Erwan : Ancien commercial devenu sophrologue

Ancien commercial devenu sophrologue, Erwan nous raconte comment il s’est reconverti dans un métier qui le comble après plusieurs burn-outs, et explique à quel point il est important d’être aligné avec sa profession pour être bien, tout simplement.

Bonjour Erwan, raconte-nous ton parcours en toute transparence ?

Après avoir obtenu mon BAC, je me suis dirigé vers des études de commerce international à Bordeaux. Je voulais voyager, rencontrer des gens, partager… Je suis devenu commercial dans l’export un peu par défaut, et je me suis très vite rendu compte que ce métier ne me satisferait pas sur le long terme. Quelque chose me manquait mais j’étais encore incapable de mettre le doigt dessus, alors je suis partie faire un VIE (Volontariat International en Entreprise) pendant 2 ans en Espagne, puis je suis rentré à Paris et j’ai voyagé entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe.

N’étant toujours pas satisfait, j’ai décidé de retourner sur les bancs de l’école pour faire un 3e cycle en intelligence économique et management stratégique. Malheureusement, ce sentiment ne m’a pas quitté pour autant, alors j’ai continué à voyager.

Très rapidement, je ne me suis plus senti à ma place comme commercial, j’avais l’impression qu’il n’y avait pas de relations de confiance et surtout d’être constamment en train d’essayer de trouver le point faible de mon interlocuteur pour lui vendre quelque chose. Mon métier n’était pas aligné avec mes convictions et mes valeurs. C’est ce qui m’a conduit à faire un point sur ma situation et à me remettre en question.

J’ai décidé de faire un bilan de compétences pour mettre les choses à plat avec une seule certitude : je voulais faire de l’accompagnement, de l’humain et le tout dans un sentiment de confiance réciproque. En bref, tout ce qui me manquait dans mon métier de commercial. J’ai d’ailleurs fait un burn-out en parallèle de ce bilan de compétences qui m’a obligé à me mettre en arrêt maladie quelques temps pour reprendre ensuite en ralentissant le rythme et en prenant du recul sur mon investissement personnel. A la fin du bilan de compétences, les domaines d’activité qui m’ont été conseillés étaient dans la santé et le soin (infirmier, médecin, thérapeute, coach…)

Suite à cela, j’ai rencontré des professionnels provenant de ces différents secteurs pour me faire une idée de leur métier : comment ils travaillaient, quelles étaient leurs études, leurs difficultés. Lors d’un entretien avec un thérapeute, j’ai eu le déclic : c’était ça qui m’intéressait et que je voulais faire. J’ai donc fait mes recherches pour savoir quelles étaient les possibilités de formations à faire en parallèle de mon job. J’ai finalement trouvé un organisme avec des formations les weekends et pendant les vacances, ce qui me permettait de combiner mon emploi et ma formation. 9 mois plus tard, la situation était catastrophique et les symptômes du burn-out ont refait surface. Le verdict était sans appel : je devais faire un choix entre continuer à travailler comme commercial, ou quitter mon job et me lancer entièrement dans ma reconversion.

Beaucoup de personnes font face à ce choix, quelle a été ta décision et pourquoi ?

Finalement, j’ai décidé de quitter mon job en demandant une rupture conventionnelle pour me lancer à temps plein dans ma formation en psychologie et en sophrologie, tout en développant progressivement mon projet. J’ai parlé autour de moi de ce que je faisais et des raisons qui m’y avaient conduit, notamment cette souffrance professionnelle. C’est à ce moment-là que je me suis aperçu  que je n’étais pas le seul, d’autres personnes étaient dans un métier par défaut, ne s’y plaisaient pas à cause de relations peu épanouissantes au travail et beaucoup étaient dans un état de souffrance professionnelle. Cette prise de conscience m’a conforté dans ma décision, cela n’a fait que confirmer mon désir d’accompagnement. Je me suis formé dans ce domaine-là pour me lancer joyeusement à mon compte.  A partir du moment où j’ai commencé à exercer, j’ai réalisé à quel point j’aimais mon nouveau job. J’ai compris que ça m’apportait beaucoup humainement de sentir que j’étais utile et que je donnais un sens à mon quotidien.

Parle-nous de ta formation à la sophrologie ?

Je me suis formé à l’Institut Cassiopée à Chatou. Ils forment aux métiers du bien-être. Les formateurs sont des gens d’un alignement extraordinaire avec eux-mêmes et leurs projets. L’ensemble des formations proposées, ils les utilisent dans leur cabinet. Quand ils abordent l’aspect holistique de la personne, à savoir cœur, corps et esprit, il y a une réelle cohérence dans leur approche. L’enseignement est de qualité avec des contenus vraiment adaptés et faciles à assimiler. En plus de ça, les formateurs sont très disponibles.

Naturellement, comme toute formation, cela demande de la pratique car il y a besoin d’intégrer les apprentissages, d’autant plus qu’il s’agit vraiment d’un travail sur soi où tu évolues par la force des choses. La formation dure deux ans. Il y a une partie en présentiel très théorique et une partie à domicile avec du travail personnel, de la documentation et un livre d’or à réaliser où il faut pratiquer avec des “cobayes” ! C’était très intéressant dans la mesure où ce processus permet de s’approprier les outils, d’examiner son évolution, et avoir les retours des gens.  

