Alexandre : journaliste sportif devenu consultant-formateur

Alexandre a rejoint un cabinet de formation-conseil après avoir été journaliste sportif. Il raconte les grandes étapes de ce changement, et comment il a fait pour décrocher un job dans un domaine différent de son parcours initial. Le récap’ est en bas d’article.

Bonjour Alexandre, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

Diplômé de l’ESJ Paris en 2010, j’ai eu une opportunité dans la presse écrite sur internet, sur un site sportif : j’étais en charge de la rédaction d’articles pour le site et de l’enregistrement de voix-off pour les vidéos, ainsi que de la formation des stagiaires et des rédacteurs.

Mais le site a fermé deux ans et demi plus tard, et je me suis retrouvé au chômage suite à un licenciement économique. Pendant un an j’ai continué à percevoir mon salaire intégral, ce qui m’a permis de chercher un nouveau job dans le journalisme sportif sans pression financière. Mais il n’y avait aucune opportunité. J’ai fait des piges pour un site internet de synthèses économiques, ce qui ne me demandait pas tellement de connaissances de fond.

Durant ma deuxième année de chômage, j’ai commencé à élargir mon champ de recherches car c’était le désert dans le secteur du journalisme, et j’avais déjà exploité l’intégralité de mon réseau… Je tenais alors un blog sur le sport que j’avais ouvert, Langue de But. A la fin de la deuxième année, ça devenait compliqué financièrement, et je ne me voyais pas reprendre mes études. J’ai postulé pour être commercial, j’avais des réponses positives pour des entretiens mais les postes ne me plaisaient pas plus que ça.

Puis un jour, j’ai vu l’offre d’un cabinet sur l’APEC : un poste de consultant-formateur, dont les missions étaient d’animer des formations auprès de secteurs variés, de contribuer au développement commercial et de rédiger des articles pour le site. Au départ j’ai répondu sans trop y croire car je n’avais jamais animé de formations en dehors de celles pour les stagiaires. J’ai été reçu en entretien et j’ai réussi tout le process de recrutement.

Pourquoi as-tu postulé à une offre si différente de ton domaine initial ?

J’ai plaisir à échanger, à communiquer et à partager. Je ne me voyais pas faire autre chose que ça, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai fui les métiers en comptabilité, fiscalité etc, lorsque j’ai démarré mes études en IUT GEA au départ, avant l’ESJ. Je retrouvais cette dimension humaine dans cette offre. Mais en toute transparence, lorsque j’ai postulé, elle était assez floue pour moi. 

Comment avais-tu ciblé les offres lors de ta recherche d’emploi ?

Sur l’APEC j’avais mis comme mot-clé “communication”. Je visais très large, je savais simplement qu’il me fallait un job dans lequel j’échange avec les gens.

J’ai commencé par le journalisme car j’aimais partager sur des sujets sans vérité absolue, contrairement aux maths par exemple. Les formations que je fais aujourd’hui, par exemple sur les techniques de persuasion, m’intéressent pour cela. Mon métier est de faire adhérer les participants à un sujet pour lequel ils n’ont pas d’appétence à la base.

Comment t’es-tu formé pour devenir consultant-formateur ?

Sur le tas ! Deux semaine après avoir intégré le cabinet, j’étais en animation de formation. Je pense qu’on ne peut pas être formé à toutes les situations données. Il faut savoir s’adapter et répondre à des situations complexes en faisant jouer son intelligence émotionnelle.

Au départ, je voulais maîtriser à fond tous les sujets. J’ai beaucoup travaillé, beaucoup lu par moi-même, notamment tous les articles LinkedIn qui passaient, ainsi que des vidéos comme celles de Simon Sinek. J’ai appris au contact d’un collègue, grâce à l’observation.

La curiosité et l’observation sont de grandes qualités pour apprendre.

Comment faire pour réussir à se positionner sur un domaine complètement différent ?

Déjà, pour moi, les études ne sont pas nécessaires. Dans mon cas, le point commun entre le conseil-formation et le journalisme est qu’il ne faut pas des connaissances pointues sur le fond mais surtout savoir débattre, écrire… Pas besoin de faire une école de journalisme prestigieuse pour être reconnu ! La preuve, aujourd’hui, peu de journalistes connus viennent du top 3 des écoles.

Pour ceux qui se posent des questions, mon conseil serait le suivant : demandez-vous vers quel univers vous voulez aller, et demandez-vous quelles sont vos forces pour y parvenir. Etudiez le métier, le secteur, et là où il y a un décalage avec vos compétences actuelles. Voyez comment vos talents et vos motivations vous permettent de combler cet écart, et combien de temps cela prendrait.

