Marie : Elle a quitté le monde de la communication pour devenir slasheuse

Après avoir longtemps travaillé dans la communication, Marie Wattinne a décidé de changer de voie et de devenir slasheuse pour retrouver ses premiers amours : l’écriture et la comédie ! Elle nous raconte dans cette interview le cheminement qui l’a conduite à sauter le pas et donne d’excellents conseils à ceux qui, comme elle, aimeraient se lancer dans  une reconversion. Bonne lecture ! 


Bonjour Marie, raconte-nous ton parcours en toute transparence !

J’avais 8 ans la première fois que je me suis dit que je voulais être comédienne et je me suis rêvée écrivaine pendant toute mon adolescence. Mais je n’avais aucune connexion artistique dans ma famille et, surtout, je doutais énormément de moi. J’ai donc suivi un parcours très classique et rassurant : hypokhâgne, Sciences Po, 1 an au Mexique, spécialisation en communication… Et une fois tout ça fini, je me souviens m’être sentie profondément triste et inutile. Déjà !

J’ai passé 6 ans dans des agences de communication éditoriale (en direction de projets puis en business development). Je travaillais beaucoup mais avec des gens jeunes, drôles, créatifs donc globalement, je m’y retrouvais plutôt bien ! Ensuite, j’ai été chassée par une grande maison de luxe que j’ai rejointe en tant que responsable de la communication interne. En apparence, c’était le rêve : j’avais intégré une entreprise ultra désirable, je gagnais bien ma vie, j’avais des avantages dans tous les sens… Socialement, je cochais toutes les cases !

Humainement, j’étais en pleine détresse. J’y suis restée 6 ans. 6 ans à me dessécher et à me dire que ce monde n’était pas le mien, tout en étant terrorisée à l’idée de quitter mon CDI. Je me sentais complètement coincée. J’ai fait le Cours Florent en cours du soir à ce moment là, sans doute mon premier pas vers la sortie. Puis je suis partie en congé mat et quand je suis revenue, je n’ai pas retrouvé le poste que j’avais laissé. Ça a été très violent et extrêmement destructeur mais ça a aussi été une vraie prise de conscience.

Je suis retournée quelques mois en agence puisque j’en gardais finalement un bon souvenir, mais c’était déjà trop tard. J’étais écœurée par ce monde du travail auquel j’avais donné tant d’énergie et qui me le rendait si mal. Je n’arrivais plus à me lever le matin, je pleurais tout le temps. J’ai écouté mon corps et je suis partie avant la fin de ma période d’essai, sans aucun plan B. 

Pourquoi as-tu décidé de poser ta dem’ ?

Cela faisait un moment que je sentais un vrai décalage entre le monde de l’entreprise et mes aspirations personnelles.

J’avais le sentiment de piétiner chaque jour un peu plus mes valeurs.

Ça fait un peu drama queen dit comme ça, mais c’est réellement la manière dont je l’ai vécu. Un mal-être extrêmement profond, sur lequel j’avais beaucoup de mal à m’exprimer car « techniquement », je n’avais aucune raison d’être malheureuse. Sauf qu’en fait, depuis le début de ma carrière, je niais la personne que j’étais intrinsèquement. Ça m’a rendue malade, au sens propre du terme. J’ai été arrêtée 2 semaines et c’est mon médecin qui a été le premier à me dire qu’il était peut-être temps de faire une pause et de penser à moi. Ça a été un déclic.

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ?

En ne faisant que des choses complètement contre-intuitives ! D’abord j’ai pris mon temps alors que l’inaction me faisait très peur. J’avais le sentiment qu’à chaque jour de chômage supplémentaire, je perdais un peu plus ma valeur sur le marché du travail. Mais pour la première fois de ma vie, je ne me suis pas fixé d’objectifs, pas d’échéances, rien. Je me suis laissée complètement porter par ce qui arrivait.
Ensuite, j’ai investi sur moi. Mon cerveau me commandait de ne surtout pas toucher à mon épargne afin de garder une relative sécurité financière. Je l’ai littéralement vidée en coachings, formations, thérapies… J’avais besoin de revenir à la source et d’enlever les couches et les couches de carapace qui me coupaient de mes envies et de mon authenticité.

Enfin, j’ai essayé de faire preuve de bienveillance envers moi. Ça a été et ça reste le plus difficile mais j’apprends les vertus de l’égarement, de l’échec, du point A qui ne mène jamais au point B… mais au C ! Je ne veux pas avoir un discours trop idéaliste car ce sont des phases difficiles à vivre lorsqu’on les traverse. Mais elles amènent forcément un questionnement qui, personnellement, m’a toujours rapprochée de quelque chose de plus juste pour moi.

Comment as-tu choisi ta formation ?

