Fanny : Elle a quitté un CDI pour retrouver sa liberté en devenant freelance

Fanny Baudet a commencé sa vie active en étant freelance aux Etats-Unis. À son retour en France, elle a trouvé un CDI et découvert le salariat. Dans cette interview, elle nous explique les avantages du freelancing, nous raconte sa quête de sens et nous parle de liberté et des difficultés d’être une femme freelance dans son domaine d’activité. 


Bonjour Fanny, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

Tout a commencé il y a 7 ans, je venais d’obtenir mon diplôme dans une université américaine. L’entreprise dans laquelle j’avais fait ma dernière année de stage me proposait un poste en freelance. J’y suis restée 3 ans et j’avoue avoir pris goût à cette vie de freelance avec ses hauts et ses bas. Je suis rentrée en France pour une question de visa, et j’ai très vite retrouvé un contrat en CDI à Paris. J’ai accepté sans vraiment me poser la question de savoir ce que voulait dire être salarié en France.

Je n’avais jamais travaillé en France avant, j’étais totalement novice sur le sujet. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce fut un retour compliqué ! Le système ne me correspondait pas, il était trop différent des valeurs que j’avais acquises à l’étranger. J’ai eu l’impression de “régresser” et j’ai même fini par douter de mes compétences acquises aux États-Unis. Bref, un an et demi et une bonne dose de remise en question plus tard, je me suis rendu compte que ce travail en tant que salariée m’enlevait ce qui m’avait toujours défini : le sourire et la liberté. J’ai compris que le salariat comme il était défini dans cette entreprise ne me convenait pas, alors j’ai décidé de poser ma dem’ et de me lancer en freelance.

Tu as commencé ta vie professionnelle comme freelance, était-ce parce que tu savais que le salariat ne te convenait pas ?

Je n’avais pas réfléchi à la question du statut lorsque l’on m’a proposé de travailler en freelance aux États-Unis. J’ai apprécié la liberté que cela procurait et les possibilités de travailler avec différentes personnes. C’est en revenant en France, et en découvrant les douleurs du salariat français, que je me suis rendu compte que cela ne me correspondait pas du tout. Je peux citer quelques raisons : dépendre d’un patron, avoir des horaires, manquer de flexibilité, devoir demander la permission pour poser des vacances, ne pas avoir de marge sur le travail à faire, ne pas avoir de reconnaissance sur le travail effectué…

Tout cela a vraiment guidé ma réflexion : quel sens voulais-je donner à ma vie ?

La réponse a été de reprendre le chemin du freelancing qui m’avait tant apporté après mes études. Je ne sais pas si j’ai toujours eu envie d’entreprendre mais j’ai toujours su que je n’aimais pas dépendre d’une institution supérieure pour diriger ma vie professionnelle.

Comment as-tu vécu le passage de la vie de freelance à celui de salariée puis de nouveau à freelance ?

J’ai détesté le passage de la vie de freelance à celui de salarié, c’était comme un retour en arrière, un peu comme une prison. Je l’ai très mal vécu parce que je ne le comprenais pas. C’était entrer dans un monde figé dans le temps comme si on vous avait appris à voler loin et fort et qu’on vous coupait les ailes. J’ai eu beaucoup de remises en question sur mon travail et ma personnalité « parce qu’ici ce n’était pas les États-Unis, et qu’il fallait redescendre ». J’ai essayé de rentrer dans le moule, sans succès.

Cette vie de salariée m’a donnée une leçon que je n’oublierai pas : je ne peux pas rester dans un système qui ne me correspond pas, et est trop différent de mes valeurs. Redevenir freelance me donne beaucoup de satisfaction personnelle et je retrouve du sens dans ce que je fais. J’aime ce que je fais tout simplement ! J’aide les personnes qui ont besoin de mes compétences parce qu’elles ne les ont pas.

J’aime cette liberté de pouvoir me lever le matin, c’est devenu un choix et non plus un acte subi. Apprendre à connaître sa réelle valeur professionnelle et personnelle et avoir la liberté d’organiser sa vie : c’est un vrai luxe comparé à la vie de salarié. Redevenir freelance m’a redonné le sourire et je suis aujourd’hui totalement en adéquation avec moi-même.

Quelles difficultés as-tu rencontrées en France que tu n’as pas eues aux États-Unis ?

Être freelance aux États-Unis, plus particulièrement à New York, fait partie du quotidien, c’est entré dans les mœurs et la culture. Le freelance n’est pas considéré comme un « drôle d’oiseau » un peu étrange. On est freelance comme on est salarié. Je travaillais dans la post production et on m’a donné toutes mes chances. Les américains font confiance facilement, ils ne regardent pas votre âge, votre statut, votre réseau. Si vous êtes compétent, ils veulent travailler avec vous, point. À l’inverse, j’ai connu beaucoup de difficultés en France, l’approche des français et leur vision du freelancing est très différente. Lorsque j’ai commencé la prospection sur Paris, ils n’étaient pas vraiment réceptifs aux services que je proposais en freelance : « Mais vous n’êtes pas intermittente, je ne comprends pas ».

