Comment trouver sa voie et réussir sa reconversion professionnelle : Témoignage

Employée de banque pendant dix ans, dont cinq en Côte d’Ivoire, je suis aujourd’hui créatrice de mode en France. Je vous livre ici le récit de mon changement de vie, ainsi que les conseils indispensables pour trouver sa voie et réussir sa reconversion professionnelle.


Article invité rédigé par Lynda Cazilhac


Du prêt immobilier au prêt-à-porter

Avez-vous librement choisi votre métier ?

Il y a quelques années en arrière, j’aurais répondu oui à cette question. Oui, car personne ne m’avait obligée à faire des études de finance et marketing. Pourtant, ce qui me passionnait, ce n’était ni la finance, ni le marketing, mais la mode. En Côte d’Ivoire, mon pays natal, les métiers manuels n’étaient pas du tout valorisés. Aucun parent ne souhaitait voir ses enfants devenir coiffeurs, artistes ou couturiers. La couture, justement, était le métier de ma mère, qui exerçait comme styliste-modéliste. C’est en la voyant créer des vêtements qu’est née ma passion pour la mode. Mais pour elle, il était hors de question que je suive ses pas et que j’en fasse mon métier. Je devais faire des études pour décrocher un bon emploi dans un bureau. Tel était le but de toute bonne éducation en Afrique de l’Ouest.

Naturellement, j’ai fait ce qu’on attendait de moi. Après avoir obtenu un master en marketing, j’ai intégré une des principales banques de Côte d’Ivoire en tant que cadre financier.

Les accidents de la vie comme opportunités

En 2011, la guerre éclate dans le pays. En 2012, craignant pour ma sécurité, je quitte tout du jour au lendemain pour m’installer en France. Je vis très mal cet exil forcé. Moi qui avais planifié ma vie, j’ai l’impression d’en avoir perdu totalement la maitrise. Ce n’est que bien des années plus tard que je comprendrais que cet événement m’a en fait offert une formidable opportunité de vivre ma vraie vie.

Après deux ans de bataille juridique, j’obtiens le droit de résider sur le territoire français et d’y travailler. Le taux de chômage est alors au plus haut, mais ma détermination me permet de décrocher un CDI dans un groupe bancaire français en seulement deux mois. C’est pour moi une grande victoire !

Quand ça ne va plus au travail

Ma fonction de conseiller bancaire itinérant implique de ne pas avoir de poste attitré. J’enchaine des missions de trois à six mois dans les différentes agences du département. Or, je n’ai pas signé le contrat dans le département dans lequel je vis, mais dans le département voisin. J’effectue des trajets quotidiens de deux heures pour me rendre sur mon lieu de travail. Au bout de deux ans, l’euphorie que j’ai connue lorsque j’ai obtenu cet emploi est retombée, et les trajets commencent à me peser. Je rentre tard chez moi et les frais de route engloutissent mon salaire. Alors que j’envisage de déménager pour me rapprocher de mon travail, la DRH me propose un poste dans ma ville. C’est un immense soulagement pour moi, je vais même pouvoir aller travailler à pied !

Malgré cela, petit à petit, ma motivation disparait, mon goût du travail aussi. Vendre des contrats bancaires m’intéresse de moins en moins. La reconnaissance des clients que je conseille ne me suffit plus pour me sentir utile. C’est alors qu’un heureux événement va tout changer…

Le déclic

Un beau jour de l’été 2018, je deviens maman. Je reçois alors l’énorme responsabilité de l’éducation d’un petit homme. Donner la vie est un acte fort qui nous incite à réfléchir à la nôtre, au sens que nous voulons lui donner, à comprendre ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Un jour, en voyant mon bébé jouer, je remarque que cet être libre est entièrement guidé par son instinct. Je comprends que c’est en faisant à chaque moment ce qui l’intéresse qu’il développe son potentiel, qu’il s’épanouit et qu’il grandit. Restreindre sa liberté d’action, c’est entraver son développement. Mon enfant m’a alors donné une leçon de vie : l’épanouissement personnel ne peut exister qui si nous suivons notre élan intérieur.

Il est des évidences que nous ressentons au fond de nous. La passion de la mode est en moi. Mon élan créateur est immense. C’est décidé, je vais vivre ma passion !

Après mon congé maternité, je demande un congé parental afin de murir mon projet au coté de mon enfant. J’entame ensuite la rupture conventionnelle avec mon employeur qui sera actée quelques mois plus tard.

Lynda dessine

J’ai enfin compris à quoi servent les cours d’arts plastiques au collège !

Changer de métier, mais pour quoi faire ?

Qu’aimez-vous faire ?

