Se reconvertir pour ouvrir un bar : 7 conseils de pro pour te lancer

La crise sanitaire a offert à de nombreux Français du temps pour réfléchir et se remettre en question. Alexandre Rouvroy est de ceux-ci. Pendant le premier confinement, il a décidé de réaliser son rêve d’entreprendre et de lancer un bar à tapas. Toi-même, tu as peut-être eu l’idée de changer de carrière à cette occasion ? Charlotte Appietto a rencontré l’entrepreneur lillois pour le podcast Pose ta Dem’. Tu as pour projet de reconversion d’ouvrir un bar ou un restaurant ? Dans cet article, nous récapitulons les conseils de l’expert pour créer un établissement à succès. 

Tu préfères écouter l’échange ? Ça se passe ici. 👇 

1. Adopte le bon état d’esprit pour entreprendre

Ouvrir un bar, un restaurant ou créer n’importe quelle entreprise nécessite un certain état d’esprit. Alexandre a toujours eu envie de posséder son propre établissement. Il a attendu de se sentir prêt psychologiquement pour se lancer. Son parcours antérieur lui a permis de se rassurer sur ses compétences et ses capacités. Il ne s’est toutefois pas lancé sans appréhension. Mais, il a rapidement relativisé l’enjeu qui existe à entreprendre. Il s’est rendu compte qu’il ne risquait pas grand-chose, hormis perdre des fonds. 

« Ce n’est que de l’argent, on peut en retrouver. Il n’y a rien de très grave en soi, finalement. Il n’y a rien de dangereux dans tout ça. » 

😱 Dans l’imaginaire collectif, l’entrepreneuriat consiste à se jeter dans le vide. Alexandre, lui, considère que c’est simplement sauter sur un trampoline. En cas d’échec, tu peux retrouver un travail, des liquidités, et essayer de recommencer. Ce mindset t’offre une liberté qui permet de te lancer sereinement. La peur n’a pas sa place dans la création d’entreprise. Il estime qu’on peut craindre la maladie ou la mort par exemple, mais pas de se reconvertir ou d’ouvrir un bar.

C’est d’ailleurs grâce à cet état d’esprit que personne dans son entourage n’a cherché à le décourager. Ses proches ont décelé en lui le mindset de l’entrepreneur. Une tentative d’opposition se serait, de toute façon, avérée vaine : Alexandre sait comment être libre et se détache de l’opinion des autres pour décider de sa vie. 

2. Trouve l’emplacement idéal pour ton établissement

🌍 L’emplacement constitue, pour l’entrepreneur lillois, le critère numéro un dans le commerce. Avant de dénicher l’endroit où il ouvrirait son bar, Alexandre a considéré de nombreuses autres localisations. Il estime que, pour 10 affaires que tu envisages, 9 n’aboutissent pas. Repérer la pépite implique quelques échecs. Certains projets ne voient pas le jour, car l’emplacement ne se révèle pas optimal, ou encore parce que le bien est finalement retiré de la location. Pour Alexandre, tu dois attendre de trouver un lieu idéal pour te lancer.

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« Parfois, les meilleures affaires sont celles qu’on ne fait pas. »

Lorsqu’il a trouvé l’emplacement de son bar, en plein centre historique de Lille, il a estimé le risque d’échec à quasiment zéro, juste du fait de la localisation. Bien te positionner géographiquement apparaît donc comme la règle n1 à respecter. Tu pourras proposer une idée géniale, un super menu, t’appuyer sur d’excellents salariés : si ton établissement est mal placé, ton projet présentera plus de probabilités d’échouer que l’inverse ! L’idéal reste bien sûr de disposer d’un emplacement optimal, d’une équipe de choc et d’une bonne carte. 😉

Le concept de ton entreprise doit être réfléchi en fonction du lieu. À partir de ton local, quel commerce peux-tu développer ? Alexandre et son associé ont remarqué que, dans l’environnement de proximité du leur, aucun bar avec offre de nourriture n’existait. Ils ont donc créé un bar à tapas. 

🤷 Bar ou restaurant, tu ne sais pas lequel choisir ? Découvre les conseils d’Alexandre en fin d’article.

