Marie : Elle a quitté son job de commercial pour rejoindre le SAMU comme ARM

Après avoir été commerciale, Marie Cazabat Dromard a décidé de changer de voie et de rejoindre le SAMU pour se reconvertir comme ARM (Assistante de Régulation Médicale). Marie est une véritable source d’inspiration. Si vous souhaitez changer de vie pour vous sentir plus utile, aucun doute, cette interview est faite pour vous !


Bonjour Marie, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

Mon parcours n’a pas été semé d’embûches, loin de là, mais il faut avouer que je n’ai pas choisi le chemin le plus court ! La seule certitude que j’ai toujours eue c’est que je ne voulais surtout jamais me retrouver enfermée seule dans un bureau. J’ai besoin de contact humain, d’interlocuteurs, que ça bouge !

Depuis mes études du secondaire je baigne dans le monde de la santé (BEP sanitaire et social, BAC sciences médico-sociales, diplôme universitaire en dermopharmacie, brevet de préparatrice en pharmacie). Mais à vrai dire, je n’ai trouvé ma première vocation que 2 ans après le bac (après avoir validé mon diplôme universitaire) : je voulais être commerciale dans la santé, sillonner les routes, voir du monde, me surpasser pour réussir, vendre des produits de santé. Après avoir validé un second diplôme post-bac (pour élargir mes compétences et me donner toutes mes chances dans ce métier que j’ambitionnais) j’ai rapidement trouvé mon premier poste de commercial en pharmacie.

J’ai donc sillonné les route de Rhône-Alpes pour 2 laboratoires différents, et sincèrement je me suis régalée !

Et puis j’ai eu mon premier enfant. Pendant mon congé maternité, je me suis fait toute une montagne de l’organisation  que ça allait me demander d’allier le métier de commercial (les horaires à rallonge, les déplacements, les séminaires) et la garde de mon fils… J’ai donc décidé de démissionner de mon poste pour me reconvertir dans les assurances. Je restais dans la vente, mais je devenais sédentaire.

J’ai validé en 1 an une licence dans les assurances, et rapidement trouvé un emploi (à mi -temps) de conseillère dans une agence. Et là… Chasser le naturel… Il revient au galop ! Au bout de quelques mois j’ai ressenti l’envie de repartir sur les routes, en pharmacie ou un autre domaine de la santé… Mais surtout pas les assurances ça ne me convenait pas du tout !

J’ai donc retrouvé un poste de commercial, dans l’optique cette fois ci. Et pas que ! Je faisais aussi de la visite médicale, c’était chouette ! Je cartonnais, je m’éclatais ! Et j’ai vite pris également la “casquette” de formatrice pour les nouveaux arrivants dans l’équipe commerciale. En 2016, j’ai commencé à me lasser… Je n’étais plus en accord avec ma direction commerciale, et en discutant avec mes confrères d’autres labos je me rendais compte que l’herbe n’était pas plus verte ailleurs.

On me flattait sur mes qualités de formatrice… Je me suis naturellement dit que c’était peut être ça que je devais faire pour ma seconde vie professionnelle ? Pourquoi pas ? La formation j’aimais bien ça !

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J’ai négocié mon départ, pour me lancer à mon compte en tant que formatrice commerciale, je voulais être en freelance, être sous mes propres ordres ! J’ai d’abord pris un peu de temps pour m’occuper de mes 2 fils, profiter d’avoir du temps à passer avec eux. Malheureusement, quelques mois plus tard j’ai eu des soucis de santé, j’ai donc été forcée de mettre de côté mon projet de freelance.

Et puis je suis tombée enceinte de mon troisième enfant… Et j’ai laissé tomber mon projet de freelance… Je ne me sentais plus de me lancer, avec un bébé (surtout un 3e enfant), et surtout, plus le temps passait, plus j’avais envie de m’éloigner le plus possible de la vente et du milieu commercial.

Je voulais aider les gens, les écouter, les accompagner, être “utile humainement”… Mais je ne savais pas comment…

Comment as-tu négocié ton départ ?

J’ai présenté mon projet de devenir formatrice en freelance à mon chef, puis mon N+2. Je leur ai dit qu’ayant une famille, je ne pouvais pas partir en démissionnant, et que je souhaitais trouver un accord avec eux pour partir en bons termes.

J’ai dû m’engager (verbalement) à ne pas prendre de nouveau poste de commercial chez la concurrence (du moins dans l’immédiat).

Pour le reste, la négociation n’a pas été très difficile, ils m’ont vite proposé une rupture conventionnelle, mais m’ont demandé de prolonger un peu la période de préavis afin de pouvoir finir l’année sur le secteur (renouvellement des contrats commerciaux).