S’accomplir, c’est devenir soi-même. Pour y parvenir, nous devons d’abord savoir qui nous sommes. Comme ce fut le cas pour moi, notre éducation nous mène parfois sur des chemins qui ne sont pas les nôtres. La première étape est d’identifier notre domaine d’épanouissement. A noter que celui-ci peut changer en fonction des périodes de la vie.

Mais si faire de sa passion son métier est bien sûr très épanouissant, j’ai découvert que ce n’était pas la seule condition pour être heureux dans son travail…

A quoi cela va-t-il servir ?

Lorsque j’ai créé ma marque de prêt-à-porter, mon souhait était d’aider les artisans africains à vivre de leur talent. J’ai également voulu développer un commerce responsable et respectueux de l’environnement (voir l’article Le projet Kalyca). M’engager ainsi pour une cause noble, humaniste, conforme à mes convictions a eu sur moi un effet que j’avais sous-estimé : celui de me rendre heureuse. Si vivre sa passion contribue à son épanouissement personnel, donner du sens à son action est une grande source de bonheur. Quel que soit votre projet professionnel, que vous vendiez des produits ou des services, vous aurez le pouvoir de rendre des gens heureux, ou du moins de les aider. Ne vous en privez pas !

Trouvez votre Ikigai

L’Ikigai est une philosophie japonaise qui permet de trouver un sens à sa vie. Il met en lien les concepts de passion, compétence, utilité et travail rémunéré abordés dans cet article au travers des quatre composantes suivantes :

  • ce que j’aime faire,
  • ce pour quoi je suis doué,
  • ce dont le monde a besoin,
  • ce pour quoi je peux être payé.

Pour atteindre l’Ikigai, il est nécessaire de trouver un équilibre entre ces quatre composantes. Lorsque j’ai perdu le goût de mon métier de conseiller financier, j’ai perdu mon Ikigai. J’ai alors ressenti ce sentiment de vide qui m’a poussée à la reconversion professionnelle (voir schéma). Une étude japonaise a démontré que l’Ikigai est un facteur de bonne santé et de longévité. L’île d’Okinawa, d’où vient ce concept, compte d’ailleurs trois fois plus de centenaires qu’ailleurs !

Maintenant que vous savez comment trouver votre futur métier, voyons comment réussir sa reconversion professionnelle…

Schéma Ikigai

L’étymologie du mot Ikigai signifie littéralement “Votre raison de vous lever du lit le matin”

Les clefs d’une reconversion professionnelle réussie

Une reconversion professionnelle est un changement de vie. Notre travail rythme notre quotidien, définit notre niveau de vie, parfois notre lieu de résidence et même notre personnalité. Notre vie personnelle est un équilibre entre nos vies professionnelle et familiale. Toute modification dans notre vie professionnelle a un effet sur notre vie familiale. Un changement de voie professionnelle doit donc s’accompagner d’une réflexion sérieuse sur l’impact qu’il aura sur notre environnement familial.

1) Le soutien de la famille

Si vous envisagez de démissionner pour créer votre entreprise, vous avez surement eu cette réflexion. Vous vous dites peut-être que l’entrepreneuriat vous offrira une liberté d’organisation qui profitera à votre famille. C’est vrai. En revanche, être votre propre patron va vous demander une implication très importante dans votre projet. Être salarié dans un bureau vous oblige a être présent en un certain endroit à un certain moment. Travailler chez soi, c’est ne plus avoir de limite physique ni temporelle entre les milieux professionnels et privés. Certes, vous pouvez tenter de recréer cette séparation en emménageant chez vous un bureau et en vous fixant des horaires de travail, mais bien peu d’entrepreneurs peuvent se payer ce luxe.

Habitant avec mon mari et mon enfant en bas âge dans un appartement de trois pièces, mes vies professionnelle et familiale ne font plus qu’une. Je n’ai d’autre choix que de travailler durant le sommeil de mon fils, et mon appartement est à la fois mon bureau, mon entrepôt et mon studio photo ! Il est donc absolument nécessaire que mon mari accepte ces conditions que je lui impose.

Votre reconversion professionnelle va-t-elle briser votre équilibre familial ?

La question est primordiale car le risque est bien réel. Pour connaitre la réponse, posez-vous cette autre question : votre conjoint(e) vous soutient-il (elle) dans votre projet de reconversion professionnelle ? Votre décision de démissionner va impliquer votre famille, elle ne saurait donc être prise par vous seul. Vous ne devez pas vous contenter d’obtenir l’approbation de la personne qui partage votre vie, vous devez être sûr qu’elle vous comprend et vous soutient totalement. Cela vaut aussi pour le reste de votre entourage, comme vos parents. L’entrepreneuriat est une aventure parsemée de doutes et d’embûches. Le soutien de vos proches est indispensable pour vous permettre de passer ces épreuves.

