Jérémy et Gaëlle : Ils quittent tout pour partir faire le tour du monde en voilier

Après près de 10 ans à voyager au moindre jour de congé, Jérémy et Gaëlle décident de quitter leur CDI, leur appart, et leur vie sédentaire pour partir faire le tour du monde en voilier. Le seul problème ? Ils n’ont jamais navigué. Mais il en faut plus pour les arrêter ! Aujourd’hui, ils partagent sur leur blog leurs aventures et reviennent ici sur leur parcours depuis que cette idée un peu folle a germé. Bonne lecture !


Bonjour à tous les deux, parlez-nous de votre projet en toute transparence !

En août 2017, nous avons pris notre premier cours de navigation avec comme idée de partir faire le tour du monde en voilier. Un an plus tard, nous sommes devenus les heureux propriétaires de Kerguelen, un voilier en 34 pieds (10,5 mètres) de long. Nous avons quitté nos apparts et nos boulots en avril 2019 pour vivre à temps plein à bord. Cette année, nous avons surtout préparé le bateau et navigué en Angleterre, aux Pays-Bas et en Belgique. Mais l’année prochaine, nous partons à l’aventure sans date de retour !

Pourquoi avoir décidé de se lancer dans cette aventure ?

Nous parlons de partir en tour du monde depuis 2012 mais nous n’avions jamais franchi le pas. Il y avait toujours une excuse : le budget, le travail, la famille, … Je pense surtout que nous n’avions simplement pas trouvé le bon moyen de le faire. Pour nous, prendre l’avion s’apparente à une téléportation : on prend l’avion d’un point A vers un point B, et on traverse la moitié de la planète en 10h sans rien voir de ce qu’il se passe au milieu. Ce n’était pas comme ça qu’on voulait voyager.

Un jour YouTube a recommandé à Jérémy une vidéo de 4 personnes qui avaient tout quitté pour partir en voilier. Il a tout de suite été enthousiaste. Moi, j’ai le mal de mer donc j’ai réfléchi à deux fois avant d’accepter sa proposition d’aller prendre un cours de voile. Et pourtant… Dès notre premier cours à bord d’un voilier, nous avons été sous le charme. Sortir du port, éteindre le moteur, avancer avec simplement le bruit du vent dans la voile, voir des dauphins, des marsouins, des fous de Bassan, c’était irréel !

Sur un voilier, on dépend des éléments, on ralentit considérablement le rythme, et on profite autant du voyage que de la destination. Partir faire le tour du monde en voilier est devenu une évidence pour nous.

Il y a un monde entre prendre un premier cours de voile et partir faire le tour du monde en voilier, comment avez-vous fait ?

C’est vrai que ça peut paraître un peu fou de se lancer dans ce projet de tour du monde en voilier sans venir du milieu du nautisme ou de familles elles-mêmes passionnées par la voile. Car il y a à peine plus de deux ans, nous étions totalement novices en la matière et ce projet nous semblait inaccessible. Mais finalement, c’est comme tout : à partir du moment où il y a la motivation, la persévérance, la curiosité, l’envie et un brin de folie, tout est possible. Il suffit d’y consacrer le temps et l’énergie nécessaires.

Pendant presque un an, nous nous sommes formés à Dunkerque. Chaque week-end ou presque, nous y avons pris des cours de navigation, aussi bien pratiques (sur l’eau) que théoriques (en salle, où on apprend à lire des cartes, la météo, les marées, etc…).

Quelques mois plus tard, nous avons fait le point avec nos moniteurs. Et ils ont été très clairs : “Si vous voulez partir faire le tour du monde en voilier, il faudra bien acheter un voilier un jour !“. Ni une ni deux, direction Le Bon Coin pour chercher le voilier qui nous correspond.

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Ce qui a probablement beaucoup aidé, c’est que nous avons informé nos moniteurs que nous souhaitions partir en tour du monde en voilier dès notre premier cours de voile. On craignait qu’ils ne nous prennent pas au sérieux mais bien au contraire ! Être clairs sur notre objectif nous a permis d’avoir des discussions très ouvertes sur notre progression, nos points de développement et la meilleure manière d’y travailler. Aujourd’hui encore, nous échangeons régulièrement avec eux sur les situations qu’on rencontre et nos progrès dans l’aventure.

Après la voile à proprement parler, il a aussi fallu gérer la vie terrestre : annoncer la nouvelle à nos familles, lâcher nos apparts et nos boulots, vendre tout ce qu’on possède, … avant de finalement emménager à bord du voilier !

