Témoignage : Comment je suis devenue slasheuse ingénieure, écrivaine, yogi après mon voyage

J’étais ingénieure en CDI dans une grande entreprise à Paris puis j’ai démissionné pour faire le tour du monde, pensant revenir ensuite. À mon retour, je voulais changer de ville, de métier et de vie. J’ai hésité entre ingénierie, yoga, entrepreneuriat, écriture d’un roman … pour au final devenir slasheuse ingénieure / écrivaine / yogi et faire les quatre à la fois ! Dans cet article, je vous raconte mon expérience, en la reliant à la méthode de l’ikigai.


Article invité rédigé par Ingrid


Acte 1 : Préparation du voyage

La préparation de mon voyage était déjà bien avancée que je me suis décidée à demander à mon employeur un congé pour mon voyage. Au départ, je comptais bien revenir à mon poste, plus par commodité pour ne pas me retrouver sans rien que par choix. Je savais que je ne comptais pas faire ce job toute ma vie, mais je n’avais pas plus de pistes à ce sujet !

Faire le tour du monde était un rêve de plusieurs années lorsque j’ai entamé mes recherches sur les congés sabbatiques. Et là, surprise : pour demander un congé sabbatique, il faut :

  • Trois ans d’ancienneté dans l’entreprise,
  • Six ans d’expérience professionnelle en tout (dans le secteur privé),
  • Ne pas avoir bénéficié de congé de ce type auparavant.

Mon ancienneté totale était de quatre ans, donc exit le congé sabbatique, et j’ai donc demandé un congé sans solde. Celui-ci est bien moins cadré légalement, et mon entreprise a refusé.

Ce que ma démission m’a appris

Lorsque ma RH m’a annoncé que non, je n’aurai pas ce congé de 5 mois malgré mes 4 ans d’entreprise, la décision m’a semblé évidente : j’allais démissionner.

Cela me faisait bizarre, j’avais l’impression de laisser tomber mon entreprise, mes collègues. Surtout que je comptais rester, au départ ! Après en avoir beaucoup parlé autour de moi, je suis arrivée aux conclusions suivantes :

  • Tu ne dois rien à ton entreprise : si tu souhaites partir, tu peux ! Le préavis est justement fait pour lui permettre de se retourner.
  • Ne t’attends pas à ce qu’elle t’accorde ton congé ou ta rupture conventionnelle : elle t’aidera seulement si c’est un bénéfice pour elle.
  • Aujourd’hui, il ne faut pas avoir peur de démissionner : démissionner, changer de boulot, se reconvertir … c’est la nouvelle façon de travailler, comme le montre Pose ta Dem’ ! Même en restant dans le “cycle classique”, démissionner n’est pas un problème ! Pour un recruteur, une personne qui prend des risques, se réoriente, sort de sa zone de confort sera plus intéressante qu’une personne qui vient de passer 6 ans en CDI au même poste. Ou alors, ce n’est pas le cas, mais du coup vous n’avez probablement pas envie de travailler dans cette entreprise !

Acte 2 : Le voyage et le retour

Mon tour du monde a duré six mois. Six mois de rencontres, de réflexions, de moments seule, de yoga … Moi qui avais gardé mon appartement parisien pour avoir un pied-à-terre à mon retour, j’ai écrit à ma propriétaire depuis Bali au bout de trois mois de voyage pour résilier mon bail !

Il m’est apparu assez rapidement que six mois de voyage ne seraient pas suffisants pour trouver ma voie, et j’ai décidé de me donner six mois de plus. Objectif numéro un : écrire ce roman qui me trottait dans la tête depuis l’adolescence. Objectif numéro deux : trouver du travail (mais dans quoi ?). Bonus : faire une formation de prof de yoga pendant cette période.

femme qui marche dans une forêt

   Bali

Le retour de voyage en pratique : toucher un revenu

Certaines conditions permettent de toucher le chômage, notamment la démission pour une mission de volontariat international. Mais l’idéal reste la rupture conventionnelle. Si elle est accordée, vous pouvez toucher le chômage à votre retour en France (dans un délai de 12 mois après la fin de votre contrat) – pas pendant votre voyage !

