Bénédicte : Elle a posé sa dem’ et est retournée sur les bancs de l’école pour se reconvertir dans les RH

Après avoir posé sa dem’, Bénédicte est retournée sur les bancs de l’école pour se reconvertir dans les RH. Dans cette interview, elle nous explique les difficultés traversées mais aussi la joie d’être aujourd’hui épanouie dans son job, elle nous parle également de sa formation, des réactions de ses proches et de la gestion de ses finances. Bonne lecture ! 


Bonjour Bénédicte, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

J’ai toujours eu une aisance pour les cours. Après le collège, je me suis orientée vers une seconde générale. En parallèle, je vivais ma troisième année au sein des Jeunes Sapeurs-Pompiers de ma commune. Cette année a été intense et pour la première fois, je me suis mise à bosser mes cours. Mais au bout du second semestre, avec plusieurs raisons, mes parents m’ont incitée à m’orienter vers une alternance dans le commerce (ma sœur jumelle y était depuis 1 an et s’y éclatait !).

Je me souviens encore du sentiment que j’ai ressenti pendant une après-midi d’essai dans ce magasin de confiseries : je me sentais dans une boutique du roman Harry Potter (et oui, je suis fan). L’essai a été concluant : j’en suis sortie avec une proposition d’apprentissage.

Et voilà comment tout a commencé. Un couple de gérants extraordinaires ! Ils m’ont appris à travailler avec envie, par plaisir et m’ont aidée à développer des compétences qui sont devenues de véritables bases solides. Et puis ensuite est venu le CDI, avec eux, une ouverture d’une seconde boutique, une gestion progressive de cette dernière, des missions de plus en plus avec des responsabilités : du recrutement, de la gestion, de la formation de nouveaux arrivants.

Et puis, la boutique a été vendue. Un style de management différent, une volonté de travail différente, mais une cassure réelle de compatibilité de valeurs. Net. La nouvelle gérance semblait douter de mes compétences allant même à me demander une photo de panier pour ensuite me demander le sens du scotch de fermeture. Grosse perte de confiance en moi, je me suis mise à douter, douter de mon travail, de tout ce que j’avais appris. La seule chose qui ne changeait pas : ces sourires que nous échangions avec cette clientèle que j’affectionnais tant.

Pourquoi as-tu quitté ton job ?

L’élément déclencheur de ma décision : une réunion organisée par la nouvelle gérance, un vendredi soir, avec les deux équipes. Je me suis sentie attaquée ouvertement, devant les équipes, un sentiment d’humiliation. Je ne m’y attendais pas du tout et ne m’y étais encore moins préparée. Je me souviens d’avoir décliné leur proposition de manger les pizzas tous ensemble, d’attendre d’arriver à ma voiture et d’avoir pleuré, pleurer comme rarement cela m’est arrivé. J’avais perdu mon repère, mon travail, celui pour lequel j’avais tant donné et qui par le passé m’avait tant donné en retour.

Mais le lendemain, ce samedi : jour travaillé, un 9h/20h en pleine saison. Ce samedi, je ne peux vous le raconter, un évanouissement, une baisse de régime, je ne me souviens de rien. Après coup, le médecin me l’a qualifié en « amnésie post-traumatique ».

Comment s’est passé ton départ ?

Le lundi suivant, au courrier, partait en LRAR ma démission, avec un préavis d’un mois que j’ai effectué. J’avais pris ma décision le dimanche, avec le soutien de mon mari (qui ne l’était pas encore), de mes parents, de ma famille. Pourquoi une démission si soudaine ? Je ne pouvais pas me permettre cet état psychologique, non, pas avec mon petit garçon de 6 ou 8 mois.

J’ai décidé très rapidement, certains penseront que c’est de l’imprudence, mais pour moi, je peux l’avouer, c’est une force de savoir dire stop et de regarder l’avenir en quête de son bonheur. J’ai eu le courage de rompre ce contrat, ce lien avec cette boutique, cette enseigne que j’affectionnais tant. Oui, j’ai eu le courage de m’écouter, écouter mon bien être, pour vivre mieux auprès de la famille que je construisais.

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ?

En me rendant à des portes ouvertes d’école. Au départ, encore dans l’inconnu, je m’orientais vers un BTS dans le commerce. Mais quand on m’a présenté le BTS Assistante de Gestion avec une polyvalence de cours et donc de missions : j’ai retrouvé l’envie. L’envie de me battre et de réussir ce challenge : la paie, la gestion des contrats… Et si finalement c’était pour moi ?

