Sonia et Lucas : Quitter CDI et concours pour devenir digital nomades

Sonia et Lucas ont quitté, respectivement, leur préparation de concours et leur CDI pour devenir digital nomades. À l’aide de leur voilier, ils parcourent le monde tout en étant freelances dans le web. Ils racontent ici leur décision et leur cheminement pour faire du monde leur bureau quotidien. 


Bonjour Sonia, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

Tout a commencé il y a cinq ans. Lucas sortait d’un an et demi de convalescence après un accident de moto. Comme un déclic, nous avons décidé de changer de vie.

Avant cela, j’étais sur le point de passer mon concours pour devenir enseignante de français, j’avais fait tout le parcours, et même plus ! Une licence en langues étrangères, deux masters, des stages, des préparations aux concours, etc. Pourtant, à chaque fois que j’y réfléchissais, je n’arrivais pas à me visualiser professeur. Cela ne me faisait pas vibrer. Lorsque j’osais en parler autour de moi, la réponse était toujours la même : “N’importe quoi, tu te rends compte de la chance que tu as, tu n’auras plus jamais à te soucier de ton emploi”. Lucas de son côté vivait un peu la même chose : cadre supérieur en CDI dans une grande entreprise et un bon salaire. Malheureusement, tout cela ne l’épanouissait pas ! Et autour de nous, personne ne comprenait notre malaise.

Il y a cinq ans donc, nous tombons d’accord : la trentaine approche à grands pas, nous allons entrer dans les plus belles années de notre vie, vivons-les ! Nous avons tout vendu (voiture, canapé, télévision …) et avons acheté un voilier. Lucas a posé sa dem’ et j’ai quitté mes préparations aux concours !

couple

Quel est ton mode de voyage ?

Nous n’avons pas choisi la voie la plus facile ! Mais on se régale tout de même. Nous voyageons en voilier. Nous avons commencé par trois ans de travaux, où le bateau était à sec et nous vivions à moitié dedans et à moitié dans un petit fourgon aménagé. La grande aventure ! Maintenant que les travaux sont terminés, nous sommes (presque) comme à la maison !

Le voilier a cet avantage que l’on voyage tranquillement, au rythme de la nature et des éléments. Nous choisissons la destination, mais nous ne sommes jamais sûrs d’y arriver et c’est la météo qui dicte les départs ! Cela peut sembler contraignant, mais en fait, vivre en accord avec son environnement est vraiment agréable. Cela recadre, tu apprends la patience et tu profites du moment présent.

Nous nous sommes rendu compte que voyager pour voyager n’avait pas vraiment de sens pour nous. Ce que nous aimons en fait, c’est vivre dans des endroits différents. Nous sommes des adeptes du Slow travel : voyager lentement, prendre le temps de découvrir les lieux, la culture, rencontrer les locaux et se faire des amis. En fait, c’est un peu comme quand tu déménages à Marseille ou à Lyon pour ton travail : tu découvres la culture locale, et tu deviens un peu marseillais ou lyonnais. Et ça, ça nous fait vraiment vibrer ! Parfois on s’attache beaucoup au lieu et aux gens, et c’est alors difficile de partir, mais l’envie de découvrir un autre endroit est toujours plus forte !

femme conduisant voilier

Comment as-tu préparé ton lancement en freelance et digital nomad ?

Devenir nomade digital n’étais pas prévu, en fait c’est arrivé comme ça ! Lucas est ingénieur informaticien et c’est tout naturellement qu’il a ouvert sa micro-entreprise de création de site web. Moi, niveau carrière, j’étais complètement perdue. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire, alors en attendant, j’ai proposé à Lucas de l’aider pour trouver sa clientèle et faire les devis. Très vite, je me suis rendu compte que je n’avais pas les compétences, alors j’ai commencé à me former avec des tutoriels en ligne et Lucas est devenu mon coach !

Petit à petit, j’ai acquis des compétences et me suis sentie de plus en plus à l’aise. Mieux que ça, je me suis découvert une vraie passion pour le web ! Après quelques missions en freelance avec Lucas, des compétences en webdesign, rédaction et marketing acquises, j’ai décidé d’ouvrir ma micro-entreprise et de me lancer à mon tour pour de vrai. Aujourd’hui, je continue de me former, j’ai intégré des formations plus poussées et j’évolue avec joie dans cet univers.

Quelle est ton activité en freelance ? Comment as-tu bâti ton offre de service ?

Lucas et moi travaillons ensemble sur des projets de création de site web. Il a ses projets à lui, et selon les demandes de ses clients j’interviens au besoin. De mon côté, je réalise des missions de rédaction web principalement.

La création de site web, c’est bien plus qu’un simple site WordPress. Nous aidons nos clients à construire leur identité visuelle, une stratégie de communication et nous les accompagnons tout au long de leur projet.

Nos clients sont des indépendants, des entrepreneurs et des PME. Nous aimons travailler avec ce public, car nous les comprenons très bien ! C’est un vrai plaisir de les accompagner dans la réussite de leur projet. Le conseil à une grande place dans notre offre, que ce soit dans la création de site ou la rédaction web.

femme sur odinateur

Comment trouves-tu tes clients ?

Nous avons commencé sur les plateformes de freelancing. C’est un très bon tremplin. Quelle que soit la mission, cela permet de découvrir l’univers et le fonctionnement du travail en freelance.

