Faut-il trouver un associé pour créer son entreprise ?

Avoir envie de créer une entreprise, c’est se poser la question de l’association ! Mais trouver un associé n’est pas si simple. Alors, faut-il vraiment trouver un associé pour créer son entreprise ? Témoignages d’entrepreneurs solitaires versus entrepreneurs associés.

Je rencontre très fréquemment des aspirants-entrepreneurs qui me disent qu’ils ont envie de se lancer, mais qu’il leur faut d’abord trouver un associé. Pour moi, cela revient à dire “J’aimerais réaliser mes rêves, mais pour cela je dois vite trouver un mari/une femme”. Important mais pas nécessaire, et surtout, trouver une telle personne ne se décide pas ! Alors, je traite le sujet une bonne fois pour toutes : faut-il vraiment s’associer ? Je suis allée récolter de précieux témoignages d’entrepreneurs pour vous épargner la théorie habituelle, et vous donner des exemples concrets et détaillés !

1/ S’associer à deux ou à plusieurs pour entreprendre

Quels arguments pro-association ?

  • S’associer permet d’apporter plus de compétences et de force de travail dans le projet…
  • Mais aussi de prendre de meilleures décisions car prises à plusieurs
  • Plus d’apport en capital
  • Enfin, c’est un bon point pour aller voir les investisseurs qui préfèrent généralement les équipes aux entrepreneurs solo

Quelques témoignages :

Jonathan Szwarc, co-founder et CEO de JOIN avec 1 associé

“Lors de ma dernière année d’études en marketing à Dauphine il y a 2 ans, j’ai monté une première société: 98-studio.com, un studio de photos artistiques de sport. Le projet a vite pris mais très rapidement j’ai atteint mes limites physiques et morales. J’ai réalisé que je ne pourrais plus jamais entreprendre seul. Il me fallait un associé complémentaire et surtout avec qui le feeling passe bien évidemment !

J’ai donc fait l’année dernière un Mastère spécialisé Entrepreneuriat à l’ESCP pour rencontrer un associé. J’ai eu une chance incroyable de trouver la perle rare : Nicolas Goudemant, un ingénieur, donc un profil complémentaire avec qui le courant est très vite passé. Nous avons lancé un projet de sport qui a pivoté en septembre dernier vers ce qu’il est maintenant, JOIN, une agence de data marketing spécialisée autour de l’esport. Pas grand chose à voir avec la première version du projet mais c’est notre association hyper solide qui nous a permis de tenir la route lors du pivot et encore aujourd’hui de faire face dans les moments difficiles !

La répartition est assez simple au vu de nos compétences respectives : Nicolas s’occupe de toute la partie technique (collecte, traitement de la donnée et réalisation des campagnes marketing.) De mon côté, je m’occupe du côté business et stratégique. Je vais chercher des clients et réfléchis avec eux à une stratégie digitale à mettre en place. Mon conseil est ce à quoi je crois le plus au monde : mieux vaut miser sur les hommes que sur les projets car ce sont les grandes équipes qui construisent de grands projets, pas l’inverse.”

Barthélémy Fendt, co-fondateur d’Abricot avec 2 associés

“Antoine et moi, nous nous sommes rencontrés sur les bancs de l’école, une formation pour devenir entrepreneur. Nous étions tous là pour monter une boite. Selon nous, créer une boite c’est une aventure humaine, un projet en équipe, il ne nous était donc pas concevable de le faire tout seul ! Déjà pour se soutenir et se motiver, mais aussi pour être en permanence dans le challenge de soi-même et de l’autre. Peut-être aussi car étant jeune, on peut avoir le fameux syndrome de l’imposteur lorsque l’on crée une boite avec beaucoup d’ambition et personnellement, je trouve qu’à deux ou plus ce sentiment disparaît totalement.

Assez rapidement, pour Abricot nous avons eu des besoins techniques. Antoine avait déjà travaillé avec Jean-David dans une autre startup. Il l’a sollicité et me l’a présenté pour qu’on lui parle du projet. Je pense que JD nous prenait un peu pour des fous au début, mais il a eu une excellente attitude ! Il voulait faire le moins de développement possible, tout en commençant à s’imprégner du projet. Lui travaillait encore et faisait quelques samedis avec nous pour nous aider, et il voyait bien que nous étions à fond et avions des résultats. Alors très vite, il s’est pris au jeu et 6 mois plus tard, nous avons créé la boîte. On ne s’est presque pas posé de questions, il était évident qu’on serait tous les 3 à parts égales.

Selon moi, il faut vraiment s’associer avec des personnes pour qui l’on a beaucoup d’estime, mais à qui on ose dire les choses. Chez Abricot, on fait très régulièrement le point entre nous pour savoir ce que l’on a bien aimé chez les autres pour s’encourager, mais aussi ce qui ne va pas.”

Louise Leibovici, co-fondatrice d’HumanEase avec 4 associés

“Nous sommes 5 associés chez HumanEase. En fait, nous n’avons pas pris la décision de nous associer à 5 mais c’est venu assez naturellement car nous nous sommes rassemblés autour d’un sujet qui nous motivait vraiment, et auquel on croyait. Nous aurions pu être moins ou plus (même si plus cela commence à faire beaucoup) !

Le principal avantage est notre complémentarité. Nous sommes très différents dans notre approche et surtout dans nos compétences : le fondateur est ultra passionné avec toujours de bonnes et (trop) nombreuses idées, c’est notre créatif enthousiaste ! Un deuxième est notre académique, très calme, qui pose toujours beaucoup de questions, ce qui est essentiel pour partir dans la bonne direction. Un autre est plutôt la partie technique / développement avec de grandes compétences et expertises dans le domaine IT, il est la voix de la raison quand nos rêves dépassent trop la réalité ! Le quatrième est très expérimenté et a longtemps travaillé seul, il a monté plusieurs structures donc il nous apporte son regard critique de façon toujours pertinente. Et enfin, moi je m’efforce de fédérer toutes ces forces pour que nous allions dans la bonne direction et que tous les sujets avancent au bon rythme !

