Sébastien : Il a quitté son CDI pour créer un média pour les papas

Ancien chef de projet digital dans un grand groupe, Sébastien est devenu entrepreneur à plein temps en créant Dad, un média destiné aux papas. Il témoigne de son parcours d’entrepreneur, de l’idée à la création en passant par le développement personnel !

Bonjour Sébastien, raconte-nous ton parcours en toute transparence ?

J’ai fait mes études en alternance, d’abord dans un grand groupe en tant qu’assistant chef de projet et graphiste, puis dans un groupe de presse spécialisé dans la mode et le luxe masculin et féminin. A la fin de mon alternance, ils n’avaient pas encore passé le cap du digital, donc je leur ai proposé de prendre ce projet en charge. Il faut oser demander, ne pas attendre que les projets tombent du ciel ! Je suis resté 5 années de plus en CDI en tant que chef de projet digital. La transformation digitale du groupe était un énorme projet très enrichissant.

Pourquoi es-tu parti ?

J’avais le sentiment d’avoir accompli ma mission et d’avoir fait le tour de mon job. De plus, dans un grand groupe, les décisions politiques prennent le dessus sur l’élan de la nouveauté. Je ne pouvais plus tenter de nouveaux projets, ce qui était très frustrant pour moi. 

Or, j’ai toujours voulu entreprendre. Quand j’étais ado j’aimais beaucoup la techno et le rap (oui, c’est possible !). A 12 ans, je voulais créer une boîte de nuit ! Depuis, j’ai toujours voulu créer des millions de choses. A l’époque de la tecktonic j’avais créé une association de tecktonic, mes débuts d’entrepreneur ! J’ai toujours beaucoup d’idées mais je veux tout faire et tout lancer…

J’ai rationalisé le projet, pour ne pas finir comme un artiste maudit à partir sur les routes avec plein d’idées mais ne jamais rien concrétiser. J’ai suivi le schéma traditionnel dans un premier temps pour rassurer tout le monde et me développer. Et l’âge de raison a joué ! Tout plaquer d’un coup, c’est une mauvaise idée. C’est bien gentil d’être audacieux et spontané mais ça peut être aussi très risqué. Donc je me suis posé pour réfléchir et j’ai commencé par tenir un carnet d’idées. Pendant des mois, j’ai mis sur papier toutes les idées qui me venaient en tête. Au bout d’un an, j’ai regardé les idées qui étaient les plus réalisables et par élimination, et c’est comme ça que j’en suis arrivé à DadJ’ai donc commencé à créer Dad en parallèle de mon job pour tester le projet.

Comment t’est venue l’idée de Dad ?

Je suis parti d’une question très simple : comment peut-on améliorer les rapports père-enfant ? A question simple, réponse simple : en commençant par en parler.

En étant dans le milieu de la presse, je me suis rendu compte qu’il n’existait aucune offre médiatique sur la paternité, alors qu’il y en avait déjà beaucoup sur la maternité. J’avais des amis qui devenaient papas, et je voyais bien que la manière de faire avant changer par rapport à nos parents. Et ils n’étaient pas représentés dans les médias à part pour la fête des pères ! Alors je me suis dit que ce serait génial de lancer un média là-dedans, car j’adorais l’univers des médias. Je suis quelqu’un qui se passionne facilement pour un nouveau projet, j’ai toujours plein d’idées.

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Je me suis aussi rendu compte que ce sujet traitait de l’égalité homme-femme, en allant tous dans le bon sens. Les modèles scandinaves sont très égalitaires, tout est évolué, les salaires sont égaux, et l’éducation est meilleure car l’homme et la femme se consacrent à l’éducation de l’enfant, les nourrices sont très rares ! J’ai donc décidé d’apporter ma pierre à l’édifice.

Quel format as-tu imaginé pour laisser la parole aux papas ?

L’objectif de départ était de créer un média pour les papas (conseils, bon plans, lifestyle et interview). Le site était alors un pureplayer avec des articles traditionnels relayés sur les réseaux sociaux. L’une des particularités était mes interviews, j’ai commencé par des rappeurs, je trouvais l’idée intéressante de confronter l’image que se fait la société des rappeurs à un sujet très touchant et féminin (dans les mentalités). J’ai eu Soprano en première interview, c’était inespéré pour un média qui se lance ! Je trouvais ça cool d’être le trublion qui arrive et qui libère cette parole. Mon but était de casser les codes et de mettre un coup de pied dans la fourmilière.

Juste avant que je me lance, on est passés à l’époque du 100% vidéo et réseaux sociaux. J’ai tenté la vidéo sur Facebook et ça a cartonné. En quelques mois j’ai atteint un million de vues. J’ai donc décidé de fermer le site pour me concentrer sur ces nouveaux formats.