C’est également une excellente façon d’apprendre à gérer la relation avec les clients. En effet, faire un site, créer un logo, une campagne de publicité ou écrire un texte, “c’est simple”, le faire en entretenant de bonnes relations avec son client et s’assurer qu’il soit satisfait c’est parfois plus compliqué ! Les plateformes permettent également de travailler son offre, d’ajuster ses tarifs et de prendre confiance en soi. Maintenant nous trouvons principalement notre clientèle via le bouche-à-oreille et notre blog.

Côté rédaction web, c’est encore un peu nouveau pour moi, alors je travaille surtout avec des plateformes, le temps de me constituer un portfolio intéressant et de trouver de la clientèle en direct.

Cette activité te rémunère-t-elle suffisamment pour voyager ?

Au début, nous avons dû rogner sur nos économies. On ne devient pas freelance avec des revenus stables en claquant des doigts. Il faut beaucoup travailler, de mon côté, il a fallu que je me forme et surtout, il faut faire ses preuves.

Aujourd’hui nous vivons plutôt bien grâce à cette activité. Il nous aura tout de même fallu presque un an pour nous stabiliser. Le fait d’être en mouvement, les contraintes liées au voyage et au bateau nous obligent parfois à baisser le régime niveau travail. Cela dit, c’est un choix que nous avons fait ! Et pour le moment cela nous convient parfaitement.

Vivre “à la nomade” est finalement bien moins cher que la vie sédentaire : peu de charges fixes, pas de crédits, nous mangeons local, etc. Nous n’avons pas de loyer vu que nous vivons à bord du bateau, nous restons au mouillage à l’ancre et cela ne coûte rien. Mais même pour un nomade “terrien”, les possibilités pour se loger à moindre coût sont nombreuses : co-living, auberges, “work and travel”, etc.

Je dirais que l’avantage de travailler en freelance est que tu peux ajuster tes revenus à tes besoins. Lorsque nous avons un nouveau projet, nous enchaînons les missions pour le financer. Quand nous voulons profiter de notre voyage, nous baissons la cadence. Il faut trouver son équilibre !

femme sur bateau

Comment t’organises-tu pour travailler en voyageant ?

Ca, c’est la grande question ! Au fil des mois nous avons réussi à trouver un rythme qui nous permet de tout concilier. En fait, nous partageons notre temps en trois phases :

  • Phases de travail actives : nous sommes installés dans un lieu qui nous plaît bien et nous y restons plusieurs mois. Finalement, nous vivons “normalement”. Nous travaillons, allons voir des amis, faisons nos courses, etc. À la différence près que lorsque nous prenons des jours de repos, nous découvrons de nouvelles choses à chaque fois. C’est vraiment très grisant ! Les journées de travail, quant à elles, sont rythmées par les baignades autour du bateau, la confection du pain (impératif quand on est français !) et quelques bricoles sur le bateau qui nous demande toujours un peu d’attention.
  • Phases de transitions : ce sont les moments où nous nous préparons pour les prochaines aventures. Préparation du bateau, avitaillement, réglages des derniers points techniques, tout en terminant nos missions du moment.
  • Phases de voyage : nous levons les voiles et partons à la découverte du monde et de notre prochaine destination. Sauf, pour les grandes traversées qui restent exceptionnelles, nous faisons en sorte de rester disponibles pour nos clients et partenaires. Mais à ce moment-là, nos missions sont bookées.

Je pense que le “secret” réside dans le fait de voyager lentement, en se posant plusieurs mois dans un lieu pour se créer une routine. Le voyage prend plus de sens (à long terme) et on a le temps de se concentrer sur nos activités professionnelles.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer en digital nomad ?

De prendre le temps de se préparer, de se former et de mettre de l’argent de côté, car les débuts ne seront pas forcément très stables niveau revenus. Devenir nomade digital, c’est une liberté énorme, l’avantage, c’est que tu choisis toutes tes contraintes. Mais il ne faut pas oublier que même si elles sont choisies, il faut les assumer ! Et ce n’est pas toujours facile au quotidien.

Lucas a mis quelques mois à vivre de ses revenus et moi autant à me sentir à l’aise dans ma nouvelle vie professionnelle. Il ne faut pas être pressé, une “carrière” ça se construit.

En revanche, je dirais également de ne pas trop attendre pour se lancer ! Commencer à mettre en place des stratégies, faire de la formation, et s’inscrire sur les plateformes avant même de poser sa dem’ et de prendre un billet d’avion.

Bien sûr, mon meilleur conseil est de visiter mon blog No-Mad-Life où je donne tous mes conseils et astuces pour “nomader digitalement” !


Pour en savoir plus sur Sonia et Lucas, suivez-les sur Instagram, sur leur page Facebook et sur leur blog !


Que retenir de l’expérience de Sonia et Lucas ?

  • Les plateformes de freelancing peuvent être des tremplins pour commencer.
  • En digital nomad, il faut savoir voyager doucement pour pouvoir se créer des routines.
  • Prendre le temps de se préparer, de se former et mettre de l’argent de côté avant de se lancer car les débuts ne sont pas toujours très stables !
  • Savoir assumer les contraintes de son statut de digital nomad.
  • Être patient, une carrière ne se construit pas en un claquement de doigt.
  • Ne pas attendre pour se lancer !

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