L’aspect plus contraignant, c’est que nous avons régulièrement des avis divergents et nous souhaitons que les décisions prises le soient par chacun de nous. Donc cela peut prendre parfois plus de temps que si les décisions étaient prises par une personne seule. Mais c’est un mal pour un bien car cela nous permet de prendre les décisions les plus pertinentes !

Si j’avais une chose à dire à quelqu’un qui souhaite se lancer : vas-y si tu es déterminé et prêt à donner beaucoup de toi-même pour aboutir à ton idéal. La conviction c’est le coeur, après il faut beaucoup beaucoup de travail !

Vous pouvez également retrouver des témoignages d’entrepreneurs associés dans les interviews Pose ta Dem’ : Laure qui a créé The Panda Family avec son mari Fabrice, Loïc qui a créé JumpIn avec son associée Manon, Rémy qui a créé Brother Tongue avec ses deux associés, ou encore Maxime qui a créé Prêt du Pro avec deux associés également.

2/ Ne pas s’associer et choisir d’entreprendre seul

Quels arguments pro-indépendance ?

  • Ne pas s’associer, ça ne veut pas dire rester seul ! Il est tout à fait possible (et souhaitable) de bien s’entourer de partenaires, de mentors, d’autres entrepreneurs… pour prendre de la hauteur sur son activité et s’enrichir des autres, tout en restant maître à bord
  • Ne pas s’associer permet une indépendance totale dans la prise de décision, il n’y a pas de risque de conflit entre associés puisqu’il n’y en a pas ! Donc l’action peut être plus rapide, pas besoin de se réunir et de se mettre d’accord.
  • Il n’y a pas de partage des bénéfices, tout est pour vous 😉
  • Des facilités administratives car vous pouvez démarrer en auto-entrepreneur

Quelques témoignages :

Natacha Ruiz, fondatrice de Poesia Consulting

“Je me suis associée pour créer ma première entreprise. Au début tout se passait bien, puis on a commencé à avoir des divergences dans la vision, et nos profils n’étaient pas assez complémentaires. J’ai compris que j’avais besoin d’une vraie liberté, or l’association c’est comme le mariage ! Dans notre cas ça a été le coup de foudre au départ, l’idylle, la lune de miel (on a voyagé ensemble) puis la crise et le divorce.

Après la liquidation de la société, j’ai eu plusieurs projets, puis j’ai créé Poesia Consulting à l’automne 2017. J’accompagne des entrepreneurs, des créateurs, des artistes et des marques éco-responsables dans le développement de leurs visions à 360°. Je ne me suis pas associée car cette fois, je veux être parfaitement libre de mes mouvements. Mais j’aime collaborer et travailler en équipe, donc je m’entoure de freelances partenaires. Nous sommes 4 dans l’équipe actuellement, et chacun est indépendant et responsable de son activité. Je ne suis pas contre l’association dans le principe, mais dans les faits c’est compliqué. Alors si je m’associe à nouveau un jour, c’est parce que j’ai trouvé la bonne personne et que j’ai appris à la connaître ! Il ne faut surtout pas s’associer pour se rassurer, mais pour trouver une complémentarité.”

Gabriel Boccara, fondateur de La Siestoune

Dans son interview sur Pose ta Dem’, Gabriel avait déjà abordé le sujet de l’association : “Dans l’entrepreneuriat, il y a 2 écoles sur la question de l’association. On entend souvent “associez-vous, car c’est une aventure extrêmement difficile, vous aurez besoin de quelqu’un dans moments de doute, et vous aurez deux visions du projet”. Personnellement je ne suis pas d’accord avec ça, l’association n’est pas obligatoire et si l’on est bien entouré, on peut très bien démarrer un projet seul.

J’ai l’exemple de mon père qui a toujours été un entrepreneur solitaire et qui a bien réussi dans les différentes entreprises qu’il a créées. Je ne sais pas dans quelle mesure son parcours m’a influencé, mais j’ai toujours naturellement pris les devants dans les travaux d’équipe et c’est surement pour ça que je me retrouve seul à diriger La SiestouneDonc non, ce n’est pas un problème d’être seul ! Si vous avez l’énergie d’aller chercher des conseils chez les bonnes personnes et si vous avez un bon entourage et un bon socle familial et amical, vous aurez tout le soutien nécessaire.”

Vous pouvez aussi consulter les interviews de Flora qui gère seule sa salle de sport, et de Thomas qui a choisi d’entreprendre seul pour avoir le contrôle de A à Z sur son activité.

Conclusion ?

  • Faites le point sur vos envies : avez-vous envie d’indépendance et de liberté, ou de collaboration ? L’association est-elle la meilleure manière pour vous de vous entourer ? Enfin, quelle est la raison profonde qui vous pousse à entreprendre ? Si c’est de créer un projet avec une équipe, associez-vous. Si c’est d’être votre propre patron, osez vous lancer seul !
  • Faites le point sur votre business : nécessite-t-il des compétences que vous n’avez pas ? Si c’est le cas, quelle est la meilleure manière de les trouver ?
  • Dans tous les cas, faites le maximum pour démarrer et avancer même sans associé. Et lorsque vous réussirez à trouver la bonne personne… Mariez-vous ! ❤

A lire en complément : “24 questions à poser à un potentiel associé”, et “Peut-on entreprendre en équipe ?” par Alexandre Dana

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