Nicolas : Il a ouvert un espace de coworking après avoir été aide-soignant

Passionné par les projets, fan de travail collaboratif et résolument tourné vers les autres, Nicolas Brichet est un slasheur dans l’âme qui s’est fixé pour mission de faire se rencontrer au sein d’un espace de coworking des personnes qui ne se seraient jamais côtoyées autrement. Dans cette interview, il nous raconte la création de Rouedad, un espace de coworking pas comme les autres. Un lieu né de son parcours et de son engagement social, et aussi de l’implication dès le départ de celles et ceux qui seront ses clients.


Bonjour Nicolas, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

J’ai fait beaucoup de choses différentes ! J’ai commencé par des études d’infirmier et j’ai exercé comme aide-soignant avant de travailler dans la gestion des risques sanitaires à Paris. Je suis revenu à Rennes pour être conseiller formation au CHU. J’ai ensuite eu plusieurs métiers au sein de la société Klaxoon, en étant consultant puis customer success manager.

Toutes ces expériences peuvent donner le sentiment, au premier abord, d’une succession de sauts de puce. En réalité, il y a une vraie cohérence, un fil conducteur : l’accompagnement.

Que ce soit auprès de patients, de professionnels de santé, de clients de tous horizons, j’ai toujours été guidé par l’envie d’aider, de rendre service. Je suis d’ailleurs aller piocher dans chacune de mes expériences pour imaginer Rouedad, mon espace de coworking.

Comment as-tu eu l’idée de créer un espace de coworking ?

J’ai toujours été attiré par l’idée de monter des projets.

Je me suis souvenu, récemment, d’une anecdote. Je devais avoir 16 ans, j’étais volontaire à la Croix-Rouge à l’époque. En plein cours de SVT, j’ai imaginé un espace que médecins et secouristes pourraient fréquenter, en développant leur envie de travailler ensemble. Ce n’était qu’une idée, mais c’est amusant de voir comment elle fait écho au concept d’espace de coworking que je propose.

Ce qui est certain, c’est que j’ai toujours eu envie d’entreprendre. J’ai d’ailleurs travaillé sur plusieurs projets par le passé, comme celui d’une ferme pédagogique et d’une école alternative. Dans les deux cas, il s’agissait d’une réflexion sur comment apprendre autrement et sur le développement des soft skills.

Aucun de ces projets n’a vu le jour pour des raisons financières, mais le projet d’école alternative a évolué jusqu’à l’idée de créer un espace de coworking d’un genre nouveau. J’ai en effet transformé le projet d’école en une association, laquelle m’a permis de réfléchir sur la façon dont je pouvais se faire rencontrer des jeunes en décrochage scolaire avec des professionnels.

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C’est comme ça que je me suis posé la question sur les lieux de rencontres, d’échanges. De fil en aiguille, je suis arrivé à l’idée de créer Rouedad.

L’idée ? proposer à la fois un espace permettant aux professionnels de travailler, tout en intégrant dans ce lieu des étudiants, des demandeurs d’emploi, de façon à faire naître des échanges, une synergie. 

personnes qui montrent du doigt un écran d'ordinateur dans un espace de coworking

Peux-tu nous expliquer quels services tu vas proposer ?

Rouedad signifie « réseau » en breton. L’idée, c’est donc d’offrir une expérience différente de celle à laquelle on accède habituellement dans un espace de coworking.

Bien évidemment, je propose un espace sous forme de bureau ouvert qui peut accueillir jusqu’à une vingtaine de personnes. Le lieu comporte également des lieux plus cosy pour des échanges informels, autour d’un café par exemple.

Rouedad dispose également d’une salle de réunion créative, comportant plusieurs espaces : une zone permettant d’écrire partout (au sol, aux murs…), une zone tournée vers le numérique, mais aussi un espace pour prototyper.

A côté de l’accès à ces lieux, qui représentent 120 m², les étudiants auront également la possibilité d’être accompagnés dans leur orientation, en travaillant sur ce qui les motive vraiment. La fréquentation du lieu par des professionnels leur permettra en plus de se constituer un réseau pour démarrer.

Nous avons aussi le souhait de développer l’accueil des demandeurs d’emploi.

Rouedad, c’est donc un espace pour travailler et pour permettre à chacun d’avoir l’opportunité de faire des rencontres, d’échanger, d’apprendre différemment. Tout a été conçu dans cet état d’esprit, de façon à ce que les personnes fréquentant le lieu puissent faire connaissance, s’entraider.

L’objectif est de constituer une véritable communauté, en la faisant vivre autour d’ateliers par exemple.

Pourquoi as-tu lancé une campagne de financement participatif ?

Rouedad a vocation à être ouvert un lieu à tous, y compris aux personnes les plus éloignées de l’emploi. La fréquentation du lieu peut en effet constituer un levier important pour ce public fragilisé : il permet d’être accompagné, de faire des rencontres, de se faire aider et de reprendre confiance.

Actuellement, je travaille avec Pôle emploi pour pouvoir proposer un parcours spécifique aux demandeurs d’emploi. Rouedad a cependant besoin de dons pour pouvoir les accueillir de manière pérenne.

La campagne de financement participatif a donc une dimension sociale : elle permet à toutes celles et ceux qui souhaitent de soutenir la démarche, en finançant des heures d’accès au lieu et des prestations d’accompagnement. C’est aussi l’occasion d’encourager un projet qui démontre le dynamisme d’une ville comme Fougères !

