Johanna : L’histoire d’une multi-reconvertie qui a trouvé sa voie dans l’éducation

Après avoir changé de vie professionnelle plusieurs fois, Johanna a démissionné et a trouvé sa voie dans l’éducation avec un blog, « Learneuse ». Dans cette interview, cette serial-reconvertie nous parle de ses différentes expériences professionnelles et de ce qu’elles lui ont apporté, de comment elle a trouvé sa voie dans l’éducation et elle donne d’excellents conseils à tous ceux qui rêvent de sauter le pas. Une belle interview pleine d’inspiration à lire et relire sans modération ! 


Bonjour Johanna, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

A presque 50 ans, on pourrait dire que je suis une pluri-reconvertie enfin heureuse et assumée.

En 25 ans, j’ai changé 8 fois de métier, avec parfois l’impression de faire le grand écart, mais en retombant toujours sur mes pieds.

Le fil conducteur de ce parcours en zig-zag repose sur 2 mantras: « apprends toujours et encore » et « préserve l’équilibre de ta vie familiale ».

Lorsque j’ai eu mon diplôme d’ingénieur agronome, je n’avais pas de plan de carrière en tête. J’ai démarré avec un job plutôt technique. Chemin faisant, j’ai réalisé que j’avais besoin d’élargir mes horizons. A la fin de mon CDD, j’ai repris les études pendant 1 an pour m’initier à la gestion d’entreprise.

Cette double compétences m’a effectivement ouvert des portes. J’ai rapidement trouvé un poste de responsable commerciale dans une start-up agricole où je me suis vraiment épanouie pendant 3 ans.

Puis, je me suis mariée et j’ai eu mon 1er enfant. Mon boulot était très prenant,  j’étais souvent en déplacements.

Fatiguée et frustrée de ne pas voir mon bébé, j’ai trouvé un emploi plus sédentaire, un poste d’animatrice économique. Je ne me suis pas ennuyée un seul instant dans cet environnement innovant. Le revers de la médaille : des réunions récurrentes qui se terminaient tard le soir.

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Quand j’ai eu ma 2ème fille, je me suis dit que je ne pourrai pas tout avoir : un job passionnant et du temps pour ma petite famille. J’ai tranché. J’ai pris un congé parental.

Cela m’a fait un bien fou de prendre le temps de materner. Cela dit, conduire des projets me manquait. Pour résoudre l’équation équilibre vie familiale/vie pro, j’ai démissionné de mon job et je me suis lancée dans la création d’un e-commerce. Cela semblait être la solution idéale. Sauf que la réalité de l’entreprise m’a très vite rattrapée. Je faisais tout toute seule. J’étais débordée. Le chiffre d’affaires augmentait mais pas suffisamment pour que l’entreprise soit viable. Au bout de 2 ans, j’ai dû liquider.

Un peu sonnée par cet échec, j’ai décidé d’arrêter de travailler et de me recentrer sur l’essentiel. Un petit garçon a entre-temps pointé le bout de son nez. J’ai repris un congé parental. J’avais besoin de mettre du sens dans ma vie.

Soucieuse du bien-être de mes 3 enfants, j’ai commencé à m’intéresser à l’éducation alternative. Tout naturellement, nous nous sommes lancés dans l’instruction en famille pour permettre à nos enfants d’apprendre à leur rythme.

Ces 6 années passées avec eux à plein temps n’ont pas été de tout repos. Et pourtant, j’ai appris énormément de choses en les accompagnant. Nous avons visité des tas de musées, nous avons voyagé, nous avons rencontré des personnes de tous horizons.

Je faisais quelques vacations dans un centre de formation pour arrondir les fins de mois. Il m’est arrivé parfois de douter en me disant que j’étais inconsciente d’avoir laissé ma carrière de côté. Mais J’avais tissé des liens forts avec mes enfants. ça n’avait pas de prix. J’ai compris que j’avais fait le bon choix quand un jour une de mes filles m’a écrit ce petit mot : « Maman, j’adore ma vie ».

Cette belle parenthèse a duré 6 ans. A 40 ans, j’ai dû me remettre à la recherche d’un job avec un gros trou dans mon CV. Heureusement, le conseiller APEC qui m’a accompagnée a vu les choses autrement ! Il m’a aidée à prendre conscience de la richesse de mon parcours. Avec seulement 6 candidatures et 2 entretiens, j’ai pu remettre le pied à l’étrier et être embauchée dans un poste sur mesure : conseillère création d’entreprise.

Pendant 3 ans, je me suis éclatée. Malheureusement, l’entreprise pour laquelle je bossais a perdu des marchés. A cette époque, je commençais à m’inquiéter sur la stabilité de ma situation. Les enfants grandissaient. Il allait falloir financer leurs études.

