Philippe : Il a créé un label de musique en parallèle de son job dans l’informatique

Après des études pour devenir développeur et en parallèle de son job dans l’informatique, Philippe a créé un label de musique de Hard Rock/Metal. Véritable Side Project, son label est aujourd’hui respecté dans le milieu. Dans cette interview, Philippe nous raconte en toute transparence les difficultés qu’il a rencontrées et donne de précieux conseils à ceux qui souhaitent lancer un projet autour de leur passion.


Bonjour Philippe, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

Aussi loin que je me souvienne, ma grande passion, c’est la musique.

Dur d’en faire son « métier », de contenter ses parents, d’aller à l’encontre de la pression que la société met sur nous tous pour rentrer dans le moule.

Du coup, au moment de choisir une filière, l’année du BAC, ma seule certitude c’est que je ne veux pas passer 5 ans sur les bancs de la FAC. Par chance, ou pas, je comprends alors qu’il y a de la demande dans l’informatique et je passe un BTS développeur d’applications. J’obtiens mon diplôme et trouve très vite du travail.

J’habite alors à Paris, je joue dans des groupes et, outre le fait de développer des sites Internet, la musique continue d’être ma seule vraie passion. Métro/Boulot/Dodo, c’est rapidement une évidence, très peu pour moi.

Mais je suis formaté, on m’a bien appris à avoir peur de l’inconnu alors je persiste dans mon métier pour la sécurité de l’emploi. Je tâtonne à droite à gauche. Je m’essaie sur des activités annexes et me vient l’envie de monter un label.

16 ans plus tard, avec plus de 175 albums à mon catalogue, je suis à la tête d’un label respecté dans son milieu, j’emploie 2 salariés à plein temps et je ne suis plus qu’à 80% dans l’informatique.

Comment as-tu eu l’idée de ton projet et quel est-il ?

À l’origine, en tant que musicien, j’ai affaire à des maisons de disques. L’expérience est assez catastrophique et je me dis qu’il y a quelque chose à faire, que ma dévotion et ma passion pour l’art sont des atouts non négligeables, que mon sens du sérieux et mon professionnalisme seront des alliés de taille, alors, tête la première, sans rien connaitre du monde des maisons de disque, et en parallèle de mon job dans l’informatique, je me lance, je crée mon label de musique de Hard Rock/Metal.

Pour faire un parallèle, une maison de disques c’est comme une maison d’édition mais dans la musique. Entre autres, un label signe des groupes, finance l’enregistrement d’albums, s’occupe de les promouvoir et de les distribuer.

Comment fais-tu pour slasher entre plusieurs activités ?

Je jongle entre mon boulot dans l’informatique, mon entreprise, le sport et ma vie privée.

On ne va pas se mentir, c’est difficile. Très difficile. Il faut savoir s’entourer des bonnes personnes, déléguer un maximum, s’organiser au mieux, et surtout, ne pas avoir peur de faire beaucoup, beaucoup d’heures.

Très concrètement, j’ai pour habitude de travailler avec une « to do list » sur laquelle je note toutes les actions que je dois faire et je les priorise. J’essaie de dédier des moments de la journée à telle ou telle activité afin de ne pas m’éparpiller et puis j’optimise mon temps en travaillant depuis mon mobile quand c’est possible. Toutes les sorties d’albums sont planifiées plusieurs mois à l’avance et j’établis direct un planning de communiqués de presse avec des jalons importants (première d’un titre avec les médias par exemple).

Je m’assure aussi que mes employés soient autonomes en étant le plus clair possible dans mes demandes. Enfin, dès que c’est possible, j’automatise ou je délègue (à mes employés ou à des partenaires tiers). 

Pochettes de vinyles pour illustrer l'interview de Philippe qui a créé un label de musique

Quelles ont été les étapes de développement de ton activité ?

  • J’ai commencé par créer une association pour « tester le terrain ».
  • En 2006, 2/3 ans plus tard, je me lance sous forme d’EURL.
  • En 2009, la société se transforme en SARL et j’embauche mon premier salarié à temps partiel.
  • En 2013, j’embauche mon second salarié.
  • Fin 2017, je passe moi-même en 80% pour dédier toujours plus de temps à mon entreprise.

