre à nager vers l’avenir. Je les aide avec grand plaisir, car il y a toujours un moyen de sortir la tête de l’eau 🙂

Pour aller plus loin, quelques conseils qui j’espère t’aideront à cheminer :

Fais du lien entre chacune de tes expériences. Prends de la hauteur pour mieux comprendre ce qui t’arrive.
Si tu es en difficulté, choisis le chemin qui t’appelle (ou qui se présente à toi), et tu verras où il te mène.
Si tu dois reprendre une formation, fais-toi plaisir !
Définir son projet ne nous préserve pas de l’erreur d’orientation, cela n’apporte pas 100% de sécurité. Mais le changement de trajectoire, quand il est d’abord vécu comme un drame, peut se transformer en cadeau, comme une ouverture à cheminer vers soi pour mieux se trouver, mieux se construire, et surtout S’EPANOUIR.


Vous pouvez retrouver Justine, qui nous explique comment une réorientation permet de se construire sur son site Internet.


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