Marlène : Elle a quitté un CDI dans les RH pour un job plus en lien avec ses valeurs

Marlène Gallet a décidé de quitter son CDI dans le domaine des Ressources Humaines pour un job plus en lien avec ses valeurs. Dans cette interview, elle nous raconte son cheminement, ce qu’elle a ressenti en quittant son CDI, la réaction de ses proches et comment elle a trouvé sa nouvelle voie. Bonne lecture !


Bonjour Marlène, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

J’ai un parcours quelque peu classique : un peu paumée après l’obtention de mon Bac, je rentre sans grande conviction dans une filière très générale à fac, puis me spécialise au bout de 4 ans en Ressources Humaines, jusqu’au Master 2. Tout au long de ces 5 ans d’études je ne me pose pas de questions, je n’ai pas vraiment d’idée de ce que je veux, de ce qui « m’animerait » en termes de métier, je me dis que ça viendra et que le monde du travail me permettra bien de le découvrir.

En 2015 après l’obtention de mon Master, je prends la décision de ne pas chercher du travail tout de suite, j’ai besoin de temps, je sens déjà que ce qui m’attend ne me correspondra pas, inconsciemment (ou non) je repousse l’échéance. Je pars « vadrouiller » plusieurs mois, en Asie, en Amérique latine, je me sens bien durant cette période, très bien même. Et puis retour à la réalité : retour à Paris, retour chez mes parents, et surtout retour par la case « boulot ».

On est en 2016 et je trouve très rapidement un emploi en tant que Chargée de recrutement pour un gros laboratoire pharmaceutique, d’abord en CDD. Au bout d’un an, mon poste évolue et un CDI m’est proposé. Mon père saute de joie, et moi je me demande ce que je fous là. Je percevais le CDI comme une quête du Graal durant mes études, et en le signant je l’ai vécu davantage comme un emprisonnement, dans un rôle et un métier qui ne me correspond absolument pas.

Pourquoi as-tu quitté ton job ?

Décision prise 3 mois après ma « CDisation », je ne resterai pas longtemps. Ok, mais pour faire quoi ? Je jette un rapide coup d’œil à l’ensemble du service RH auquel j’appartiens et où l’ensemble des métiers sont représentés, et je me rends compte que je ne m’y retrouve nulle part, rien ne me fait envie, et j’ose enfin m’avouer : je n’aime pas ce métier, il ne me correspond pas. J’ai eu l’occasion de tester plusieurs branches du métier de RH (via des stages et alternance durant mes études), et avec le recul aujourd’hui : je ne m’y sentais jamais à l’aise, et surtout, aucun n’avait de sens pour moi.

En parallèle, le contexte de mon entreprise m’a « facilité la tâche ». Ma manager est sur le départ, j’apprends qu’elle a pu négocier une rupture conventionnelle. Et il faut dire ce qui est : je me suis simplement engouffrée dans la brèche.

Comment s’est passé ton départ ? 

Quelques mois après (on est janvier 2018), je fais donc à mon tour ma demande de rupture conventionnelle. Aucune difficulté de ce côté, vraiment aucune. Je propose une date de départ au 30 juin, pour me laisser le temps de préparer l’après (mettre de l’argent de côté, même si la rupture conventionnelle ouvre les droits au chômage ; et surtout entamer des séances de coaching professionnel).

Comment ont réagi tes proches ?

L’ensemble de mes amis et mon conjoint était au courant de mon mal-être et de mon envie de partir, j’ai donc eu énormément de soutien de leur part ! De plus que je ne suis pas la seule à avoir pris ce type de décision autour de moi.

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Ma plus grande crainte était la réaction de mes parents. Je redoutais qu’ils ne comprennent pas et vois cela comme un caprice. Car après tout, j’étais en CDI, avec un revenu confortable, je pouvais évoluer professionnellement, et que « dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu’on veut ».

Finalement, et avec beaucoup de tact, cela a été très bien accepté avec tout de même la petite crainte du « tu vas faire quoi après ? ».

Comment as-tu vécu ta période de chômage ? 

