Stéphane : Il renoue avec sa passion tech après 3 ans chez Abercrombie

Stéphane se destinait à une carrière d’ingénieur jusqu’à ce qu’il se fasse aborder par les recruteurs d’Abercrombie. Il a alors quitté la voie qui lui était tracée, et a exercé pendant 3 ans dans le retail… avant de revenir à sa passion de toujours, la tech ! Il nous raconte comment il a réinventé sa carrière après trois années loin de son domaine initial.

Bonjour Stéphane, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

J’ai fait toute ma scolarité en Nouvelle Calédonie et suis venu en France après le bac. Je ne savais pas vraiment quoi faire pour mon orientation : je n’avais pas de vocation, mais j’avais de bonnes notes. Mes parents m’ont encouragé – sans me forcer – à faire une prépa et à décrocher un diplôme, pour ensuite faire ce qui me plairait. J’ai énormément travaillé en prépa, même sur les matières qui ne m’intéressaient pas, pour finalement intégrer Supélec (devenu Centrale). A partir de là, j’ai suivi un cursus généraliste en travaillant juste ce qu’il fallait pour obtenir mon diplôme.

Pour la 3ème année de spécialisation, rebelote : je ne sais toujours pas ce que je veux faire. Mais j’ai bien envie de partir à l’étranger, de préférence dans un pays anglophone. Jusqu’à mes 17 ans, chaque année mes parents m’envoyaient un mois dans une famille d’accueil pour améliorer mon anglais… Ca m’a marqué ! Je choisis l’Australie et profite de ces 10 mois pour étudier, voyager et faire des rencontres enrichissantes.

A mon retour en France, il me faut alors trouver un premier CDI.  Ne sachant pas trop vers quoi aller, je commence naturellement à en discuter autour de moi. Plusieurs échanges s’orientent vers le domaine de l’énergie – notamment les compteurs intelligents. Je postule donc dans des boîtes ayant une composante innovation. Après avoir décroché un entretien, je pars le réviser Place des Vosges pour me préparer tranquillement.

Et là, pendant que je révise, je me fais aborder par des recruteurs d’Abercrombie. Le hasard a fait que c’est l’une des seules marques que j’aimais vraiment depuis que mon frère m’avait offert un t-shirt. Elle m’inspirait, alors je me suis dit pourquoi pas ! J’ai passé des entretiens pour le poste de manager, et j’ai été séduit par mon expérience en tant que candidat. Je me suis alors posé pas mal de questions : un métier très différent de mon diplôme, moins bien payé que mes collègues de promo… Comment faire pour justifier ça dans ma carrière ?

J’hésitais entre suivre la voie qui m’était tracée en devenant ingénieur, et suivre mon instinct. Après en avoir parlé autour de moi pour avoir des conseils, mes parents ont mis à plat les avantages et les inconvénients : perte de salaire certes, mais une bonne opportunité de développer mes soft skills.

Mon père m’a dit : Tu sors juste de tes études, tu peux te le permettre ! Au pire si ça ne va pas, tu pourras changer et rentrer dans les cases après

J’avais une folle envie d’accepter cette opportunité. Habituellement je suis quelqu’un de très rationnel mais là, ma décision reposait sur le feeling… et j’y suis allé ! L’aventure a duré 3 ans. Pendant ces années, on m’a permis de changer plusieurs fois de poste : recrutement, formation, et différentes fonctions en magasin, ce qui m’a fait toucher à tout. C’est une entreprise très codifiée et ultra formatrice.

Mais au bout de 2 ans, j’avais le sentiment d’avoir fait le tour. Alors j’ai décidé de poser ma dem’ ! Sans travail ni chômage derrière. Au moment de remettre ma lettre de démission, mon manager m’a rattrapé au vol et m’a annoncé que j’étais promu pour travailler chez Hollister, qui est une marque appartenant au même groupe. Je me suis donc retrouvé Store Manager à Hollister Beaugrenelle. C’était une belle opportunité, j’avais mon magasin ! J’ai énormément appris pendant mes un an et demi là-bas.

Alors pourquoi es-tu parti ?

Encore une fois, j’avais l’impression d’avoir fait le tour. Donc je me suis à nouveau posé des questions très sérieusement. Le poste de ma N+1 ne me faisait pas envie, alors que c’était la personne que j’aurais pu incarner plus tard.

Travailler encore ici ? Non. Dans le retail mais ailleurs ? Non plus. Il n’y avait pas assez de place pour la créativité dans mon travail, c’était très opérationnel, et je trouvais que mes actions n’avaient pas d’impact sur le long terme. J’avais envie d’avoir un impact dans ce que je faisais. Le fait de n’être qu’un exécutant donnait le sentiment d’être très remplaçable. Pour autant, ce n’était pas facile de partir car j’adorais l’ambiance de la boîte et j’étais reconnaissant de tout ce qu’on m’y a appris.

