Repartir à zéro dans le tourisme durable pendant la crise de la Covid

Plaquer un poste à responsabilités dans le bâtiment pour tout recommencer dans le tourisme durable, je viens de le faire et ça pendant la crise de la Covid ! Vous pensez que c’est une folie ? Peut-être avez-vous raison, je vous en dirais peut-être plus dans quelques temps ! En attendant je ne me suis pas sentie aussi bien depuis longtemps. Voici comment j’en suis arrivée à repartir à zéro dans le tourisme durable pendant la crise sanitaire !


Article invité rédigé par Anne Chene


Un boreout comme point de départ

Tout le monde connaît le burn-out, on connaît moins le bore-out. Il n’en est pas moins dévastateur. Les symptômes et les conséquences sont les mêmes que pour le premier : épuisement physique et mental, mal-être, perte de confiance en soi… (la liste est longue). Les causes, quant à elles, sont l’exact opposé : manque de travail, mise au placard, avoir des missions pour lesquelles nous sommes surqualifiés… (ici aussi la liste n’est pas exhaustive). Pour en savoir plus je vous invite à lire cette interview de Christian Bourion.

Comment j’en suis arrivée là ?

Il y a 15 ans, j’arrivais par hasard dans le secteur du bâtiment. Après une expérience dans l’industrie pharmaceutique que je trouvais superficielle et inhumaine, je me décide à chercher une nouvelle voie. Avec un BTS d’assistanat en poche, on peut travailler dans tous les secteurs. Je savais donc ce que je ne voulais pas et, pour le reste, j’étais ouverte à la découverte.

J’ai eu la chance tout au long de mes expériences de monter en compétence et d’évoluer assez naturellement. J’ai ainsi pu passer d’Assistante Commerciale à Responsable de la Prescription. Je le dois en partie à mes capacités relationnelles qui m’ont permis de me créer un solide réseau et à des responsables qui m’ont fait confiance. Enfin ça c’était avant !

En mars 2017 j’intègre une nouvelle entreprise sous la responsabilité d’une personne que je connais de longue date et qui malheureusement se fera débarquer seulement 3 mois après mon arrivée. Pour faire simple, il aura juste le temps de valider ma période d’essai avant de partir. C’est là que les ennuis, enfin… plutôt l’ennui, commence. Je vais essayer de faire court mais voici l’état des relation avec mon nouveau responsable :

  • Plus de 2 mois d’attente avant qu’il prenne contact avec moi après son arrivée, la veille de mes congés d’été. Nous sommes tous en home office et beaucoup en déplacement, on peut donc au choix : s’ignorer facilement ou faire concorder nos agendas pour se rencontrer pendant les déplacements. Il a choisi la première option !
  • Plus de 6 mois pour le rencontrer physiquement, et ce, à ma demande.
  • Suite à mon entretien individuel, je demande à avoir des points téléphoniques mensuels, cet entretien individuel est mon troisième échange avec lui depuis son intégration… Il tiendra 3 rendez-vous.
  • Il nomme tous les hommes sous sa responsabilité Directeur, je suis la seule femme et reste Responsable…

Je suis d’une nature indépendante, j’ai réussi à travailler et à me motiver tant bien que mal pendant de longs mois mais ma persévérance et mon moral commençaient déjà à être mis à rude épreuve.

Les grèves de décembre 2019 ont servi de déclencheur

… Jusqu’à ce fameux décembre 2019 où nous, parisiens et habitants des grandes métropoles, avons goûté en avant-première aux “joies” du télétravail imposé faute de transport.

Ne pouvant plus me déplacer et assister aux différents évènements, réunions et rendez-vous qui ponctuaient mes journées de travail, j’ai dû revoir mon organisation. Les premiers jours, j’ai réussi à gérer, fini mes dossiers en cours mais très vite je me suis retrouvée à passer mes journées a attendre derrière mon ordinateur un potentiel email. Compte tenu de la situation, mon responsable réorganisait la façon de travailler sans jamais m’y intégrer ou m’inclure dans la réflexion.

A bout de souffle, littéralement parlant, j’étais tellement tendue que je ne pouvais plus respirer, mon conjoint m’a imposé un rendez-vous médical. Et là, je m’effondre devant le médecin, je ne me sens bonne à rien, complètement nulle et je n’arrive du coup pas à envisager qu’un autre employeur veuille de moi. Le verdict est en sans appel : je fais un bore-out et je dois être arrêtée le temps de me refaire un santé et me reconstruire pour pouvoir partir en quête d’un nouveau travail pour 2020.

