Comment trouver sa voie et exprimer sa singularité, avec Alexandre Pachulski

Alexandre Pachulski, co-fondateur de Talentsoft et auteur, vient de publier son livre “Unique(s) : et si la clé du monde de demain, c’était nous ?”. Je l’ai interviewé car son livre est un savant mélange de conseils pratiques pour trouver sa voie et exprimer sa singularité, et un essai sur le monde du travail de demain. A découvrir !


Si vous ne le connaissez pas, en quelques mots, Alexandre Pachulski est co-fondateur de Talentsoft, un logiciel dédié au management des talents au sein des entreprises. Après un doctorat en intelligence artificielle, il a d’abord dirigé un cabinet de conseil en management avant de co-fonder Talentsoft. Ses deux convictions ? La technologie et l’éducation peuvent changer le monde. Et nous sommes tous uniques. Pour lui, notre singularité est notre bien le plus précieux, le seul qui ne pourra pas être remplacé par une machine dans les mutations que le monde du travail connaît aujourd’hui. Notre singularité, c’est ce “petit supplément d’âme” qui nous rend indispensable et vivant.

Après avoir lu son livre, j’ai proposé à Alexandre Pachulski une interview car je voulais absolument vous partager ses conseils pour trouver votre voie, et sa vision du monde du travail de demain. Nous avons discuté entre autres de son parcours, de notre capacité à créer des opportunités, ou encore des peurs qui accompagnent la reconversion. Bonne lecture !


Quel a été ton parcours ?

J’ai suivi des études d’informatique avec une spécialisation intelligence artificielle, car ce qui m’intéressait déjà, c’était l’humain. Or, une vraie IA vise à comprendre le fonctionnement de l’humain. Cela m’a mené jusqu’au doctorat. Pendant tout ce temps-là je faisais de la musique dans l’idée d’être musicien, en même temps que le doctorat. Quand j’ai postulé pour être maître de conférence, j’ai été refusé car j’avais un profil “atypique”. Pour les gestionnaires j’avais un diplôme d’informatique, pour les informaticiens j’avais un diplôme de gestion. Je n’ai pas été pris car je ne rentrais pas dans les cases.

Alors, je me suis dit que j’allais créer ma propre boîte. Je ne voulais pas être salarié car je ne voulais pas rentrer dans le monde du travail de l’époque… qui n’a d’ailleurs pas tellement changé depuis ! J’avais vu mes proches se faire écraser par le travail, donc je ne voulais pas vivre ça. Ce n’était pas une option pour moi que de travailler en attendant la retraite pour commencer à être heureux.

J’ai créé O2 Consulting avec mon associé, avec pour idée de départ que tous les problèmes de l’entreprise sont un mélange d’organisation et d’humain. On a commencé à travailler avec Apple, ce qui nous a amené de belles références comme Microsoft, Ipsos… On a travaillé pour une centaine de clients de toutes les industries. J’ai vraiment appris les RH là-bas.

Un jour, deux clients m’ont dit : ce serait bien que tu nous aides sur les entretiens annuels un jour. J’ai refusé car on ne faisait pas ça, mais ils ont insisté en me demandant de créer un petit système. C’est comme cela qu’est né Talentsoft : à partir d’un besoin simple.

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J’ai toujours été animé par la volonté que les gens n’aient pas à attendre la retraite pour être heureux. Ca me rendait fou de voir mon père partir au boulot le lundi matin en fantôme, alors que le weekend je le voyais s’éclater en soirée en vivant sa passion pour la musique. La semaine, il n’était tout simplement pas lui-même.

Quand tu constates quelque chose qui te gêne, qui te touche, demande-toi pourquoi. Car il y a sûrement de la résonance avec ton vécu, et une piste pour trouver un projet qui te plaît.

Si on n’est pas passionné, pas aligné avec le projet, et qu’on cherche juste à gagner de l’argent, ça ne marchera pas.

