Rupture conventionnelle refusée ? Le point sur les alternatives possibles

Vous voulez quitter votre travail mais votre démarche pour partir a échoué. Que faire quand votre rupture conventionnelle a été refusée ? Voici quelques conseils pour vous aider à trouver la solution !

Nous évoquions dans un précédent article ce qu’était la rupture conventionnelle et comment préparer votre approche pour en parler avec votre boss. Pas de chance, votre employeur s’y refuse. Comment faire alors pour vous sortir d’une situation dans laquelle vous êtes coincé ?

Vous pensiez que partir allait être simple ? Raté.

Nous avons tous déjà entendu une personne de notre entourage qui, excédée par son travail au quotidien, nous annonce qu’il suffirait de demander une rupture conventionnelle et partir. Dans l’imaginaire collectif, il s’agit d’une solution simple à mettre en place et surtout bénéfique pour vous et votre employeur. Mais on oublie trop souvent que l’entreprise doit verser les indemnités à son salarié et n’a donc à rien à y gagner, bien au contraire.

Si cette solution est utilisée dans les grandes et très grandes entreprises – plus de 35 000 ruptures conventionnelles ont été signées en France en novembre dernierelle est loin de représenter la majorité des organisations en France. Les moindres coûts ont un réel impact sur le fonctionnement et les résultats des TPE et PME qui représentent 99,8 % du nombre total d’entreprises sur le territoire. Evidemment, peu d’employeurs peuvent se permettre de consacrer de l’argent pour permettre à un employé mécontent de partir.

La malédiction du “bon élève”

Il y a un certain paradoxe dans la façon dont les entreprises peuvent se servir de la rupture conventionnelle : c’est “la malédiction du “bon élève”. Une entreprise qui souhaiterait mettre fin au contrat d’un collaborateur qui ne s’adapte plus aux équipes, ou qui ne rend pas un travail satisfaisant, pourra proposer d’elle-même une rupture conventionnelle à la personne concernée. L’organisation est donc prête à payer des indemnités pour pouvoir se débarrasser d’un élément qui risque de poser problème sur le moyen et long terme.  

Mais que se passe t-il lorsqu’il s’agit d’une personne fiable et prometteuse pour l’entreprise ? Clairement, l’organisation ne souhaite pas vous voir partir, et encore moins vous donner de l’argent alors qu’elle perd un collaborateur efficace. Vous pouvez alors ressentir un sentiment d’injustice face à cet état de fait, surtout lorsque vous avez consacré plusieurs années à une entreprise et que vous y aviez développé un vrai sentiment d’appartenance et un fort attachement.

Bon, ma rupture conventionnelle a été refusée, je fais quoi ?

Et bien plusieurs choix s’offrent à vous, tout dépend de la façon dont vous voulez quitter l’entreprise. Bien entendu, vous pouvez partir au conflit, multiplier les arrêts maladie, contacter un avocat et rendre la vie insupportable à votre employeur pour lui forcer la main afin qu’il se débarrasse de vous. Mais souhaitez-vous vraiment partir en d’aussi mauvais termes ? En dépensant énormément d’énergie et en ternissant votre réputation sur un marché du travail plus petit qu’on ne le pense ?

Nous conseillons une approche plus sereine. Notre expérience personnelle et de nombreux témoignages nous ont permis d’identifier les erreurs commises ou les limites de notre demande initiale. Nous vous proposons donc de vous aider en trouvant une approche pour étoffer votre demande et la rendre beaucoup plus acceptable pour votre employeur.

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Réfléchissez en termes de compensation économique.

Même la plus sympathique des entreprises, avec qui vous entretenez d’excellents rapports depuis des années, verra en votre départ des pertes de revenus. Quels que soient vos rapports entre votre employeur et vous, n’oubliez jamais l’adage “business is business”. Mettez de côté les arguments personnels sur les raisons de votre départ, prenez les devants et commencez à réfléchir en termes de compensation chiffrée.

Commencez par calculer le montant de vos indemnités, puis calculez votre salaire en brut employeur (c’est à dire le coût réel de votre poste dans l’entreprise). Ces chiffres vous permettront de comprendre ce que vous coûtez réellement à l’organisation.

Pourquoi ne pas préparer un plan à 6 mois pour faire monter vos subalternes petit à petit sur vos projets et valoriser votre remplacement en mettant en avant leur salaire moins élevé que le votre ? Quelque soit la taille de votre entreprise et votre rôle, c’est en réfléchissant en termes de chiffres que vous serez mieux en mesure de parler le même langage que votre employeur.

Enquêtez sur les autres actions à mettre en place.

Si la rupture conventionnelle a été refusée, il existe cependant des alternatives. Vous souhaitez créer votre propre boite et vous avez mis un peu d’argent de côté ? Vous pouvez proposer à votre employeur un congé pour création d’entreprise. D’une durée moyenne d’un an, il vous permet de tenter l’aventure tout en gardant une place de secours dans votre entreprise qui sera obligée de garder votre poste (sans toutefois vous payer évidemment). Si l’aventure de l’entrepreneuriat s’avère être une réussite, vous pourrez tout simplement mettre fin à votre contrat avec votre entreprise à votre retour. Vous pouvez également vous orienter vers un congé sabbatique, d’une durée légale de 6 à 11 mois, ou d’un congés sans solde d’une durée à valider avec votre employeur.  Ces actions vous permettraient d’aller tenter une autre expérience, voire de travailler dans une autre entreprise, sous réserve de close de non concurrence avec votre employeur initial. 