Je n’ai pas cherché à brûler les étapes mais je ne me suis jamais reposé sur mes lauriers. Petit à petit, je me suis fait un nom en travaillant dur et en faisant en sorte que le nom de mon label soit associé avec « qualité ». J’ai d’abord signé le groupe d’un ami, puis j’ai travaillé sans relâche pour construire un réseau de contacts et signer des groupes dont la notoriété faisait grandir celle de mon label.

J’ai organisé / managé des tournées de concerts en Europe (dont la plus importante pour moi totalisera 21 concerts en 23 jours avec plus de 15 000km parcouru en Europe)

J’ai bataillé pour avoir des contrats de distribution. Tout ça, en gardant toujours en tête que rien n’était totalement acquis, qu’il y avait toujours moyen de faire mieux et qu’il me fallait toujours essayer d’évoluer, pour mes groupes, pour mes clients et pour moi. Je suis donc en éternelle remise en question (c’est parfois très fatigant) et en perpétuelle quête de « mieux ». Pas de « plus », de « mieux », j’insiste.

Comment as-tu trouvé tes premiers clients ?

J’ai la chance de m’être lancé dans une niche dont le réseau est assez bien formé et, bien que je n’ai, à l’époque, aucune notion de gestion d’une maison de disques, j’étais moi-même un fan et je connaissais donc les principaux endroits (forums notamment) où l’information circulait. J’avais donc monté un site sur lequel je postais mes news, les albums que je sortais, etc. Je relayais tout ça partout où je le pouvais, j’envoyais mes disques aux médias dans l’objectif d’obtenir des chroniques, voir des interviews, j’activais le petit réseau que je construisais petit à petit pour que le bouche-à-oreille fasse son effet…

En parallèle, j’ai monté une VPC (vente par correspondance). Ce qui se fait beaucoup dans les milieux « underground » de la musique c’est le « troc » et c’est comme ça que j’ai construit un catalogue avec peu de moyens.

Je m’explique : je suis un label, je viens de sortir un disque et je veux qu’il soit disponible un peu partout dans le monde. Je n’ai aucun contrat de distribution alors je contacte d’autres labels, qui eux aussi ont sorti des albums qu’ils veulent pouvoir écouler, et on fait du troc, à l’ancienne ☺ Il m’envoie 10 disques du groupe A, je lui envoie 10 disques du groupe B et voilà.

Je commence donc comme cela, en échangeant mes productions contre celles des autres. Cela me permet d’avoir un petit catalogue qui s’étoffe au fur et à mesure et chez qui les gens peuvent commander, mes propres disques mais aussi d’autres qu’ils n’ont pas nécessairement envie de commander à l’autre bout du monde. Ma clientèle est donc principalement française dans un premier temps. 

Financièrement, je lance mon premier disque avec mes économies et je fais un prêt à la consommation (!!) pour le second et le troisième. Heureusement, j’ai pu rembourser tout ça très vite et continuer sainement, sans crédit, par la suite.

Ton activité te permet-elle de vivre ?

Elle pourrait me faire vivre mais pas aussi confortablement qu’en tant que « side project ». Je préfère peaufiner, faire mûrir mon activité sans avoir la pression. D’autant que les ventes de musique ne sont plus ce qu’elles étaient (et ne le seront probablement jamais plus). 

Je précise que je n’ai pas connu l’âge d’or de la musique mais je m’adresse à un public de niche qui soutient encore beaucoup les groupes qu’ils écoutent et donc le milieu du Hard Rock est encore un peu épargné comparé à d’autres styles musicaux.  Ceci dit, j’ai tout de même du mal à croire que le système actuel, où le streaming gratuit prédomine, va pouvoir durer longtemps. À part pour les quelques artistes méga connu, ce ne sera jamais une source solide de revenu pour les acteurs de la musique. C’est d’ailleurs palpitant de se dire que, finalement, il y a encore des choses à inventer dans le domaine et cela entraîne souvent des discussions intéressantes avec l’entourage (et moi-même ?).