Quand j’ai créé Talentsoft, j’avais deux options :

  • La première option : créer un outil efficace pour les RH, qui pouvait peut-être un peu aider les collaborateurs… mais je ne croyais pas à ça. Ce que je crois, c’est que chacun est assez intelligent pour savoir ce qu’il lui fait, mais n’a pas les ressources et les armes pour l’aider. Car rien dans la société n’aide à te trouver toi, à trouver ton super pouvoir. Il ne faut pas avoir peur du mot “super pouvoir”. Tout le monde n’est pas Michael Jordan, mais tout le monde a quelque chose à apporter. Personne n’est bon à rien. Si tu n’es pas bon dans ton travail, c’est que tu n’as pas trouvé ta place.
  • La deuxième chose à laquelle je crois, c’est que les outils peuvent changer le monde. Alors la deuxième option pour créer Talentsoft était de créer un outil pour les RH que l’on allait mettre dans la main des salariés, qui allaient eux-mêmes designer leur carrière. Je voulais apporter de la transparence à la gestion de carrière.

On ne peut pas être heureux en restant dans sa bulle, car on fait partie d’une société. On ne peut pas être heureux en se disant “moi ça va et je m’en fiche des autres”.


De quoi as-tu eu peur pendant cette aventure ?

J’ai plus eu des craintes que des peurs. Et ma crainte c’était qu’à un moment donné je doive me remettre dans le rang.

Il y a eu des hauts et des bas. Certaines années, je gagnais bien ma vie, d’autres où c’était plus difficile. Je me souviens d’une année en particulier où on me disait “Tu vois bien que ça ne marchera pas, si c’était si simple tout le monde le ferait, il faudrait que tu bosses !” (comme si je ne bossais pas… !)

C’était terrible pour moi car je savais que je pouvais apporter quelque chose aux gens, mais j’avais peur de ne pas réussir à exprimer ce que j’avais à dire.

En fait, j’ai toujours peur de pas avoir l’opportunité d’aider autant de gens que je le pourrais.

Le livre que j’ai écrit m’aide à aider les gens. Je crois profondément à l’impact des livres. Le livre est l’objet le plus incroyable au monde en termes de rapport coût d’acquisition / résultat. Un livre peut changer notre vie pour 5 euros !

Si je vois une opportunité, je ne la rate pas.

Je suis si terrifié de ne pas avoir d’opportunité que lorsqu’il y en a une qui se présente, je sais la reconnaître, et je fonce.

La clé c’est qu’il ne faut pas laisser la peur te driver. Si la peur oriente tes choix, ils seront mauvais. Au contraire, il faut trouver de la joie et un côté ludique dans tout ce que tu fais.

Tu connais ton cap, tu sais ce que tu es, ce que tu veux faire… Tu ne connais pas le chemin pour autant. Ce qu’on imagine comme chemin n’a peut être rien à voir avec celui que l’on va emprunter au final. Les gens ont les yeux rivés sur leur chemin car ils ont peur.

Il y a deux types de voyageurs : ceux qui ont leur billet pour une destination, mais qui ne veulent pas savoir ce qui va leur arriver en chemin, et d’autres qui planifient tout dans le détail. Plus ils maîtrisent, moins ils stressent. Mais ils ne sauront pas voir les opportunités et les découvertes sur leur chemin.

Il y a une différence entre le chemin et la destination. J’ai changé de chemin à 33 ans pour abandonner la musique et créer Talentsoft, mais je n’ai pas changé de destination : me sentir libre, colorier la vie des gens, créer et vivre en bande. La manière a changé, pas la finalité.


Comment créer des opportunités et les saisir ?

Notre problème, c’est que l’on est pétris de certitudes, qui forment des oeillères. Quand on est certain de quelque chose, on se ferme à toutes les autres possibilités. On ne prend même pas le temps de les envisager ! Par exemple, si une femme est persuadée que l’homme de sa vie sera un grand brun, elle ne saisira pas sa chance si elle croise un petit blond.

