Mathieu : Se lancer sans se ruiner grâce au marketing digital

Mathieu Maréchal, co-fondateur de Audreytips.com, a toujours été entrepreneur, dans deux domaines différents : la traduction puis le marketing digital. Il partage avec nous son expérience, mais pas que : il nous parle personal branding, marketing digital, organisation entre vie familiale et entrepreneuriat, ou encore départ de Paris pour Nantes !

Bonjour Mathieu, raconte-nous ton parcours en toute transparence ?

J’avais 9 ans lorsque mes parents et moi sommes partis aux Etats-Unis pour trois ans. J’y voyais beaucoup d’entrepreneurs ou de freelances et ça a probablement influencé mon parcours ! Je me souviens que lorsque je faisais mes études d’informatique et de management à Paris, les autres faisaient des stages, et moi je n’avais qu’une envie : monter ma boîte. J’ai lancé une agence de traduction linguistique en master 1, TradOnline, et j’ai trouvé suffisamment de clients pour justifier de ne pas faire de stage. Pour autant, il me fallait quand même payer mon loyer et me nourrir donc j’ai trouvé un job en gestion de projet informatique dans une banque. J’y suis resté 5 ans bien que ça ne m’ait jamais vraiment plu. Je n’ai pas réussi à obtenir une rupture conventionnelle mais on m’a licencié peu de temps après.

Suite à cela, je me suis replongé dans TradOnline où je travaillais en tandem avec ma mère qui est traductrice professionnelle. Ce n’était pas évident alors j’ai pris un associé en 2008, 7 ans après le lancement de l’agence. On a pu avancer plus vite, embaucher une première salariée en 2010 et à partir de là, il y a eu un effet boule de neige : 12 salariés en 2 ans, ouverture d’une filiale en Espagne, puis en Inde. En 2013, j’ai eu une proposition de rachat que j’ai refusé et j’ai eu comme un déclic, j’ai commencé à me poser des questions. Quelqu’un était prêt à investir de l’argent pour acheter ma boîte ! J’ai réfléchi et puis je commençais à avoir envie de faire autre chose. Mon associé est parti en 2014 et j’ai consacré l’année suivante à tout faire pour vendre l’entreprise. Mission réussie en 2016. Pendant environ 3 mois, ça a été compliqué, je n’avais rien à faire… puis j’ai créé Audreytips.com avec un nouvel associé, Laurent.

Explique-nous ce que tu fais avec Audreytips.com ?

Audreytips.com est un site web référence pour les entrepreneurs qui traite de marketing digital et propose des guides, des tutoriels etc. L’objectif est d’être utile à nos lecteurs. On produit du contenu gratuit dont le seul but est d’aider les entrepreneurs à comprendre le marketing digital et mettre en œuvre des bonnes pratiques pour générer du trafic afin qu’ils trouvent des clients. En plus de ce contenu gratuit et accessible à tous, on propose des offres payantes pour accompagner personnellement nos clients.

Pourquoi avoir choisi ce nom « Audreytips » ?

Etant donné que le personal branding est au centre des attentions, c’est une question que l’on nous pose souvent. On ne voulait pas que le nom soit Lolo et Mathieu ou quelque chose dans ce genre…  Choisir de prendre nos noms risquait aussi de poser problème si un jour nous avions d’autres associés. On a donc préféré créer un personnage fictif pour porter notre message avec une touche d’élégance.

On est également conscients qu’internet est plein de publicités d’infopreneurs promettant des miracles, et c’est précisément ce que l’on voulait éviter. On a un peu cherché qui était l’incarnation par excellence de l’élégance et une de nos inspirations a été Audrey Hepburn. On a tout de suite été séduits par le prénom Audrey. Il y a entre 10 à 20% des gens qui ne comprennent pas ou n’adhérent pas à notre choix, et les 80% restants aiment l’idée. Cela ne nous empêche pas d’avoir nos propres profils sur les réseaux sociaux, et quand on entre en contact avec un client c’est avec ce vrai profil ! On est toujours présents pour rassurer le client potentiel, il sait qu’il y a des experts derrière le personnage d’Audrey.