Mais oui, je pourrais en vivre à plein temps en baissant légèrement mon train de vie. La première étape était le passage à 80%, la prochaine, je pose ma dem’ !

Vinyle noir

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

Le cumul « je n’y connais rien à la gestion d’entreprise » et « je n’y connais rien en gestion de maison de disques » m’a obligé à apprendre sur le tas. J’aurais aimé lire le livre de Michael E. Gerber (The E-Myth) bien plus tôt par exemple. Mais bon, cela ne m’a pas découragé. Dans la vie, seule l’action compte et puis si je me plantais, au pire, j’avais toujours mon boulot à côté.

L’autre grande difficulté c’est le temps. En effet, il faut jongler entre le boulot et mon entreprise et donc le temps libre est rare et précieux. J’aimerais avoir plus de temps pour me former / m’améliorer mais ce n’est pas toujours simple de trouver le temps nécessaire.

Le risque c’est aussi de se dire qu’on est tellement à fond qu’on n’a pas besoin de vacances, de « temps mort » mais c’est une erreur. Il faut savoir s’imposer des « breaks » pour ne pas finir en « burn out » complet.

Enfin, la troisième difficulté c’est de fonctionner avec des budgets serrés. 

Tu t’intéresses beaucoup au développement personnel, quels enseignements en as-tu tirés ?

C’est cette perpétuelle quête d’évolution que j’ai mentionnée plus haut qui me mène, au fil des années, au développement personnel. Pas via le monde professionnel d’ailleurs mais via le sport.

Mais déjà plus jeune, je m’intéressais beaucoup à la philosophie et à la psychologie dont j’ai lu pas mal d’ouvrages. En arriver là n’est pas tellement une surprise, plutôt une suite logique je pense.

Je suis persuadé que l’on a tous besoin de « coach », ou de « mentors », pour grandir et c’est mon coach sportif qui m’a introduit au monde du développement personnel. Les livres que je dévore sur le sujet et les podcasts que j’écoute ont un impact puissant sur ma vie et c’est désormais devenu une partie intégrale de ma routine que de me nourrir de cette connaissance pour en ressortir meilleur. Comme dirait Tom Bilyeu, « ideas in = ideas out ».

Pour finir, quels seraient tes 3 conseils à quelqu’un qui souhaite lancer son projet autour de sa passion ?

  1. Passez à l’action ! En France, on a trop peur de se planter, on reste bloqué par la peur de l’échec. L’échec n’est pas une fin en soi ! Lisez « Sometimes You Win – Sometimes You Learn » de John C. Maxwell et puis, sur ce sujet, je pense qu’une citation est de mise : « Aimons-nous vivant… ne laissons pas la mort nous trouver du talent. » (François Valéry) – pour le coup, ce n’est pas très Rock mais c’est tellement vrai ?
  1. Lisez/absorbez un maximum de connaissances ET mettez les idées qui vous parlent immédiatement en place dans votre quotidien. Il faut essayer, certaines fonctionneront, d’autres non. Les idées et les connaissances, c’est bien, les utiliser, c’est mieux.
  1. N’hésitez pas à demander de l’aide ! Faites appel à un coach, un mentor ou trouvez des gens qui ont réussi dans votre domaine et contactez-les. Savoir s’entourer des bonnes personnes est un facteur clé de succès.

Que retenir de l’expérience de Philippe ? 

  • Lorsque l’on se lance dans un Side Project, l’organisation est la clé !
  • Faire une to do-list permet de prioriser les tâches et de ne pas s’éparpiller.
  • N’essayez pas toujours de faire “plus”, mais plutôt de faire “mieux”.
  • N’oubliez pas de garder du temps pour vous, faites des breaks, c’est important de savoir se ressourcer pour mieux s’y remettre ensuite.

Si, comme Philippe qui a créé un label de musique en parallèle de son job, vous aimeriez vous lancer dans un Side Project, n’hésitez pas à aller lire les Histoires de Side Project


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