3. Limite tes dépenses grâce aux astuces du pro !

💸 Pour ouvrir son bar, Alexandre a réalisé un investissement de 150 000 € :

  • 15 000 € d’apport initial pour fonder la société, constituer le capital social permettant d’engager les premières dépenses. 
  • 30 000 € pour l’achat de la licence IV. Les autorités ne délivrent plus aucune nouvelle licence. Il faut donc trouver un permis à racheter. Évidemment, ils se monnayent. Il y a quelques années, une licence à Lille coûtait environ 5 000 €. Depuis, le tarif augmente sans cesse, pour atteindre 40 000 € en 2021. 

Encart : ❗ La licence IV est un document juridique. Vérifie bien auprès de l’administration que la licence que tu souhaites acquérir est valide. Une autorisation non exploitée depuis plus de trois ans ne l’est plus. 

  • 100 000 € pour les travaux. Alexandre et son associé ont emprunté la moitié de cette somme au brasseur avec lequel ils travaillent. Pour limiter tes dépenses, songe à solliciter tes futurs fournisseurs. Ils peuvent s’endetter pour toi parce que, dans le cadre d’un contrat, tu vas distribuer leurs produits pendant une durée définie. 
  • 0 € pour le matériel ! L’enseigne, les frigos, l’appareillage, le système de pompes à bière : les fournisseurs d’Alexandre lui ont tout offert. N’oublie pas de demander l’aide de tes partenaires. 🎁

4. Relativise le poids de l’expérience

Avant d’ouvrir son bar, Alexandre avait travaillé dans la restauration. Pourtant, quand il a été sollicité pour prendre la tête de deux établissements à Lille, il ne présentait aucune expérience en restauration traditionnelle. Maître d’hôtel pour des traiteurs et pour des mariages, son expertise se concentrait sur le milieu de l’événementiel. 

🧑‍🍳 Il garde un souvenir mémorable de son premier service en tant que directeur. Imagine la scène. Samedi soir, le restaurant affiche complet. Les serveurs courent et fouillent partout. Les cuisiniers s’activent derrière les fourneaux. Des bons passent dans tous les sens. Le nouveau responsable assiste, impuissant, à ce raz-de-marée auquel il ne comprend rien. Une semaine plus tard, il avait pourtant tout saisi du fonctionnement de l’établissement. Car la restauration s’appuie sur le bon sens. En conciliant l’hygiène, l’organisation, la relation avec le client et ta logique, tu peux facilement apprendre. Ton manque d’expérience en la matière ne doit pas te décourager. Observe les bonnes pratiques et reproduis-les.

L’enjeu repose finalement plus sur les choix que tu vas opérer. Une erreur peut engendrer des conséquences importantes sur ton business. Assure-toi d’en établir les bases de façon réfléchie. Prends les décisions quand tu te sens sûr de toi.  

📖 Tu souhaites consulter la réglementation, te documenter, découvrir des témoignages pour te préparer ? Les conseils de Mohamed Boclet, champion de lecture rapide, te permettront de gagner du temps. 

5. Entoure-toi des bonnes personnes

Un associé pour préserver ton équilibre de vie

🤝 Si tu manques d’expérience, tu peux également t’appuyer sur un ou plusieurs associés. Créer ce bar sans partenaire semblait inconcevable pour Alexandre. Cet établissement, à cet emplacement, requiert deux forces de travail. Un bar ouvre sept jours sur sept, 365 jours par an. Seul, difficile de mener une vie de famille ou de partir en vacances. 

Bien s’entourer conditionne la réussite entrepreneuriale, à commencer par le choix de ses associés. Alexandre s’est tourné vers un ami de longue date, unique personne avec qui il envisageait une association. S’il avait refusé, ce bar n’aurait pas ouvert. Tu dois avoir conscience de tes limites et sélectionner le bon partenaire pour ton projet. 

🗣 Au-delà de la répartition de la charge de travail, s’associer permet de discuter, de débattre. Écouter les réticences de son partenaire en affaires et chercher à les comprendre ouvre la voie vers les meilleures décisions. 