Il n’a pas fallu fouiller très longtemps pour que mes rêves de gosse remontent. Je me suis d’abord reconnectée à mes envies d’acting en m’inscrivant à un stage intensif à l’Actors Factory. Ça a été tellement puissant que j’ai décidé d’y suivre un cours hebdomadaire à l’année. L’écriture est arrivée très vite dans la foulée et je me suis inscrite à la formation Devenez scénariste de Jean-Marie Roth. Une vraie révélation !
Je continue à me former régulièrement sur des thématiques précises en fonction des besoins que je ressens pour mon développement personnel ou pour celui de mon activité.

D’ailleurs, en quoi consiste ton activité exactement ?

Je suis foncièrement slasheuse ! Je n’ai aucune journée type et c’est ce qui me plaît mais on peut dire que je consacre un très gros 30% de mon temps à ma vie artistique : je joue dans des courts métrages (mais j’accepte aussi les longs si un.e directeur.trice de casting me lit !!), j’écris un scénario de long métrage, et j’ai un compte Instagram, Belette à Lunettes, sur lequel je poste de la microfiction… J’ai plein d’autres projets d’écriture en tête mais j’essaye de ne pas trop me disperser pour le moment !

Je suis par ailleurs freelance en stratégie de marque / stratégie éditoriale et en copywriting. Le fait d’exercer mon ancien job à mon compte me permet de choisir les projets et les clients qui ont du sens pour moi et me redonne le goût que j’avais perdu pour ce métier. Mon prochain axe, c’est d’aider les autres à se raconter car la transmission est quelque chose de très ancré chez moi. Je réfléchis à monter un atelier d’écriture et je m’essaye au coaching à la prise de parole en public.

Si on regarde de plus près, il y a un fil rouge assez fort qui relie toutes ces activités, autour de la narration. Ce qui m’anime, c’est de raconter des histoires : à l’écrit ou à l’oral, les miennes ou celles des autres, à travers l’art ou au sein de l’entreprise… Je suis une SerialTeller !

Devenir slasheuse

Comment as-tu obtenu tes premiers clients ?

Une amie très proche m’a apporté ma première mission sur un plateau d’argent alors que je ne demandais rien à personne. Je n’ai toujours pas trouvé le moyen de la remercier assez car c’est grâce à elle que j’ai pris conscience que j’avais de la valeur et que je pouvais légitimement la vendre. Ensuite des personnes de mon réseau m’ont fait confiance lorsque je les ai démarchées, soit en me faisant travailler directement soit en me recommandant.

Et puis il y a eu de jolis hasards : comme cette ancienne collègue qui m’a contactée spontanément en lisant la mise à jour de mon profil sur LinkedIn…  Pour l’instant, ça se passe plutôt bien. Et surtout, je constate depuis le début qu’il y a beaucoup de bienveillance et de solidarité entre freelances. Les gens se donnent des coups de main naturellement. C’est un état d’esprit hyper porteur, très différent de celui de l’entreprise.

Comment ont réagi tes proches ?

Bien, je crois ! Mes parents m’ont même aidée financièrement au début, signe qu’ils comprenaient mon chemin de réflexion. Mon mari est un soutien essentiel sans lequel je n’aurais pas pu vivre les choses de manière aussi entière. Quant à mes ami.e.s, ils et elles suivent mes péripéties et sont toujours là pour rebooster mon moral lorsqu’il est en berne.

Je crois que la réaction des proches dépend en grande partie de ce qu’on projette nous-mêmes. Les gens qui nous aiment s’inquiètent pour nous et c’est normal. S’ils sentent qu’on est ok avec nos choix, il n’y a pas de raison que ça se passe mal. En tout cas, je n’ai aucun exemple autour de moi qui aille dans ce sens.

Comment as-tu géré la transition financièrement ?

J’ai eu la chance de pouvoir quitter mon dernier job avec le chômage. Et comme je l’ai déjà dit, j’ai un mari extrêmement compréhensif qui assure quand les fins de mois sont un peu trop raides. Après, évidemment, j’ai considérablement réduit mon train de vie mais ça fait partie du cheminement. Pour faire de la place à l’intérieur, il faut désencombrer l’extérieur. J’avais beaucoup de comportements d’achat compulsif lorsque j’étais salariée, très classiquement parce que je n’étais pas suffisamment nourrie de l’intérieur et qu’il fallait que je remplisse ma vie avec du matériel pour me sentir exister. Une fois qu’on trouve son moteur interne, ces conduites addictives disparaissent instantanément. Le seul moment où ça me pèse un peu, c’est à Noël ou aux anniversaires de mes proches car je voudrais pouvoir faire des cadeaux sans compter chaque euro. Mais le reste du temps, je n’éprouve aucun manque.

Quelles sont les difficultés d’une reconversion selon toi, et comment les dépasser ?

