Maxime : Son parcours d’expert-comptable à entrepreneur

Maxime a créé son entreprise après 5 ans d’expertise comptable. Il revient sur son parcours et nous livre ses meilleurs conseils pour créer son entreprise.

Bonjour Maxime, raconte-nous ton parcours en toute transparence ! 

Après l’obtention du master 2 CCA (Compta Contrôle Audit), j’ai passé le DSCG, diplôme d’Etat, donnant l’accès au stage d’expertise-comptable d’une durée de 3 ans. J’ai travaillé pendant deux ans et demi dans un cabinet d’expertise comptable Bordelais, de taille régionale. Puis, je suis revenu vivre à Montpellier, dans ma région natale et j’ai fait le même job pendant 3 ans mais dans un cabinet à taille humaine cette fois-ci.

Ces deux expériences m’ont permis de me rendre compte de l’écart qu’il existe entre le monde universitaire qui est très stimulant et riche intellectuellement, et le monde professionnel qui l’est moins de par son côté plus “opérationnel”.

De plus, j’ai pu réellement toucher du doigt les sacrifices qu’il convient de faire en termes de temps, de responsabilité, de stress et de formation, afin d’arriver à un niveau d’encadrement et de rémunération qu’il est possible d’obtenir avec ce métier.

Je suis à un âge où nous évoluons beaucoup personnellement, où nous apprenons à nous connaître réellement, où nous nous posons des questions différentes menant souvent à un même objectif : le bonheur et l’épanouissement.

Ma réflexion a tourné autour des questions suivantes concernant mon avenir : Comment valoriser ma formation et mon expérience professionnelle dans ma future activité ? Quelle est la relation que je souhaite avec mes clients (rapports humains, digital sans voir le client etc…) ?  Quelle est ma capacité maximale de travail (en termes de temps) versus mes activités extra-professionnelles ?

Etant proche du milieu bancaire dont sont issus mes deux associés et partageant mes “craintes” concernant le secteur de l’expertise comptable (perte de monopole, diminution des honoraires du fait d’une concurrence de plus en plus importante, concentration des cabinets afin de diminuer les charges fixes etc…), nous avons développé un outil permettant à la profession de pouvoir élargir leur compétences et diversifier les missions qu’ils proposent à leurs clients : on a créé PRETDUPRO.COMun outil 100% en ligne qui permet aux experts comptables de monter des dossiers de crédit pour leurs clients qui sont en recherche de financement.

Comment as-tu fait pour quitter ton entreprise ?

Mon associé avait créé la structure juridique de l’entreprise avant mon arrivée et celle de mon troisième associé. C’était alors une coquille vide. Une fois l’idée développée et notre envie, marquée, d’avancer ensemble, nous avons procédé à notre entrée dans le capital social de la société.

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Suite à la prise de participation, je suis allé voir mon employeur chez qui j’étais salarié pour lui signifier l’arrêt de mon contrat selon des termes à fixer ensemble. Nous étions en novembre 2016. Nous avons convenu d’une date de départ fixé au 30 juin 2017. J’ai obtenu une rupture conventionnelle facilement car les relations étaient bonnes et ils voulaient m’encourager dans mon projet. Donc je n’ai pas eu à négocier !

Il ne faut pas hésiter à expliquer à son employeur qu’on a besoin d’aide, après tout, on reste humains !

Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer ?

Depuis très jeune je savais que j’allais être entrepreneur, mais je ne savais pas dans quoi. Ce que je voulais absolument, c’était être à mon compte. J’étais attiré par les banques, l’entreprise, l’argent… j’ai fait mes études en comptabilité car cela combinait le monde entrepreneurial, le monde bancaire et permettait d’exercer sous la forme libérale.

Mais je me suis aperçu pendant mon stage que l’argent ne faisait pas tout, qu’il fallait faire quelque chose que l’on aime vraiment. Il me manquait la dimension humaine, je passais trop de temps derrière mon poste de travail. Même si j’aimais mon job, le lien humain n’était pas suffisant pour moi.

Et puis l’expertise comptable c’est beaucoup d’heures, beaucoup de pression, même si ça permet de très bien gagner sa vie. Je me suis alors demandé comment je pouvais exercer une activité en captant un maximum de marge sans y passer trop de temps.

Comment tu gères le risque ?

Il y a deux solutions pour gérer son risque “économique” : diminuer ses charges ou augmenter ses revenus. Financièrement le démarrage n’est pas facile ! J’ai considérablement réduit mes charges, surtout le loyer. Mais je sais que si j’ai un souci ma famille pourra m’aider, ça me fait un filet de sécurité même si je n’en ai encore pas eu besoin.

Le plaisir que je prends à faire quelque chose à mon compte et pour mes clients est plus important que le manque d’argent.

Mon ambition est davantage portée sur ce que je suis, mon ouverture, mon altruisme… Je m’y retrouve davantage en permettant aux porteurs de projets de pouvoir avoir accès au financement leur permettant de se concrétiser. Je les rencontre, je discute avec eux, de leur projet et ainsi je participe modestement à leurs premières réussites. C’est une grande satisfaction pour moi.

