Annie : Elle est devenue Event & Social Media Manager Freelance

Annie Dormier a fondé Nubian Events après une carrière dans la banque et l’assurance. Elle est Event & Social Media Manager en Freelance pour les entreprises. Avec sincérité et bonne humeur, elle évoque son parcours, comment elle a trouvé ses premiers clients et donne de précieux conseils pour communiquer sur soi et évaluer la juste valeur de son travail. 

Bonjour Annie, raconte-nous ton parcours en toute transparence ?

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être entrepreneure. A 20 ans, j’ai fait un voyage au Bénin, l’un de mes deux pays d’origine. J’ai remarqué qu’il n’y avait pas de centre aéré. J’ai donc dit à mon père que je voulais en créer un pour proposer des activités en plein air aux enfants. J’avais déjà quelques éléments et il m’a demandé un business plan. Du haut de mes vingt ans, tous ces chiffres m’ont effrayée alors j’ai abandonné l’idée, car je ne savais pas par où commencer… sachant qu’à mon époque c’était considéré comme une folie, je ne savais pas à qui m’adresser ! Un an plus tard, des centres aérés ont été ouverts au Bénin : un autre entrepreneur avait eu la même idée ! Comme quoi, il ne faut pas hésiter à se lancer si l’idée est là !

Plus tard j’ai eu envie de monter une brasserie en bord de mer à Cotonou au Bénin qui proposerait des animations en soirée. J’en ai parlé avec mon père, qui, de nouveau, m’a demandé à juste titre un business plan. Je n’étais pas prête mais cette idée-là ne m’a jamais quittée.

J’avais déjà envie de faire de l’évènementiel et je m’étais dit : « à 30 ans au plus tard, je monte ma boîte ! »

Après avoir obtenu mon master en alternance, j’ai trouvé un emploi mais le secteur de l’événementiel est très concurrentiel et j’ai été obligée de me réorienter. J’ai travaillé dans les assurances pendant un an, c’était une bonne expérience que je ne regrette absolument pas même si je savais que je n’y ferais pas ma carrière. Du secteur des assurances, je suis passée à celui des banques… dire que ça n’a pas été le coup de foudre serait un euphémisme ! Je ne me sentais pas du tout à ma place dans cet univers très particulier.

Assez soudainement, j’ai eu un déclic : j’avais envie de liberté et de faire quelque chose qui me plaisait. Mon entourage me conseillait de continuer dans la banque pour profiter de tous les avantages, mais mon corps n’en pouvait plus. Je devais prendre une décision et j’ai choisi d’écouter mon corps : j’ai dit STOP ! Je me suis donc mise en arrêt maladie pendant 4 mois. Le service des ressources humaines a été parfait, ils ont compris et m’ont accompagnée pour prolonger mon arrêt maladie. Je me suis organisée pour quitter mon entreprise et me préparer au grand saut : créer mon entreprise. 

J’ai eu la chance de pouvoir prendre le temps de réfléchir à ce que je voulais faire. C’est comme ça que l’idée de créer Nubian Events a germé dans mon esprit. Au moment où je passais du monde des assurances à celui de la banque, j’ai eu l’opportunité de créer des événements musicaux à Paris, notamment un évènement Soul Acoustique au China Club. J’organisais des concerts piano voix ou guitare voix, une fois par mois et j’étais aussi jury dans un concours de chant.

Explique-nous ce que fait Nubian Events et en quoi consiste ton métier ?

Nubian Events c’est moi ! Je suis Event & Social Media Manager en freelance pour les entreprises. Je ne dis pas que c’est une agence car je n’ai pas de structure ni d’employés (pas encore du moins, mais bientôt je l’espère !). 

