Pourquoi quitter une grande entreprise pour une start-up ?

L’univers des start-up vous attire ? Avant de commencer à postuler, sachez à quoi vous attendre si vous décidez de quitter une grande entreprise pour une start-up.

C’est décidé, vous allez chercher un job en start-up et quitter votre grande tour froide de la Défense (oui, ceci est un cliché – mais je vous épargne celui du babyfoot). C’est dans l’air du temps : les start-up attirent et font parfois de l’ombre aux grandes entreprises sur le marché du recrutement. De plus en plus de salariés de grands groupes se tournent vers cet univers pour y trouver davantage d’autonomie, de challenge, moins de rigidité et une ambiance plus stimulante. Avant de vous lancer dans vos recherches, voici ce qu’il faut savoir et les bonnes questions à vous poser. Je vous partage mon expérience et mes 4 conseils en fin d’article.

Pourquoi les start-up attirent

Selon une enquête BVA, 42% des salariés aimeraient travailler au sein d’une start-up, soit plus de 4 sur 10 ! Parmi les 15-29 ans, ce taux grimpe à 54% contre 34% pour les plus de 50 ans. Mais à l’heure actuelle, seulement 3% des salariés y travaillent. 

L’enquête Pose ta Dem’ a dévoilé que 90% des participants sont attirés par l’univers start-up et l’entrepreneuriat au sens large. 33% d’entre eux ont envie de trouver un job en start-up. Mais qu’est-ce qui plaît donc tant dans les start-up ? 

D’après l’enquête BVA, la première raison est le désir de liberté et d’autonomie, suivie de l’envie d’évoluer dans un environnement professionnel agréable et détendu. La rémunération ne vient qu’en 4ème position.

Lors de l’enquête Pose ta Dem’, nous avons interrogé Marie, 6 ans d’expérience en communication. Elle nous avait expliqué son souhait de rejoindre une start-up : “Je veux travailler dans une entreprise où je peux créer, innover, sans être ralentie par les process. Où l’équipe est VRAIMENT dynamique et motivée. Donc d’ici un an, je voudrais quitter ma grosse boîte pour une start-up.” Ce type de témoignage est fréquent de la part de salariés qui ne se retrouvent plus dans les organisations traditionnelles. Mais il leur est difficile de savoir ce qu’il se passe réellement dans une start-up au quotidien ! Voici quelques pistes :

Travailler en start-up : à quoi faut-il s’attendre ?

  • Une montagne russe émotionnelle

La vie d’une start-up n’est pas un long fleuve tranquille, et vous vivrez au rythme des grands événements de votre boîte : champagne (ou Champomy si vous n’avez pas levé) lors de la signature d’un gros contrat, déprime collective en cas de ralentissement de l’activité, stress dans une période charnière… Dans une petite équipe, les victoires et les échecs reposent sur quelques épaules seulement, donc l’implication émotionnelle est beaucoup plus forte que dans une grande entreprise.

  • Une aventure humaine atypique

Déjà, les profils des salariés de start-up sont différents de ceux de grands groupes : ils ont davantage la fibre entrepreneuriale, les parcours atypiques sont plus courants, et les personnalités plus exacerbées et plus originales, car moins écrasées par le conformisme d’une grande boîte. Ensuite, participer à une aventure collective renforce considérablement les liens, qui sont naturellement moins hiérarchiques et moins formels. Cela a de grands avantages, comme l’envie d’aller au bureau le matin pour retrouver ses copains. Mais cela peut avoir des inconvénients s’il y a des conflits larvés et si le management n’est pas à la hauteur.

  • Une structure très flexible et évolutive

Dans une grande entreprise, tout est déjà très cadré et structuré, il n’y a qu’à suivre les règles. Mais en start-up, rien n’est figé : processus, méthodes de travail et d’organisation, hiérarchie… Donc attendez-vous à connaître des changements et à être force de proposition dans la structuration progressive de la boîte.

  • Un job évolutif lui aussi !

En rejoignant une start-up, vous savez que votre job peut évoluer. Tout dépend du stade de la boîte bien sûr, mais une start-up est par définition une entreprise dans la fleur de l’âge. Si le produit ou le business model évolue, le travail en interne évolue forcément avec. Il faut donc aimer avoir un job dans lequel aucune journée ne se ressemble, et où l’avenir est incertain

Le travail en start-up est plus une expérience de vie qu’une expérience de travail. En start-up, personne n’est planqué derrière son écran d’ordinateur à faire semblant de travailler. Ici, tout le monde apporte sa pierre à l’édifice et y met toute son énergie. D’où l’importance de choisir une start-up en phase avec vos valeurs et vos aspirations, car l’implication personnelle est souvent bien plus forte que dans une grande entreprise.

La face sombre des start-up

En parallèle de la forte attirance pour les start-up, les critiques à l’encontre de cet écosystème émergent depuis quelques temps. Quels sont les reproches adressés aux start-up ?

  • A force de travailler quand ils veulent, où ils veulent, et surtout beaucoup… les salariés de start-up risquent le burn-out. Et la culpabilité risque d’être plus forte que dans un grand groupe car dans une start-up, chacun a une responsabilité forte dans la réussite de la boîte
  • L’ambiance amicale voire familiale est faussement cool, et peut cacher de gros problèmes de management. La cause ? Un certain nombre de fondateurs de start-up sont inexpérimentés dans le management et dans le recrutement
  • La précarité de l’emploi et le manque de stabilité sont problématiques à long terme

Dans son livre “Bienvenue dans le nouveau monde, Comment j’ai survécu à la coolitude des startups“, Mathilde Ramadier dépeint un univers peu reluisant en s’appuyant sur son expérience à Berlin. Une lecture intéressante qui apporte un regard critique, mais à prendre avec du recul avant de généraliser. 