Un peu à l’instinct, je me suis inscrite à un concours de la Fonction Publique. Travailler pour l’intérêt général et contribuer à faire évoluer les politiques, pourquoi pas ? J’ai donc préparé ce concours, seule, à ma façon, pendant 4 mois. Et contre toute attente, je l’ai eu !

J’ai alors démissionné pour occuper un poste d’attachée territoriale dans une grosse structure. Au bout de 18 mois, j’ai dû redémissionner car un poste de rêve se libérait près de chez moi. A 46 ans, je ne pouvais pas rater cette opportunité. J’ai postulé et je suis devenue responsable économique dans une collectivité à taille humaine, à 20 minutes de mon domicile.

Pourquoi as-tu quitté ton job, quel a été le déclencheur ?

Je me suis investie dans cette mission avec cœur au côté d’une équipe de direction ouverte. Le principal enjeu était d’accompagner les agents et les élus dans une phase de changement éprouvante pour les collectivités.

Le souci, c’est que je n’ai pas su doser mon investissement. Au bout d’1 an, j’étais déjà épuisée mentalement. Ajouté à cela, j’étais inquiète car un de mes enfants était en décrochage scolaire.

Comment s’est passé ton départ ?

J’ai réfléchi pendant 1 mois pour savoir comment j’allais gérer cette situation. J’ai d’abord parlé de mes difficultés à ma RH qui a été très à l’écoute.

Puis, j’ai décidé d’être transparente avec ma direction et mes élus. Nous nous sommes réunis. Je leur ai expliqué que j’aimais mon travail mais que mon état de santé ne me permettait pas de continuer à ce rythme. Ils m’ont d’abord proposé de passer à temps partiel pour quelques mois. J’ai très vite écarté cette possibilité car je ne me sentais pas d’assumer mes responsabilités de manager à mi-temps.

Je ressentais l’urgence de me recentrer sur ce qui me préoccupais le plus : ma santé et mon enfant. J’ai demandé une disponibilité pour convenances personnelles de 3 ans qui a été acceptée.

Pour faciliter mon remplacement, j’ai participé au recrutement de mon successeur et il y a eu quelques jours de tuilage. Cela m’a permis de partir le cœur léger en restant en bons termes avec ma collectivité.

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ?

A la maison, j’ai réappris à retrouver un rythme acceptable et j’ai pu prendre le temps d’accompagner la scolarité de ma fille.

Pour le fun, j’ai démarré un blog sur les apprentissages et l’éducation alternative. Je l’ai baptisé « Learneuse » en clin d’oeil à mon profil de serial-apprenante. J’y encourage les jeunes et les adultes qui ont galéré à l’école à apprendre autrement et avec plaisir. Le contenu s”inspire largement des expériences vécues avec mes enfants.

Bloguer nourrit mon envie d’apprendre et de partager.

Pendant ma disponibilité, l’idée d’en faire une activité sérieuse a germé dans mon esprit. J’ai investi mes économies dans une formation pour savoir comment bloguer comme une pro.

Les recherches sur les neurosciences et les techniques d’apprentissage que je faisais me passionnaient.

J’ai réalisé que partager un temps partiel entre ma collectivité et une activité de coach en apprentissages pourrait être un bon compromis pour trouver un équilibre de vie. Je me suis donc inscrite à une formation pour me professionnaliser.

Comment ont réagi tes proches ?

Tout ce parcours a été possible grâce au soutien inconditionnel de mon mari. Il me soutient moralement. Il a toujours pris le relai au quotidien quand j’avais besoin de temps pour mes projets. C’est un papa très présent. Il incarne la stabilité. Cela fait 35 ans qu’il fait le métier de ses rêves.

Les enfants sont amusés de voir que leur maman blogue et se lance sur Youtube. Ils m’aident à comprendre les codes des réseaux sociaux. La plus grande contribue au projet en créant des visuels pour le blog et en participant au montage vidéos.

Mes parents, quant à eux, ont très peur que je perde mon job de fonctionnaire. Malgré cela, ils ont un regard bienveillant sur mes avancées.

En quoi consistent tes activités aujourd’hui ?

50 % de mon travail consiste à créer du contenu de qualité pour apporter des conseils concrets aux lycéens, étudiants et aux adultes en formation. J’écris des articles, des e-books, je crée des vidéos et depuis peu, j’interviewe des experts. Cela nécessite un travail de recherche et de synthèse énorme ! En général, toutes mes matinées sont dédiées à la création de contenu.

Je commence à récolter le fruit de mes efforts puisqu’ aujourd’hui 1 millier de personnes sont abonnées au blog. Mon objectif est de lancer une formation en ligne d’ici fin 2021 pour accompagner les personnes qui préparent des examens et des concours.