Aujourd’hui j’ai décidé de recentrer le projet uniquement sur l’interview. Un nouveau format est en préparation, plus long, moins snacking mêlant sujets de société et pop culture toujours sous l’angle de la paternité et dans un cadre plus intimiste.

Au départ, comment as-tu entrepris la création de Dad en parallèle de ton job ?

Tout d’abord, j’ai eu l’opportunité d’être en mi-temps pendant les derniers mois dans mon job. La première étape a donc été de tester mon projet. J’ai créé le site internet et pendant l’année où j’étais en entreprise j’alimentais le site avec des articles et j’avais déjà des retours des followers. J’avais aussi une communauté de papas sur twitter qui m’encourageait.

Même si ce premier test était validé, ça ne faisait pas tout. L’audace c’est bien, mais si tu ne réfléchis pas un minimum, c’est comme se jeter dans le vide sans vérifier la hauteur ni le fond. 

Et surtout, plutôt que des plans d’action, je me suis fait un planning de résultats attendus à 3 mois, 6 mois, un an…

J’ai essayé de rationaliser le plus possible cette démarche irrationnelle

J’ai tout à fait pu gérer le démarrage du projet en parallèle. J’ai toujours voulu entreprendre donc j’ai l’habitude de m’occuper de mes projets en rentrant du travail plutôt que de me mettre devant la télé.

Quelles ont été les étapes de la création de Dad ?

J’ai reçu un conseil tout simple mais en or : “Fais-le”.

Tu veux faire une interview vidéo ? T’as un smartphone, tu filmes, tu te débrouilles ! Il faut effacer tous les clichés de cette fausse difficulté. En réalité, la difficulté n’est pas dans la création (sauf pour un produit très technologique avec des brevets). Là, c’est un métier qui ne demande pas trop de ressources technologiques.

Concrètement, pour créer mon média, j’ai acheté un thème wordpress pour faire mon site, j’ai bidouillé et je l’ai mis en ligne. Si tu ne sais pas bidouiller, tu trouves quelqu’un ! On a tous un pote à peu près développeur qui peut nous aider pour débuter.

Au pire si tu n’as pas de site, tu as encore Facebook, Instagram, Twitter… Faire un post Facebook ne demande aucun matériel ni savoir faire technique, et pourtant c’est déjà un premier pas ! Les opportunités sont là, il faut juste y aller.

Que dirais-tu à ceux qui ont trop d’idées mais qui ne se fixent pas ?

Je n’ai toujours pas la réponse à cette question, car tout dépend de la personnalité. Il y a la version rationnelle, qui consiste à écrire les idées et à sélectionner la meilleure objectivement. Et la version carpe diem, qui consiste à lancer plusieurs idées à la fois et à voir celle qui fonctionnera le mieux. Donc tout dépend de toi et de ta réponse à cette question : es-tu capable de gérer 4 projets à la fois ou un seul ?

Et à ceux qui n’ont pas d’idée ?

Si tu n’as pas d’idée, ne te lance pas. Pas maintenant en tout cas. Commence à écrire ton carnet d’idées, cultive tes idées, mais n’y va pas par effet de mode. Dans mon cas, entreprendre m’anime depuis toujours et j’ai des idées. Mais si tu as envie de poser ta dem’ et de monter ta boîte car c’est à la mode, ne le fais pas car ce n’est pas une bonne raison. Je ne suis pas la mode des startuppers. Ce qui compte c’est de faire ce qu’on a envie faire, que ce soit tendance ou pas. Donc si tu as envie d’entreprendre mais que tu n’as pas d’idée, écris ton carnet d’idées. Si tu es bien en tant que salarié, reste salarié !

L’entrepreneuriat n’est pas le graal, chacun doit trouver son chemin en faisant un effort d’introspection et de développement personnel.

N’entreprends pas si c’est pas ton truc. C’est vraiment pas grave. 

Quand on me disait que créer une boite c’était compliqué, je disais “ouais ouais, ça va le faire”. Mais avec le recul, je confirme que c’est compliqué, surtout dans le secteur des médias. L’entrepreneuriat est le parcours le plus compliqué professionnellement parlant… mais aussi le plus enrichissant (pour moi) !

Faire un travail d’introspection et de développement personnel, ça veut dire quoi concrètement pour toi ?

Apprendre à se connaître, avoir du recul sur soi et sa personnalité. Les lectures en développement personnel sont d’une grande aide mais ne font pas tout.

Quand je lis un bouquin je fais à fond ce que j’apprends. Par exemple, après avoir lu le Miracle Morning, je me grondais moi-même si je me levais après 6h ! Mais maintenant j’ai plus de recul sur tout ça. Il faut comprendre que dans le développement personnel il y a aussi beaucoup de marketing. Donc chacun est responsable de picorer et d’adapter les enseignements à soi. Il faut être conscient de qui l’on est. Quand quelqu’un nous inspire, il ne faut pas chercher à lui ressembler ; il faut identifier les aspects qui nous inspirent et les adapter à notre personnalité. Nous avons tous notre vécu et notre propre parcours de vie.

