Surmonter sa peur de démissionner et vivre libre

Comment surmonter sa peur de démissionner ? Dans cet article, je relate mon cheminement à partir du moment où j’ai clairement perçu que je devais quitter mon travail. J’y évoque la manière dont j’ai apprivoisé la peur diffuse que j’ai ressentie à ce moment-là, les quelques trucs qui m’ont aidé, et qui, je l’espère, vous seront utiles.


Article invité rédigé par Nadia Bastien


Le déclic ou le syndrome de la goutte d’eau

Je me rappelle très précisément le moment, où une petite ampoule s’allume dans ma tête et où je me dis : « non là ce n’est plus possible, j’arrête ». Et -croyez-le ou non- je ne parle pas de drogue dure ou douce ou d’une quelconque dépendance, mais simplement de mon travail.

Au volant de ma voiture, me rendant au lycée comme d’habitude, j’entends aux informations que le seul dispositif d’avancement « au mérite » des enseignants au sein de l’Éducation Nationale va être supprimé. Effacé. Annulé. Pulvérisé (vous avez compris l’idée…).

Tout le monde doit progresser à l’ancienneté, il ne faudrait pas que les enseignants qui s’arrachent les tripes à faire les choses bien changent d’échelon plus vite que les autres. Bah non ! Injustice, haro sur le baudet de l’inégalité du Grand Capital !  Bon d’accord j’exagère, mais sur le moment je l’ai vraiment vécu comme ça.

Vous connaissez la courbe du deuil d’Élisabeth Kübler-Ross ? Eh bien la 2ème étape, après le choc, c’est le déni. J’ai failli arrêter la voiture sur la Rocade-Ouest qui va de Neuville à Poitiers (ce que toutefois je déconseille formellement à quiconque) pour monter le son et être sûre que j’avais bien entendu.

J’avais parfaitement entendu, et, le pire, c’est que ça n’était vraiment pas le plus grave. Ce n’était même pas grave du tout…De toutes les couleuvres que j’avais avalées au cours des 10 dernières années, celle-là n’était certainement pas la plus indigeste.

Mais allez savoir pourquoi, les mots qui flottaient dans mon esprit depuis un temps certain se sont soudainement clairement assemblés, et je me suis simplement dit à voix haute « C’est fini, je m’en vais. ».

Cette ultime goutte d’eau avait fait déborder le vase. 

Le plus beau métier du monde…

Pourtant, ne vous y trompez pas, j’avais aimé mon métier.

Simplement, je n’avais pas encore eu la chance de croiser la route de Charlotte, ni de lire son article sur les personnes multipotentielles et je n’avais pas accepté l’idée que pour me sentir bien dans mes baskets, j’avais besoin de faire plusieurs choses en même temps, tout le temps.

Dans une certaine mesure, le métier d’enseignant en lycée professionnel répondait à ce vaste cahier des charges.

Mais la rigidité de l’administration et la nocivité du système avaient eu raison de ma motivation, et bientôt j’allais y laisser ma santé si je ne faisais rien. Je voyais les traits de mes collègues se creuser chaque jour, les dépressions, les craquages en salle des profs… Le plus beau métier du monde, les vacances, la sécurité de l’emploi, eh bien, ce n’était tout simplement plus pour moi.

Femme sur un pont sur le point de surmonter sa peur

La peur : manifestations et conséquences

C’est à ce moment qu’une peur terrible m’a saisie aux entrailles.

Subitement, j’ai compris que je ne pouvais plus rester et « comment-j-allais-faire-pour payer-mon-crédit-et-mes-enfants-et-mon-mari-quest-ce-quil-vont-dire-O-monDieu » ! Sans compter l’invraisemblable imbroglio administratif auquel j’allais inévitablement être confrontée. S’en est suivi une bonne déprime persistante se manifestant, aléatoirement, sous forme de migraine, angoisse, crises de pleurs, maux de ventre, nausées, enchaînement de virus en tous genres.

Dans une certaine mesure, si vous vous rappelez de la courbe du deuil, cela est parfaitement non seulement NORMAL mais aussi inévitable. Bien sûr, l’intensité et les manifestations varient selon les personnes, mais faites-vous à l’idée qu’il est impossible de couper complètement à une peur diffuse et enveloppante, et à ce processus de deuil.

Il faut du temps pour accepter qu’un page de sa vie se tourne avant de pouvoir être disponible pour de nouvelles aventures. C’est bien normal aussi d’avoir peur à l’idée de devoir se reconvertir, ou d’affronter le regard de ses proches, pas toujours aussi compréhensifs que nous le souhaiterions.

C’est une partie du processus, et on ne peut tout simplement pas l’éviter. La bonne nouvelle c’est que, toujours selon EKR (alias Elisabeth Kübler Ross, si vous suivez toujours), quand vous êtes dans « la vallée des larmes », d’aucuns diraient moins poétiquement au fond du trou, vous ne pouvez que remonter…

Certes. Mais à condition d’éviter le piège fatal.

Surmonter sa peur du loup

Car le problème de la peur, ce n’est pas tant la peur en elle-même que ce que la panique peut vous amener à faire, ou à ne pas faire.

Par exemple perdre le nord, rationaliser, s’effondrer ou tout simplement renoncer. « Ce n’est pas pour moi, il faut être raisonnable, comment je vais faire, je n’y arriverai jamais » …

Et ainsi avoir autant d’excellentes raisons pour ne pas écouter la petite voie intérieure qui nous dit de toutes les manières possibles qu’il faut faire quelque chose, et que nous ne pouvons pas rester comme ça.