Donc pour voir les opportunités, il faut être ouvert et accueillir ce qui arrive. Pour s’ouvrir il existe des techniques de yoga, de sophrologie, de méditation…

Quand une opportunité arrive, il y a une seule question à se poser : est-ce que cela me rapproche de mon but ou non ? Il ne faut pas se demander si c’est le chemin que l’on avait imaginé, mais si ça nous fait faire un pas en avant ou non.

D’après moi, on a tous une radio interne. Si on se branche sur radio-problèmes dès le matin, c’est clair que l’on va enchaîner les galères. A l’inverse, si on se branche volontairement sur une radio qui nous connecte aux opportunités, on saura les percevoir. Pour cela, une routine matinale comme celle du Miracle Morning est une bonne manière de se mettre dans le bon état d’esprit.

Quand tu veux résoudre un problème, soit tu restes dans le cadre du problème et tu changes l’intérieur, soit tu changes le cadre.


Pour trouver quoi faire de sa vie, il faut apprendre à se connaître. Or, pour apprendre à se connaître, il faut se lancer dans la vie… C’est un peu le serpent qui se mord la queue. Comment faire ?

C’est LA fameuse question de comment tu te mets en marche. J’y réponds très simplement : lorsque tu es face à un grand buffet, comment tu choisis ta première bouchée ?

Eh bien tu prends ce dont tu as envie, et ça ne s’explique pas forcément. Tu choisis “au feeling”.

C’est pareil pour choisir une voie professionnelle. Le mot le plus important c’est de “sentir” : tu vas le sentir ou non, tu vas ressentir une vibration à l’intérieur.  Tu as un cap, une envie, et il va se passer plein de choses.

Tu peux complètement te tromper, mais au moins tu te seras mis en mouvement.

On  se met en mouvement grâce au ressenti. Pour cela il faut apprendre à s’écouter, et ça… qui nous apprend à le faire ? Quand ce ressenti est là, qui sait l’écouter ? On écoute notre tête, notre père, notre chef.. mais notre petite voix à nous, on en fait quoi ?

Tu peux dire qu’aucune voie ne t’attire. Mais c’est impossible ! A moins de vivre dans un bunker, tu ne peux pas dire qu’il ne se passe rien, que rien ne t’arrive. Tu rencontres des gens, tu vois passer des offres, tu entends de nouvelles idées… Il faut juste y être attentif.

Quand tu te dis intérieurement “Je ne sais pas pourquoi, mais ce truc me parle”, c’est très bon signe ! Mais si un autre sujet ne résonne pas en toi, c’est que ce n’est pas pour toi. Mais c’est peut-être le truc juste à côté.

Il faut toujours s’écouter, même si on se trompe. Car c’est justement comme ça que l’on sait si c’est fait pour nous ou non. Si on n’essaie pas, on ne saura pas.

L’environnement dans lequel on évolue est très important. Ta propre puissance, ton temps, ton énergie… tout ça est très influencé par ton environnement. Il faut un environnement paisible, enrobant, qui te soutient pour trouver ta voie. Tu n’y arriveras pas dans un environnement pétri de peurs et de reproches.

Le pire, c’est la norme.


Comment savoir si on a trouvé sa voie une bonne fois pour toutes ?

Ca n’existe pas une bonne fois pour toutes ! Le travail idéal d’un jour n’est pas le travail idéal de toujours. On est tous en chantier intérieur permanent. Donc il faut vivre les choses sans savoir la suite, et ne pas chercher de voie “définitive”. Et heureusement d’ailleurs ! Je ne vais pas voir un film dont je connais la fin !

La vraie question à se poser c’est : est-ce que je suis toujours à ma place ? Est-ce que je ressens cette vibration intérieure, est-ce que je rayonne ? Quand ça va pas, ça se voit sur ta tête, tu es éteint. Et inversement, quand tu es à ta place, tu rayonnes, une énergie émane de toi.

Quand tu sens que tu rayonnes, tu à ta place. Est-ce que c’est une fois pour toutes ? Sans doute pas.


Pour en savoir plus sur Alexandre Pachulski, vous pouvez le suivre sur Twitter ou sur sa chaîne Youtube


Pour lire mon article sur l’ikigai et trouver sa voie, c’est par ici !

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