J’accompagne mes clients, essentiellement des professionnels, dans l’organisation de leur événement, de la conception à la réalisation. Il y a toute une partie de conseil sur la faisabilité de l’événement, par exemple lorsque les clients ont des idées inhabituelles. La partie social management consiste à les accompagner dans leur communication digitale. Je suis un peu une slasheuse à mes dépens ! L’évènementiel est ma passion, c’est ce que j’aime faire par-dessus tout. Et puis en devenant ma propre community manager, j’ai découvert un autre domaine qui me passionne : conseiller, analyser et mettre en place une stratégie social media pour améliorer ou débuter la communication digitale d’une entreprise ! Aujourd’hui mon ambition est que Nubian Events devienne une référence en stratégie social media et événementiel. Mais au tout début de l’aventure, ce n’était pas si clair !

Comment as-tu fait pour surmonter cette période difficile de remise en question où ta seule certitude est « Je ne veux plus me sentir mal au travail » ?

Honnêtement, au début tu es paumée, tu ne sais pas trop quoi faire, et puis petit à petit, tu reprends confiance. Quelque part, je savais que c’était le bon moment, je ne voulais absolument pas revenir en arrière parce que je n’avais plus envie de ressentir ce mal-être au travail. J’ai commencé par me renseigner sur Internet à propos de la création d’entreprise, j’ai d’abord été sur jemecasse.fr (qui a beaucoup changé depuis) puis sur le site Talented Girls. J’allais aussi à des évènements où l’on échangeait sur nos expériences pour se sentir moins seules et apprendre des parcours des autres. J’ai aussi beaucoup utilisé Facebook pour trouver des événements. Il ne faut pas avoir peur d’y aller seule !

À partir de là, a débuté une seconde phase : penser entrepreneur. Naturellement, cela ne se fait pas du jour au lendemain. On ne nous dit pas que ça fait partie du package, on l’apprend à nos dépens et ça fait partie du jeu ? Au départ, tu te dis que tu es entrepreneur mais tu ne penses pas réellement comme tel. Il faut tôt ou tard basculer dans cet état d’esprit pour se donner les moyens de réussir et d’être pris au sérieux : ça passe par l’attitude, la confiance en soi, la détermination, l’envie, la mentalité, la parole… Et en tant que femme c’est encore un autre combat. Je me souviens lors d’un networking, j’avais senti certains regards qui signifiaient : « Toi, tu viens de commencer ! On sent que tu n’es pas encore sûre de toi ! ». Au départ, ce n’est pas naturel de communiquer avec un entrepreneur de 50 ans qui a beaucoup plus d’expérience que toi. C’est une manière de penser qui ne s’apprend pas mais se cultive.

Raconte-nous les étapes de la création de Nubian Events ?

J’ai commencé par créer une page Facebook. Avec une amie, on a voulu faire une photo qui renvoie à l’événementiel et s’en servir pour la page. On a donc fait une séance photo dans un bar que j’aimais beaucoup, les Petites Gouttes. On a recréé l’ambiance d’un événement en prenant en photo un cheesecake sur son plateau, avec un petit jeu de lumière… j’en garde un très bon souvenir !

Malheureusement, il y avait une chose à laquelle je n’avais pas pensé : les gens ont imaginé que j’allais lancer une activité de traiteur ! A partir de là, je me suis dit : comment faire pour que mon message soit clair et que l’on comprenne que je suis chef de projet et non pas traiteur ? Ensuite, je me suis lancée dans la construction du site internet, mais comme ce n’est pas mon métier, je ne m’en sortais pas vraiment.

Par chance, j’ai rencontré une fille via Talented girls qui proposait ses services pour créer mon premier site internet sur WordPress, on a donc travaillé ensemble. Ça nous a pris deux bons mois de travail. Mais là encore, le site ne mettait pas assez en avant mon activité. On me demandait en boucle : « Mais, tu fais quoi exactement ? ». Ça m’a beaucoup dérangée car nous nous étions beaucoup investies ! Leçon numéro 2 en tant qu’entrepreneur “être prête à accepter les critiques constructives”. 

Quand on travaille non stop, il est toujours difficile de prendre le recul nécessaire pour comprendre ses erreurs.