Penses-tu qu’il soit indispensable de s’associer pour monter une boîte ?  

Au début j’avais commencé à faire du coaching-conseil sans savoir où j’allais. Ensuite, j’ai commencé à travailler avec Laurent sans savoir vers quel type d’activité nous allions nous diriger. Lorsque l’on s’est associés, il n’y avait pas vraiment de réel enjeu. L’enjeu est arrivé avec les résultats. Ça s’est fait naturellement, jamais je ne me suis dit “il faut que je trouve un associé”.

Comment vous organisez-vous au quotidien ?

Laurent est à Paris, moi à Nantes. Chacun de nous travaille depuis son domicile. L’organisation n’est pas encore optimale mais ça marche déjà très bien ! On se parle tous les jours même si ça impose de pousser la communication plus loin que si on était dans le même bureau. Il faut être organisé pour que l’autre sache ce qu’il est en train de se passer ! En conclusion : il est possible de travailler pour la même boîte sans être au même endroit !

Tu travailles donc depuis ton domicile, comment le vis-tu ?

A titre personnel c’est ma façon de travailler depuis 2008, je ne me pose même plus la question ! J’ai lu à plusieurs reprises que le télétravail nous influence à rester en pyjama, mais en ce qui me concerne ce n’est pas le cas. Je m’organise exactement comme avant, et en plus j’amène ma fille à l’école donc je suis bien obligé de m’habiller ! Se motiver et travailler n’a jamais été un souci pour moi car j’ai toujours cette envie de trouver des clients. Pour lutter contre la solitude, c’est bien d’avoir un associé, je recommande également d’aller à des conférences et des événements régulièrement (au moins deux fois par mois). Dans ma ville, on a même organisé des déjeuners avec d’autres indépendants et entrepreneurs. C’est important de rejoindre des réseaux.

Tu as fait de la traduction, aujourd’hui du marketing digital… Explique-nous en quoi consistent exactement ces métiers ?

Le traducteur freelance travaille de chez lui et ses clients sont en grande majorité des agences de traduction en intermédiaire, sinon ce sont des clients directs, mais cela reste assez rare. On passe la journée à travailler sur PowerPoint, Excel, InDesign, avec des outils spécialisés qui aident à la traduction. Il faut bien avoir en tête que c’est un métier qui devient de plus en plus technique avec des outils de Traduction Assistée par Ordinateur assez compliqués à maîtriser. Il ne faut pas juste être un amoureux des lettres pour s’épanouir dans ce métier !

Ensuite, le marketing digital couvre énormément de choses. C’est passionnant !  Certains professionnels sont très spécialisés (SEO, rédaction web, ou AdWords, par exemple) donc il faut savoir de quoi on parle ! Le mieux est de choisir sa spécialisation selon ses appétences. Il y a aussi beaucoup de leviers psychologiques à comprendre car on essaie de convaincre des clients, notamment avec de la publicité, du social selling, des sites web bien travaillés, pensés pour le client…etc.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se former en marketing digital ?

J’ai beaucoup appris « sur le tas » et j’ai aussi l’avantage d’avoir été entrepreneur, donc j’ai une posture client, que l’on n’a pas forcément quand on a été salarié. Je pense que dans le marketing digital, et de façon générale d’ailleurs, il faut toujours se mettre à la place du client : comment il va réagir en lisant cet article, en regardant ce site…

Ce n’est pas toujours évident d’avoir ce réflexe et il ne s’acquiert pas avec un diplôme. C’est l’expérience qui permet de le développer, il faut bosser des mois, des années, en l’appliquant pour l’intégrer. Il y a des diplômes, des certifications bien sûr, notamment sur LiveMentor. Mais je pense qu’il n’y a rien de mieux que de lire (sur AudreyTips !) sur les outils et surtout de les pratiquer. Par exemple prendre un hébergement chez OVH, et installer WordPress, ne coûte pas plus cher que 2 euros par mois. Ensuite, rien de tel que d’écrire des articles, se confronter à Yoast SEO, écrire une newsletter, comprendre pourquoi des gens s’inscrivent à la newsletter ou pas, y’a-t-il du trafic sur le site ? le nombre de visiteurs uniques augmente-t-il ? Est-ce qu’il y a des commentaires ? etc.

