5 enseignements du chemin de Compostelle pour sa reconversion professionnelle

Quelles sont les enseignements que j’ai eus en marchant seule pendant 4 mois sur le chemin de Compostelle et qu’on peut appliquer à sa reconversion professionnelle ? Je vous en donne 5 dans cet article !


Article écrit par Pauline Wald


Je m’appelle Pauline Wald et après une école de commerce, j’ai travaillé sept ans dans le secteur bancaire.

En 2017, j’ai quitté mon travail et mon appartement pour marcher seule en sac à dos, en partant d’Alsace, en direction de Saint-Jacques de Compostelle. C’est alors qu’un nouveau chemin s’est offert à moi : j’ai réalisé le documentaire Chemins de Vie et écrit le livre Marcher vers son essentiel (éditions Eyrolles) qui retrace mon cheminement intérieur pendant cette marche. En parallèle, j’ai poursuivi des études de psychologie et je suis devenue psychologue. 

Mon pèlerinage de 4 mois vers Saint-Jacques de Compostelle a été une grande source d’enseignements dans ma propre reconversion professionnelle. 

Prendre mes peurs par la main et continuer à avancer 

Juste après avoir eu l’idée de quitter mon travail bien payé dans la finance pour marcher, j’ai été submergée par des tas de peurs. La peur la plus forte était celle de me retrouver sans argent et encore plus perdue qu’avant. Il y avait aussi la peur de m’ennuyer, de ne pas aimer marcher. 

La peur est tout à fait légitime. Néanmoins, elle peut nous empêcher d’avancer vers nos envies. 

J’ai identifié chacune de mes peurs et je les ai notées sur un papier. Par exemple : « J’ai peur de me retrouver sans argent. » Puis j’ai questionné chacune d’entre elles : « Est-ce vraiment ma peur à moi ou est-ce que je l’ai empruntée à quelqu’un d’autre ? Quelle est la probabilité que ça arrive ? Ne vais-je pas le voir venir ? » 

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Le tout est de les reconnaître, de les questionner, de les documenter et de faire un premier pas. 

Il y a une chose que j’ai comprise en marchant pendant 4 mois : lorsqu’on traverse une forêt sombre, le chemin ne s’éclaire que lorsqu’on s’y engage. On ne peut pas imaginer ce qui nous attend quelques pas de plus, assis dans notre canapé avec notre mental. Il s’agit de prendre chacune de nos peurs par la main et de continuer sa route.  Le chemin se dévoile au fur et à mesure de nos pas.

C’est pareil dans la reconversion professionnelle. Les peurs vont se présenter. Peux-tu les prendre par la main et continuer à faire un pas devant l’autre ? 

Suivre mon GPS intérieur plutôt que la signalisation extérieure 

Quand on marche sur le Chemin de Compostelle, on a juste à suivre une flèche jaune, le chemin est très bien balisé. Et c’est agréable de savoir quelle route prendre, à chaque croisement, ça apaise le mental.

Sur le Chemin de la Vie, j’ai souvent cherché à me rassurer en suivant un chemin très balisé. J’ai été quinze ans sur une autoroute qui mène à un soi-disant succès matériel et social. « Tu es bonne à l’école, travaille bien pour être prise en classes préparatoires. Bosse à fond en prépa pour avoir une bonne école de commerce. Choisis l’option finance et trouve de super stages pour décrocher un CDI bien payé dans une grande entreprise à la sortie de l’école. Gravis les échelons de la hiérarchie pour passer chef. Maintenant, continue à gravir les échelons, achète ton bien immobilier et fais des enfants avant trente ans… » 

En rentrant de mes 4 mois de marche, lorsque mon entourage m’a demandé ce que j’allais faire de ma vie et que j’ai répondu que j’avais un film à réaliser, on m’a regardé avec de grands yeux en me disant : « Tu n’es pas du métier ! ça ne va pas d’apporter d’argent ! Trouve-toi un job !». Au fond de moi, je sentais que je devais aller au bout de ce projet alors même que je n’avais aucune formation dans l’audiovisuel. Aujourd’hui, je me remercie de m’être écoutée. J’ai découvert un nouveau métier, celui de la réalisation de documentaires, mon film a été projeté une trentaine de fois dans des cinémas, médiathèques et festivals, et j’ai déjà d’autres projets de réalisation.