J’ai fini la formation en octobre 2017 et je me suis lancé. Je continue de la compléter avec d’autres formations, pour approfondir dans le domaine de la réflexologie, de la kinésiologie et de la naturopathie notamment, car ce sont des domaines qui m’intéressent aussi.

En dehors de ça, je lis beaucoup, je vais à des conférences pour continuer à me former en permanence. Un autre élément qui m’intéresse particulièrement aujourd’hui, c’est le lien entre alimentation et santé. Le sujet est largement traité depuis longtemps, et ça m’interpelle de plus en plus, surtout aujourd’hui avec ce que l’on apprend sur les perturbateurs endocriniens et les pesticides par exemple. L’enjeu c’est de revenir à cultiver son jardin, dans tous les sens du terme : jardin intérieur et potager. C’est une question de santé publique qui me pousse à élargir mon champ d’activité et à travailler davantage sur cette notion d’alimentation.

Comment as-tu financé ta formation ?

J’avais demandé à Pôle Emploi de la prendre en charge, mais cela m’a été refusé. Donc j’ai payé ma formation seul, car mon entreprise n’a rien payé puisqu’ils n’étaient pas au courant.

Raconte nous comment s’est passé le lancement de ton activité.

J’ai fait appel à mon entourage pour m’aider. Un ami dans l’informatique m’a aidé à monter mon site internet et une amie d’amie m’a fait un logo à moindres frais, ce qui m’a permis de me lancer plus sereinement car je n’avais pas à débourser de grosses sommes d’argent dans un site web ou un logo. Ensuite, à partir du moment où je me suis formé et où j’en parlais, ça m’a aidé à mûrir le projet. Les gens posent des questions, te poussent à affiner ton identité… ça m’a permis de mûrir les choses et de me projeter beaucoup plus sereinement à l’issue de ma formation.

Une fois lancé, le plus gros du travail se situait dans la prospection et le démarchage auprès de prescripteurs : des médecins, des thérapeutes, des diététiciens, des naturopathes, des acupuncteurs… Ça a été aussi le début de la prospection auprès d’entreprises, pour intervenir sur la gestion du stress, des conflits, le développement d’un “management bienveillant”. Je travaille d’ailleurs avec quelqu’un qui propose des séminaires d’entreprise dans des monastères, lieux de silence, avec des interventions sur le recentrage et la déconnexion digitale.

En quoi consiste ton activité ?

J’ai trois casquettes :

  • Je suis psychopatricien, je me suis formé en psychologie pour bien comprendre les mécanicités mentales, et comment fonctionnent les émotions et les difficultés de communication.
  • Je suis sophrologue c’est-à-dire que je travaille sur une approche psychocorporelle, où l’on allie le mental et le corps. On travaille en état de conscience modifié, qui est un état entre la veille et le sommeil, par lequel on passe tous les jours quand on s’endort ou se réveille, pour travailler sur la respiration, la visualisation créatrice, pour dépasser des problématiques (psychiques, physiques, émotionnelles)
  • Je suis spécialiste en psycho généalogie. Il s’agit d’aider des personnes qui ont des troubles, portent des choses qui ne leur appartiennent pas, ou bien qui sont dans des schémas de répétition (maladie, divorce…) intergénérationnels. Dans ces cas-là, il est pertinent de venir travailler sur l’héritage familial et les non-dits.

Ces 3 casquettes qui suivent des approches différentes sont liées et se complètent. Mon travail aujourd’hui est vraiment lié à des maladies psycho somatiques, donc entre autres le stress mais pas que, puisque je travaille aussi sur les émotions. Le champ d’intervention est très vaste.

Quelle est ta journée type ?

J’enchaîne les rendez-vous d’une heure environ avec des patients. Pendant ces rendez-vous, j’écoute, je pose des questions, on précise les troubles du patient, et je l’amène à porter un regard bienveillant sur lui, pour qu’il arrive à transformer son regard, sa perception.

Lorsqu’il s’agit d’exercices de sophrologie, on les exécute en séance et ils sont aussi enregistrés pour que le patient puisse les pratiquer à domicile. Ainsi, les outils sont utilisables au quotidien et la personne est complètement autonome.

Une fois la séance terminée, je travaille de mon côté sur un compte rendu de séance. Je réfléchis à la mise en place de mon plan thérapeutique et à quels outils je vais proposer en fonction des difficultés afin que la personne voit l’évolution dans le temps, jusqu’à disparition des symptômes.

Comment as-tu trouvé tes premiers clients ?

Mon approche commerciale est plutôt auprès des prescripteurs, je prends un annuaire et je passe des coups de téléphone pour rencontrer des gens. Par exemple, cela m’est arrivé de rencontrer des médecins pour leur proposer de travailler en complémentarité. Certains apprécient la démarche et me rencontrent, d’autres sont plus méfiants et refusent. Le travail est lent et laborieux mais il porte ses fruits.