Tu as donc repris tes études, tu nous racontes ?

En BTS, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes de mon âge, avec ou sans enfants, également en vie maritale, mais pas que. Ce fût une grande aide pour vivre ce chamboulement. Je pense que le plus difficile s’était de se lancer. Un fois en cours, les sujets sont divers et il fallait suivre (mon BEP validé en alternance, mon BAC par VAE).

Il y a eu de grosses craintes, des moments de doutes aussi. Par chance, mon alternance me permettait de finir vers 15h l’après-midi. Je récupérais mon petit de deux ans directement ou alors je faisais mes devoirs (oui oui, des devoirs à la maison) et je le récupérais ensuite. Mes journées étaient programmées à la minute ou presque (cours, boulot, enfant). Pendant le Bachelor Responsable des Ressources Humaines, mon rythme s’est intensifié (1 heure de route matin et soir cumulée à des horaires de journées.).

Plus d’une fois, j’ai voulu renoncer. En effet, les cours me semblaient dérisoires, je n’avais pas vraiment l’impression d’accroitre mes connaissances. Heureusement, j’ai eu la chance d’intégrer un service RH qui m’a apporté tout ce que je recherchais et plus encore. Un climat de confiance s’est installé rapidement, accompagné d’une véritable autonomie. J’ai pu acquérir des compétences RH rapidement. Et c’est en partie ce qui m’a permis de supporter cette année supplémentaire, si intense mais tellement formatrice et enrichissante.

Comment ont réagi tes proches ?

C’est très varié, à vrai dire. Certains ont (et heureusement) eu des réactions très positives, que ce soit au début ou pendant la formation, et encore même aujourd’hui. Et ils ont été essentiels à ce que mon projet perdure sereinement.

Mais il y a eu les autres. Que ce soit des amitiés plus ou moins proches, certains n’ont pas compris. Au départ, cela faisait rire d’entendre parler de cours, de devoirs à rendre, d’examens blancs ou de dossiers de 30 pages. Puis au fur et à mesure, je pense que ces personnes ont compris que pour moi, ce n’était pas que pour rire. Que mon projet était un véritable changement de vie, pour moi, mon conjoint, mon enfant. Et j’ai dû faire face à de vives critiques, des reproches bref des propos nocifs. Et même si aujourd’hui je ne comprends toujours pas leurs réactions, je suis heureuse de ne pas les avoir écoutés. De ne pas me laisser impacter par cette négativité mais d’avoir avancé sans ceux, et avec ceux qui souhaitaient réellement être à mes côtés.

En quoi consistent tes activités aujourd’hui ?

En poste de technicienne des RH, depuis quelques mois, j’ai un poste très polyvalent. Aucune de mes journées ne se ressemblent, toutes les semaines, des imprévus sont à traiter.

Globalement, mes missions consistent à gérer toutes les demandes managériales en termes de recrutement (de la validation par la direction, à l’intégration de la personne), l’administration du personnel, la préparation et le contrôle des bulletins de paie, des déclarations en termes d’accident du travail, d’arrêts maladie, d’absences. Je suis amenée à traiter du disciplinaire, de la gestion administrative de CSE, de NAO, des suivis de visites médicales aussi.

Mes journées ne se ressemblent pas et c’est un véritable challenge. Après plusieurs contrats que j’ai décidé de rompre, je me réjouis du poste que j’occupe. Je pense même avoir atteint mon objectif : trouver un travail où je me retrouve et qui me donne envie de travailler par passion et plaisir.

Comment as-tu géré la transition financièrement ?

Alors j’avoue ce côté-là a été compliqué à gérer. Ma démission, je l’ai donnée 1 mois après avoir emménagé dans une maison, avec un prêt immobilier pour 25 ans, un bébé de 6 mois, bref pas la bonne période !

Une perte de salaire conséquente, sans droit au chômage. Même si le salaire de mon conjoint était correct, il a bien fallu compléter les revenus du foyer, le temps de trouver une alternance. J’ai donc toujours travaillé, en vente, ou même en agent de production via du contrat de travail temporaire. Il faut l’avouer, une reconversion comme celle-ci amène une forte instabilité financière à la maison. Nous avons dû restreindre certaines dépenses, certaines sorties aussi. Je pense que si nous avons surpassé cette difficulté, c’est aussi grâce à une solidité de couple. Sans cette confiance mutuelle entre mon conjoint et moi, il aurait été impossible de vivre cette reconversion sans perdre pied dans ce gouffre financier.

