Un tour du monde pour arrêter de tourner en rond

De psychomotricienne à co-fondatrice de start-up, de Lille à Katmandu, on pourrait croire que ma spécialité est le grand écart. Il est vrai que la psychomotricité s’intéresse aux mouvements et que les miens ont tendance à me projeter toujours plus en avant. Pas toujours facile de suivre le rythme, à tel point que je ne sais plus dire qui de ma remise en question professionnelle ou de mon tour du monde influençait l’autre.


Article invité rédigé par Sixtine Trocheris


J’ai enfin pensé que j’avais fait les bons choix au milieu d’un voyage en bus au fin fond du Népal. J’étais fatiguée et bousculée, mon compte en banque n’était pas épais, je n’avais plus de maison et la totalité de mes possessions terrestres rentraient dans un sac à dos de 60L. La vie était loin d’être parfaite mais je n’aurais troqué mes problèmes du moment pour rien au monde. Je préférais 1 000 fois me demander où je dormirais demain que revenir aux problèmes quotidiens de mon ancienne vie.

A vos marques …

Mon « ancienne vie » c’était d’être psychomotricienne, de prendre en charge des patients (essentiellement des enfants) qui présentaient des retards de développement ou diverses autres pathologies (trouble du spectre autistique, trisomie…) J’avais un grand appartement en ville, un cabinet paramédical que j’avais monté toute seule à 24 ans et qui était passé d’une activité à temps très partiel à mon emploi principal en 4 ans.

Je m’étais imposée dans cette activité libérale quand les mêmes professeurs qui m’avaient appris mon métier un an plus tôt me disaient que je n’étais « pas prête », « trop jeune », « pas assez expérimentée » pour réussir. Les contredire et développer mon cabinet malgré tout a été ma plus grande satisfaction professionnelle de ces premières années d’exercice.

Mais force est de constater que ça ne me suffisait pas. A 28 ans, ma vie me semblait un peu trop étriquée à mon goût.

  • Etais-je vraiment heureuse dans cette ville ou vivais-je là par un concours de circonstances ?
  • Mon travail était-il toujours satisfaisant ?
  • Ma routine quotidienne était-elle un choix volontaire ou un quotidien subi ?
  • Mon métier de psychomotricienne est-il finalement bien fait pour moi ?

Bref, j’étais à fond dans ce qu’on appelle aujourd’hui : la crise de la trentaine.

Je ne me souviens plus exactement comment j’ai fini par prendre ma décision mais toujours est-il qu’à l’été 2017, je commence à organiser mon futur tour du monde en solo.

Image qui illustre le tour du monde

Prêt ?

Mais ce n’est pas un projet « coup de tête » pour autant. Je commence immédiatement ma « to-do list » pour réaliser mon nouveau rêve et la précipitation n’a pas sa place dans ce programme.

Raisonnement logique : voyager cela signifie peu ou pas de revenu, il me faut donc un moyen de financer mon périple. Je n’ai pas d’argent de côté mais j’ai une activité professionnelle qui fonctionne non seulement bien mais de mieux en mieux chaque année. Il va donc falloir que je vende mon activité. Je me laisse donc une année complète pour cesser toute autre activité parallèle et me consacrer à 100% au cabinet pour le développer au maximum avant de le quitter.

Petite contrainte supplémentaire, on a beau parler de vente, je ne cède pas un fonds de commerce mais une liste de patients que je suis depuis plusieurs années. Il me fallait donc trouver quelqu’un qui accepte de racheter mon cabinet mais aussi en qui je puisse avoir confiance pour faire du bon travail.

Je ne m’y attendais pas mais ce sera Lise, ma stagiaire. Un choix idéal car : je l’apprécie, j’ai confiance en elle, elle sait comment fonctionne le cabinet et connaît mes patients. Avec le recul je crois que c’était vraiment une étape cruciale dans ma reconversion car elle regroupe les deux plus grandes leçons que j’ai apprises : savoir reconnaître une opportunité quand elle se présente et écouter les gens qui nous entourent déjà, ils peuvent toujours nous surprendre.