Il serait également peut être avantageux de proposer un meilleur aménagement de vos horaires dans votre boite : et si vous passiez au temps partiel ? Cela pourrait vous donner une ou deux journées vous permettant de cumuler une deuxième activité, qu’il s’agisse de partir en exploration, de développer votre nouvelle entreprise ou tout simplement de faire une autre activité professionnelle en freelance ou dans une autre société. Si votre employeur accepte, vous établirez avec lui un avenant à votre contrat de travail. Le principal avantage du temps partiel lors d’une création d’entreprise ? Vous aurez toujours un salaire régulier et vous pourrez cumuler avec les revenus de votre nouvelle boite le temps d’être complètement rentable.

Vous avez peut-être également vu au détour de vos recherches l’ultime solution de l’abandon de poste. Considéré comme une faute grave, l’employeur pourra vous licencier sans devoir vous verser d’indemnités et vous pourrez toucher les allocations chômage. Prenez garde cependant car rien n’oblige votre employeur à vous licencier et il n’aura pas à vous payer pendant cette période. Peut-être pouvez-vous vous arranger pour régler cette situation à l’amiable mais rien n’oblige votre entreprise à respecter ce contournement, ou encore vous régler votre solde de congés payés par exemple. Soyez conscient des risques, à ne tenter qu’en ultime recours.

Enfin, la réforme de l’assurance chômage annoncée dans le programme d’Emmanuel Macron sera sans aucun doute bienvenue. Toujours en discussion, elle devrait permettre aux porteurs de projets de poser leur démission et de toucher les assurances chômage. Le texte passera au Parlement cet été et devrait être mis en place progressivement, nous préparerons un article sur le sujet une fois que ces éléments seront confirmés.

Evitez au maximum le conflit.

Nous le disions plus haut, le conflit est loin d’être la solution idéale. Si vous souhaitez impliquer votre délégué du personnel, faites-le de manière discrète sans le communiquer au reste de votre équipe. Annoncer que vous souhaitez faire appel au délégué mettra votre employeur sur la défensive et vous placera en position d’attaque. Ce procédé pourrait ruiner vos espoirs de voir votre employeur changer d’avis ou d’intervenir favorablement à votre encontre.

Evitez également les arrêts maladie à répétition, l’arme classique du salarié en conflit avec la direction. Si cette technique pourrait au bout de plusieurs mois réussir à faire craquer votre employeur, elle sera nocive pour vos bonnes relations avec la direction, avec vos collègues, votre équipe mais également pour vous-même. Finir ainsi son contrat en entreprise aura des répercussions très négatives sur votre moral, votre confiance en vous-même et sur votre rapport avec le monde du travail. Il est généralement admis qu’il faut environ 2 ans pour se remettre psychologiquement d’un licenciement qui se passe mal. Plus vous êtes attaché à votre entreprise par des liens affectifs, plus la situation de conflit vous sera difficile. Pensez-y, vous aurez besoin de toute vos forces pour la suite de vos projets.

Armez-vous de patience, elle sera payante.

L’être humain a besoin de sentir les résultats de ses actions sur le court terme, aussi la patience est-elle difficile à tenir. Mais il est vital que vous gardiez votre calme et restiez professionnel jusqu’au bout. Bien entendu, il n’est pas toujours facile de trouver l’énergie pour continuer votre activité mais essayez en priorité de préserver vos subordonnés et/ou vos clients. Quels que soient vos griefs ou vos projets, votre entourage professionnel pourrait bien être votre meilleur soutien pour la suite. Prouvez leur que vous pouvez faire la part des choses et que vous ne sacrifiez pas le travail que vous faites pour eux actuellement.

En gardant en tête votre projet professionnel que vous êtes en train de préparer, profitez-en pour avancer en toute sérénité grâce au salaire que vous continuez à percevoir et prenez cette occasion pour mettre le maximum de côté tout en faisant le tri dans vos dépenses mensuelles. Le pécule que vous aurez réussi à réunir pourra vous être grandement utile pour la suite. Dites-vous que ces mois de travail en attendant de résoudre la situation vous permettent de vous assurer un meilleur filet de sécurité.

La situation se débloquera, on croit en vous !

Vous voilà un peu mieux armé pour faire face à la déception d’un refus de rupture conventionnelle. Quel que soit votre projet, votre parcours ou l’organisation que vous souhaitez quitter, gardez toujours en tête votre objectif et ne perdez pas espoir. Continuez à explorer, à sortir de votre zone de confort, à vous challenger intellectuellement et à rencontrer de nouvelles personnes. C’est cette énergie qui vous fera tenir et vous permettra à moyen terme de pouvoir partir et vous lancer pleinement dans votre nouveau projet.

Pour en savoir plus, inscrivez-vous ici pour recevoir notre guide complet “Comment quitter son job ?” à paraître prochainement !


Le récap’ pour les plus pressés

  • La rupture conventionnelle n’est pas encore généralisée, il y a de fortes chances pour que votre entreprise ne soit pas capable ou ne veuille pas considérer cette option
  • Il est normal de ressentir de l’injustice face à cette situation, ne perdez pas espoir car il y a des alternatives qui pourraient également vous convenir
  • Congés pour création d’entreprise, congés sabbatique… Peut-être que l’une de ces solutions vous permettraient de prendre de la distance avec votre entreprise dans un premier temps afin de faire le point ou de commencer à vous lancer dans votre projet
  • L’abandon de poste est à éviter au maximum, de même que de se montrer ouvertement en conflit avec votre employeur qui risquerait de se braquer tout aussi vite
  • La patience (toujours elle !) sera également votre meilleur allié car une sitation comme celle-ci finit toujours pas se débloquer malgré tout.

 

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