Ces deux dernières années ont définitivement été chargées en apprentissages très variés, en émotions intenses et en étapes clés. On a d’ailleurs résumé ces étapes qui nous ont amenés à tout quitter sur notre blog afin de prendre un peu de recul sur le chemin parcouru mais aussi pour inspirer d’autres personnes qui souhaiteraient se lancer mais ne savent pas par où commencer.

D’ailleurs, comment ont réagi vos proches et vos employeurs quand vous leur avez annoncé la nouvelle ?

Si nous avons été très transparents avec nos moniteurs de voile dès le début, il n’en a pas été de même pour notre entourage. Nous savions que la nouvelle allait générer son lot d’excitation, mais aussi de questions, de doutes et de craintes. Et nous voulions être suffisamment avancés dans le projet pour être en mesure de répondre aux questions et de rassurer notre entourage, mais aussi pour ne plus pouvoir faire marche arrière.

Nous avons décidé d’attendre d’acheter notre voilier pour leur annoncer que nous avions pris des cours de voile et que nous allions partir en tour du monde en voilier sans date de retour. Même si la majorité a montré un certain enthousiasme, on sait aussi que ça a provoqué pas mal d’émotions et d’inquiétudes. Avec le recul, c’était peut-être un peu violent comme annonce. Nos familles ne se doutaient de rien, et ça leur est tombé dessus entre le café et le dessert. Et ils n’ont pas eu l’occasion de suivre notre période d’apprentissage et de s’habituer progressivement à cette idée un peu folle. Mais nos familles se rendent bien compte qu’on vibre dès qu’on parle de navigation, donc je pense qu’ils sont heureux pour nous et attendent de voir quelles seront nos escales pour nous rendre visite !

Concernant nos employeurs, nous avons tenu à les informer le plus tôt possible de notre projet. Nous occupions chacun un poste à responsabilités dans une entreprise internationale et nous nous doutions qu’ils apprécieraient avoir plus de 3 mois pour organiser notre remplacement. Une fois nos familles mises au courant, nous avons donc rencontré nos managers respectifs pour les informer. C’était environ 8/9 mois avant notre dernier jour de travail. Ils se sont montrés hyper enthousiastes et nous ont fait comprendre que la porte serait toujours ouverte.

Pourquoi avoir démissionné de vos CDI alors que d’autres alternatives existent comme le congé sabbatique par exemple ?

C’est vrai que beaucoup d’options sont aujourd’hui à la disposition des gens qui souhaitent se lancer dans un nouveau projet tout en gardant un minimum de sécurité. Le congé sabbatique ou la rupture conventionnelle en sont des exemples.

La rupture conventionnelle n’était pas une option pour nos entreprises en pleine croissance qui ont immédiatement lancé un recrutement pour nous remplacer. Et le congé sabbatique ne nous permettait pas de lâcher prise comme nous le souhaitions. Ce qui nous plaît dans la voile, c’est la sensation que le temps s’arrête et que seul l’instant présent compte. L’objectif de ce projet est, notamment, de prendre le temps de se recentrer, et de se laisser guider par nos envies. Démissionner et donc partir sans date de retour nous permet de ne pas ressentir une quelconque pression de temps et l’impératif de devoir reprendre notre vie où nous l’avions laissée un peu plus tôt.

Avez-vous réfléchi à votre retour ?

Le fait de ne pas avoir de date de retour, ça nous permet d’avoir un nombre d’options quasiment infinies sur notre programme et d’être à l’écoute de nos envies. La question du retour est compliquée car nous ne savons pas de quoi nous aurons envie demain mais, quel que soit le scénario, nous aurons la liberté de le considérer sérieusement.

Un an après être partis, on se rend compte que si ce style de vie ne nous correspond pas, rien ne nous empêche de revenir en France et de rechercher un travail dans nos domaines d’expertise respectifs. Reprendre là où nous nous étions arrêtés en quelque sorte. Ou alors, nous tombons amoureux d’un endroit où nous faisons escale. On peut y rester un mois, deux mois, ou même un an puisque rien ne nous attend. Ou bien nous avons envie de reprendre une vie sédentaire mais d’être actifs dans des domaines très différents de ce que nous faisions “avant”. On se verrait bien ouvrir une crêperie au Belize ou devenir instructeurs de plongée et de yoga. Mais ce qui est sûr, c’est que ce projet nous permet assurément d’ajouter quelques compétences à notre CV !