Des spécialistes pour poser des bases solides

🤓 Après avoir convaincu son associé, Alexandre s’est employé à s’entourer d’un comptable et d’un avocat de confiance. L’obtention de la licence, le rachat du fonds de commerce, la constitution de la société présentent des enjeux juridiques et financiers majeurs. Ils conditionnent la réussite de l’entreprise.

« Avant même que ce soit signé, il y a pas mal de précautions à prendre. Il faut que ce soit bien fait, qu’il n’y ait pas de pièges dans la conclusion des contrats. » 

Appuie-toi sur ton réseau personnel. Le comptable du bar à tapas lillois travaillait pour l’associé d’Alexandre. Il avait, par ailleurs, déjà mené un projet avec l’architecte qui a réalisé les travaux de l’établissement. 

Une bonne équipe pour prospérer

🧑‍🤝‍🧑 Une erreur de recrutement peut nuire au bon fonctionnement de l’entreprise et au chiffre d’affaires. Alexandre a notamment constaté, lorsqu’il dirigeait un restaurant, comment la présence d’un toxicomane dans une brigade a fait perdre des milliers de clients à l’établissement qui l’embauchait. L’image du restaurant en a pâti, même après son départ de la société. 

Appuie-toi sur d’autres parcours pour comprendre les bévues et éviter de les reproduire. Construis une équipe de confiance avant l’ouverture. On l’a vu, pour faire tourner un bar, ce n’est pas l’expérience qui prime. Fie-toi à ton instinct pour dénicher les ressources avec lesquelles tu veux travailler au quotidien. S’ils sont doués de bon sens et de volonté, ils se montreront rapidement opérationnels.

6. Élabore une stratégie pour attirer les clients dans ton bar

Alexandre et son associé ont décidé, dans un premier temps, de ne pas communiquer sur l’ouverture de leur bar à tapas. Cette stratégie leur a permis d’évaluer le flux naturel, de voir comment fonctionnait leur activité sans investir particulièrement. Ils ont ainsi pu, lorsqu’ils ont effectivement mis en place des actions de marketing, mesurer les effets de ces mesures, par rapport à la référence initiale de fréquentation.

Les événements

🥳 Attirer les gens de façon régulière dans un bar demande de se renouveler. Tu dois donc réfléchir à de nombreuses opérations pour générer du flux. Les Lillois misent sur deux ou trois événements par semaine. Créer de l’animation constitue d’ailleurs l’essentiel de leur activité. Les clients ne se déplacent pas dans un bar parce qu’ils ont soif, mais pour se divertir. C’est pourquoi les deux entrepreneurs s’y consacrent. Exposition de photos, concert, dégustation, karaoké, ou même friperie pour accompagner la braderie de Lille : les idées ne manquent pas. Leur but commun ? Offrir du fun, des occasions de se rencontrer, de s’aérer l’esprit en sortant du boulot. 🍻

« C’est ce j’aime dans ce travail : mon travail à moi, c’est d’être fun ! »

Tes concurrents proposent également des animations ? Tant mieux ! Plus le quartier accueille d’événements, plus les visiteurs sont susceptibles de passer la porte de ton établissement. Les commerçants d’une ville contribuent tous à la vie locale et profitent, ensemble, des retombées positives de chaque initiative.

La communication

Au-delà des animations, Alexandre a adopté une communication décalée. Sa vieille voiture, peinte à l’effigie du bar par des artistes lillois est désormais la guimbarde la plus connue de Lille ! Les gens s’arrêtent immanquablement sur son passage et découvrent le compte Instagram du bar. L’originalité de la voiture véhicule une image sympa de ses propriétaires, et donne envie aux passants de tester une soirée dans leur établissement.

📱 La stratégie des deux associés repose beaucoup sur les réseaux sociaux. Ils n’ont pourtant pas choisi de faire appel à une agence spécialisée, préférant confier cette tâche à une salariée. Très active sur ses comptes personnels, suivie par des dizaines de milliers d’abonnés, elle maîtrise le sujet. Alexandre et son ami lui ont donc proposé d’étendre ses missions, et sa rémunération, pour assurer la communication du bar. 

