Jenia : Responsable contrôle de gestion, elle s’est reconvertie en prof de yoga

Passée du monde de la finance et des grands groupes à l’entrepreneuriat, Jenia nous raconte sa reconversion en pleine crise sanitaire. Une histoire de quête de sens qui l’a fait troquer son CDI, son tailleur et sa calculatrice pour une paire de leggings et un tapis de yoga. Dans cette interview, Jenia nous livre toutes les étapes de son parcours et nous explique comment elle s’est reconvertie en prof de yoga.


Bonjour Jenia, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

Je suis russe et j’ai fait mes études en Russie, avec un parcours un peu spécial : 2 Bac+5 simultanément, l’un en finance et l’autre en traduction. Ce choix m’a permis d’apprendre le français et de m’habituer à travailler dur car pour avoir 2 diplômes en 5 ans, je travaillais de 8h à 20h, 6 jours sur 7 ! Je ne le regrette pas, car à l’issue de ces 5 ans, j’ai pu gagner une bourse de l’État français via le programme Copernic et réaliser un rêve de longue date : venir en France. J’ai enchaîné ensuite avec un an d’études post-master. Mes proches me voyaient déjà devenir en une dizaine d’années top manager d’une boîte de CAC40 avec ma détermination et mon perfectionnisme.

Sauf que je commençais déjà à me poser des questions sur ma voie et l’arrivée à Paris n’a fait qu’augmenter mes doutes : j’ai rencontré tant de gens qui faisaient autre chose que de rester devant un écran ! J’ai fait quelques tentatives de sortir de mon cursus pour m’orienter vers les métiers de la culture ou de l’art, mais étant jeune, dans un pays étranger, sans vraiment savoir ce que je voulais, ça n’a évidemment pas marché. Je me suis résignée à suivre le chemin tout tracé devant moi…

Ma carrière a alors commencé dans le contrôle de gestion avec un stage dans le cadre du programme Copernic. D’une stagiaire dans l’automobile en 2009 jusqu’à la responsable Contrôle de Gestion dans un cabinet de Big 4 en 2021, j’ai gravi les échelons en m’appliquant comme d’habitude mais sans y trouver beaucoup de sens. Il y a eu des hauts où je me sentais motivée par mes réussites professionnelles et surtout les personnes avec qui je travaillais. Mais ils étaient suivis de bas car cette satisfaction s’estompait vite, laissant de nouveau un vide et un sentiment de passer à côté de ce que je devais vraiment faire de ma vie

Comment as-tu finalement trouvé ce que tu voulais faire ?

Ce fut long et tortueux comme chemin. Cela me frustrait de savoir précisément ce que je ne voulais pas faire et de n’avoir aucune idée de ce que je voulais faire. Puis, un jour, j’ai découvert le yoga dans un cours offert par mon employeur. Ce ne fut pas un coup de foudre, il m’a fallu 4 ans pour que cette pratique devienne mon quotidien puis une passion dont je voulais faire mon métier. Voila comment je me suis reconvertie en prof de yoga.

Comment as-tu procédé concrètement pour ta reconversion en prof de yoga ?

Cela s’est fait en plusieurs étapes :

  • Je me suis d’abord formée fin 2019 pour obtenir un diplôme de professeur de yoga en choisissant une formation de 3 mois espacée sur les weekends et donc compatible avec mon emploi. À ce niveau, l’idée d’une reconversion était encore très vague mais j’ai sauté sur l’occasion. Cette formation était proposée par le studio où j’allais régulièrement, je pouvais la financer, les dates m’allaient bien, c’était à côté de chez moi : toutes les conditions étaient réunies ! C’est durant cette formation que j’ai vraiment senti que j’aimais énormément enseigner le yoga, ce qui n’est pas le cas de tous ceux qui aiment le pratiquer.
  • Durant ma formation, je donnais des cours à mes collègues et mes amis afin d’acquérir de l’expérience et tester si je me voyais vraiment faire ce métier à temps plein.
  • Entre l’obtention de mon diplôme en janvier 2020 et le confinement en mars 2020, j’ai décroché via des candidatures spontanées mes 2 premiers créneaux pour enseigner dans des studios le weekend. Une semaine avant le confinement, je commençais un nouveau poste dans un Big 4 en tant que Responsable Contrôle de gestion.
  • Avec le premier confinement, ma carrière de prof de yoga a failli s’arrêter net avec la fermeture des studios et des salles de sports. Je me suis tout de suite lancée en ligne : je proposais alors des pratiques accessibles à tous le soir via des lives Facebook pour relâcher les tensions et les angoisses dont tout le monde souffrait à ce moment-là. C’est comme ça qu’est né mon projet en ligne “Yoga pour mieux dormir” qui a beaucoup grandi et évolué depuis.
  • En parallèle, mon nouveau poste ne se passait pas comme prévu : des difficultés d’intégration car 100% en télétravail pratiquement dès mon premier jour, l’annonce de fermeture définitive des locaux près de chez moi où j’espérais revenir après la crise sanitaire, le contenu du poste qui ne correspondait pas à l’idée que m’en étais faite. Mon travail était reconnu et apprécié, j’étais confirmée en CDI sans prolongation de période d’essai. Formellement, tout se passait bien mais je me sentais de moins en moins alignée avec moi-même. En automne 2020, j’évoque la possibilité d’une rupture conventionnelle avec mon responsable. Les négociations ont été assez longues mais finalement, on s’est mis d’accord sur ma date de départ 6 mois plus tard, en avril 2021.
  • Sur ces 6 mois, tout en restant impliquée dans mon poste, je développais mon activité yoga (il a fallu travailler les soirs, les weekends non-stop mais ça valait tellement le coup !). Les lives gratuits sont devenus l’offre “Yoga pour mieux dormir”, un abonnement en ligne pour les gens qui dorment mal et qui veulent retrouver un sommeil réparateur grâce au yoga. Les studios où je travaillais m’ont proposé de nouveaux créneaux et le bouche-à-oreille a commencé à fonctionner également. Moralité : quand mon CDI se terminait, j’avais déjà un début d’activité qui tournait et qui me rapportait déjà le chiffre d’affaire que je m’étais fixé comme minimum nécessaire pour ma “survie alimentaire”. Mes sources de revenus étaient diversifiées (cours particuliers, cours entreprises, studios de yoga, cours en ligne), les risques plus ou moins maîtrisés et ce fût le grand saut ! Je me suis reconvertie en prof de yoga !
@Crédits Photo Delphine Joly Yogaphotorama