Première grosse claque ! Je voulais conseiller et accompagner dans l’organisation d’évènements mais, à l’époque, j’étais incapable d’expliquer mon positionnement. En parallèle, je suis devenue mon propre community manager en autodidacte et je me suis concentrée sur les réseaux sociaux qui constituaient le meilleur moyen de communiquer sur son activité et de se faire connaître fin 2015. La question a alors été : Sur quel(s) réseau(x) social(aux) dois-je être visible ? J’ai choisi Instagram parce que c’est idéal pour le secteur de l’événementiel  en terme d’émotion, de partage, d’échange instantané. C’est un réseau social très visuel, je pouvais montrer le Behind the Scene et créer mon univers. Je le dis maintenant mais à l’époque je n’en avais pas conscience, je prenais juste en compte les conseils que mes amis du métier me donnaient ! Depuis, je me suis imprégnée de tout ça. J’ai commencé à avoir ma communauté en parlant de mes inspirations, sans avoir encore de réels événements.

J’ai rapidement souhaité m’améliorer dans le digital pour mettre en place une vraie stratégie, et j’avais besoin d’une légitimité. L’idée de me former ne m’effrayait pas, bien au contraire, je pense que c’est nécessaire quel que soit le domaine ! J’ai donc fait une certification en Community Management chez IFOCOP . J’y ai rencontré mon mentor que je peux contacter si j’ai des doutes, elle est blogueuse et social media manager pour des grands groupes. C’est une aide précieuse !

Comment as-tu trouvé tes premiers clients, en événementiel et en social media management ?

C’est mon réseau sur Talented Girls qui m’a apporté ma première cliente en événementiel. L’animatrice du groupe a posté un message : “Parlez de votre profession” . Je me suis dit que je n’avais rien à perdre, alors je me suis présentée comme chef de projet événementiel. Et là par miracle, une fille a commenté : “Ah ! Ça tombe à pic j’ai besoin d’aide pour un événement ! ». Ca m’a reboostée ! Le premier conseil s’est fait par téléphone et ça m’a mis le pied à l’étrier. En revanche pour le tarif, je ne savais plus quoi dire, j’étais en panique !

Puis, j’ai accompagné cette première cliente, une wedding planner, sur son premier salon : The Weird Wedding Fair. C’était mon tout premier événement qui allait se dérouler à Lille, on a travaillé 6 mois dessus avec un point toutes les semaines.  J’avais mis en place un rétro planning pour suivre toutes les tâches à effectuer. Il est impératif d’être très méthodique sinon ça peut être un vrai problème.

En ce qui concerne la partie social media, mon premier client a été Beauty at Home. J’en suis particulièrement fière car j’ai travaillé avec eux dès le début, rien n’existait, on a tout construit : l’image de la marque, le site internet, la page Facebook, le contact avec les influenceuses, les collaborations et partenariats. C’est d’autant plus gratifiant que Treatwell nous a invités à un petit déjeuner et nous a cités comme exemple dans le domaine de la communication !

En tant qu’entrepreneur quand tu commences avec une cliente, tu te demandes si tu vas réussir, si tu es légitime… et au final quand ça marche, qu’est-ce que ça fait du bien !

J’ai également eu deux autres clients dans des domaines totalement différents. J’ai travaillé sur les trois premières éditions de la Fashion Hair Show, et j’ai eu aussi l’occasion également de me charger de l’organisation d’afterworks Wedding Pros (pour les professionnels du mariage).

Tu dis avoir eu du mal à fixer tes tarifs au début, comment as-tu finalement réussi à estimer ta valeur ?

C’est vraiment très difficile de fixer un prix ou ne serait-ce que de s’auto-évaluer : combien je vaux exactement ? On a facilement tendance à se dire : si je suis trop chère, personne ne voudra travailler avec moi ! Heureusement, des entrepreneurs plus expérimentés m’ont rassurée et ont souligné que si à l’inverse le tarif est trop bas, les prospects vont immédiatement penser que la qualité n’est pas au rendez-vous. La question n’est pas de savoir si c’est cher, mais de fixer un tarif qui correspond à la valeur de ton travail.

Bien sûr, ce cheminement se fait au fur et à mesure. L’entourage joue aussi un rôle car ils peuvent nous influencer, mais ils n’ont pas nécessairement raison ou davantage d’expérience. Je pense qu’il y a aussi le fait d’être une femme qui a joué : on nous apprend moins à nous mettre en avant et on a plus de difficulté à savoir ce que l’on vaut. 