Des étapes très concrètes pour avancer vers mon projet de voyage il y en a eu des tas, plus que je ne peux en citer :

  • trouver un nouveau local pour le cabinet,
  • gérer la transition de praticiens avec les patients,
  • convaincre les patients de nous suivre ailleurs,
  • quitter ma colocation,
  • déménager, …

Mais comme dans une vraie course d’obstacles, il ne faut pas penser à la ligne d’arrivée mais affronter chaque difficulté une par une quand elle se présente face à vous. Et garder en tête ses priorités. Oui, je prévoyais un tour du monde pour l’année 2019 mais pour une raison obscure, l’objectif de base que j’avais en tête était plus simple que ça : être en Australie pour fêter mon 29ème anniversaire en février 2019. J’avais de bien plus grandes ambitions, j’espérais partir bien avant ça, visiter d’autres pays sur la route avant d’arriver en Australie mais j’aurais pu accepter de faire des compromis pour réaliser cette petite chose que je considérais comme « le minimum vital » pour être satisfaite. (Spoiler : j’ai réussi.)

Et j’allais continuer à œuvrer pour réaliser « au moins ça ». Et quand il a été l’heure d’acheter mes billets d’avion, j’étais en bonne position pour acheter un billet d’avion pour l’Australie ainsi qu’une petite dizaine d’autres pour visiter environ 8 pays répartis sur 4 continents.

Mais même à quelques mois de partir et hyper-engagée dans mon projet personnel, je n’étais pas à l’abri d’une nouvelle opportunité à saisir. Cette opportunité est venue par le biais de mon grand frère, Yves, qui était en train de monter son entreprise et qui cherchait quelqu’un pour rédiger du contenu web pour son site internet : Même Pas Cap !

J’avais toujours plus ou moins écrit pour mon plaisir et j’avais bien sûr rédigé des centaines de synthèses pour mes patients mais je n’avais jamais écrit pour les autres et encore moins des articles sur le monde du travail. Mais très vite deux choses m’ont semblé très claires :

  • Frère ou pas frère, quelqu’un qui avait besoin que sa boîte marche et décolle était prêt à me faire confiance pour accomplir un travail pour lequel, sur le papier, je n’avais aucune compétence mais qui me permettrait de les développer.
  • Je pouvais envisager de partir en voyage tout en gardant une activité professionnelle compatible avec ma distance et mes horaires.

Moi qui souhaitais me renouveler et apporter de la variété à mon quotidien, je n’avais aucune raison de refuser. Je pouvais explorer un environnement professionnel différent et décider si cela me convenait ou pas.

J’avais toujours eu un côté très créatif et je pouvais en plus participer à la conception de ce nouveau produit : un programme pour reprendre en main sa vie professionnelle, disponible sur une plate-forme digitale afin de gommer les problématiques de déplacements et de disponibilités.

Une femme sur une montagne qui fait un tour du monde

Partez !

C’est comme ça qu’en janvier 2019, j’ai pu accoucher de mes deux bébés de l’année : mon départ en voyage et le lancement de Même Pas Cap ! Vidéoconférence en tongs au Népal, lecture de mails sur la plage en Indonésie, rédaction d’articles dans des bibliothèques en Australie : j’ai eu l’occasion de mener de front mes deux projets et de construire pas à pas un voyage qui me ressemble, avec une alternance de farniente, de nouvelles expériences et d’un projet professionnel challengeant. J’ai pu en profiter pour aller rendre visite à ma famille et à mes amis aux quatre coins du monde, apprendre à plonger en Nouvelle-Calédonie, faire une retraite de yoga à Pokhara, travailler dans un centre équestre à Perth, apprendre la naissance de ma nièce à Chicago,…. J’ai pris mon temps pour recharger mes batteries, m’émerveiller devant la beauté du monde et remettre à jour l’ordre de mes priorités.