Raconte-nous les grandes étapes de la création de Rouedad !

La première étape a consisté à m’entourer. En l’occurrence, j’étais encore salarié à l’époque, donc j’avais peu de temps disponible, et ressentais le besoin d’être challengé sur mon idée. J’ai contacté Charlotte de Pose ta Dem’ en juillet 2018 et nous avons convenu d’un coaching pour, entre autres, définir et tester une proposition commerciale.

En septembre, Charlotte a fixé une première échéance : réaliser une étude de marché pour octobre.

J’ai eu un mois pour réfléchir aux questions à poser et à qui, sans compter le choix de la ville pour implanter mon activité. J’ai fait mon étude de marché en faisant des sondages, et ai choisi Fougères au regard du taux de réponse. La mairie et l’agglomération m’ont même contacté pour en savoir plus.

Fin octobre, ma deuxième étape, à savoir l’étude de marché, était bouclée.

En novembre, j’ai surtout cherché des locaux, et ai aussi réalisé mon Lean Canvas, c’est-à-dire un outil, tenant sur une feuille A4, résumant l’essentiel du projet (cibles, offres concurrentes, proposition de valeur…).

Début janvier, j’ai organisé une soirée de co-création, en voulant inclure tout de suite les futurs usagers. J’ai communiqué en amont, via les réseaux sociaux et la presse, et ai eu la chance d’accueillir 25 personnes pour cette réunion de lancement. Nous avons travaillé en petits groupes sur plusieurs thèmes : l’aménagement des locaux, la fédération d’une communauté mixant des professionnels, des demandeurs d’emploi et des étudiants, et enfin les usages projetés.

Tout ça s’est fait sur place, sans électricité, sans chauffage… La réunion s’est faite avec une lampe à batteries, mais en totale cohérence avec l’idée de départ de constituer un véritable réseau, et d’agir en toute transparence.

J’ai ensuite pris le temps de recontacter chacune des personnes pour en savoir davantage sur son métier et ses attentes.

Tout cela m’a permis d’affiner le projet, et aura contribué à l’ouverture des locaux en mai prochain.

deux personnes qui discutent dans un espace de coworking

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

Je n’ai rencontré qu’une seule difficulté… mais elle était de taille puisqu’elle concernait le financement du projet.

J’ai eu un premier rendez-vous auprès de ma banque en novembre, et ai eu un accueil rassurant. Je ne m’en suis donc pas soucié davantage, en pensant que le financement était acquis. Fin janvier, j’ai cependant eu la mauvaise surprise de recevoir un mail m’indiquant que mon dossier était refusé, sans plus d’explications.

Je suis tombé de haut et ai vraiment eu peur de devoir abandonner le projet ! Heureusement, j’ai eu la chance de me faire aider par quelqu’un présent lors de ma réunion de lancement, et justifiant d’une longue expérience dans le secteur bancaire.

Il m’a écouté, conseillé et orienté vers un courtier en crédits professionnels. Ce courtier m’a permis de rencontrer plusieurs établissements bancaires, et d’avoir un dossier validé dans les délais.

J’ai donc trouvé solution à mon problème au sein même de la communauté Rouedad !

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer ?

Je tire de mon expérience les conseils suivants :

  • S’entourer de professionnels à toutes étapes. Cela est important dès le départ, car le fait d’avoir quelqu’un d’extérieur pour fixer des échéances et poser des questions donne l’impulsion. L’accompagnement tout au long du projet est primordial également, comme le démontre mon expérience avec la banque. Plus généralement, mieux vaut déléguer ce qu’on ne sait pas faire : cela permet de gagner du temps. Finalement, je dirais «  à chacun son métier ! ». Confier des tâches à un tiers, c’est aussi faire preuve de professionnalisme.
  • S’appuyer sur une méthodologie simple et éprouvée. Pour ma part, j’ai opté pour quelque chose de très simple, en allant directement au test en engageant peu de frais. J’ai choisi cette méthode issue du Lean après avoir eu la chance de rencontrer par le passé des créateurs d’entreprise et d’autres passionnés de méthodes Agile.
  • Ne pas hésiter à communiquer sur le projet, même au tout départ. Cela permet de créer une notoriété, ou du moins de susciter l’intérêt.

Parler de son projet, c’est aussi une façon de faire naître des opportunités.

  • Il faut tester son idée, d’abord en la passant au « crash test » financier. Si le projet n’est pas rentable, mieux vaut le savoir rapidement et le faire évoluer. Pour cela, l’idéal est de créer son pitch, de le présenter, de façon à avoir des retours rapides.

Que retenir de l’expérience de Nicolas ?

  • Il y a souvent un fil conducteur qui relie différentes expériences professionnelles et même s’il n’est pas toujours facile à trouver : il existe !
  • Lancer une campagne de crowdfunding est un bon moyen de tester son idée et de permettre aux personnes qui le souhaitent de soutenir un projet qui leur parle. (Si le cowdfunding vous intéresse, vous pouvez aller lire les témoignages de Joanne et Damien : eux aussi ont choisi le financement participatif pour lancer leur projet.)
  • Organiser une soirée co-création est une manière d’impliquer les utilisateurs et d’être certain de répondre à leurs besoins.
  • S’entourer de professionnels et savoir déléguer est essentiel : chacun son métier !

Si vous voulez soutenir le projet de Nicolas, n’hésitez pas à aller faire un tour sur sa campagne de crowdfunding et  sur ses réseaux sociaux.


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