Je consacre l’équivalent d’1 journée par semaine pour réaliser des coachings individuels à distance et l’équivalent d’1 journée pour progresser sur les techniques apprises en formation comme la lecture rapide et le mindmapping.

Le reste du temps est consacré à la promotion du blog et aux interactions avec mon réseau.

Comment gères-tu la transition financière ?

En disponibilité, je ne touche aucun salaire.

Jusque-là, j’ai réussi à payer les formations et à couvrir les frais du blog grâce à mes économies et au soutien financier de mon mari. Nous vivons sur son seul revenu. Cela implique quelques sacrifices : moins de vacances et moins de shopping superflu.

J’ai décidé cette année de créer une auto-entreprise avec l’autorisation de ma collectivité pour pouvoir facturer mes premiers accompagnements.

Quelles sont selon toi les difficultés d’une reconversion ? Comment les dépasser ?

Le mot « reconversion » donne l’impression que l’on doit tout recommencer à zéro pour changer de métier, ce qui peut sembler insurmontable pour beaucoup de monde.

En fait, à force de changer de job, j’ai réalisé que j’ évoluais, tout simplement, et que je pouvais capitaliser sur des compétences acquises dans mes expériences précédentes. Pour m’adapter, j’ai principalement travaillé les compétences suivantes : Apprendre à apprendre, m’organiser, persévérer, réseauter. Elles sont transférables dans tous les domaines.

La peur de se mettre en danger financièrement est souvent très présente. Une reconversion se prépare et peut se faire en douceur. Pour cela, la clé est l’anticipation. Je suggère de ne pas attendre le burn-out ou le point de non retour pour envisager un changement de profession. De multiples solutions sont possibles pour passer le cap sans fragiliser son compte en banque, à condition d’avoir le temps de les mettre en place.

Enfin, démarrer dans un nouveau métier nécessite de sortir de sa zone de confort. Cela demande beaucoup d’énergie de se familiariser avec un nouvel environnement et d’apprendre de nouveaux savoir-faire. J’ai observé qu’il y avait toujours un cap difficile à passer où l’on se dit : « Je n’y comprends rien ! ». J”ai aussi constaté qu’au bout de quelques mois, à force de travail, le puzzle prenait forme. On finit toujours par trouver ses marques.

Ayez confiance dans vos capacités d’apprentissage. Le secret est de faire preuve d’humilité, de passer à l’action, d’oser se tromper et de réajuster en continu.

As-tu des enfants ? Comment as-tu géré ta vie de maman et ta reconversion en parallèle ?

Mes enfants sont ados maintenant.Ils sont autonomes tout en ayant besoin d’une présence pour échanger lorsqu’ils se posent des questions sur leurs vies.

Le fait de travailler à la maison me permet d’avoir plus de temps pour les écouter et les soutenir.

Je dois cependant veiller à mettre des limites.

Le risque lorsque l’on bosse chez soi est de ne pas s’accorder de pauses. Je m’oblige à stopper toutes mes activités le soir à 18h30 et le week-end.

De même, je rappelle régulièrement à ma petite famille que mon travail est un vrai travail avec des contraintes et des échéances. Je suis à la maison mais je ne suis pas forcément disponible 24h sur 24h pour faire le taxi ou dépanner pour une course.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite entamer une reconversion ?

La clé d’une reconversion réussie passe d’abord par la connaissance de soi : ses forces, ses limites, ses besoins, ses valeurs. J’encourage les personnes qui veulent poser leur dem’ à réaliser ce travail d’introspection avant de plonger.

Parfois, on se construit une image idyllique du métier de rêve. Pour découvrir toutes les facettes de votre futur métier, allez à la rencontre de professionnels du secteur, demandez leurs de vous raconter la réalité de leur quotidien et faites des stages.

Entourez-vous de personnes positives. Vous pouvez par exemple intégrer un réseau d’entraide. Personnellement, je fais partie de plusieurs groupes comme celui de Pose ta Dem’. Partager les galères et les solutions avec des personnes qui vivent les mêmes choses aide à rester motivée.


Que retenir de l’expérience de Johanna ?

  • Se reconvertir ne signifie pas nécessairement tout recommencer ou repartir de zéro mais plutôt évoluer. 
  • Réfléchissez à vos compétences transférables : Que faisiez-vous avant ? Quelles compétences utilisiez-vous ? Comment pourriez-vous les utiliser aujourd’hui ?
  • Anticipez votre reconversion lorsque vous le pouvez : réfléchissez-y et construisez-vous un beau filet de sécurité solide !
  • Sortir de sa zone de confort n’est pas facile mais ne vous découragez pas et laissez faire le temps, vous finirez par trouver vos marques ! 

Vous pouvez retrouver Johanna, qui a trouvé sa voie dans l’éducation, sur son site Internet et sur sa chaîne YouTube.


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