Le plus important à retenir c’est qu’il est possible de se lancer sans se ruiner !

Tu as quitté Paris pour Nantes, comment cela s’est-il passé ?

J’ai fait mes études à Paris et c’est aussi là que j’ai créé ma première boite, TradOnline. Paris offre des opportunités car c’est là que sont implantés la majorité des gros clients potentiels. Mais en 2011 avec ma femme on a voulu quitter Paris et venir à Nantes ou les loyers sont en moyenne 6 fois moins chers qu’à Paris !

Que recommanderais-tu à quelqu’un qui souhaite faire cette démarche ?

Il est indispensable de bien préparer son départ, c’est-à-dire commencer à réseauter sur LinkedIn notamment, regarder où s’intégrer, où trouver des clients, se rendre visible… J’incite les gens à venir à Nantes, il y a encore de la place, c’est sympa et l’immobilier est beaucoup moins cher !

Comment as-tu concilié ton activité professionnelle avec ta vie de père ?

Ma fille est née début 2015, pile au moment où j’essayais de vendre TradOnline, ma première boîte. Quand elle est arrivée, c’était un peu tendu et difficile à gérer. L’idéal est d’avoir un compagnon ou une compagne salarié(e) avec un revenu régulier pour avoir droit aux 4 mois de congés payés. A partir du moment où l’enfant commence à marcher, on a plus d’autonomie. Avant, c’est compliqué de gérer d’autres choses en parallèle. Après cela dépend de chacun ! Si tu es capable de gérer le bébé et de faire tout le reste, pourquoi pas ! Tout dépend du niveau d’énergie et de la présence de la famille (grands parents, frères et soeurs…).

Pour finir, quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite entreprendre ?

D’abord, je dirais que l’âge et la situation doivent être pris en compte. Il est évident que si on a 23 ans et qu’on a la possibilité de dormir chez des amis, si quelque chose ne se passe pas comme prévu, c’est plus facile. A l’inverse, si on a des contraintes (enfants, maison et autres), il faut être un peu moins fougueux ou s’assurer que quelqu’un dans le couple gagne assez pour tenir financièrement.

Le plus important, c’est de s’assurer qu’il y a des clients potentiels prêts à payer pour ce que l’on propose. Je croise pas mal de gens qui se sont lancés en étant seuls et ont du mal à trouver des clients au début. Or c’est dommage de se mettre en péril tout simplement parce que l’on veut aller trop vite ! Parfois et même souvent, il suffit de 6 mois de plus pour anticiper en parallèle de son job salarié, ce qui permet ensuite d’être plus en confiance car on sait que l’on pourra payer son loyer. Quand on est créateur d’entreprise, il y a déjà beaucoup de choses à gérer, donc si en plus on stresse car on ne peut tenir financièrement que 3 mois supplémentaires… C’est chaud !

Un autre conseil que j’aimerais donner concerne le marketing digital, presque un indispensable aujourd’hui et ce n’est pas forcément un truc d’expert ! Il faut simplement mettre le pied à l’étrier et ne pas se décourager ! Commencez par lire nos articles ?


Que retenir de l’expérience de Mathieu ?

  • Avoir un associé est un plus mais pas nécessairement une obligation. Le but n’est pas de s’associer à tout prix mais de laisser faire les choses naturellement.
  • Travailler depuis chez soi dans une ville différente de celle de son associé pour développer la même boîte : c’est possible ! Les contraintes géographiques ne doivent pas être un frein.
  • Travailler à domicile ne veut pas dire rester enfermé chez soi en pyjama ! Au contraire, il est salvateur de sortir, rencontrer des gens, participer à des évènements afin de développer son réseau et de ne pas se sentir seul.
  • La meilleure formation dans certains domaines comme le marketing digital reste la pratique !
  • Se renseigner sur le marché avant de poser sa dem’ et de se lancer, est un minimum.

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