C’était l’heure du bilan : je fais ce métier depuis 3 ans, maintenant, sur quoi ai-je envie de travailler ? Les applications mobiles m’attiraient beaucoup et à l’époque, ce secteur était déjà bien lancé. J’avais un ami de promo qui avait monté une agence mobile et qui m’a conseillé Fabernovel Technologies (à l’époque appelée Applidium). C’est d’ailleurs la seule boîte dans laquelle j’ai postulé, et j’ai eu la chance d’y rentrer ! J’ai donc finalement renoué avec ma passion initiale pour les métiers tech ! Après une rupture conventionnelle avec Hollister, j’ai rejoint Fabernovel Technologies – après avoir tout de même hésité à suivre une formation pour apprendre à coder au Wagon.

Comment as-tu réussi à être embauché avec ton parcours atypique ?

Je me suis bien préparé ! N’étant plus dans la tech depuis 3 ans, j’ai repris mes cours et j’ai révisé. Ca m’a aidé à me remémorer la méthodologie de gestion de projet. Ca m’a redonné confiance en moi. Et je pense que j’ai eu la chance d’être embauché en grande partie grâce à mon parcours académique.

Ensuite, il a fallu dépasser l’image que m’avait donné mon expérience chez Abercrombie. Il faut être très lucide sur la perception qu’ont les gens de l’univers dont on vient. Pour de nombreuses personnes, Abercrombie c’est les mannequins torses nus avec des abdos ! Alors pour les entretiens chez Fabernovel Technologies, je suis venu en costume, pour être plus sérieux que nécessaire face au recruteur qui lui, était en tennis.

Dans une nouvelle entreprise, on se construit une nouvelle image, mais quand on démarre, on a encore celle d’avant

Que fais-tu désormais ?

Je suis rentré en tant que Chef de projet, pour faire le lien entre les équipes développement et design. J’ai vraiment l’impression d’avoir un impact. Par exemple, un de mes gros clients est la RATP, et des milliers de personnes utilisent cette application chaque jour ! Notre catchphrase chez Fabernovel Technologies c’est “une application téléchargée toutes les 5 secondes”.

C’est un poste très opérationnel. Au début je travaillais beaucoup sur les détails techniques. Puis au bout d’un an et demi on m’a proposé de passer Directeur de projet. Je ne rentrais plus dans le détail des fonctionnalités mais j’avais un point de vue global sur les plannings, la relation client, la roadmap, les grands jalons… c’était très intéressant !

Plus récemment je suis passé Account Manager. C’est assez similaire au poste de Directeur de projet, mais moins technique et plus commercial. Je connais moins le commercial, donc je sais que je vais apprendre ! 

Tes conseils pour se lancer dans un nouveau domaine et changer d’identité professionnelle ?

Il faut que ce soit un domaine qui vous inspire et qui vous procure des émotions, de la passion ! Renseignez-vous sur ce domaine : ce que vous allez y faire précisément, comment vous pourrez évoluer au bout de quelques années, quel est votre dream job dans ce domaine, comment c’est accessible et au bout de combien de temps…

Mon frère m’avait donné un conseil qui m’a marqué : calculer le coût d’opportunité. Le coût d’opportunité, dit simplement, c’est la valeur de ce à quoi on renonce. Par exemple, je pars monter ma boîte, je perds en salaire, combien ça me coûte ? Si ça marche, combien je gagne ? Et si ça ne marche pas ? Il est important d’avoir une stratégie de repli en cas d’échec – ou de réussite moindre que prévue.

L’inspiration est un moteur pour prendre la bonne décision. Ensuite, il faut bâtir un projet professionnel autour de ça.

Face aux recruteurs, il faut être conscient de l’image que l’on véhicule, mais la clé c’est de l’assumer. Il ne faut surtout pas s’excuser d’être ce que vous êtes ! Mon conseil si c’est votre cas : ayez du recul sur le milieu dont vous venez, osez être critique dessus, assumez ce que vous voulez montrer et les gens vous suivront. 

Du côté de votre entourage, l’important est d’expliquer clairement votre décision. Un choix de carrière atypique peut être très bien accueilli par nos proches, tant qu’on le présente de façon réfléchie et posée. Les gens autour de nous veulent notre bonheur après tout !


Que retenir de l’expérience de Stéphane ?

  • Il est important de choisir un domaine qui nous procure des émotions, de la passion
  • Avant de se lancer, il faut bien se renseigner sur ce domaine et les évolutions possibles
  • Préparer une stratégie de repli en cas d’échec du projet initial
  • Expliquer sa décision à ses proches de manière posée et réfléchie pour qu’ils apportent leur soutien
  • Ne pas s’excuser d’être ce que l’on est mais assumer !

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