Si vous ne touchez pas le chômage, pas de panique : il reste le RSA qui vous est accordé après trois mois sans revenu et si vous êtes inscrit au chômage. Vous pouvez également refaire une demande d’allocations après trois mois, mais dans mon cas, il ne m’a jamais été accordé …

Le retour de voyage : s’arranger en cas de revenu insuffisant

Le RSA ne suffit pas pour vivre (il s’élevait à 500 € environ en 2018). Il faut donc être un peu astucieux pour cette période de transition :

  • Commencer les recherches de travail avant le retour de voyage pour que la période RSA soit la plus courte possible
  • Etre hébergé.e par un proche
  • Rester dans un pays où la vie est moins chère mais attention, vous devrez venir en France pour votre premier rendez-vous avec Pôle emploi.
  • Compléter par un job plus « alimentaire » ou des missions en freelance (traduction, rédaction …)

Dans tous les cas, je recommande grandement de mettre de l’argent de côté pour préparer cette période. Le retour de voyage peut être un peu compliqué au niveau du moral, alors autant bien le préparer au niveau pratique !

Bon à savoir : le RSA permet l’accès à la PUMA (anciennement CMU), qui permet d’être remboursé des frais médicaux. C’est toujours ça de pris !

Suivre son instinct : exemple de ma formation de prof de yoga

Ma période de transition visait initialement à me reposer, voir mes proches, écrire mon livre, et chercher du travail. Mais l’idée d’une formation de prof de yoga me titillait. J’ai énormément hésité, surtout après en avoir trouvé une à une heure de ma ville. Le prix était le principal problème (plus de 2000 € le mois) mais en même temps, c’était un investissement !

J’ai fini par conclure que cela n’était pas très raisonnable, et me détournerait de mon livre. L’idée a continué à me trotter dans la tête et un jour, tout en faisant autre chose à côté, je me suis retrouvée sur la page de paiement du stage. C’est comme si mes mains avaient cliqué toutes seules, j’avais à peine réalisé ! Cela m’a fait réaliser que je le voulais vraiment, tant pis si c’était un peu cher. Ma décision était prise, totalement à l’instinct. Cela s’est avéré une très bonne décision, et je peux maintenant enseigner le yoga !

Moralité : ne sous-estimez pas votre instinct, il peut vous être bien plus utile que des heures de navigation sur internet !

Ingrid de dos en train de faire du yoga

                                                                                                                                      Lake Tahoe

Acte 3 : Mes recherches – trouver du travail dans le renouvelable ? Devenir slasheuse ingénieure ?

À part jongler avec mon budget et écrire mon roman, je me suis attelée à ma recherche de travail. Je me suis posé mille questions : voulais-je travailler en freelance pour pouvoir voyager facilement ? Rester ingénieure ? Faire un VIE à l’étranger ? Créer mon entreprise ?

De plus, je rêvais depuis mes études de travailler dans le domaine des énergies renouvelables (je venais du secteur nucléaire) : la concurrence y était rude et j’avais déjà postulé à de nombreuses offres sans succès.

L’ikigai

L’ikigai est une méthode japonaise permettant de trouver sa voie. Elle repose sur le fait qu’il est possible de marier :

  • Sa passion, ce que l’on aime faire
  • Son métier, ce pour quoi on est doué/qualifié
  • Ce dont le monde a besoin.

À la croisée de ces domaines se trouverait notre « voie », l’ikigai. Problème : nous avons tous de nombreuses passions, compétences, et le monde a besoin de nombreuses choses !

Mon expérience

Pour ma part, je me suis posé ces questions, et ai fini par conclure :

  • Mon métier, c’est ingénieure dans l’énergie, avec quatre ans d’expérience qui m’ont bien plu et fait progresser, et je ne suis pas encore prête à changer complètement de domaine.
  • Mes passions, ce sont le yoga, l’écriture. Elles peuvent être menées à côté de mon travail d’ingénieure dans un premier temps. Peut-être qu’un jour je passerai à temps partiel, voire m’y consacrerais totalement. Je suis également passionnée d’écologie (je suis notamment végane pour cette raison) et ai toujours voulu travailler dans les énergies renouvelables.
  • Ce dont le monde a besoin : pour moi, de sérénité, d’écologie, de développement durable.

Ma recherche de travail dans les énergies renouvelables

Le point noir à ce tableau était que le domaine du renouvelable embauche peu, et surtout pas des personnes issues du nucléaire comme moi. J’avais déjà fait des recherches alors que j’étais encore en poste et à la fin de mon voyage : sans succès. Une amie dans le domaine m’a confirmé que s’il n’y avait pas d’expérience dans le renouvelable sur le CV, ce n’était pas la peine de postuler.

