Nicolas : Ingénieur en informatique, il suit une formation pour devenir moniteur de voile

Après des études d’ingénieur en informatique, Nicolas suit aujourd’hui une formation pour devenir moniteur de voile en parallèle de son emploi. Dans cette interview, il  nous raconte sa passion pour la voile et  nous explique les étapes de la préparation d’une course au large. Si vous voulez apprendre à faire le grand saut, cette interview est faite pour vous. Bonne lecture ! 


Bonjour Nicolas, raconte-nous ton parcours en toute transparence ! 

Je ne vais pas commencer en 1986, année de ma naissance, mais plutôt après le bac, du coup obtenu en 2004. Je commence mon parcours à partir de mes études supérieures : 2 ans de faculté (de Physique/Chimie, à Orsay), puis une école d’ingénieur en informatique au sud de Paris, EPITA.

Une fois sortie de mes études, qui m’ont beaucoup plu en terme d’apport de connaissances et de stimulation intellectuelle, j’ai vécu un énorme désenchantement. Deux ans après ma sortie d’école, mon métier m’ennuie et la vie parisienne de “jeune travailleur” me déprime.

Je pars donc – à la base – six mois en formation de voile habitable (moniteur de croisière). Puis finalement, j’y reste un an supplémentaire, en encadrant bénévolement dans la structure qui m’a formé.

S’en suit un premier retour sur Paris, un retour à mon métier initial – ingénieur en informatique, développeur en l’occurrence. J’y resterai à peine un an et demi et je pars pour l’Espagne, sans travail en 2015. Mon futur patron m’appelle alors car il monte une start-up de zéro. Il n’est pas contre le télétravail – et même plutôt pour, puisqu’il a travaillé lui-même comme ça, et donc je travaille dans cette start-up 3 ans :  1 an en Espagne, 1 an en Irlande, puis 1 an en Bretagne. Je l’ai quittée en août 2018 afin de me consacrer à 100% à un projet Voile.

Comment est née ton envie de poser ta dem’ pour partir 6 mois en formation de moniteur de voile ? 

Personne dans ma famille n’a jamais fait de voile, ni habité en bord de mer. L’idée m’est venue quand j’étais directeur-adjoint d’une colonie de vacances sur l’île de Porquerolles. Un jour de congé, je me balade en kayak et je croise une famille à bord d’un voilier au mouillage, qui m’invite à bord pour boire le café.

En quelques minutes nous sympathisons, et ils m’expliquent qu’après quelques semaines de stage, ils ont choisi l’option “location de voilier” pour une semaine de vacances dans le sud plutôt que de payer l’hôtel ou le camping pour 4 personnes (2 parents, 2 enfants).

Ma première envie à ce moment, c’est la liberté offerte par ce mode de transport-habitation. Ils ont passé une semaine en face des plages les plus jolies du coin, et allaient faire leur courses à la nage ou en canoë gonflable.

L’élément déclencheur néanmoins sera 3 ans plus tard : mon premier été à Paris en tant que salarié. La déprime totale en plein mois d’août ! J’ai intégré la formation pour devenir moniteur de voile afin d’être autonome en voilier, et subir un examen (de 2 semaines), afin d’avoir un retour impartial quant à ce niveau.

Photo de la mer avec des personnes suivant une formation pour devenir moniteur de voile

Finalement, tu as repris tes activités d’ingénieur en informatique, pour les quitter de nouveau, comment as-tu vécu ce changement de vie ?

Un dur retour à la réalité. En fait, je n’avais pas le choix, car je n’avais plus un sou en poche. Et c’était le seul diplôme que j’avais à l’époque qui me permettait d’obtenir sans peine un travail et un bon salaire.

J’ai hésité à changer de pays à ce moment-là (je songeais à Genève où il y avait une grande offre d’emploi dans mon travail), mais finalement puisque j’avais une grande partie de mes amis et de ma famille en région parisienne, je suis revenu à Paris. J’ai choisi d’habiter à moins de 15 minutes en vélo de mon travail et j’ai un peu adapté mes habitudes pour avoir une vie plus paisible, mais les mauvais côtés de la grande ville m’ont vite submergé de nouveau.

Enfin, là encore, c’est plutôt mon activité professionnelle qui a été l’élément déclencheur de mon envie de repartir. J’étais pourtant dans une petite structure, entouré de personnes extrêmement sympathiques, mais ça n’a pas suffit. Les objectifs de l’entreprise étaient trop à l’encontre de mes valeurs (nous développions un robot qui cible les habitudes de consommation des internautes afin de leur proposer des objets qui pourraient leur plaire).

J’allais à reculons chaque matin au travail, et rentrait déprimé le soir à la maison. J’ai donc décidé de repartir, cette fois-ci sans travail, ni assurance chômage, en Espagne. 3 mois plus tard, je suis rentré dans une nouvelle start-up parisienne, qui me proposait un poste en télétravail depuis l’étranger, avec une grande liberté dans mes horaires et mon organisation de travail. De plus, j’étais en accord avec notre objectif d’entreprise, cette fois-ci.

