Si tu es un éternel insatisfait

Cette semaine, j’ai publié un post sur le groupe privé pour demander à chacun d’exprimer ses peurs. Et dans l’un des commentaires, une membre du groupe regrette d’être une “éternelle insatisfaite“.

Je n’avais pas lu cette expression depuis un moment. En la relisant, des tas de souvenirs me sont revenus !

Pendant des années, à chaque fois que j’obtenais quelque chose que j’avais voulu (un concours, un job…), je m’en lassais vite, et j’aspirais à autre chose.
Il y a environ 3 ans, une amie, avec qui je parlais de mes envies de changement et de mes difficultés à me fixer sur un projet, m’avait dit que de toute manière, j’étais une “éternelle insatisfaite”. Elle me l’a dit avec affection, mais ça m’a marquée ! Je me le suis répété des dizaines, peut-être des centaines de fois.

Je me suis demandé si j’avais un problème. Pourquoi les autres ne se posent-ils pas toutes ces questions ? Et je me suis dit que je serais toujours comme ça, comme si c’était une malédiction.

En réalité, “les autres” (= des humains comme toi et moi) se posent aussi des questions la plupart du temps. Mais ils n’en parlent pas forcément autour d’eux, car avouer son insatisfaction, c’est avouer une “faiblesse” dans un monde où l’on estime la performance.
Ou bien, ils sont dans le déni. Par exemple, ils acceptent de passer leur vie dans un job qui ne les épanouit pas, car ils partent du principe que le travail sert juste à gagner un salaire, pas à être heureux.

Donc mon premier message est le suivant : arrête de te stigmatiser toi-même, et de te coller cette étiquette sur le front ! 
“Eternel insatisfait” n’est pas un trait de caractère ! C’est un jugement que tu portes sur toi-même, et qui te condamne à te mettre dans une posture d’insatisfaction chronique. En te répétant cela, tu te crées ta propre croyance limitante, selon laquelle tu ne seras jamais content.

Ce que tu ressens veut seulement dire que :
1/ Tu ne te reposes pas sur tes lauriers et tu aimes la nouveauté
2/ Tu cherches encore un sens à ce que tu fais. Or à partir du moment où tu cherches, tu finis par trouver. Tu es donc sur la bonne voie.

Tu vois, c’est plutôt bon signe tout ça !

Mais j’aimerais quand même te mettre en garde sur le fait d’en vouloir toujours plus.

Ne crois pas que tu ne pourras être heureux qu’une fois que tout sera accompli. Il ne faut pas attendre d’avoir atteint un objectif pour se donner le droit d’être heureux et donner du sens à sa vie.

Le souci, c’est que l’on a tous tendance à se dire : “Une fois que j’aurai trouvé le job de mes rêves, je serai heureux“, “Une fois que j’aurai tel salaire, je serai heureux“, “Une fois que j’aurai réussi à avoir une boîte qui tourne, je serai heureux“.

Alors oui, sur le moment, on est satisfait d’avoir atteint un objectif. Sur le coup, tu ne te verras plus comme insatisfait. Mais est-ce vraiment du bonheur à long terme ?

Je vais te raconter ma petite histoire de la semaine.

Je termine le mois de décembre en n’ayant pas fait tout ce que je voulais (je n’ai pas fini ma fameuse to-do list du mois de décembre).
Ca m’a parasité l’esprit jeudi midi. Alors j’ai pris une feuille et j’ai listé tout ce que j’avais accompli en décembre, et en réalité… je me suis aperçue que j’avais fait énormément de choses, dans la sphère professionnelle et personnelle. Je m’en voulais de ne pas avoir fait plus, mais en regardant mon mois de décembre avec du recul, j’ai compris pourquoi je n’avais pas pu faire plus. Et je me suis rappelée que je n’étais pas assez indulgente avec moi-même. J’ai même relu mon propre article “Je ne suis pas parfaite et ce n’est pas grave” !
Si toi aussi tu es insatisfait de ce que tu as fait en décembre, tu peux faire le même exercice que moi, à savoir lister tout ce que tu as fait (Avoir trouvé le cadeau parfait pour ta tante ? Avoir fabriqué à la main les décorations de Noël ? Avoir bouclé ce fichu dossier qui traînait sur ton bureau depuis 2 mois ? Avoir trié tes papiers ? Avoir passé un weekend entier en famille ? Avoir fini une formation en ligne ? Pense à tout !)

Jeudi soir, j’ai fait mes bagages car je quitte Paris pour les fêtes. J’ai emporté quelques livres et mon carnet du moment. C’est sur ce carnet que je vais faire le bilan de 2018 et les projets pour 2019 pendant mes quelques jours de vacances la semaine prochaine.
Au moment de fermer mon sac, je me suis souvenue de mon carnet de l’année dernière. Le 1er janvier, j’avais noté mes objectifs pour l’année 2018. Je l’ai cherché pour le mettre dans mon sac et m’en servir comme base pour faire le bilan. Je n’ai pas pu m’empêcher de l’ouvrir, et là, surprise ! J’ai atteint la grande majorité de mes objectifs (promis, je te les détaillerai dans un prochain mail ou article).