Lorsque je venais d’être diplômée en tant que psychologue et que j’ai eu un appel fort d’écrire un livre, il s’est passé exactement la même chose. La signalisation extérieure me disait « non » ; mon GPS intérieur me disait « oui ». 

Une des clés de ma reconversion a été de régulièrement demander à mon moi profond, caché sous les couches de conditionnements, ce que j’avais vraiment envie de faire. Indépendamment de l’argent, de la validation de mes proches, et même de mes propres peurs. 

Que ferais-tu si tout était possible ? 

Me concentrer sur les petits pas quotidiens plutôt que sur le sommet de la montagne 

« Un chemin de mille lieues commence toujours par un premier pas » (Lao Tseu). 

Quand j’ai commencé à marcher de Strasbourg en direction de Saint-Jacques-de-Compostelle, je ne croyais pas que j’irais jusqu’au bout. Le Chemin me paraissait tellement long et j’avançais lentement… Ce qui m’a permis d’y arriver, c’est de diviser la tâche à accomplir en petites parties, en petits pas quotidiens. Les deux mille kilomètres peuvent se traduire en un kilométrage par jour, et là, ça devient vingt kilomètres par jour pendant cent jours, par exemple : dix kilomètres par demi- journée. C’est pareil avec la réorientation professionnelle. 

Je peux facilement me décourager en me concentrant sur l’objectif final, le sommet de la montagne. Alors que si je me concentre sur les petits pas quotidiens, je vais avancer. Quand j’ai repris mes études de psychologie, les 5 années m’ont paru très longues au début. En effectuant chaque jour un pas, j’ai avancé.

Il s’agit de diviser la tâche à accomplir en petites étapes quotidiennes, de semer des graines chaque jour. Lorsque j’ai décidé d’écrire le livre Marcher vers son essentiel, je me suis donné l’objectif d’écrire au minimum 1 heure chaque matin au réveil avant même de consulter mon téléphone. Il y a des jours où je me sentais pleine d’inspiration et d’autres où je me contentais de retravailler les textes déjà écrits. Mais j’étais au rendez-vous chaque matin et j’ai achevé le premier jet du livre au bout de 2-3 mois. Je parle plus en détail du processus d’écriture dans cette vidéo.

Quel petit pas peux-tu faire dès aujourd’hui vers ta nouvelle vie ? 

Écouter mon propre rythme 

Je suis partie marcher en été et j’ai terminé le Chemin en hiver : j’ai eu la chance de voir la nature se transformer. Et quelque chose m’a sauté aux yeux : le pommier ne produit pas des pommes toute l’année, mais seulement à un moment précis durant quelques mois. Parfois, il peut ne pas délivrer de fruits plusieurs années de suite, puis produire à fond ensuite. Notre corps a aussi son rythme biologique où il est plus ou moins productif. Nous ne sommes pas si différents du pommier !

Pourtant, on a inventé nos propres lois, et la course à aux résultats en est une. Dans la plupart des entreprises, on a des objectifs à atteindre chaque jour ou chaque semaine, indépendamment de notre propre cycle. 

Sur le Chemin, il y a des moments où j’étais pleine d’énergie ; je pouvais marcher 30 kilomètres et d’autres moments où j’avais besoin d’y aller doucement. Ça n’a d’ailleurs pas été évident d’assumer de ne marcher que 15 km une journée alors que les pèlerins que je retrouvais régulièrement allaient me dépasser, ce qui impliquerait que je les perde de vue. 

Les moments où je me suis forcée à marcher trop vite pour suivre un pèlerin, mon corps a développé un début de tendinite, une manière pour lui de me dire « stop ». 

C’est pareil dans la reconversion professionnelle. Il s’agit d’avancer à son rythme à soi, sans se comparer. Car se forcer à avancer maintenant, c’est être obligé de reculer plus tard, car on aura grillé nos cartouches. Mieux vaut avancer lentement dans la bonne direction que d’avancer vite dans la mauvaise.