Comment as-tu fait pour démarrer ?

Dans la phase de développement on s’est adressés à un incubateur, mais finalement on n’y est pas allés car il s’agit de financement de “haut de bilan”, ce qui suggère une entrée dans le capital et donc une dilution de nos participations respectives. Celui induit une perte d’autonomie dans les décisions. Il ne nous restait que trois hypothèses possibles : un projet innovant donnant droit à des subventions de la région ou autres, un crédit bancaire ou un apport personnel. Ne répondant pas aux différentes critères d’obtention de subventions, on a opté pour l’apport personnel en faisant un apport en compte courant d’associé.

Pour ceux qui souhaitent se lancer il existe plusieurs dispositifs : l’ACCRE sous certaines conditions (inscrits à Pôle Emploi, moins de 25 ans…), ou encore l’ARCE pour les demandeurs d’emploi qui leur permet de percevoir en deux fois une partie de leurs indemnités sous forme de capital.

Comment t’es-tu formé pour entreprendre ?

Je pense que la fibre entrepreneuriale c’est quelque chose qui est en nous, au-delà des formations que l’on peut suivre.

Sur les chiffres je n’ai pas eu à me former. En revanche sur la partie communication et marketing, il faudrait que l’on se forme… Pour le moment, on prend des jeunes en stage pour nous aider. Mes deux associés sont expérimentés (43 ans et 59 ans) et nous sommes autodidactes. On s’entoure d’une équipe de communication pour la charte graphique, les flyers, roll up et autres et d’une stagiaire en marketing pour la stratégie de communication. Pour le reste, nous apprenons au jour le jour. Mais il doit y avoir des méthodes sûrement beaucoup plus efficaces que les nôtres sur ce sujet !

Faut-il nécessairement s’associer ou l’on peut démarrer seul ?

Si on peut monter sa boîte seul, il faut le faire. Il faut s’associer uniquement s’il y a un réel apport des associés. Un savoir faire ou un apport numéraire que l’on ne possède pas. En cas d’association, dans l’idéal, il faut essayer d’être actionnaire majoritaire.

Pour nous l’association était pertinente grâce à notre complémentarité comptabilité / banque. Mes deux associés ont une expérience dans la relation bancaire professionnelle et le montage des dossiers, et j’apporte la partie analyse comptable et financière, essentielle à toute étude de projet.

En revanche je déconseille de s’associer à plus de 2 car ça peut vite devenir compliqué. Heureusement, ca fonctionne bien pour nous !

Comment gères-tu la charge de travail ?

J’équilibre bien mes journées : le matin je travaille sur le mémoire d’expertise comptable que je dois rendre pour obtenir mon Diplôme d’Expertise Comptable, et ensuite sur mon entreprise. Cela représente 5h à 6 h par jour uniquement pour l’entreprise. je scinde donc ma journée en deux.

Pour finir, tes conseils pour ceux qui veulent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?

Il faut bien prendre le temps de réfléchir à son projet avant de quitter son emploi. La réflexion porte sur la stratégie à mener en fonction de ses ressources de départ et de sa capacité à en obtenir rapidement Au début on l’a en tête et puis on l’oublie avec les urgences du quotidien. Il faut se fixer un cap et s’y tenir. En cas de changement, il faut bien réfléchir aux répercussions en terme de cibles, de modèles économiques, d’acteurs etc… Une fois la stratégie mise en place, il faut penser à son modèle économique. Au début on le prépare, et on se rend compte que ça ne fonctionnera peut-être pas comme ça : c’est normal, on continue et on ajuste au fur et à mesure.

La principale difficulté aujourd’hui c’est de faire du chiffre d’affaires, cette phase est longue. En termes de charges rien n’est trop dur, je ne prends pas de risque tant que le chiffre d’affaires n’est pas là. Il ne faut pas s’encombrer de charges fixes (locaux ou salaires par exemple) car la trésorerie c’est le nerf de la guerre. Il ne faut pas hésiter à prévoir une marge pour les charges imprévues. Nous avons par exemple une marge de 5000 euros, qui peut nous servir par exemple à louer des salles ou à faire des impressions diverses (flyers, stickers, pochettes, etc…). Vient ensuite la gestion de sa croissance mais nous n’en sommes pas encore là…

Donc si je résume mes 3 conseils aux futurs entrepreneurs : fixer la stratégie, avoir en tête le modèle économique et avoir une gestion rigoureuse de sa trésorerie.


Que retenir de l’expérience de Maxime ?

  • L’argent ne fait pas tout, il est primordial de trouver une activité en lien avec sa passion
  • Ne pas hésiter à demander de l’aide à son employeur pour qu’il soutienne le projet en accordant une rupture conventionnelle
  • S’associer uniquement si cela apporte de la valeur au projet : savoir faire ou apport en capital
  • Prendre le temps de réfléchir à son projet avant de quitter son job
  • Fixer la stratégie et le modèle économique dès le départ, tout en s’adaptant au fur et à mesure de l’avancée du projet
  • Gérer rigoureusement sa trésorerie, car c’est le nerf de la guerre !

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