A mon sens, il y a 3 raisons pour que ça se soit passé si simplement :

  1. Je les ai convaincus de mon projet, je me suis engagée à  ne pas courir chez la concurrence et je n’ai pas négocié de sur-prime de licenciement (je me suis contentée du minimum légal).
  2. Mon supérieur hiérarchique N+2 n’était pas si mécontent que ça que je veuille partir…
  3. Lorsqu’ils m’ont demandé “comment tu réagirais si on te dit non”, je leur ai simplement répondu “Je suis seule garante de la tenue de mon secteur… si je ne suis plus motivée je ne peux pas garantir d’être aussi efficace qu’avant” (ce qui en soit n’était pas vraiment faux…).

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ?

Comme les grossesses réveillent chez moi de grandes réflexions et remises en question, naturellement j’ai réfléchi (une nouvelle fois) à mon avenir professionnel… Et puis je sentais se réveiller en moi d’autres envies professionnelles mais j’avais beaucoup de mal à cerner ce que je pouvais faire avec mon bagage et mon expérience…

Je voulais me sentir plus “utile”. Je voulais être “utile” à l’humain… Mais pour avoir testé bon nombre de métiers dans le sanitaire et social (pendant mon BEP et mon BAC) je savais aussi que la plupart des métiers (connus) dans ce domaine ne m’intéressaient pas ou impliquaient une reprise d’études longues (impossible financièrement).

Donc sans savoir exactement où et comment chercher, j’ai écumé des annonces diverses et variées dans le monde de la santé, de l’aide à la personne… sans jamais répondre à aucune, n’ayant pas les diplômes requis pour postuler.

Je suis tombée un jour sur une annonce du SAMU de l’Isère, ils recherchaient des Assistants de Régulation Médicale. Je ne connaissais absolument pas ce métier, mais pour tout diplôme requis ils demandaient un BAC, des qualités humaines, de l’empathie, du self-control et des connaissances en secourisme. La seule compétence que je n’avais pas (ou du moins qui datait d’il y a presque 20 ans) c’était le secourisme… soit je pouvais me former !

J’ai donc postulé pour rejoindre le SAMU, et quelques semaines après j’intégrais l’équipe du Centre de Réception et de Régulation des Appels du SAMU.

J’ai rarement, depuis le début de ma carrière, ressenti autant de satisfaction dans mon boulot… C’est un métier à la fois difficile (nombre d’appels, appels de personnes paniquées qu’il faut canaliser, mais aussi personnes qui nous insultent régulièrement…), et à la fois passionnant (travail en étroite collaboration avec les médecins/ les pompiers/ la police).

Je sais maintenant que j’ai trouvé un métier fait pour moi, qui me permet de répondre entièrement à mes envies d’utilité publique !

Feuille qui illustre l'article rejoindre le SAMU

En quoi consistent tes activités aujourd’hui et quels sont tes projets ?

Mon activité en tant qu’Assistante de Régulation Médicale est principalement la réponse aux appels reçu au centre 15. Avec mes collègues, on assure la continuité du service H24 7/7. Je travaille en garde de 12h, sur 2 ou 4 jours par semaine, de jour ou de nuit, et un week-end sur 2.

Il n’y a pas vraiment de journée type (et ça me plait) ! Une même journée peut être speed, on enchaine les appels (moins de 10s entre chaque appel) et quelques heures après très calme. Les nuits et les journées sont très différentes aussi.

Mon rôle est de détecter très rapidement le degré d’urgence d’un appel, de prendre les coordonnées et l’identité exactes, de donner les conseils secouristes adaptés et de passer l’appel au médecin compétent (médecin régulateur). Au besoin, en cas d’urgence vitale, on déclenche les moyens de secours (pompiers/SMUR) sans attendre l’avis du médecin, mais on lui passe tout de même l’appel.

Mes projets dans ce métier j’en ai plein !

Ma reconversion est toujours en cours, car ce métier demande une multitude de compétences que l’on développe et que l’on valide par des formations sur presque une année entière.

Je suis bien sûr déjà opérationnelle pour beaucoup de compétences, et motivée pour valider les autres.

Notamment le nouveau diplôme d’Assistant de Régulation Médicale mis en place par le gouvernement courant de l’été 2019 (que je pourrais valider par une validation des acquis puisque je suis déjà en poste) ainsi que certaines certifications (en télécommunication par exemple).

Ensuite, je vise la titularisation (et oui c’est la fonction publique) afin de sécuriser mon emploi.

Et enfin, sur du plus long terme, j’aimerais faire des vacations au centre de formation des ARMs afin de garder un pied dans la formation car au final j’aime bien ça quand même (mais à petite dose).

Et si on voit encore plus loin, pourquoi pas intégrer l’équipe d’encadrement.

Comment as-tu vécu ce changement de vie ? 

Les débuts n’ont pas été évidents…

Nouveau rythme :

  • travail en 12h = les jours de garde je voit très peu mes enfants
  • travail de nuit = décalage de rythme
  • travail 1 weekend sur 2 = organisation familiale

Mon mari a eu aussi un peu de mal  à reprendre le rythme. Mais la satisfaction que me procure ce métier m’a aidée a passer le cap du changement de rythme et de quotidien !