Je suis parti 3 ans plus tard de cette entreprise, ma partie étant terminée (l’énergie a été mise sur le développement commercial depuis).

Aujourd’hui, en quoi consiste ton activité exactement ? 

Elle a beaucoup changé depuis un an. En tant que directeur technique – mon dernier poste, est assez rapide à résumer : on reste assis toute la journée devant un écran. En tant que télé-travailleur, on travaille, participe aux réunions à travers le même écran toute la journée.

Depuis septembre, je suis en formation, et celle-ci dispose de 10 modules; chaque mois est différent. Ça va de l’étude de la réglementation à l’encadrement des différents supports de voile (dériveur, catamaran, planche, char à voile).

Néanmoins, j’ai un projet en parallèle qui me prend presque tous mes week-ends, un projet de course au large amateur qui va se conclure par une transatlantique en solitaire en septembre 2019.

Dans le futur, j’espère concilier ces deux activités, soit en mélangeant dans un même travail, soit en les faisant en alternance.

Raconte-nous comment se passe la préparation de ta course au large ?

La saison de petites courses qualificatives est de avril à juillet, et la grande course finale entre septembre et novembre (entre La Rochelle et la Martinique).

Ma préparation est surtout technique, nous sommes sur des voiliers de 6,50m qui possèdent le matériel et la technologie des grands frères de 18,28m du Vendée Globe. Cet hiver a été consacré à la confection du gréement dormant (tous les câbles qui tiennent le mat, sur mon voilier, il y en a 12 différents), ainsi qu’à la réparation des pièces usées ou cassées dans les dernières courses.

Nous avons aussi des petites connaissances à accumuler avant d’être lâchés seuls dans l’Atlantique, comme l’utilisation d’un sextant pour se positionner – en cas de défaillance de notre électronique et du GPS – et l’utilisation d’une radio BLU, la seule qui capte à plusieurs milliers de kilomètres, afin d’obtenir les prévisions météo et les informations du directeur de course.

Tout un programme, départ le 22 septembre 2019 pour la Transatlantique !

Nicolas qui souhaite devenir moniteur de voile

Ton activité te permet-elle de vivre ? 

L’activité de moniteur de voile professionnel permet de vivre, oui. Mais ce métier est très précaire, lissé sur l’année on est payé à peine plus que le SMIC, parfois moins.

Comparé à mon ancien travail, je divise par entre 3 et 4 mon salaire.

Mon intention pour les années à venir sera plutôt dans un compromis, je songe mener une activité d’indépendant informatique/voile, profiter de la saison haute pour encadrer et profiter d’être à l’air libre avec la voile, et profiter de l’hiver où l’activité est moindre pour assurer des missions en informatique.

Quelles difficultés rencontres-tu ?

Ma principale difficulté aujourd’hui est de ne pas savoir à quel poste je voudrais intervenir sur une moyen/long terme. Certes, j’ai des formations (informatique /voile) et des envies, mais aucun poste que je connais ne m’attire particulièrement pour plusieurs années.

D’un côté c’est assez stressant, car j’ai l’impression d’être complètement perdu, et d’un autre, je me dis qu’au contraire, à force de faire ce que j’aime, je trouverai bien à un moment mon “endroit” professionnel.

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite poser sa dem’ mais n’a pas encore osé franchir le pas ? 

Sans être si vieux, je n’ai pas vu passer mes dix dernières années. J’ai déménagé 8 fois pour 8 postes ou expériences différentes, et à chaque nouvelle expérience, même si je suis revenu avec un compte en banque dans le rouge à Paris la première fois, même si ma carrière d’ingénieur n’est pas irréprochable de par son irrégularité, et même si certaines personnes de mon entourage ne comprennent toujours pas pourquoi j’ai fait ces choix, je ne les regrette pas du tout, et je les referais sans hésiter.

Alors mon conseil est très simple : il ne faut pas écouter ses peurs lorsqu’on fait le grand saut.

Quand on n’est pas épanoui dans une situation de vie, finalement, on ne prend le risque que de l’améliorer.


Que retenir de l’expérience de Nicolas ?

  • Vous ne vous sentez pas bien dans votre travail mais vous ne savez pas pourquoi ? Peut-être que vous n’êtes tout simplement pas aligné.e avec les valeurs de l’entreprise. 
  • Ne regrettez pas vos expériences passées, elles ont fait de vous ce que vous êtes et vous ont conduit jusqu’ici 🙂
  • N’écoutez pas vos peurs, elles ne sont pas de bon conseil.
  • Vos activités/passions sont saisonnières ? Faites un compromis ! Ne vous enfermez pas dans une case, se construire un job sur-mesure c’est possible !

Vous pouvez retrouver Nicolas sur son site Internet, sur Facebook, sur son compte instagram et lui donner un petit coup de pouce ici


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