Je ne pensais pas que me constituer un réseau serait si compliqué alors que cela avait été si simple à New York. J’ai dû faire face à un machisme français que j’ai d’ailleurs aussi trouvé dans le salariat. Le fait d’être une femme et freelance, c’est comme si ça ne pouvait pas aller ensemble : « Ah, vous êtes freelance dans la post production, c’est rare pour une fille…». Encore maintenant je n’arrive pas à comprendre cette façon de penser. Les différences culturelles sont très fortes et la difficulté en France c’est de ne pas rentrer dans une case. Aux États-Unis, au moins pour le travail, chacun a le droit de créer sa propre case et tout le monde se réjouit pour vous.

J’avais lu sur une affiche dans le métro à NYC (et je pense que ça résume vraiment la culture du freelancing là-bas): “Entreprendre c’est apprendre à composer les ailes de son propre avion pendant qu’on est en chute libre.”

Je n’ai jamais vu ce genre de réflexion sur les murs du métro parisien mais j’en ai compris tout le sens à mon retour en France, que j’assimile maintenant à la chute libre et à la création de mon propre avion.

En quoi consiste ton activité aujourd’hui ?

Je suis retoucheuse VFX (Visual Effects ou Effets Visuels en français) dans la vidéo et web designer. Je rends les personnes et les paysages plus beaux, je les magnifie et je donne du sens visuel à un site web. J’alterne entre de la retouche de clips vidéo pour des grands groupes propriétaires de marques de luxe et la création de design web. Je travaille souvent en entreprise pour la vidéo. J’y retrouve un cadre de « salarié » avec des horaires fixes, et à l’inverse je travaille souvent de chez moi pour la création web. Organiser mes journées comme j’en ai besoin est un confort que j’apprécie particulièrement. 

C’est être dans le moment présent, à l’écoute de mon corps et composer au fur à mesure le sens que je donne à ma vie.

Quelles ont été les étapes de la création de ton activité de freelance en France ? 

J’ai commencé ma recherche de clients potentiels, et analysé un peu le marché environ 3 mois avant de poser ma démission et de créer mon statut. Je me suis tournée vers Londres, car le monde de la post production à Paris reste très fermé. J’ai créé mon site internet peu de temps après ma création de statut. Car c’était essentiel pour présenter mon book aux agences auxquelles je m’adressais. Je me suis ensuite créé une carte de visite que je donnais à chaque rencontre professionnelle.

Comment as-tu obtenu tes premiers clients ? 

J’ai obtenu mes premiers clients par de la prospection directe. Je contactais les agences qui pouvaient éventuellement rechercher des talents comme les miens pour leur expliquer mon parcours et mon travail. J’ai eu quelques missions directes via mon site web et les plateformes pour freelances en post production. J’ai obtenu beaucoup de missions dans le web design grâce à des recommandations d’autres freelances. D’ailleurs se créer un réseau d’autres freelances qui connaissent ce que vous faites et qui peuvent vous recommander est très important !

Ton activité te permet-elle de vivre ?

J’entre dans ma troisième année comme freelance, et j’ai doublé mon chiffre d’affaires entre la première et la deuxième année. La première année a été compliquée financièrement mais j’avais quitté mon CDI avec 6 mois de loyer de côté. Je suis très contente de cette deuxième année, j’ai pu partir en voyage et vivre pleinement. Et je n’ai aucun doute sur la possibilité de grandir et grossir encore pour cette troisième année !

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer en freelance ?

Je n’ai pas vraiment de conseils à donner, si l’envie est là, il ne faut pas douter ! Je pense qu’il faut vraiment s’écouter sinon ça pourrait faire des dégâts plus tard ! Mais dans tous les cas il faut se préparer, ce n’est pas une décision à prendre à la légère. Il faut se renseigner, faire des études de marché, lire des livres sur les freelances et le domaine dans lequel on souhaite se lancer (mot de Charlotte : si tu as besoin d’aide pour définir ton projet avant de te lancer, n’hésite pas à aller lire mes articles pour devenir freelance).

Je pense qu’il ne faut pas trop écouter son entourage et les doutes et incompréhensions dont ils vous feront part. La projection de leur propre peur ne doit pas vous décourager ! N’hésitez pas à aller rencontrer d’autres freelances et échanger sur leur réalité. Cela sera peut-être bien plus bénéfique que les conseils de vos proches qui ne connaissent pas le monde de freelancing !

Le meilleur moyen de commencer est de trouver une mission à temps partiel pour démarrer et de garder son autre activité salariée en complémentarité à mi-temps. Cela permet de voir si l’on est vraiment fait pour cela ou si c’est juste un plus. Pour le côté financier, je pense qu’il faut avoir une trésorerie/épargne pour 6 mois minimum, afin de pouvoir accuser les coups durs.  


Pour en savoir plus sur Fanny, rendez-vous sur son compte Instagram ou sur son site internet.


Que retenir de l’expérience de Fanny ?

  •  Se créer un réseau est essentiel dans le monde du freelancing pour être conseillé et recommandé.
  • S’écouter et être aligné avec ses envies est primordial : il faut trouver du sens à ce que l’on fait.
  • Se lancer oui, se précipiter non : il y a une étape de préparation à ne pas négliger lorsque l’ on veut devenir freelance.
  • Se lancer en parallèle de son activité professionnelle actuelle est un bon moyen d’avoir une barrière de sécurité et de savoir si l’on est fait pour être freelance.

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