7. Investis-toi à fond au début du projet pour profiter ensuite

💪 Alexandre évoluait dans le milieu événementiel quand la crise sanitaire a débuté. Son activité était donc totalement à l’arrêt, ce qui lui a permis de se consacrer à 100 % à son projet de bar. Pendant les travaux, il œuvrait 12 heures par jour. Tu dois en avoir conscience, ouvrir un établissement se concrétise difficilement en travaillant 6 heures quotidiennes. L’implication initiale ne peut être évitée. 

« Ce n’est pas compliqué, mais il faut mettre la dose de travail suffisante en face pour arriver à un résultat satisfaisant. »

Pendant cette phase de lancement, Alexandre s’est également consacré à la mise en place de tous les process qui régissent l’activité. La définition précise des tâches conditionne la façon dont les employés se sentiront dans leur poste. Quand les processus apparaissent clairs pour tous, que les attentes sont fixées, et que chacun sait ce qu’il a à faire, tout se passe pour le mieux. Et le patron peut partir sereinement en vacances !

S’appuyer sur un associé et sur une organisation rigoureuse offre aujourd’hui à Alexandre un bon équilibre entre son activité et son temps personnel. Il peut profiter de sa famille, s’absenter, sans impact pour le bar. 

👉 Tip reconversion : ouvrir un bar ou un restaurant, comment choisir ?

Alexandre a décidé de créer un établissement qui sert à la fois de la nourriture et des boissons. Sur cet emplacement, il aurait également pu opter pour un restaurant. Si tu hésites entre les deux, sache que les différences s’avèrent énormes.

Restaurant vs bar : philosophie et règles

📃 Avant d’ouvrir son bar, le Lillois dirigeait un restaurant. Il connaît donc bien ce business. Un restaurant consiste, ainsi que son nom l’indique, à restaurer les gens, leur fournir de la nourriture de qualité, un bon service. Ton objectif en tant que restaurateur sera que tes clients repartent en ayant bien mangé. Bien qu’on associe souvent les deux, on ne va pas dans un bar comme au restaurant. Un bar existe pour divertir. Il relève du marché de l’événementiel. Tu peux proposer la même bière qu’ailleurs, des boissons similaires, tes clients ne viennent pas pour consommer un soda particulier. Ils fréquentent un bar pour son ambiance.

Les règles ne sont, d’ailleurs, pas du tout les mêmes pour les deux types d’établissements. Un restaurant repose sur des normes d’hygiène strictes, mais ne doit pas disposer d’une licence IV. En revanche, pour ouvrir un bar et vendre de l’alcool, tu devras passer un permis d’exploitation. 

Investissement et recrutement

L’investissement pour ouvrir un bar ou un restaurant diffère également. Pour un restaurant, tu dois disposer d’une cuisine, t’appuyer sur plus de compétences humaines. Engager un barman ou un serveur se révèle plus simple que d’embaucher une brigade complète, car le niveau de formation reste moindre. Le chef apparaît comme l’élément clé d’un restaurant. Si tu n’es pas ce chef, tu demeures dépendant de l’individu que tu recrutes et, plus globalement, de l’ensemble du personnel. La pénurie de main-d’œuvre pèse sur le secteur de la restauration depuis la pandémie, c’est donc un risque majeur. Assure-toi d’être bon cuisinier avant de te lancer !

🕓 Le rythme diffère entre les deux types d’établissements. En restauration, tu commences tôt le matin, tu t’interromps l’après-midi puis tu termines tard. Travailler 12 heures par jour dans la chaleur et le bruit des casseroles demande une grande motivation. Embaucher des jeunes sans diplôme s’avère plus facile dans le monde du bar et de la nuit. Un candidat qui dispose d’un minimum de bon sens sera formé en quelques semaines. 

En matière de reconversion, ouvrir un bar ou un restaurant présente d’importantes différences. Quel que soit ton projet, assure-toi de dénicher l’emplacement idéal et de t’entourer des bonnes personnes. Suis les astuces avisées d’Alexandre Rouvroy, fournis l’investissement nécessaire au départ, et tu mettras toutes les chances de ton côté pour trouver le meilleur équilibre.

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