Es-tu toujours contente de ton choix ?

Cela fera bientôt un an que je suis une professeur de yoga indépendante (ainsi que comptable, créateur de contenu pour mon Instagram, community manager, monteur de vidéo, secrétaire et parfois psychologue) et le sens que cela donne à ma vie est plus important que toutes les difficultés rencontrées. Ces difficultés sont pourtant nombreuses : niveau de précarité important, isolement et absence de collègues, concurrence ardue, horaires décalés par rapport à ma famille et mes amis. Mais à chaque fin de cours, les sourires apaisés de mes élèves me remplissent de gratitude et d’énergie pour continuer dans le métier que j’ai osé choisir.

Projettes-tu dans ce métier sur le long terme ?

On ne sait jamais de quoi la vie est faite mais j’espère ne pas devoir revenir à mon ancienne vie de bureau. Le métier de professeur de yoga peut paraître assez répétitif : les mêmes élèves, les mêmes cours, les mêmes phrases qu’on répète de jour en jour. Et c’est surtout vrai si on le fait mécaniquement. Toutefois, en restant curieux et en continuant d’apprendre (sur le yoga, le corps humain, les façons d’enseigner, le marketing digital, sur comment créer des offres en ligne, etc.), le chemin à parcourir reste infini et donne la possibilité de se réinventer chaque jour dans la durée !

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Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer mais n’a pas encore osé franchir le pas ?

Je dirais qu’il faut tester avant de se lancer ! D’abord, tester plein de choses différentes pour trouver ce qui nous fait vibrer. Si l’on ne sait pas encore vers quoi s’orienter, chaque rencontre et chaque occasion de découvrir une nouvelle activité ou un nouvel endroit peut provoquer le déclic tant attendu. Ensuite, quand on a choisi dans quoi on voudrait se lancer, tester au maximum avant de franchir le pas. Pour ma part, cela à été des cours dispensés le soir et le weekend. J’ai participé autant que possible aux animations du studio de yoga où je pratiquais pour voir comment cela fonctionne. J’ai aussi proposé mon aide à des profs de yoga que je connais pour l’organisation de leurs retraites de yoga ou autres évènements. Plus on teste, plus on est capable de valider notre projet ou de l’écarter pour trouver autre chose. Dans les deux cas, on avance et on évite de mauvaises surprises par la suite !

Deuxième conseil mais tout aussi important : entourez-vous de gens qui croient en vous ! Ceux qui vous disent que ce n’est pas sérieux et que vous ne réussirez pas ne font que projeter leurs propres peurs et frustrations sur vous. Vous avez déjà les vôtres à combattre, ne vous alourdissez pas avec les leurs.


Que retenir de l’expérience Jenia qui s’est reconvertie en prof de yoga ?

  • Vous avez l’impression que votre vie est toute tracée et qu’il est impossible de changer de voie ? Ce n’est pas le cas ! Il n’est jamais trop tard pour bifurquer 🙂
  • Commencez par ce que vous ne voulez pas faire, c’est un début !
  • Vous êtes libre de vous réinventer chaque jour en continuant d’apprendre et d’être curieux.
  • Testez, testez, testez : ne vous arrêtez jamais de TESTER !
  • Entourez-vous de personnes qui vous soutiendront et vous encourageront.

Vous pouvez retrouver Jenia, qui s’est reconvertie en prof de yoga, sur son compte Instagram et son site Internet.


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@Crédits Photo Delphine Joly Yogaphotorama

 

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