Et qui plus est, je passe du temps avec mes enfants, j’ai enfin du temps à leur consacrer !!!

Quelles difficultés et joies  as-tu rencontrées ?

Un moment difficile… comment ne pas penser à certains appels qui nous touchent plus que d’autres…

Je ne pourrais pas rentrer dans le détail, mais un jour j’ai pris un appel d’un papa pour son fils de 16 ans qui venait de s’écrouler au sol… J’ai vite détecté l’urgence, envoyé les moyens appropriés, guidé le papa pour faire un massage cardiaque… Comme à chaque fois pour ce genre d’appel, je suis restée en ligne jusqu’à l’arrivée des secours, à encourager ce papa à masser son fils… La finalité, je n’ai pas le droit de vous la donner.

Cela peut paraitre fou, mais des appels comme celui là, nous en gérons tous les jours. Nous apprenons très vite à nous “blinder” et à relativiser. Mais là, il s’agissait d’un papa avec son fils et je suis maman.

Comme on me l’avait dit, j’ai vite parlé avec mes collègues de mon ressenti sur cet appel. J’ai vidé mon sac, mes collègues m’ont félicitée pour la détection rapide de l’urgence. J’ai également un super “sas de décompression” qui est ma voiture ! J’ai 30 min de route, et je m’en sers pour me vider la tête tant que faire se peut. Ce jour-là j’ai mis la musique à fond, et j’ai roulé tranquillement pour rentrer. Et enfin, j’ai pu en parler avec mon mari, qui est très à l’écoute, et à ma sœur qui est sapeur-pompier et a qui je parle beaucoup des appels reçus au centre 15.

Un moment de joie… malheureusement il y a peu de situation réjouissantes… il faut être honnête !

C’est souvent par procuration qu’on les vit, ou en équipe. Ce qu’il faut savoir c’est que quand l’un d’entre nous prend un appel de détresse vitale et reste en ligne pour donner les conseils secouristes, c’est un véritable travail d’équipe qui se met en route : 1 appelle les pompiers pour leur demander un véhicule, le 2e appelle l’équipe médicale pour les mettre au départ, un 3e va voir le médecin régulateur pour l’informer, et le 4e s’occupe d’autres menus détails utiles dans ce genre de situations. Alors forcement, lorsque la finalité c’est que le patient s’en est sorti, c’est une véritable victoire d’équipe !

Et puis il y a des moment rigolos… des appels un peu… tordus… et qu’est ce qu’on peut en rire entre nous !

Ton activité te permet-elle de vivre ?

Très sincèrement, ce changement de métier a impliqué de gros chamboulements financiers ! J’ai divisé par 2,5 fois mes revenus.

Pour ne rien arranger, j’ai dû investir dans une voiture, car avant j’avais une voiture de fonction…

Pour être tout à fait honnête, au début je ne savais pas si je pourrais rester, rien que pour le côté financier.

Et puis on a renégocié notre crédit immobilier, revu nos assurances, baissé au mieux nos charges… et on se sert un peu plus la ceinture quoi ! Mais après plusieurs discussions avec mon mari, à se demander comment on allait faire pour “survivre”, on en est venu à la conclusion qu’il était bien dommage de lâcher ce métier dans lequel je me sens si bien, maintenant que je l’ai trouvé !

Et puis, ne travaillant que 2 jours en jours ouvrés, j’ai pu considérablement baisser le cout de la garde pour mes enfants (ça aide) !

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui veut franchir le cap de quitter son job pour exercer un métier dans lequel il se sent plus utile ?

Je le conseille régulièrement….

Mon maître mot, lorsque quelqu’un se sent mal à sa place, a envie de se sentir plus utile : il ne faut pas attendre d’être au bout du rouleau pour franchir le pas ! Rien n’est impossible du moment qu’on sait s’armer de patience, qu’on est curieux, et qu’on croit en quelque-chose de meilleur !

Le côté financier reste le fil conducteur certes, mais à chaque problème sa solution ! Et ce point là n’est finalement que matériel… Au final il ne pèse pas lourd dans la balance lorsqu’on prend conscience que le principal c’est d’avoir un revenu, quel que soit son montant.


Que retenir de l’expérience de Marie ? 

  • Pour négocier une rupture conventionnelle : adoptez une approche gagnant-gagnant, il est tout à fait possible de se quitter en bons termes 🙂
  • Une reconversion implique des changements dans votre vie pro mais aussi perso, prenez le temps nécessaire pour vous adapter.
  • N’attendez pas d’être “au bout du rouleau” pour franchir le pas comme le dit si bien Marie, rien n’est impossible !
  • Chaque problème a sa solution : ne vous en faites pas trop pour le côté financier, vous trouverez toujours une solution pour faire ce que vous aimez et vivre correctement.

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