Croire dans le job de ses rêves

Ce que j’ai fini par réaliser, c’est que ce n’était pas grave. Dans l’ikigai, il n’y a pas de critère « ce qui recrute » ! Si vous ne trouvez pas de travail dans le domaine de vos rêves, vous pouvez vous en rapprocher, vous former, ou encore créer votre entreprise !

Personnellement, j’ai fini par trouver une mission de prestation dans le secteur du traitement des déchets. Quand je me suis remise à chercher du travail à la fin de la mission, j’ai eu l’impression que le regard des recruteurs avait changé, j’ai même été approchée par un cabinet de recrutement spécialisé dans le renouvelable. Peut-être étaient-ils rassurés que je sois en poste et pas en année de voyage/pause indéterminée. Ou peut-être, et c’est ce que je crois, mon expérience dans le traitement des déchets montrait que j’étais prête à changer de domaine.

Finalement, j’ai suivi mon instinct et ai rejoint une entreprise de prestation en région Rhône-Alpes plutôt à la pointe sur les renouvelables – qui m’a proposé une mission dans les stations hydrogène (pour recharger des véhicules hydrogène). Dans le renouvelable, donc ! Je ne suis que prestataire, mais le secteur est en plein boom, et je suis confiante sur l’avenir.

Image avec texte : I feel like making' dreams come true

Acte 4 : Ma vie de slasheuse ingénieure/écrivaine/prof de yoga

À l’heure actuelle, je suis toujours en mission. J’ai achevé mon roman début janvier et me suis attelée ensuite à sa correction, même si je fais passer mon travail actuel en priorité. De temps en temps, j’enseigne le yoga sur la plateforme Airbnb. Je suis en train de créer mon entreprise (un shop en ligne) et essaie de faire vivre mon blog en parallèle de tout cela.

Concrètement, cela signifie que je travaille 38h par semaine et fais vivre mes projets parallèles les soirs, pauses midi et weekends. Mon idéal dans un futur proche serait de passer à temps partiel pour me dégager une journée ou demi-journée par semaine pour mes projets annexes.

Comment mener toutes ces vies de front ?

  • En revoyant ses priorités. La mienne est mon métier pour l’instant, mais l’écriture et le yoga arrivent juste derrière. Aussi je passe régulièrement des « soirées écriture » vissée à mon PC alors que je préfèrerais regarder un film.
  • En gagnant du temps. Si vous avez l’impression de manquer de temps, je vous recommande d’essayer de passer une semaine sans Netflix, les réseaux sociaux, et les newsletters que vous recevez. Vous verrez tout le temps que vous gagnez ! Un de mes conseils les plus précieux est également le batch cooking : deux heures en cuisine le weekend et vous pourrez consacrer toutes les soirées de la semaine à votre projet.
  • En optimisant votre temps. 40 minutes de transport en commun aller retour, dix minutes de file d’attente par semaine, un long trajet en train ? Sur une année, ça fait pas mal de temps pour vos projets.
  • En s’organisant. Je suis une adepte du Bullet Journal, mais les applications de notes sur téléphone ou les bons vieux carnets font l’affaire, en particulier pour noter mes idées de projets d’entreprises, … Dans tous les cas, faites-vous un “kit” pour passer le plus facilement possible à vos projets (fichiers, applis, cloud …).
  • En étant bien entouré. Au travail, vous pouvez compter sur vos collègues pour toutes vos questions. Dans un projet où on est seul à se motiver, c’est moins facile. Pour les écrivain.e.s par exemple, la communauté NaNoWriMo et le forum Cocyclics constituent une aide précieuse. Les entrepreneur.e.s en herbe trouveront leur bonheur avec l’appli Meetup. Pour le reste, il y a sûrement une appli ou une communauté qui vous attend. Et n’oubliez pas vos proches, qui seront votre soutien numéro un quoiqu’il arrive !

Je donne plus de pistes pratiques pour réaliser un projet personnel à côté du travail (écriture, création d’entreprise, préparation d’un voyage …) sur mon blog dans l’article Comment devenir slasher.use.

Et après ?

Pour le long terme, je sèche. Je poursuis mon rêve d’une carrière dans l’écriture, et compte bien faire plus de yoga à l’avenir. J’ai également une forte envie de repartir, et un tour du côté des vans aménagés me fait lorgner sur ce mode de vie. Année sabbatique ? Changement de vie radical ? Je ne me suis pas encore décidée, mais j’ai toutes les cartes en main.

Pour aller plus loin, je vous conseille mon article L’ikigai pour trouver sa voie, qui détaille la méthode pas à pas avec différents exercices pour aboutir au job de vos rêves.


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