L’avantage de l’entrepreneuriat est son effet sur le développement personnel. Depuis que je me suis lancé, j’apprends énormément, sur le business mais aussi et surtout sur moi. On devrait avoir des cours de développement personnel dès l’école !

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

La première difficulté au tout début a été la solitude. Je ne m’y attendais pas. Quand j’étais salarié je me marrais avec mes collègues, c’était un peu ma deuxième maison, et d’un coup je me suis retrouvé tout seul chez moi dans mon salon. La transition a été brutale. Puis j’ai rencontré des gens avec qui échanger, et j’ai été accompagné par 4 dispositifs. Je ne suis plus dans mon salon, j’ai des bureaux dans le 19ème au Cargo.

Un conseil : rencontrez beaucoup de gens dès le début, ça vous évitera de le faire de manière quantitative quand vous en aurez besoin !

La deuxième difficulté est de devoir tout gérer. Pour une personne angoissée pour moi, ce n’est pas facile d’être sur tous les fronts. J’ai le sentiment de ne pas assez avancer, et faire des choix implique de faire des sacrifices. Pour arrêter de m’angoisser, un coach m’a donné un conseil : tu fixes un objectif pour une date précise et d’ici-là tu ne te poses plus de questions, tu avances jour après jour.

Comment travailles-tu au quotidien ?

Au départ je me suis calqué sur la journée type d’entreprise, 9h-19h. Puis je me suis rendu compte que je n’avais pas de journée type.

Je pense à Dad 24h/24. Si en pleine soirée j’ai une idée pour Dad, j’arrête ce que je fais et je planche sur mon idée. J’ai arrêté de me prendre la tête si je me lève plus tard un matin ou que je termine trop tard. En fait, je n’ai jamais autant travaillé de ma vie que depuis que je suis entrepreneur.

Avant je suivais la logique matin / après-midi. Par exemple le matin je faisais mon montage vidéo, et l’après-midi je me concentrais sur le marketing et la communication. Mais au fur et à mesure, j’ai compris que je travaillais par tranches de 2h et non par demi-journées. Je m’organise de plus en plus au feeling. Mais c’est un combat avec moi-même car j’ai un côté très carré et un autre plus freestyle !

Ton entourage t’a-t-il suivi pendant cette aventure ?

J’ai la chance d’avoir des parents et des amis qui me soutiennent. Ils me font confiance ! Et avant de me lancer j’en ai parlé à ma femme. Ce n’est évident d’avoir un mec qui se lance là-dedans, mais elle me soutient complètement ! Il faut communiquer, donner envie aux gens d’avoir confiance.

Pour finir, quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite entreprendre ?

Ne te lance pas pour les mauvaises raisons : fuir le salariat, suivre la tendance… Et rationalise ton projet qui est un fouillis dans ta tête. Si tu peux déjà faire un travail de développement personnel avant de te lancer, c’est l’idéal. Ca va t’apprendre qui tu es et t’aider à savoir si tu dois te lancer ou pas.

Si j’avais un livre à recommander, ce serait Réfléchissez et devenez riche de Napoleon Hill. Il faut dépasser le titre du livre qui ne représente pas le contenu. Même conseil pour Comment se faire des amis de Dale Carnegie ! Ce sont de vieux livres, moins marketés que ceux qui sortent aujourd’hui, mais puissants et riches en conseils. Ensuite, à chacun de trouver ce qui lui convient.

J’ai commencé à lire des livres de développement personnel quand j’ai voulu arrêter de fumer. J’ai entendu parler du livre d’Allen Carr pour en finir avec la cigarette. J’ai tenté le coup, après tout pourquoi pas ! Et ça a réellement marché, ça a produit un déclic chez moi. En en parlant autour de moi, des personnes m’ont recommandé d’autres lectures de développement personnel. C’est à ce moment-là que j’ai découvert la puissance que pouvait avoir un livre. 


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Que retenir de l’expérience de Sébastien ?

  • Pour trouver l’idée : partir de constats simples et tenir un carnet d’idées pendant quelques temps, pour ensuite identifier la plus réaliste et attractive
  • Tout plaquer d’un coup n’est pas une bonne idée. Un projet se prépare mais…
  • Il faut agir ! Un conseil simple mais en or : “fais-le”
  • Se poser les bonnes questions avant de se tourner vers l’entrepreneuriat car ce n’est pas le graal pour tout le monde ; tout dépend de votre personnalité et de vos aspirations, mais ça ne doit pas être une fuite du salariat
  • Les difficultés ? La solitude et le fait de devoir tout gérer

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Projet soutenu par le Ministère de la Culture via le programme de Paris&Co (Mediastart) et de ses partenaires Celsa Sorbonne, INA, AFP, BnF.

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