C’est à cette époque que je découvre la sophrologie qui a été une révélation pour moi ! Et heureusement, en tant que grands voyageurs, nous avions déjà planifié un voyage au Cambodge pour fin janvier. Celui-ci tombe à pic je vais pouvoir m’aérer la tête ! Je reprends donc 1 semaine avant de m’envoler !

Des vacances salvatrices

Se mettre sur pause, pour mieux repartir

En plus de tous les bienfaits liés au dépaysement, à la découverte d’une nouvelle culture, le soleil en plein hiver, ses vacances vont s’avérer être une révélation pour moi.

En effet, nous avons au quotidien entamé une démarche plus responsable depuis quelques années et essayons également de l’appliquer quand nous voyageons. Nous avons conscience de l’impact négatif des vols en avion et essayons de minimiser notre impact sur place. Pendant notre séjour nous devions rester plusieurs jours au même endroit et cela nous tenait à cœur de trouver un hébergement responsable. Ce fût le cas et nous avons réellement apprécié notre séjour dans cet établissement si proche de nos valeurs.

Lors de notre dernier apéritif à Siem Reap et avant de continuer notre voyage, nous faisons d’ailleurs le constat que nos meilleurs souvenirs de vacances sont généralement liés à des établissements responsables que nous avons eu l’occasion de visiter. Mais alors pourquoi ne pas toujours séjourner dans ce type d’établissement ? Parce que j’ai du mal à trouver ce type d’établissement sur Internet (je dis “je” car c’est toujours moi qui organise les vacances, j’adore ça !). A la réflexion c’est logique, ces professionnels du tourisme durable sont, par essence, indépendants. Il est donc difficile de les trouver sur Internet au milieu des grosses centrales de réservation.

Nous sommes alors persuadés qu’il doit bien exister quelque part une plateforme qui les recense. Sur le moment, on ne trouve rien. On profite de notre séjour sur une belle plage pour continuer à chercher car nous gardons cette idée en tête. Malgré plusieurs recherches on ne trouve toujours rien. C’est alors à ce moment que germe, surtout dans ma tête, l’idée de le créer cet annuaire.

Un retour en pleine forme

Dès l’avion du retour, je me dis que je vais me lancer cela me donnera un objectif pour tenir et de quoi remplir mes journées le temps de trouver un nouveau travail, d’autant plus dans un domaine qui me tient particulièrement à cœur. Et oui, j’ai toujours rêvé de travailler dans le tourisme, pas en agence, mais j’aurais adoré devenir travel planner. Quand je vous dis que j’adore organiser les vacances ! Cependant, j’ai vite pris conscience que ce métier serait difficilement viable et rentable dans le temps, je l’avais donc mis sous le tapis.

Très vite au retour les choses se mettent en place, il s’agira d’un annuaire collaboratif :

  • Permettant la mise en relation des explor’acteurs et des professionnels du tourisme durable partout dans le monde.
  • Offrant des hébergements pour tout le monde, pour toutes les envies, tous les budgets et enfin sortir des stéréotypes que le tourisme durable est destiné soit à des routards, soit à une clientèle aisée.

Il nous reste à trouver le nom et après brainstorming avec nos amis : Ethik Hotels voit le jour le 4 mars 2020. Je suis alors regonflée à bloc et déterminée à occuper mes journées à développer ce projet tant que je n’ai rien trouvé d’autre.

Le début d’une nouvelle aventure

Le Side Project

Niveau timing, sur le papier, on a connu mieux quand on sait que le premier confinement commencera le 17 mars. En réalité, cela sera à titre personnel une belle opportunité pour occuper mon temps pendant cette période si particulière. Je me lance alors corps et âme dans ce projet.

En parallèle, j’ai trouvé un nouvel emploi que je débute fin mai. A titre personnel, je suis trop impliquée et passionnée par Ethik Hotels, impossible que je laisse tomber. Je décide de le mener de front, cela occupera donc mes soirées, mes week-ends, mes temps de déplacement… Bref chaque moment libre lui sera dédié.

Ma nouvelle aventure professionnelle

Je prends donc mes nouvelles missions motivée dans ma nouvelle société, regonflée à bloc et ayant retrouvé confiance en moi grâce à Ethik Hotels. Après ces années ignorées par mon responsable, avoir réussi à créer ce site est pour moi une vraie satisfaction personnelle.