Ou bien la vie nomade à bord de notre voilier nous plaira à ce point que nous ferons de temps en temps escale pour renflouer la caisse de bord mais nous serons toujours sur les eaux dans dix ans. La beauté de notre projet, c’est que nous ne nous mettons aucune barrière et que toutes les portes sont ouvertes.

Comment faites-vous pour financer ce voyage ?

Aujourd’hui, nous finançons ce projet de tour du monde en voilier grâce à nos économies. Nous avons travaillé pendant 10 ans dans des boîtes internationales, et nos plus grosses dépenses étaient nos voyages. Nous ne nous sommes jamais privés de rien, mais nous n’étions pas propriétaires, pas des fanas du shopping, pas collectionneurs, pas fumeurs, … Donc au final, nous avions mine de rien un mode de vie relativement économe. Lorsque ce projet a commencé à germer, nous avons décidé de changer quelques habitudes afin d’économiser encore plus : prendre des covoiturages plutôt que le train, ne plus aller au resto chaque semaine, ne plus partir en voyage ou citytrip au moindre jour de congé, changer de forfait mobile, faire du tri dans nos armoires et vendre ce dont on n’a plus besoin, …

Beaucoup pensent qu’il faut être riches pour tout plaquer et partir. Alors c’est vrai, nous n’avons fait aucun prêt pour l’achat du voilier ou pour le voyage en lui-même. Mais au final, nous avons adapté notre projet au budget dont nous disposions, et pas l’inverse. A titre d’exemple, si nous avons acheté un voilier de 10,5 mètres de long et non pas un voilier plus grand, c’est pour deux raisons principales hormis le prix à l’achat : premièrement, le coût dans les ports gonfle proportionnellement avec la longueur du bâteau, et deuxièmement, le coût d’entretien et de maintenance s’alourdit au plus le bateau est long. Pour chaque décision, nous avons eu une approche de long terme.

Ce qu’il est important de comprendre, c’est que nous avons décidé de changer de mode de vie. Nous n’envisageons pas notre tour du monde en voilier comme une période de congé définie. Pour la première fois, nous tenons un budget détaillé de la moindre dépense avec pour but de tenir le plus de temps possible grâce à nos économies. Nous explorons également des pistes de travail à distance et nous envisageons tout à fait de faire escale quelques temps dans un endroit afin d’y travailler et de renflouer nos économies.

Est-ce que vous auriez des conseils pour ceux qui souhaiteraient se lancer ?

Le plus dur, c’est de se lancer et d’être en paix avec le fait de potentiellement n’avoir aucune idée de ce que vous êtes en train de faire. Ce n’est pas simple de quitter sa zone de confort, ça peut même être déstabilisant voire démoralisant parfois. Mais garder en tête son objectif et le pourquoi on a ce projet permet de surmonter les obstacles et les baisses de moral.

On n’y connaissait rien à la voile il y a un peu plus de deux ans, et chaque étape a amené son lot de “première fois” et d’apprentissages : mettre une voile, enlever une voile, faire la maintenance du moteur, décider d’un itinéraire selon la météo, le courant et la marée, arriver dans un port qu’on ne connaît pas… Et il n’y a pas de secret : on se documente beaucoup, on discute avec des voileux sur les pontons ou sur différents groupes en ligne, on se lance, on rate certains trucs, on échoue, et on fait mieux la prochaine fois. On accepte aussi que tout nous prenne beaucoup plus de temps car on apprend. Mais c’est précisément ce qui nous plaît ! Donc, même si ça a l’air simple à dire une fois qu’on s’est lancé : foncez !

Les seuls freins que vous avez sont ceux que vous vous mettez.


Que retenir de l’expérience de Jérémy et Gaëlle ?

  • Parler autour de soi de son projet le rend plus concret, alors n’hésitez pas à être transparent.e, c’est l’occasion de rendre votre rêve un peu plus réel !
  • Il existe bien des façons de quitter son emploi, étudiez chaque option en profondeur et choisissez celle qui vous correspond le mieux et qui vous permettra de réaliser votre projet. 
  • Sortir de sa zone de confort n’est pas toujours évident, gardez en tête votre objectif et pourquoi vous souhaitez l’atteindre, c’est un bon moyen de se redonner un coup de boost dans les moments difficiles ! 

Vous pouvez retrouver Jérémy et Gaëlle sur leur blog, sur leur chaîne YouTube et sur Facebook, Instagram et Twitter.


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