5 enseignements pour sa reconversion professionnelle

Ne pas oublier mon « pourquoi »

Si tu es en train de préparer ta réorientation, que tu as un projet de création d’entreprise, ou que tu recherches un emploi en parallèle de ton emploi actuel, tu as sans doute été habité par un « grand pourquoi ». Cette étincelle de vie qui te dit : « change de cap, c’est par là qu’il faut aller ». Tu as certainement été très motivé au début. Puis, comme sur tout chemin, des embûches se sont présentées : des moments de découragement, des résistances, des doutes, un manque de soutien des proches, de la difficulté à se discipliner. C’est dans ces moments-là qu’il faut se demander : c’était quoi mon grand pourquoi à la base ? 

Quand j’ai décidé de partir marcher sur le chemin, j’avais envie me reconnecter à moi-même, de mieux me connaître. Dans les moments où, accablée par le poids de mon sac à dos, je n’arrivais plus à faire un pas devant l’autre, et où je me sentais complètement perdue, je repensais à ce « pourquoi ». Il y a certes eu de grands moments d’inconfort mais le fait d’être hors de ma zone de confort m’a aussi reconnectée à ma créativité. J’ai découvert d’autres facettes de moi en m’accordant ces quelques mois sur le chemin, en me reconnectant notamment à l’écriture (que j’avais mise de côté depuis mon adolescence). Comme l’écrit André Gide, « on ne découvre pas de nouvelles terres sans consentir à perdre de vue, d’abord et longtemps, tout rivage ».  

Ce que j’ai aussi compris, c’est que je n’y arriverais pas seule. J’ai pu arriver jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle grâce à l’aide de dizaines de personnes qui m’ont tendu la main alors que je n’en pouvais plus de marcher. 

Le fait de savoir que je n’ai pas à tout faire seule m’amène à demander plus facilement de l’aide lorsque je suis découragée ou bloquée dans mes projets actuels. Lorsque je réalisais mon film, alors que j’étais sur le point d’abandonner, une amie a apporté son regard précieux sur la première version avec plein de supers conseils et ses encouragements, et ça m’a remise sur les rails. J’ai réalisé que mon grand « pourquoi » ne m’incluait pas seulement moi mais incluait aussi ce tissu social duquel je fais partie. Au lieu de me demander uniquement ce qui me met en joie, je me demande comment je peux être utile au mieux, quelles sont les compétences uniques que je peux mettre au service d’autres personnes. Parfois, on se focalise trop sur le fait gagner sa vie et on oublie de se demander régulièrement : qui ai-je envie d’aider ? Pourquoi ? 

Aujourd’hui, j’ai beaucoup de joie à aider des personnes inspirées à aller au bout de leurs projets de documentaires ou de livres. J’adore l’idée de leur permettre d’ « accoucher » de leurs idées. Cette activité regroupe ma casquette de psychologue mais aussi d’autrice et de réalisatrice d’un documentaire.

Il y a une dernière chose à ce propos dont j’ai pris conscience en marchant, ce sera l’enseignement bonus : j’ai lâché le « mythe de trouver ma voie ». J’ai longtemps cru qu’il fallait que je trouve ma voie pour de bon. Si la nature se transforme constamment au rythme des saisons et des cycles, nous sommes aussi en tant qu’être humains en évolution perpétuelle. Et si j’étais « en chemin » toute ma vie ? 

On a tendance à trop idéaliser la destination, le sommet de la montagne. Le bonheur que j’ai ressenti en arrivant à Saint-Jacques de Compostelle après avoir marché 2000 kilomètres n’a pas duré plus de quelques heures. Je me suis dit : OK, j’y suis arrivée et maintenant, je fais quoi, c’est quoi la prochaine étape ? Lorsque j’ai terminé mes études de psychologie après 5 ans, j’ai senti que je ne voulais plus travailler dans un hôpital comme à mes débuts. Je me suis autorisée à ajuster ma trajectoire. 

J’ai envie de vous souhaiter de trouver votre nouvelle voie pour de bon mais comme ça ne se passe pas toujours ainsi, je vous souhaite surtout de profiter à fond du chemin, ce chemin vers soi. 


Vous pouvez retrouver Pauline, qui nous partage ses 5 enseignements du chemin de Compostelle pour sa reconversion professionnelle sur son site Internet, sur YouTube.

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