En cours de route, j’ai évidemment commencé à me questionner sur mon retour et ma prochaine aventure. Déjà partie avec mon sac à dos depuis environ 5 mois, j’étais prête mentalement à me projeter dans un futur où mon voyage serait fini.

Très naturellement, mon frère en est venu à me proposer de devenir le client de notre propre produit. Il venait de recruter un nouveau coach professionnel et il était ravi de me proposer de faire le programme de Même Pas Cap ! Moi qui connaissais le programme par cœur, qui avais participé à sa création et à sa mise en place, cela m’a fait un tout autre effet de me retrouver toutes les semaines face à face (via nos caméras) avec mon coach Sylvain pour décortiquer mon parcours professionnel, identifier ce qui était important pour moi dans ma vie pro, déterminer mes valeurs et mes motivations et commencer à imaginer mon futur professionnel.

Cela semble évident aujourd’hui mais j’ai besoin de mener des projets de A à Z et qu’ils soient variés pour éviter de m’ennuyer. J’ai pu aussi identifier que le fait d’avoir des patients similaires (en l’occurrence que des enfants) était trop monotone pour moi et avait participé à mon ras-le-bol au cabinet. J’ai arrêté de tourner en boucle avec les mêmes idées et les mêmes plaintes et accepté de les partager avec quelqu’un de compétent qui a su rebondir sur mes mots, guider mes réflexions et les faire évoluer d’idée à projet. En apprenant à me connaître il a aussi su s’adapter à mes besoins et mes contraintes (envie de liberté tout en travaillant en équipe, flou artistique quant à l’endroit où je voudrais m‘installer à mon retour, etc…)

Avoir un allié dans son camp quand on est en pleine remise en question, ni un membre de la famille, un collègue ou un ami, a été clairement un des gros atouts de ces mois de réflexion.

Les voyages forment peut-être la jeunesse, mais ils ont en tout cas le don de remettre nos vies en perspective.

Des pieds dans l'eau

Quand la ligne d’arrivée n’existe pas.

Il y a 18 mois j’étais psychomotricienne, j’avais monté ma propre activité libérale qui m’occupait à temps plein en banlieue d’une grande ville française. Je réussissais plutôt bien mais je me sentais petite et écrasée par mon quotidien. J’avais littéralement et figurativement besoin d’air. Alors je suis partie pour en trouver. Et en cours de route, j’ai trouvé des gens bienveillants qui m’ont accompagnée dans mon cheminement. J’ai appris que les nouvelles opportunités se cachaient un peu partout, en Nouvelle-Calédonie comme à deux pas de mon ancienne maison. Et que l’essentiel était de trouver ce qui était important pour moi et de me concentrer sur ça.

Aujourd’hui, voyager en solo m’a appris que j’étais ma propre team, que j’étais mon premier réseau de soutien et que je pouvais compter sur moi-même. A mon retour je sais sur quoi je vais bâtir ma reconversion. Je vais assouvir mon besoin de variété en cumulant plusieurs temps partiels ce qui va animer et diversifier ma semaine. Je vais continuer à travailler pour Même Pas Cap !, développer de nouvelles compétences et chercher en parallèle un poste de psychomotricienne. Je sais que j’ai besoin de défendre des valeurs fortes pour m’épanouir dans mon travail. Je ne veux plus jamais considérer mon travail comme superflu mais comme essentiel.

Mon équilibre n’est pas dans un emploi en particulier ou même un lieu géographique. J’ai compris que mon équilibre résidait dans une meilleure connaissance de mes limites, mes besoins et mes valeurs. C’est eux que j’ai besoin d’écouter pour aller vers la prochaine étape de mon parcours en toute sérénité.

Ce que mon voyage m’a apporté ce n’est pas des réponses toutes faites à mes questions mais un mode d’emploi pour savoir « comment » trouver les réponses. 


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