De façon générale très bien ! J’avais peur de rester chez moi à ne rien faire, à juste attendre que ça passe en espérant que la solution vienne à moi par magie. Il a donc fallu m’imposer une certaine discipline, ne serait-ce que dans le rythme de mes journées. Habitant sur Paris, je me suis rendu compte de l’énorme potentiel qu’offrait cette ville : conférences, afterworks (dont Pose ta Dem’ d’ailleurs !), ateliers en tout genre, networkings… J’ai eu tendance à vouloir tout faire, justement pour me prouver que « non, je ne suis pas juste au chômage chez moi, à ne rien faire ».

J’ai beaucoup pris part durant cette période aux ateliers de l’association Activ’Action (que je recommande d’ailleurs), dont le but est justement de permettre aux personnes de voir leur période de chômage comme une véritable source d’opportunités (pour apprendre, faire des rencontres, s’ouvrir à de nouveaux sujets, etc), et surtout garder confiance en soi, et se dire que c’est normal de douter, normal de se sentir perdu.e de temps en temps, normal de ne pas savoir et normal de ne pas avoir réponse à ses questions en un claquement de doigts. Se rassurer surtout en se rendant compte que, contrairement à ce que l’on croit, on n’est pas seul.e dans cette situation.

Car je mentirais si je disais qu’il n’y a pas de coups de mou, de doutes, de peurs, de « je n’aurais jamais dû me lancer là-dedans ». Être au chômage dans une société comme la nôtre n’est pas toujours bien perçue, ne pas savoir ce que l’on veut non plus. Le plus dur pour moi a été de gérer cette pression sociale et sociétale (qu’on nous impose, mais que l’on s’impose également à nous-mêmes).

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ?

Un des ateliers de l’association Activ’Action proposait des projets à impact (environnemental, pour ma part) en groupe. Je me suis donc lancée dans un projet de ce type, de septembre à décembre, ce qui m’a également permis de garder un certain cadre, un mini-objectif. En parallèle, je commençais de plus en plus à titre personnel à m’éveiller sur ces problématiques, en me disant que c’était peut-être une piste à explorer pour justement donner du sens à mon métier.

Parle-nous de ta formation ! 

J’ai donc pris le temps de « réseauter », à savoir rentrer en contact avec des professionnels dont le métier m’intéresse (pour moi des métiers relatifs à la RSE – Responsabilité Sociétale des Entreprises). Après de nombreux échanges, je me rends compte que le retour par la case « formation » n’est pas qu’une option. Ayant été moi-même amenée à recruter, je sais à quel point le diplôme est un critère de différenciation sur le CV.

Après quelques recherches, je trouve une école de commerce spécialisée sur les sujets du développement durable qui propose une rentrée décalée en janvier 2019, soit dans 1 mois. Sur un coup de tête, je pose ma candidature, passe les sessions d’admissions, et fais ma rentrée tout juste 1 semaine après.

La formation se fait sous un rythme alterné, un autre avantage ! Je trouve dans la foulée un stage de 9 mois sous ce rythme au sein d’une agence de communication travaillant sur les sujets du bâtiment et de la ville durable. En l’espace d’un mois, je retourne donc au statut d’étudiante et de stagiaire.

Un peu compliqué à gérer émotionnellement, moi qui en avais « enfin » terminé avec les études seulement 4 ans auparavant. Sur le coup je vois ce retour à la case départ comme un échec, comme un révélateur des mauvaises décisions que j’ai prises au début de mes études. Petit à petit ce sentiment disparait, j’apprends à apprécier cette position, après tout je suis là pour apprendre, j’ai donc le droit de me tromper, de ne pas savoir, de poser des questions.

En quoi consistent tes activités aujourd’hui et comment as-tu trouvé ton nouveau CDI ?

Mon stage m’aura ouvert des portes puisque c’est via ce réseau que j’ai pu être embauchée dans l’entreprise où je suis aujourd’hui, en CDI, mais cette fois un CDI que j’ai choisi !

J’ai donc choisi de me reconvertir dans la communication pour les projets à impact. Je suis aujourd’hui chargée de communication au sein d’une Fondation œuvrant aux transitions énergétiques des bâtiments. Notre rôle est de faire travailler ensemble, les entreprises et les acteurs publics pour rendre nos bâtiments et villes plus durables. Un vaste programme donc, très enrichissant, et surtout plus que d’actualité !