Quelles sont les difficultés d’une reconversion selon toi, et comment les dépasser ?

Le plan financier dans un premier temps c’est certain. Sans une vision commune de la perte financière engendrée et sans confiance envers l’autre, il aurait été difficile pour moi d’entamer ce projet.

Mais pour moi, la difficulté, ce sont les proches. Enfin ceux qui sont proches avants mais qui sans s’en rendre compte deviennent nocifs. C’est cette épreuve qui a été la plus difficile à surmonter et je pense que lorsqu’on a un projet comme celui-ci, il faut s’y préparer. J’aurais apprécié, je vous l’avoue, savoir l’impact considérable qu’un proche peut avoir sur une reconversion professionnelle.

Heureusement, il y a tous ceux qui restent compréhensifs et présents jusqu’à la fin. Et c’est entre autres, grâce à ceux-là, que j’ai réussi à tenir bon !

Comment as-tu géré ta vie de maman et ta reconversion en parallèle ?

En tout honnêteté, j’ai essayé de faire au mieux. Le peu de temps que je pouvais avoir avec mon fils lui était consacré. Je faisais mes devoirs le soir après le coucher du petit ou je m’accordais quelques heures après le travail lorsqu’il était à la nounou/garderie. Je n’ai pas ce sentiment d’avoir manqué des étapes cruciales… Mon mari finissait vers 19h00 et revenait à la maison une demi-heure plus tard. Donc cela a été très dur mais j’ai toujours pu compter sur lui pour prendre le relai sur le coucher ou le quotidien de la maison.

Bien sûr certains diront que j’ai été égoïste mais lorsque mon loulou a pu parler et comprendre, je lui ai expliqué : si Maman est fatiguée c’est qu’elle va à l’école et au bureau pour avoir un super travail ensuite. Parfois lorsqu’il était fatigué et moi aussi, il en pleurait (pas facile ce rythme pour un petit : un retour à la maison à 18h30 avec un timing serré pour un coucher vers 20h30 idéalement). Il suffisait de me poser, avec lui, et d’en parler. En général, cela finissait par un gros câlin et ça nous faisait du bien à tous les deux.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite entamer une reconversion ?

Mon premier conseil si tu souhaites changer de métier, c’est de s’écouter. Bien sûr, il faut en premier temps évaluer le projet (comment y accéder, quelle formation, quelle perte financière est possible sans subir un gouffre à chaque fin de mois).

Il faut, je pense, être consciente de l’impact que cela va avoir sur ta vie personnelle. Le foyer en subit quelques dommages, des amitiés se perdent mais d’autres se renforcent. Mais si tu t’écoutes, toi et tes envies, alors le meilleur conseil sera de te dire de foncer !

Je lis souvent que trop de personnes se reconvertissent et se retrouvent sans poste après tout ce beau chemin parcouru. Alors un second conseil, reste toi-même, sois fier de toi, tout au long de ton projet, fier de ta réussite, non pas forcement que d’un diplôme obtenu mais déjà de t’être lancé dans ce projet. Car finalement, tu sauras mieux que personne te valoriser pour ton futur poste  si toi-même tu es convaincu de tout le chemin parcouru.


 Que retenir de l’expérience de Bénédicte ?

  • Ecoutez-vous, pensez avant tout à VOTRE bien-être.
  • Retourner sur les bancs de l’école n’est pas facile et demande une certaine organisation mais c’est une belle opportunité pour se former et commencer une nouvelle vie professionnelle.
  • Ne prenez pas en compte les remarques négatives et/ou non constructives de vos proches. Vous seul.e savez ce qui est bon pour vous et ce qui vous permettra d’être épanoui.e professionnellement.
  • Une reconversion ne se fait pas en un claquement de doigts et c’est tant mieux : prenez le temps d’évaluer l’impact que ce changement de situation aura sur tous les autres aspects de votre vie.

Vous pouvez retrouver Bénédicte, qui est retournée sur les bancs de l’école pour se reconvertir dans les RH, sur son compte LinkedIn


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