Pour moi le plus dur, c’est de déconstruire les schémas qu’on nous inculque depuis l’école. C’est presque philosophique mais ça passe par se demander ce qu’est la réussite ? Le bonheur ? Le travail ? Et d’y répondre pour soi et non en fonction de ce que la société, l’école, les proches, les « autres » projettent de nous. C’est vraiment un long travail qu’il faut être capable de faire sur la durée car, assez régulièrement, on est tenté de revenir au schéma de base : celui qui ne nous épanouit pas forcément mais qui nous rassure parce qu’on le connaît par cœur.

Et donc je dirais que la deuxième difficulté, c’est de faire preuve d’endurance pour tenir le cap dans les moments où on n’y croit plus du tout. On passe forcément par là, c’est inévitable. Moi, quand ça m’arrive, je me reconnecte à mon besoin viscéral de liberté. Ça me permet de me rappeler pourquoi j’en suis là aujourd’hui et pourquoi c’est le bon endroit pour moi. D’où l’importance d’avoir bien pris le temps de réfléchir à qui on est en amont !

As-tu des enfants ? Si oui comment as-tu géré ta vie de maman et ta reconversion en parallèle ? 

J’ai une petite fille de 3 ans et ça n’a jamais été une difficulté pour moi de devoir gérer cette reconversion en étant mère. Au contraire ! Je ressentais le salariat comme une contrainte très lourde dans la manière dont je voulais vivre ma maternité. Le fait d’être à mon compte m’apporte la flexibilité dont j’ai besoin pour organiser mon temps comme je le souhaite, l’accompagner à une sortie scolaire si j’en ai envie ou rester auprès d’elle lorsqu’elle est malade. Ce n’est pas un hasard si tous ces bouleversements sont arrivés en même temps dans ma vie : ils étaient tous liés les uns aux autres.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite entamer une reconversion ?

Mon premier conseil, c’est de s’écouter soi. De mettre de côté les attentes des autres, les angoisses financières, les contraintes de formation etc. Je ne dis pas que tout ça n’existe pas et qu’il ne faut pas le prendre en compte. Mais au début, il faut voir plus grand car une fois qu’on sait ce qui nous anime vraiment, on trouve toujours les solutions et le plan d’action !

Mon deuxième conseil, c’est de bien s’entourer. On lit beaucoup de choses en ce moment sur l’entrepreneuriat et le freelancing. On nous raconte les success stories et les gens qui font des chiffres d’affaires mensuels à 5 chiffres en bossant 2 jours et demi par semaine. Dans la vraie vie, ça ne se passe évidemment pas comme ça. Il y a plein d’avantages à être à son compte mais c’est loin d’être aussi facile ! Il y a une instabilité inhérente à ce statut. Financière bien sûr mais aussi émotionnelle et une charge de travail que, certes, on définit soi-même mais qui est significative. Pour vivre sereinement le creux de la vague lorsqu’il se présente, c’est important de rester en contact avec des gens positifs, qui croient en vous et qui vous redonnent de l’énergie quand vous en manquez.

Mon troisième conseil, c’est d’agir. La seule manière de savoir si on est sur la bonne piste, c’est de la tester. Quitte à se planter ! Et ne pas hésiter à abandonner si on sent qu’on est en train de faire fausse route. On a tous un peu cette croyance que pour réussir, il faut passer par des moments douloureux. S’accrocher quand c’est difficile, ok ! Mais si réellement c’est douloureux, c’est qu’on n’est pas sur le bon chemin. Quoi qu’il arrive, à la fin de la journée, on doit être heureux ! Pour moi, c’est une vraie boussole.

Si je me couche malheureuse, je sais qu’il y a quelque chose à réajuster… Au début de mon chômage, j’ai passé près de 9 mois à développer un projet entrepreneurial pour finalement me rendre compte que je n’avais absolument pas envie de devenir chef d’entreprise. J’ai tout arrêté du jour au lendemain, je suis repartie de zéro mais avec une meilleure compréhension de moi-même.

Je sais que ça fait très peur au début mais il faut se jeter dans le vide, on a tous des ressources incroyables en nous. Le seul moyen d’en prendre conscience, c’est de foncer et de les mettre à l’épreuve !


Que retenir de l’expérience de Marie ?

  • Une reconversion ça se prépare : avant de changer de vie et de modifier votre environnement professionnel, apprenez à mieux vous connaître, c’est essentiel et cela vous aidera dans votre cheminement pour trouver LE job de vos rêves !
  • Soyez bienveillant.e envers vous-même, cette période n’est pas facile à vivre mais elle vous permettra d’en apprendre davantage sur vos capacités.
  • FORMEZ-VOUS ! C’est un gain de temps et l’opportunité de rencontrer des personnes qui ont les mêmes passions, une occasion en or pour échanger et se soutenir 🙂
  • Ne laissez personne projeter ses propres peurs sur vous, écoutez-vous et faites de vos envies et de votre vision une priorité.
  • Lancez-vous, vous ne le regretterez pas !

Vous pouvez retrouver Marie, qui a décidé de devenir slasheuse, sur Instagram et sur LinkedIn


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