J’écris donc beaucoup, j’anime les réseaux sociaux, je participe à la création de nouveaux outils permettant de rendre accessibles au grand public certaines notions très techniques. Tout l’enjeu est de sensibiliser mais surtout de pousser les acteurs concernés par le sujet à agir !

 Comment as-tu géré la transition financièrement ?

Comme énoncé précédemment, l’anticipation de ma rupture conventionnelle m’a permis dans un premier temps de mettre de l’argent de côté. J’ai également pu bénéficier de 6 mois de chômage par la suite ce qui n’est pas négligeable.

Le plus compliqué à gérer financièrement fut de gérer le passage du statut de chômeuse à celui d’étudiante/stagiaire. Je ne pouvais en effet plus bénéficier de ces indemnités, la formation n’étant pas prise en charge par Pôle Emploi, mais mon stage me donnait tout de même une gratification.

J’ai donc pu compter sur mes économies, et surtout mon conjoint, qui m’a permis de ne pas avoir à trop me soucier de ce point, c’est une vraie chance. Il a fallu bien évidemment faire certaines concessions et réduire certaines dépenses. J’ai donc cadré les choses financièrement dès le début pour ne pas me sentir frustrée en allouant un budget à chaque chose.

Aujourd’hui, j’ai retrouvé un niveau de salaire équivalent à celui que j’avais au moment de ma rupture conventionnelle.

Quelles sont les difficultés d’une reconversion selon toi, et comment les dépasser ?

La peur de l’inconnu et surtout la peur de l’échec, pour ma part en tout cas.

J’avais déjà le sentiment d’avoir raté ma voie, de ne pas avoir orienté mes études dans le bon sens à mes 18 ans, j’avais donc peur de ne pas la trouver à nouveau 10 ans après. Et lier à cette peur il y a forcément aussi la peur du regard des autres, de leur jugement.

Il m’a donc fallu dépasser cette croyance, me dire que même si cela ne marche pas, cela n’en reste pas moins une leçon, et surtout qu’il y a toujours une solution. C’est en discutant avec beaucoup de personnes ayant ces mêmes problématiques que je me suis rendu compte que je ne jugeais absolument pas leur parcours qu’il/elle pouvait considérer comme chaotique, et que au contraire il/elle avait eu du courage d’avoir décidé de changer ce qui ne leur convenait pas. J’ai « simplement » transposé cette réflexion à moi, en me disant que j’avais eu ce courage de changer, que j’avais maintenant un champ énorme de possible de moi, et qu’il fallait me laisser du temps sans me mettre la pression.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite entamer une reconversion ?

C’est difficile car on est tous différents, on a surtout chacun des peurs (rationnelles ou non), et personne n’est exactement dans la même situation.

Je dirais avant tout de ne pas se laisser enfermer dans une situation qui ne nous correspond pas, et d’accepter que cela ne nous convient pas. Je pense que c’est ce déclic qui m’a encouragé à faire bouger les choses.

Bien s’entourer est également essentiel, à la fois personnellement mais également professionnellement. Le coaching a été pour moi un vrai levier : cela ne m’a pas donné de solution clé en main, mais cela m’a fait me poser les bonnes questions nécessaires pour avancer.


Que retenir de l’expérience de Marlène ?

  • Pour profiter au maximum d’une période de chômage, imposez-vous une certaine discipline. Profitez de ce temps pour réfléchir sur vous, vos envies et vos attentes. C’est une période propice à la recherche de son moi profond 🙂
  • Reprendre des études et retourner sur les bancs de l’école n’est pas toujours facile mais parfois indispensable. Ne vous concentrez pas sur vos peurs et le sentiment d’échec qui peut survenir, identifiez les bons côtés de ce statut et concentrez-vous dessus !
  • Souvenez-vous qu’il y a toujours une solution : si vous ne tentez pas votre chance vous le regretterez sûrement et si vous échouez, vous aurez appris et c’est ça le principal, non ?
  • Le jugement des autres est parfois simplement une projection de notre esprit : vivons avant tout pour nous 🙂

Vous pouvez retrouver Marlène, qui a choisi de se reconvertir dans un job plus en lien avec ses valeurs, sur LinkedIn.


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