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

J’associe l’entreprenariat au sport de haut niveau car dans les deux, il faut un mental d’acier pour atteindre ses objectifs. Je me rappellerai toujours de cette après-midi chez mes parents devant la télé, je regardais le championnat d’Europe du relais 4×400 mètre en 2014. On pensait déjà la France hors du podium car les filles avaient pris beaucoup de retard. Et pourtant Flora Guei, la dernière à prendre le témoin, a gardé la foi : elle est restée concentrée et a tout donné… ce qui les a classées championnes d’Europe ! C’était loin d’être gagné, et pourtant !

Personne n’a dit que ce serait facile, mais les efforts et le travail paient. Il faut croire en soi et en ses capacités à réussir. Il y a des hauts et des bas, mais ça fait partie du jeu, comme dans le sport !

Les rencontres inattendues m’apportent aussi énormément, elles conduisent souvent à de longues discussions inspirantes qui donnent envie de se dépasser. J’apprécie les parcours de personnes qui ont réussi avec juste une idée en tête, grâce à leur courage, leur pugnacité et leur audace.

Pour finir, quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite entreprendre ?

Il faut se lancer car ce n’est pas en lisant des livres et des success stories qu’on apprendra. On apprend plus vite sur le terrain ! Et surtout il ne faut pas lâcher. Il faut être forte mentalement car être entrepreneur te renvoie à tes pires peurs enfouies en toi… qui reviennent alors en boomerang ! Il est temps de les affronter et d’en retirer le meilleur. L’entrepreneuriat c’est une introspection et par conséquent une aventure magnifique ! En termes de développement personnel, il n’y a pas mieux ! 

Mes conseils :

  • Se conditionner mentalement. Il faut avoir les épaules solides car certains se focalisent sur ton âge ou sur le fait que tu sois une femme ou sur le fait que tu ne sois pas connu !
  • Se former en permanence pour s’améliorer
  • Savoir se remettre en question et prendre en compte les critiques constructives
  • Ne pas avoir peur de prendre des risques
  • Ne pas prendre un refus comme un obstacle insurmontable : il faut juste revoir ce qui n’a pas fonctionné, c’est comme ça qu’on apprend !

Quand on est perdu, le mieux est de prendre du recul et de suivre son instinct. Par exemple, c’est de façon instinctive que je me suis inscrite sur Instagram sans stratégie de départ. C’est au fur et à mesure que j’ai commencé à créer ma communauté. Sur ce réseau social en particulier, il faut savoir se mettre en valeur de la meilleure façon possible car tout est basé sur la qualité du visuel. Les abonnés ou utilisateurs vont apprécier la beauté, l’originalité et souvent le message que va véhiculer votre photo. Il n’est pas question de chercher à être parfait, mais de faire en sorte que votre communauté puisse s’identifier à vous. Partager son quotidien, ses inspirations… tout en préservant la qualité de son contenu. Cela nécessite une vraie réflexion et une stratégie efficace, même si cela peut sembler facile d’apparence !


Que retenir de l’expérience d’Annie ?

  • Ne pas avoir peur d’assister à des évènements, conférences ou apéros de networking seul(e)
  • Les livres c’est bien, la réalité c’est mieux ! S’inspirer des success stories est une bonne idée, mais il ne faut pas oublier d’en sortir pour construire la sienne !
  • Les entrepreneurs ont tendance à sous-évaluer la valeur de leur travail : n’oubliez pas que si un prix trop élevé est souvent dissuasif pour les clients potentiels, un tarif trop bas sera associé à une qualité médiocre.
  • La clef c’est tout d’abord de croire en soi et en ses capacités, se former, s’inspirer, avoir confiance en soi, d’apprendre à communiquer sur son activité, savoir présenter ce que l’on fait et se positionner clairement, rester positif, ne rien lâcher, savoir se remettre en question et être bien entouré, car ça fait toute la différence !

 

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