Ce qu’il faut retenir de ce débat pour/contre le travail en start-up, c’est qu’il est important de ne pas se laisser aveugler par les promesses de coolitude des start-up pour ne pas être déçu, et de se renseigner objectivement sur la réalité de ce milieu. Avant de rejoindre une start-up, tâchez d’en avoir la vision la plus transparente possible : critères de recrutement, collaboration au sein de l’équipe, processus internes, méthodes de travail, organisation, personnalité des fondateurs, stratégie à long terme… 

Une entreprise, quelle que soit sa taille et son ancienneté, dépend des hommes et des femmes qui la dirigent et qui la constituent. L’important pour vous est d’être au clair sur vos attentes et vos besoins pour trouver l’entreprise qui vous correspond réellement. Ce n’est pas parce qu’un phénomène est tendance qu’il est fait pour vous. A chaque personnalité son entreprise ! 

Les questions à vous poser

Avant de prendre n’importe quelle décision, il est nécessaire de s’interroger sur nos motivations profondes. Alors pour réfléchir à votre envie de quitter une grande entreprise pour une start-up, voici 4 questions clés à vous poser : 

  1. Quel a été l’élément déclencheur qui m’a donné envie de rejoindre une start-up ? (l’expérience d’un ami, la lecture d’un article ou d’un livre, une conférence…) 
  2. Qu’est-ce que j’attends concrètement de ce nouvel univers ? (autonomie, variété des projets, cohésion d’équipe, environnement agréable, responsabilités…)
  3. Comment m’assurer que la start-up que je choisirai correspondra à mes attentes ? (échanger avec un salarié de la boîte, me renseigner auprès de mon réseau, poser mes questions en entretien…)
  4. La liberté et l’incertitude de l’avenir sont-elles des stimulants ou des freins pour moi ?

Mon expérience en start-up

Pour finir, je vous partage ma propre expérience (à lire en intégralité ici). J’ai commencé ma carrière dans le conseil, dans un cabinet qui a grandi très vite. J’étais en mission chez de gros clients issus du CAC40, à l’opposé du modèle start-up. Ce qui me frustrait le plus :

  • La complexité et la lenteur des process. Pour la moindre action il fallait passer par un nombre interminable d’étapes et de validations. C’est très décourageant lorsque l’on a envie que les choses bougent.
  • L’obligation de se conformer à cet univers. Je n’avais pas l’impression d’être moi-même ! Je devais adopter un langage corporate, ne jamais arriver après 9h ni partir avant 19h même si je n’avais rien à faire, toujours me plier aux demandes clients – même inutiles.
  • Le manque de sens dans ce que je faisais et le sentiment de brasser de l’air.

Alors comme j’avais envie de liberté, d’autonomie, de création, je me suis tournée vers les start-up. Après quelques mois passés à découvrir l’écosystème, je me suis lancée et j’ai été embauchée dans une start-up de 4 personnes car je voulais arriver au début d’une aventure. Nous étions dans un incubateur donc j’ai eu tout le loisir de discuter avec nos voisins startuppers et de me faire une idée bien précise de cet univers.

Voici le bilan de mon expérience :

  • J’ai bien fait de choisir une petite start-up plutôt qu’une qui avait déjà beaucoup recruté, car il y avait tout à faire ! Mon périmètre n’était pas délimité. J’ai pu toucher à tout et donner mon avis sur de nombreux domaines : business, stratégie, processus, méthodes de travail, recrutement…
  • Ce que je faisais avait du sens, de l’impact, je voyais les résultats concrets de mon travail. Je n’étais plus un rouage d’une gigantesque organisation, mais l’un des piliers du développement de la boîte. La motivation et l’implication sont naturellement démultipliées !
  • Je n’avais plus à faire semblant de m’intéresser à 10 réunions hebdomadaires. Nous ne faisions que des réunions utiles, et constructives et flexibles : pas besoin ? on annule !
  • L’équipe me faisait confiance et me laissait télétravailler si je le souhaitais, partir tôt si besoin… je n’avais plus le poids de la hiérarchie stricte et contrôlante

Ce bilan est le mien, et ne saurait être généralisé. Il aurait pu être différent pour une autre personne à ma place. Il aurait aussi pu être différent si j’avais rejoint une autre start-up. Alors avant de poser votre dem’ et de postuler en start-up, voici mes 4 conseils de la fin.

Les 4 conseils de la fin

  • Sondez vos envies profondes, soyez objectif sur vos attentes à l’égard du travail en start-up
  • Echangez au maximum avec des startuppers sur leur expérience et demandez des conseils pour faire les bons choix
  • Prenez le temps de parcourir les offres en start-up et de les comparer à celles que vous auriez en grande entreprise, pour voir si la différence que vous recherchez se situe vraiment au niveau de la taille de l’entreprise ou ailleurs !
  • Si la start-up vous attire et vous effraie en même temps, renseignez-vous sur l’intrapreneuriat au sein de votre entreprise

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