Comment ont réagi mes proches

Lorsque j’annonce à mon mari que je veux quitter la banque, alors même que je viens d’être affectée dans une agence dans ma ville après trois ans de bataille pour obtenir ce poste, il ne comprend pas. Mais il a beau essayer de relativiser ma situation, ses paroles ont peu d’effet sur mon moral. Il prend alors conscience que le mal-être qui s’installe en moi est profond. Il se montre très critique envers les méthodes de management de la banque dans laquelle je travaille. Un jour, il me dit cette phrase qui m’a donné beaucoup d’assurance : “Suivre sa passion n’est pas la meilleure façon de vivre sa vie, c’est la seule”.

Pour ma mère, quitter mon emploi en banque n’est que pure folie ! Au début, il a été difficile pour moi de voir qu’elle ne prenait pas mon projet professionnel au sérieux. Le jour où j’ai publié sur mon blog l’article A propos de moi, dans lequel je me dévoile, elle m’a appelée en larmes pour me dire qu’elle avait enfin compris mon choix et était fière de moi. Ces paroles m’ont alors donné beaucoup de motivation pour aller au bout de mon projet.

2) Tirer parti de ses compétences

Pour monter une entreprise, la passion seule ne suffit pas, il est nécessaire de posséder des compétences très diverses. Créer des vêtements nécessite de savoir dessiner, d’avoir un certain talent artistique. Pour faire une boutique en ligne, il faut avoir des connaissances en informatique et en développement web, ainsi que des compétences en graphisme et en photo. Comme pour toute entreprise, il faut également bien se renseigner sur les lois, la fiscalité, et bien choisir ses méthodes de financement. Et comme pour toute activité commerciale, il faut savoir se vendre, c’est-à-dire avoir un bon relationnel, être persuasif, connaitre les règles du marketing et maitriser les réseaux sociaux lorsque celui-ci est numérique.

Pour débuter mon entreprise, j’avais peu d’argent. J’ai du faire un maximum moi-même, soutenue par mes proches. Ma mère, qui fut couturière, m’a accompagnée sur le travail de création des vêtements. Mon mari, passionné de photographie, est mis régulièrement à contribution pour ma communication sur les réseaux sociaux. Je lui soumets également à la relecture les textes que j’écris. Enfin, mon expérience de banquière m’a beaucoup aidée pour élaborer mon business plan, gérer ma comptabilité et mettre en place une stratégie financière.

3) S’entourer des bonnes personnes

Si j’ai pu débuter l’aventure avec beaucoup de compétences à ma disposition, j’ai aussi dû m’entourer de collaborateurs. J’ai eu la chance de tomber rapidement sur les bonnes personnes. Imprimeur, modèles photo, couturiers, comptable, j’ai choisi chacun d’entre eux au feeling. Certains ont été mis sur ma route par le bouche-à-oreille, d’autres ont été rencontrés dans la rue ! Tous ont adhéré avec enthousiasme à mon projet et ont grandement contribué à sa réussite. J’attache beaucoup d’importance à la dimension humaine, c’est pourquoi j’ai choisi de ne travailler qu’avec des indépendants ou des petites structures. Les relations sont directes et le travail plus collaboratif. Prêter attention aux relations humaines permet d’obtenir le meilleur de chacun.

J’ai hésité entre créatrice de mode et coach en calinothérapie…

Le champ des possibles

Si j’ai toujours secrètement nourri le rêve de devenir créatrice de mode, jamais je n’aurais imaginé y arriver de cette façon. Si nous connaissons notre but, nous ne pouvons maitriser le chemin pour y parvenir. La guerre m’a fait quitter mon pays. La France m’a accueillie et permis de devenir créatrice de mode. Nous devons donc rester ouvert à toutes les opportunités qui ne manquent pas de s’offrir à nous. Ne baissons pas les bras devant les obstacles, mais sachons trouver d’autres chemins pour arriver à destination. Augmenter le champ des possibles, c’est multiplier les chances de réussir.

Vous vous dites peut être que les personnes qui réussissent ont de la chance. La chance se cultive, et ne se présente à nous que si nous sommes prêts à la recevoir.

Un jour, au hasard d’une promenade en ville, mon attention fut retenue par une jeune femme très élégante. Je l’imaginais porter mes créations. J’avais envie de lui donner ma carte de visite, pensant qu’elle était une cliente potentielle, mais je n’osais pas l’aborder. Mon mari insista, je finis donc par engager la conversation. J’appris alors qu’elle travaillait pour un magazine de mode, et qu’elle projetait de rédiger un article sur la mode africaine ! Cette rencontre providentielle me permit d’avoir une première publication dans la presse spécialisée.

Alors, vous aussi, osez !


Vous pouvez retrouver Lynda, qui nous explique comment réussir sa reconversion professionnelle, sur son site Internet et sur Instagram.


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