Dans ces moments-là, car la peur ne part jamais très loin, je repense au loup. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de loup, me direz-vous ? Je vous laisse le découvrir dans une courte vidéo que j’ai vue il y a des années et qui ressurgit opportunément dans mon esprit quand j’en ai besoin.

Je vous la conseille, spécialement si vous êtes une femme (mais si vous êtes un homme ça peut marcher aussi, vous me direz) …

Après toutes ces années, cette vidéo me fait encore pleurer à chaque fois que je la visionne, tellement je m’y retrouve (et aussi pour la musique j’avoue, l’été de Vivaldi, mon Dieu, que c’est beau).

Le grand saut

Vous avez remarqué, [attention spoiler !] quand la jeune femme, déterminée pour ne pas dire survoltée, décide d’affronter l’animal et mobilise toutes ses ressources, et bien, pouf, il s’évapore d’un seul coup d’un seul.

Dans la vie, évidemment, ce n’est pas toujours aussi simple.

MAIS, la bonne nouvelle, c’est que la peur résiste rarement à l’action. (A ce propos je vous conseille cette excellente vidéo de « Tout le monde s’en fout » sur les émotions )

Quelques idées pour surmonter sa peur :

  • Écrivez sur un papier tout ce qui vous fait peur, sans vous censurer.
  • Une fois que c’est fait, demandez-vous ce qui pourrait vous rassurer.
  • Écrivez-le, fixez-vous un délai et faites-le. Souvent, obtenir des réponses à quelques questions précises permet déjà de dessiner un chemin. De quoi avez-vous le plus besoin ?
  • Ne tardez pas, engagez-vous dans l’action, même si elle vous semble dérisoire, rappelez-vous : « Un chemin de mille pas commence par le premier ».
  • Demandez-vous : quels sont mes atouts ? Demandez-le aussi, si c’est possible, aux gens bienveillants qui vous entourent. Et écrivez-les, ces atouts,  pour vous en imprégner. Relisez cette liste à chaque fois que vous doutez de vous.
  • Commencez à chercher des ressources autour de vous : organismes, idées, sources d’inspiration…

Femme qui saute pour surmonter sa peur

Apprendre à s’affirmer

A ce stade votre peur devrait au moins commencer à être moins mordante. Certes, les choses changent, mais vous vous apercevez que vous avez des ressources pour y faire face, et deuxième bonne nouvelle, vous n’êtes pas seul.

C’est aussi une phase durant laquelle vous devrez :

  • Apprendre à croire en vous et en vos compétences
  • Décider d’aller de l’avant (ou non)
  • Sortir de votre zone de confort.
  • Parler à vos proches de vos projets
  • Vous appuyer sur les gens qui vous soutiennent
  • Refuser la négativité des personnes qui n’ont pas envie que la situation change.

Que voulez-vous vraiment ?

En un mot soyez déterminé.e à vous battre pour ce en quoi vous croyez.

Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ? Ce qui m’a aidé à continuer à avancer

Cette période est particulièrement inconfortable, car, à un moment, inévitablement, vous vous trouvez au milieu du gué. Vous savez qu’une époque s’achève, mais vous ne savez pas encore ce que vous réserve l’avenir.

Je vous livre ici quelques tuyaux qui m’ont aidé à tenir le cap :

  • Recourir aux services d’un avocat pour concrétiser ma démission. C’est très utile et parfois indispensable dans la fonction publique.  Ainsi, j’ai obtenu une prime d’indemnité de départ non négligeable. Dans mon cas, l’investissement a été largement rentabilisé.
  • Consulter un conseiller professionnel, qui m’a aidée à tracer la suite de mon avenir.
  • Faire de la sophrologie, pour la détente.
  • Me mettre au violoncelle alors que je n’avais jamais fait de musique, pour me concentrer sur autre chose quand je commençais à broyer du noir.
  • Les copines, pour le thé, les macarons, et l’amitié.

Si c’était à refaire …

Il y a quelque temps, j’ai eu une ancienne collègue au téléphone. Elle m’a demandé si je regrettais ma décision. Quand elle m’a posé cette question au détour de la conversation, j’ai tout simplement éclaté de rire. J’ai démissionné officiellement le 1er septembre 2018. Cette date me parait à la fois très proche et incroyablement lointaine.

Tout n’est pas rose dans la vie d’entrepreneure que j’ai choisie. Par exemple, les fins de mois sont par moment incertaines. J’angoisse à l’idée de ces deux mois et demi de vacances où je vais devoir jongler entre mes missions et mes enfants.

De plus, des projets qui me tenaient à cœur ne se sont pas concrétisés. Mais après seulement 7 mois d’activité, le bilan est clairement positif.

J’ai déjà plusieurs clients. J’assume ma part dans les frais de mon ménage, plutôt mieux que prévu.

Au cours de ce semestre transitoire, mon projet s’est affiné. Je veux continuer dans la formation et le coaching emploi. Mais aussi développer une activité de bilan de compétences.  Et pourquoi pas une offre complète aux entreprises en matière de ressources humaines. Je réfléchis à m’associer avec une personne que j’apprécie et qui est aussi en transition professionnelle.

Être heureux

Et surtout, je suis là où j’ai envie d’être. Elle est bien loin cette peur, qui me vidait de mon énergie et de ma joie de vivre.

Je dessine le chemin de mon avenir professionnel au fur et à mesure. La peur ressurgit parfois, et c’est bien normal. Mais jamais elle ne me dictera mes choix.

J’ai eu raison d’affronter ce loup car il a tout simplement disparu du paysage.


Pour retrouver Nadia, rendez-vous sur son site internet


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