En ce qui concerne les entreprises, je fais du démarchage via mon réseau, surtout grâce à LinkedIn. J’ai, par exemple, des contacts qui parlent de bien-être au travail, alors je réfléchis comment je peux apporter quelque chose à l’entreprise. Il y a des besoins partout.

Aujourd’hui, arrives-tu à vivre de ton activité ?

Grâce à ma rupture conventionnelle, j’ai pu terminer ma formation pendant un an et toucher le chômage. Il faut du temps avant de réussir et être connu. Je connais ma date de fin de chômage. Si à ce moment-là je ne peux pas en vivre, je sais que je chercherai une autre activité à temps plein ou à mi-temps, le temps que les choses se développent, pour subvenir à mes besoins. Si au contraire, l’activité est lancée, victoire !  Je serai très heureux de continuer ! Je sais que tout ce cheminement m’a montré que j’étais capable de faire plein de choses. Je peux retourner à un boulot de commercial, de serveur… je peux apprendre à faire autre chose en fonction de mes aspirations. J’ai pris conscience que je devais être plus attentif à mes envies.

Si ton  activité ne te permet pas de vivre financièrement, tu envisages un retour au salariat, comment le vivrais-tu ?

La plus grosse difficulté serait dans le management : avoir à nouveau quelqu’un plus haut que moi dans la hiérarchie, qui me dirait quoi faire et comment, serait vraiment compliqué, car dans mon activité actuelle, je fais tout de A à Z. J’ai un nouvel équilibre qui se construit en fonction de mon rythme uniquement. En entreprise, c’est différent. Le salarié est plus infantilisé, mais il a un salaire garanti à la fin du mois. C’est peut-être ça au fond qui me dérange le plus, on est payés pour faire des heures et non pour faire un travail. Les gens pourraient être plus responsabilisés dans la fixation de leurs objectifs et la manière de les atteindre.

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans cette voie ?

D’abord, il est important de tester quelques séances de sophrologie pour découvrir de quoi il s’agit. Si la sophrologie vous convient en termes de pratique, le mieux reste de rencontrer des sophrologues pour parler des formations, des difficultés, des réussites… chaque école a sa personnalité, donc il faut les découvrir, aller aux portes ouvertes et échanger avec des anciens élèves.  Je pense que c’est important de faire son choix en fonction de soi et surtout se faire confiance.

Quelles sont les principales difficultés selon toi ?

Dans ma situation, je dirais qu’il y a eu un manque de soutien de Pôle Emploi, et en même temps je me suis rendu compte que Pôle Emploi a beaucoup de choses à faire, ils sont aussi en souffrance car ils ont peu de moyens et ne peuvent pas aider autant qu’ils le voudraient.

Une fois que le projet est lancé, la plus grande difficulté est d’être patient. Laisser faire les choses, se faire connaître, prend du temps. C’est une situation qui entraîne des hauts et des bas au quotidien : tu es enthousiaste quand tu mets en place quelque chose et puis tu vois qu’il n’y a pas tellement de résultats immédiats. Il faut attendre pour être reconnu. J’ai par exemple rencontré 15 médecins et un seul m’a envoyé 2 patients. C’est parfois frustrant mais comme mon métier a une vraie utilité, je continue, il faut simplement le temps de trouver son public !

Pour finir, quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer ?

L’essentiel c’est de commencer un jour ce travail sur soi, que l’on ait 15 ou 50 ans. Pour travailler dans le domaine de l’accompagnement, c’est indispensable d’avoir soi-même été accompagné avant pour comprendre ses propres mécanismes et faiblesses.

Il est également indispensable de s’entourer de personnes positives, qui sont dans la même dynamique que soi. Les gens qui vous répètent “tu ne vas pas y arriver”, on arrête ! Il faut aussi rencontrer des personnes déjà passées par là, car elles nous motivent. Fonctionner en réseau pour voir que c’est possible, que l’on n’est pas seuls, que des gens ont réussi, c’est important. Ne pas hésiter à partager ses expériences pour que les gens s’identifient, que votre histoire fassent écho à la leur, et pour cela avoir son site internet est primordial. Enfin, essayer de trouver un relai de communication comme un article dans un journal est un vrai plus. En résumé, tout est possible, ça dépend de soi.


Le site web d’Erwan : http://www.therapeute-paris-doceo.fr/


Que retenir de l’expérience d’Erwan ?

  • La patience est une vertu à ne pas négliger, il ne faut pas se décourager si le résultat de vos actions n’est pas immédiatement visible, au contraire persévérez !
  • S’entourer de gens positifs uniquement est primordial dans le cadre d’une reconversion
  • Accepter de redevenir salarié si votre situation financière l’exige ! Rien ne vous oblige à reprendre votre métier d’avant, le plus important est d’être aligné avec soi-même et de suivre ses envies.
  • Ne vous enfermez pas dans votre mal-être ! Parler de son expérience peut permettre se rendre compte que ce sentiment d’insatisfaction, cette gêne, cette frustration professionnelle qui affecte aussi l’épanouissement personnel est loin d’être une exception qui n’arrive qu’à vous.
  • Faire un bilan de compétences peut être une bonne solution si vous êtes perdu et ne savez pas où vous dirigez.

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