C’est évidemment différent pour les métiers d’expertise comme les médecins, les experts comptables… Mais dans beaucoup d’autres univers, la connaissance s’acquiert sur le tas. C’est ce que j’ai fait en démarrant dans la formation.

Comment as-tu fait pour être invité en entretien avec ton CV différent ? Et pour être retenu ?

Il faut qu’il y ait un lien entre le job que l’on vise et le job précédent. J’avais fait un lien : ma passion pour les échanges, la communication, l’interaction avec les autres…

Mon conseil est de mettre en avant ce fil rouge qui donne une cohérence. Dans le CV et la lettre de motivation, il ne faut pas hésiter à mettre de côté ce qui n’a aucun lien, car ça embrouille l’esprit du recruteur. Or on a parfois tendance à penser qu’au plus on met d’arguments au plus ça fonctionnera… mais non, le recruteur veut des arguments qui percutent directement, pour se projeter dans sa réalité.

Enfin, je conseille de prendre des risques dans sa lettre de motivation pour se différencier. Il faut éviter de faire une lettre classique, mais plutôt une lettre qui vous est propre, qui va marquer.

Enfin, je pense qu’il ne faut pas hésiter à se déplacer directement dans les locaux de l’entreprise visée.

Quelles leçons tires-tu de cette expérience ?

Tout d’abord, le journalisme, c’est très difficile si l’on n’a pas un réseau clairement établi. Je n’ai pas de regrets par rapport à mon parcours, et jamais je n’aurais imaginé faire ce que je fais aujourd’hui ! Sans cette offre, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui.

Certains veulent poser leur démission mais ne savent pas exactement quoi faire. Mon conseil est d’essayer de sortir de son cadre de référence et de se renseigner sur les secteurs visés.

Les questions à se poser : qu’est-ce qui me booste dans la vie ? Où sont mes talents différenciants ? Les réponses se trouvent dans les recherches, les échanges avec les amis, qui donnent des idées que l’on aurait pas eues seul. Il ne faut pas garder ses idées pour soi ! L’entourage est challengeant, il faut s’entourer de personnes qui ont cet état d’esprit, pas de celles qui incitent à rester dans sa zone de confort.

Ensuite, il faut viser des entreprises ouvertes à la diversité des profils. Beaucoup trop d’entreprises ne font confiance qu’à ceux qui ont les études appropriées. Pour moi c’est une erreur stratégique, mais en France nous avons une forte culture du diplôme. Heureusement, on tend de plus en plus vers un recrutement sur la personnalité.

Ton ultime conseil pour ceux qui veulent changer d’univers professionnel ?

Il faut croire en ses rêves tout en ayant les pieds sur terre. Echanger au maximum autour de soi, cultiver son réseau, comprendre son environnement en toute lucidité.

L’enjeu est de trouver le juste milieu entre la stratégie et le risque. Poser sa démission, oui, courir derrière un objectif stimulant, oui… mais savoir mettre en place une stratégie réaliste, pour ne pas aller dans le mur.

Dans tout changement professionnel il y a du risque : est-ce que je vais bien m’entendre avec l’équipe ? Bien réussir…?

Il faut oser la surprise et accepter l’inconnu pour avancer.

Bref, tendre vers ce qui nous plaît sans se voiler la face, car on est la seule personne à qui l’on ne peut pas mentir.


Le récap’ : Que retenir de l’expérience d’Alexandre ?

  • On ne peut pas se préparer à tout : il est important d’être curieux et observateur pour apprendre sur le tas
  • Il n’est pas nécessaire de reprendre des études pour se reconvertir, sauf pour les métiers d’expertise (médecine, droit…)
  • Se demander vers quel univers on souhaite aller, quelles sont nos forces, et ce qui nous manque encore pour y parvenir
  • Voir comment nos talents et nos motivations permettront de combler cet écart, et le temps que cela prendrait
  • Pour décrocher un job dans un nouvel univers, il faut identifier le lien entre expériences passées et job visé, et mettre en avant ce fil rouge auprès des recruteurs
  • Oser se démarquer dans la lettre de motivation
  • Ne pas garder ses idées pour soi, échanger avec son entourage – si celui-ci nous motive plutôt que de nous freiner
  • Viser des entreprises ouvertes à la diversité des profils
  • Le conseil de la fin : croire en ses rêves tout en ayant les pieds sur terre !

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