Mes missions sont intéressantes. Il y a beaucoup de choses à mettre en place car il s’agit d’une création de poste pour travailler en transverse auprès de 5 sociétés partenaires. Cependant, je me rends vite compte qu’un des responsables d’entreprise ne souhaite absolument pas travailler avec moi. Je ressens qu’on lui a imposé mon poste. De plus, je me retrouve confrontée à une culture d’entreprise aux antipodes de mes valeurs.

Avez-vous déjà vécu une telle situation ? Moi c’est la première fois, et malgré ce que j’avais imaginé il est vraiment difficile de travailler dans de telles conditions. De plus, toujours fragilisée, malgré tout, pas mon expérience passée, je me sens de nouveau perdue. Mes seuls moments de plaisir professionnel sont quand je travaille sur Ethik Hotels. A ce moment-là, je suis dans le Flow comme dirait Charlotte ?

La réflexion commence

Je me pose à nouveau de nombreuses questions :

  • Ai-je l’envie et l’énergie nécessaire pour supporter cela en plus du climat actuel (pandémie, reconfinement, couvre-feu…) ? La réponse est non.
  • Ai-je les moyens de vivre sans mon salaire ? Ça c’est une question que nous abordons avec mon conjoint. Nous en arrivons à la conclusion que si je touche le chômage nous nous en sortirons.
  • Qu’est-ce que je souhaite faire : rechercher un autre travail ou me lancer à plein temps dans Ethik Hotels ? En cette période de pandémie internationale, la raison aurait voulu que je choisisse la 1ère solution. Cependant, je me dis aussi que si les planètes s’alignent c’est peut être l’occasion. Les études concernant le tourisme vont dans mon sens et montrent un intérêt croissant.

C’est à cette période que je découvre la promotion HEC Challenge +, j’y postule et ma candidature est retenue pour présenter le projet devant le Grand Jury de sélection. Cela ajoute encore de l’eau à mon moulin.

Hasard ou coïncidence ? On ne saura jamais ! Cependant mon responsable aborde le sujet quelques jours après. Il se rend lui-même compte que le climat interne ne me permet pas d’exercer mes missions dans les meilleures conditions, à sa grande déception. Il souhaite mettre fin à ma période d’essai le 31 décembre.

Je le prends comme un signe…

2021 sera l’année du changement !

… et décide donc que cette nouvelle année sera réellement synonyme de nouvelle vie pour moi. Avec mon conjoint, on a en effet pris la décision que je me consacrerai à plein temps à Ethik Hotels.

Et ce fût la bonne décision car le 5 janvier j’ai eu la réponse du Grand Jury HEC Challenge + et j’ai été retenue pour intégrer la promotion qui commence le 1er février. L’objectif de cette formation est d’« accompagner les créateurs de projets innovants à fort potentiel de croissance ».

Il est aujourd’hui bien trop tôt pour pouvoir tirer un bilan. Cependant, cela fait longtemps que je ne me suis pas sentie si alignée et si bien dans ma peau. J’ai l’impression d’être là où je dois être. J’ai évidemment encore beaucoup d’incertitudes pour l’avenir :

  • Est-ce que ça va fonctionner ?
  • Vais-je réussir à sortir mon épingle du jeu ?
  • Comment va être la vie quotidienne avec cette baisse de revenu ?
  • Combien de temps va perdurer cette situation économique ?

Cependant je reste positive et les différents articles et analyses laissent présager un bel avenir au tourisme durable. Reste à faire mon trou !

Et si jamais ça ne fonctionne pas ?

  • J’aurais une expérience supplémentaire sur mon CV, ma période de chômage aura été bénéfique et active.
  • Il s’agit d’un site internet, l’investissement financier est limité.
  • Je vais intégrer HEC, ce sera une superbe expérience et encore une nouvelle ligne sur mon CV.

Alors, sauf si la crise économique perdure et s’enfonce, auquel cas je ne serais pas seule sur le carreau, je devrais sortir de cette expérience plus forte et avec un CV renforcé. J’espère ne pas être naïve et ne pas me tromper, je pense pouvoir retrouver un travail facilement avec ces compétences supplémentaires.

Et surtout, je conclurais mon article sur cette pensée : je n’aurais pas de remords ! J’aurais mis en place tous les moyens possibles pour cette aventure qui me tient à cœur voit le jour et devienne pérenne.


Vous pouvez retrouver Anne, qui a décidé de repartir à zéro dans le tourisme durable, sur son site Internet.


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