J’ai soufflé un bon coup, et je me suis dit : même quand tu atteins tes objectifs, tu es insatisfaite… car une fois qu’ils sont atteints, tu te dis que c’était “facile”, et tu t’en fixes de nouveaux.

Se fixer des objectifs est indispensable pour se motiver et savoir dans quelle direction aller. Mais il ne faut pas que ces objectifs deviennent une source de stress et de dévalorisation. Car de toute manière, on se fixera toujours des objectifs plus élevés une fois que les premiers sont atteints. La voilà, notre source d’insatisfaction !

Et comme on aime bien se faire du mal, on se compare à d’autres personnes (bien plus intelligentes, bien plus organisées, et naturellement bien meilleures que nous, cela va sans dire) qui ont atteint ces objectifs plus élevés. Et on se dit que leur vie est plus satisfaisante que la nôtre.

Je te l’écrivais déjà dans mon article du 16 décembre “Si tu te sens minuscule à côté des autres” :

“On est toujours inspiré par quelqu’un d’autre, et on est toujours la source d’inspiration de quelqu’un. Si aujourd’hui tu te trouves « petit » par rapport à d’autres, dis-toi qu’aux yeux de certains tu es un grand, car tu as accompli des choses qui leur font envie et qu’ils n’ont pas osé réaliser. “Pense à une personne qui te fait un effet “wahou” : cette amie qui a retapé entièrement sa maison elle-même, cet auteur qui a publié le livre que tu aurais aimé écrire, ce collègue qui gère de front sa carrière à Paris et sa vie de famille, un entrepreneur qui a atteint le million…

Maintenant, imagine que tu vas lui parler. Si tu connais cette personne, fais encore mieux : VA lui parler !

A ton avis, est-elle satisfaite de sa vie ou se dit-elle aussi qu’elle est une éternelle insatisfaite ?

Ton amie se dit peut-être qu’elle veut finalement déménager de région, mais qu’elle ne peut pas se le permettre avec tout ce qu’elle a fait pour sa maison ici.
Cet auteur se dit peut-être qu’il aurait dû écrire ce livre en moitié moins de temps, faire deux fois plus de ventes, et qu’il devrait déjà être en train d’écrire le prochain.
Ton collègue se dit peut-être qu’il ne sera jamais heureux tant qu’il ne vivra pas au bord de la mer, mais il culpabilise car il a tout ce qu’il faut… sur le papier.
Cet entrepreneur se dit peut-être qu’il a atteint un plateau et qu’il est un incapable qui n’arrivera pas à faire deux millions, et que sa vie personnelle est un échec car il n’y consacre pas le temps nécessaire.

Nous sommes tous des éternels insatisfaits. 

C’est d’ailleurs pour cette raison que de plus en plus de personnes se tournent vers le développement personnel, la méditation… pour trouver le bonheur dans l’instant présent, sans chercher à “avoir” plus ou à “faire” plus.

Alors plutôt que de te coller l’étiquette “éternel.le insatisfait.e” sur le front, demande-toi plutôt : 

  • De quoi es-tu satisfait aujourd’hui dans ta vie ? N’oublie pas que ce qui te semble normal (par exemple, avoir un appartement), ce à quoi tu t’es habitué (par exemple, être en couple), et ce qui te semble insignifiant (par exemple, réussir à aller au sport 2 fois par semaine), fait briller les yeux d’autres personnes. Attention, je ne suis pas en train d’essayer de te faire culpabiliser en disant que d’autres sont plus malheureux que toi. Ce que je dis, c’est qu’on a toujours l’impression d’être le pire cas de figure. Mais en regardant autour de toi, tu verras que chacun a quelque chose à redire sur sa vie. Donc sois conscient et aie de la gratitude pour ce qui te satisfait à l’instant T !
  • Que souhaites-tu améliorer, et dans quel but ? Cherches-tu à combler un vide ? A te prouver quelque chose ? Ta motivation est-elle saine, ou le fais-tu par esprit de compétition ou par comparaison ? Un objectif sain est un objectif qui te motive sans te stresser, qui contribue à ton bonheur et à ton équilibre, et qui a un sens profond pour toi. C’est un objectif qui répond à ta propre définition de la réussite, pas à celle imposée par la société. Et surtout : c’est un objectif qui, même si tu ne l’atteins pas, ne remet pas en cause ton estime de toi et la valeur que tu as à tes propres yeux.
  • Garde cet objectif en tête, mais prends quelques minutes chaque jour pour te rappeler tout ce qui te rend heureux dans ta vie actuelle. Cet équilibre ambition / moment présent est difficile à trouver. D’ailleurs, je ne sais pas si on peut l’atteindre. Mais comme tout objectif, ce qui compte, c’est que l’on fasse de notre mieux pour y parvenir… et que l’on soit indulgent avec nous-même si on n’y parvient pas entièrement.

Je t’invite à prendre un carnet et à répondre aux questions posées, c’est vraiment un bon exercice !

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